AUDITION DE MLLE OLIVIA JEAN,
PRÉSIDENTE DE LA FIDL
(17 MARS
1999)
(Mlle
Olivia JEAN n'a pas déféré
à la convocation de
la commission d'enquête)
AUDITION DE M. CHRISTIAN SAUTTER,
SECRÉTAIRE
D'ETAT AU BUDGET
(24 MARS 1999)
Présidence de M. Adrien GOUTEYRON, Président
Le
président lit la note sur le protocole de publicité des travaux
de la commission d'enquête et fait prêter serment à M.
Christian Sautter.
M. Adrien Gouteyron, président -
Monsieur le
ministre, vous ouvrez une série d'auditions importantes cet
après-midi. Je suis heureux de vous accueillir. Vous connaissez les
sujets de préoccupation de notre commission d'enquête.
Je vous propose de commencer par un propos introductif qui nous permettra de
bien cibler les questions.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Merci, monsieur le Président, messieurs les Sénateurs,
je suis à la fois honoré et heureux d'être
auditionné par cette commission d'enquête du Sénat.
Je voulais vous remercier de cette occasion de poursuivre et d'approfondir le
débat budgétaire que nous avons eu à l'automne dernier sur
le budget de l'éducation nationale. Votre approche, qui consiste
à évaluer les déterminants et les résultats d'une
politique publique, rejoint celle du président de l'Assemblée
nationale qui a souhaité que le Parlement joue un rôle accru en
matière de contrôle budgétaire.
Vous avez déjà recueilli de très nombreuses informations
auprès de fonctionnaires, de personnalités. Vous allez
écouter après moi les ministres les plus directement en charge de
l'éducation nationale. Je voudrais vous dire, de là où je
suis, comme ministre chargé du budget, quelles sont les lignes de force
du budget de l'éducation nationale et quelles sont les pistes sur
lesquelles il est possible de s'engager pour améliorer la dépense
publique. J'insisterai sur la gestion des personnels qui est au coeur de votre
enquête.
Les lignes de force du budget de l'éducation nationale peuvent
être placées dans un cadre européen ou occidental. La
France se situe, en matière de dépenses d'éducation par
rapport au P.I.B. (produit intérieur brut), dans la moyenne des pays de
l'OCDE, tous enseignements confondus. Les dernières données de
l'OCDE remontent à 1994. La dépense d'éducation
était à 6,2 % du P.I.B. (produit intérieur brut)
à comparer à une moyenne de 5,9 %. Mais il y a des
différences selon les niveaux d'enseignement.
D'après ces comparaisons internationales sommaires, nous sommes dans la
moyenne pour l'enseignement primaire, plutôt économes,
c'est-à-dire que nous dépensons plutôt moins pour
l'enseignement supérieur, même si les chiffres se rapprochent. Ce
qui caractérise l'enseignement secondaire, d'après une
comparaison internationale assez grossière, c'est qu'il est de 35 %
environ plus coûteux que la moyenne des pays de l'Union
européenne.
Les grands chiffres, vous les connaissez : la dépense
intérieure d'éducation a atteint 592 milliards de francs en
1997. Cela représente un peu plus de 10.100 francs par habitant et
35.700 francs par élève ou étudiant. Si on se
réfère à 1975, cette dépense progresse plus vite
que la richesse nationale. En 22 ans, elle a été
multipliée par 1,8, abstraction faite de la hausse des prix.
Dans cette dépense de l'éducation nationale, la dépense de
personnels représente l'essentiel ; 94 % du budget de
l'enseignement scolaire. En 1980, c'était "seulement" 87 %. Depuis,
deux événements sont intervenus sur lesquels je passerai
rapidement : d'une part, les lois de décentralisation de 1983 ont
transféré la compétence de la construction, de la
reconstruction, de l'extension, des grosses réparations et du
fonctionnement des établissements scolaires à diverses
collectivités locales.
Ce sont autant de dépenses en moins directement pour l'Etat, même
s'il y a une compensation, aussi bien pour le fonctionnement que pour
l'équipement, par la dotation globale de décentralisation ou par
des dotations départementales d'équipement des collèges ou
la dotation régionale d'équipement scolaire pour les
lycées.
D'autre part, un certain nombre de dépenses d'accompagnement social sont
montées en charge. Je rappellerai le quadruplement de l'allocation de
rentrée scolaire remontant à l'été 1997, la
création du fonds social des cantines et le retour de la gestion des
bourses de collèges au sein des établissements scolaires.
L'important est de constater que le budget de l'éducation nationale est
avant tout un budget de personnels.
Dans le budget 1999 que vous avez examiné, il y a coïncidence quasi
parfaite entre la progression du budget de l'éducation nationale
(4,3 %) et la progression de la masse salariale de l'éducation
nationale (4,1 %).
Ce budget de personnels est étroitement conditionné par les
règles posées en matière de fonction publique. Il y a
830.619 enseignants et 238.945 retraités, soit plus d'un million de
personnes qui drainent un budget comprenant une première masse de
221 milliards de francs pour les salaires et les charges sociales des
actifs, et une seconde masse de 58 milliards de francs pour les
dépenses de pensions de retraites.
