CHAPITRE II
LA THÉORIE ÉCONOMIQUE PROPOSE DES
INSTRUMENTS POUR RÉDUIRE LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE
SERRE AU MOINDRE COÛT
I. LA MAÎTRISE DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE N'IRA PAS SANS COÛTS NI EFFETS REDISTRIBUTIFS
1. La maîtrise des émissions de gaz à effet de serre n'ira pas sans coûts pour certains secteurs économiques
La
maîtrise des émissions de CO
2
, principal facteur de
l'effet de serre, suppose d'effectuer davantage d'
économies
d'énergie
ou de substituer des énergies très peu
(électricité nucléaire, électricité
hydraulique, énergies renouvelables) ou peu (comme le gaz) intenses en
CO
2
aux énergies les plus intenses en CO
2
(charbon, pétrole).
Cette évolution repose sur un redéploiement progressif de nos
économies et une inflexion de nos modes de vie.
Ce redéploiement n'ira pas sans
coûts
socio-économiques
d'adaptation
: par exemple,
certaines entreprises devront modifier et moderniser leurs modes de production
plus tôt qu'elles ne l'avaient anticipé.
Ce redéploiement accélérera la
transformation
sectorielle
de nos économies, au détriment des secteurs
producteurs ou fortement utilisateurs d'énergie (transports automobiles,
par exemple).
Si le marché du travail fonctionne mal, en particulier si la
mobilité géographique ou sectorielle des salariés est
insuffisante pour compenser le déclin relatif de certaines
activités, ce redéploiement pourrait entraîner un
chômage
de
transition
.
Ces coûts de friction résultent de la nécessité
même de maîtriser les émissions de gaz à effet de
serre, pour prévenir des dommages supérieurs.
Le recours à des instruments économiques, comme des taxes sur le
CO
2
, ne fait que
répartir ces coûts
de la
manière la plus efficace, c'est-à-dire la moins
pénalisante pour la croissance économique à long terme.
Les simulations effectuées à ce jour suggèrent d'ailleurs
que le
coût
de maîtrise des émissions serait
très faible
à l'échelle macroéconomique :
les politiques de maîtrise des émissions n'auraient
pas
d'impact perceptible
sur la progression de notre niveau de
vie à moyen terme. Selon l'OCDE, la mise en oeuvre du protocole de
Kyoto ne freinerait la progression du PIB des pays industrialisés que de
0,01 à 0,05 point par an d'ici 2010.