Ces dépenses sont influencées par trois déterminants
généraux :
- l'évaluation du point de la fonction publique. Pour donner une
illustration, 1 % d'augmentation du point représente
2,2 milliards de francs de dépenses supplémentaires sur les
dépenses salariales hors pensions ;
- le glissement vieillesse technicité (GVT), qui, pour le budget 1999,
représente une progression de 2,2 milliards de francs ;
- enfin, phénomène général,
démographique : la montée en charge des pensions. Ces
pensions des retraités de l'éducation nationale seront
multipliées par 2 entre 1998, (53 milliards de francs), et
l'année 2010, (108 milliards de francs.)
Il s'agit là des déterminants généraux de la
fonction publique. Des mesures catégorielles, c'est-à-dire des
plans de revalorisation de carrière des enseignants, ont
été mises en oeuvre pour redonner aux enseignants la place que
mérite la mission très importante qu'ils exercent.
Pour poser des ordres de grandeur, le coût des divers protocoles terme
officiel des plans catégoriels peut être évalué
à 30,6 milliards de francs sur la période de 1990 à
1999. C'est l'équivalent de 11 % de la masse salariale. Cette
revalorisation représente en moyenne 33.600 francs par emploi
d'enseignant.
Ces mesures catégorielles se succèdent depuis plusieurs
années. Dans le budget 1999, trois d'entre elles sont
importantes : la première est l'accélération de
l'intégration des instituteurs dans le corps des professeurs
d'école, accélérée pour s'achever en 2007 au lieu
de 2011 ; la deuxième est l'amélioration de la pyramide des
grades d'enseignants du second degré ; la troisième est
l'extension et la refonte de la carte des zones d'éducation prioritaire
(ZEP).
Les dépenses de personnels de l'éducation nationale ont une
très forte inertie et sont, pour l'essentiel, programmées, soit
par des mesures générales concernant la fonction publique, soit
par des plans catégoriels qui s'étalent sur plusieurs
années. Reste un instrument possible sur lequel il serait possible de
jouer : celui des effectifs.
Je dépasse le constat pour voir quelles pourraient être les voies
d'amélioration de la gestion du budget de l'éducation nationale,
particulièrement concernant les effectifs.
S'agissant de l'éducation nationale, et comme pour toutes les politiques
publiques, on peut se poser la question de savoir si les moyens sont
adaptés aux objectifs visés. Dans les débats
budgétaires, et
a fortiori
dans le prochain, j'insiste avec mes
collègues, y compris de l'éducation nationale, pour qu'ils
définissent, non seulement les moyens nécessaires pour poursuivre
leur action, mais aussi les indicateurs de résultats à atteindre.
En termes de résultats, les bilans dressés
régulièrement dans " l'état de l'école "
montrent que, pour un niveau scolaire donné, ces résultats
restent sensiblement constants. On peut donc constater un formidable
progrès du niveau d'éducation dans notre pays, résultant
pour l'essentiel de la prolongation de la scolarité, et donc d'une
population accrue de collégiens et de lycéens qui poursuivent des
études longues.
Le bilan est donc globalement bon malgré un certain nombre de taches
d'ombre que vous connaissez : le constat, en 1997, qu'à
l'entrée en 6
ème
, un élève sur dix
n'avait pas toutes les compétences de base en écriture, lecture
et calcul et que, chaque année, 60.000 jeunes sortent du
système scolaire sans qualification.
Il y a donc eu un formidable progrès quantitatif des effectifs qui
s'explique en partie par la démographie, mais aussi par cette
volonté nationale d'allonger la scolarisation des enfants et des
adolescents. Le budget de l'éducation nationale a suivi puisqu'il a
progressé de 54 % en franc constant depuis l'année 1980.
Le défi de la quantité a été surmonté
brillamment puisqu'il n'y a pas eu de baisse, niveau par niveau, mais il reste
encore à améliorer la qualité, dont mon collègue
Claude Allègre et ma collègue
Ségolène Royal vous parleront en détail. D'autant que
l'on demande à l'école, non seulement d'apprendre à lire,
écrire et compter, mais qu'il y a des exigences en matière
d'aménagement du territoire -auquel le Sénat est
particulièrement sensible- en matière de prévention de la
délinquance, d'insertion sociale des jeunes en difficulté, de
prévention des exclusions. Les défis qualitatifs que
l'école doit rencontrer sont donc multiples.
Afin de garder le plus de temps possible pour vos questions,
j'énumère rapidement trois pistes pour essayer de
progresser :
- mieux s'adapter aux évolutions démographiques ;
- améliorer la gestion ;
- procéder à des réformes pédagogiques.
Concernant la démographie, les tendances apparaissent clairement :
en 2002, le système éducatif, dans son ensemble, tous niveaux
confondus, accueillera 740.000 élèves, c'est-à-dire
100.000 de moins que ceux présents à la fin des
années 60. Les générations se suivent, mais sont
moins amples.
Pour le premier degré, enseignement public et privé confondus, le
nombre d'élèves a baissé en métropole de 300.000
entre 1985 et 1997. La baisse devrait être de
220.000 élèves entre 1997 et 2001. Il y a donc une
diminution des effectifs à scolariser. Dans le second degré, les
spécialistes anticipent une baisse de 330.000 enfants ou
adolescents à scolariser.
Jusqu'à présent, les gouvernements, quels qu'ils soient, n'ont
pas voulu tirer de conséquences mécaniques de cette baisse des
effectifs. Pourquoi ? Parce que le système éducatif est
complexe. Pour en tenir compte, il y a bien d'autres considérations que
la démographie : l'allongement de la scolarité ;
l'entrée, presque systématique, de la scolarisation à
deux ans en maternelle ; enfin, des considérations
géographiques très importantes ont joué.
Si l'on trouve dans le premier degré un enseignant pour vingt
élèves en zone urbaine, on en trouve un pour seize en zone
rurale. En Lozère, département particulièrement
touché par la démographie, on a un enseignant, un instituteur
pour onze élèves. Il n'y a pas à porter de jugement moral
sur ce point.
Certains peuvent trouver que l'adaptation est lente, d'autres, comme le
sénateur Delong, dans son rapport de la commission des finances du
Sénat sur le budget de 1999, se réjouissait que 400 classes,
qui auraient dû être fermées, aient été
maintenues.
Je ne veux pas prendre partie dans ce débat. C'est un choix
éminemment politique qui appartient au Gouvernement et au Parlement.
L'important, en termes de méthode, est que l'on sorte des discussions
annuelles des budgets et des effectifs et que l'on adopte une vision
pluriannuelle. C'est dans ce sens que je cherche à travailler avec mes
deux collègues de l'éducation nationale. Il faut donc plus de
cohérence dans le temps pour éviter les à-coups. Il faut
aussi, en cours d'année -car on a besoin des enseignants à la
rentrée de septembre-, avoir plus de cohérence entre les
décisions budgétaires qui se font en année calendaire, les
ouvertures de postes, la carte scolaire. Tout cela mérite d'être
mieux géré, ne serait-ce que pour éviter des surnombres
temporaires ; après les mesures d'urgences qui ont
été prises, ils peuvent s'imposer par exemple en
Seine-Saint-Denis, mais il faut essayer de les éviter.
Après cette approche pluriannuelle qui permet de mettre la gestion des
effectifs en perspective, je voudrais souligner l'amélioration de la
gestion du système éducatif et rendre hommage aux mesures prises
par Claude Allègre et Ségolène Royal pour
l'amélioration du fonctionnement de notre système
éducatif : la déconcentration du mouvement national des
enseignants, l'adaptation des structures du ministère, la réforme
du remplacement et de la formation. Tout cela est très important, permet
de gérer plus près du terrain et avec davantage
d'économies et de moyens, les effectifs importants, mais pas infinis,
que gère le ministère de l'éducation nationale.
Le dernier point est la question des réformes pédagogiques.
Pourquoi un ministre en charge du budget se soucie-t-il de réformes
pédagogiques ? Il peut le faire en tant que citoyen ou parent.
Pourquoi en tant que ministre ? Parce qu'il y a un lien entre la
multiplicité des filières, des options proposées, la
faible polyvalence de notre système éducatif et le fait que notre
enseignement secondaire coûte en moyenne 35 % de plus que chez nos
voisins européens.
Il y a chez nous une sorte de paradoxe sur lequel vous vous êtes
déjà penchés : une proportion relativement
élevée d'élèves par classe avec
29 élèves par classe dans les lycées
généraux et un taux d'encadrement très élevé
avec, en métropole, un enseignant pour 11,8 élèves.
D'une part, il y a beaucoup d'élèves dans chaque classe et
d'autre part, il y a beaucoup d'enseignants par élève. La
réponse tient à la très grande diversité des
options offertes et dont certaines d'entre elles n'ont pas les effectifs
suffisants pour mobiliser complètement les enseignants correspondants.
Pour conclure, je pense que la réforme des lycées
présentée par Claude Allègre,
« Un
lycée pour le XXIe siècle »,
mettant l'accent
sur le savoir de base, sur le soutien individualisé par petits groupes
dès la seconde ou par des travaux personnels encadrés en
première et en terminale, correspond à la fois aux besoins des
élèves et à un appui particulier, une sorte de
discrimination positive à l'égard des enfants qui ont le plus de
difficultés ou qui, ayant des difficultés, n'ont pas la
possibilité de se faire payer des "petits cours".
Cette réforme proposée par Claude Allègre va dans le
sens d'une plus grande démocratisation et d'une meilleure
égalité des chances au lycée. Elle peut contenir une
certaine amorce de rationalisation de notre dispositif éducatif.
Dans l'enseignement du premier degré, les contraintes
d'aménagement du territoire sont très fortes. Je sais que vous y
êtes particulièrement sensibles. En conclusion, il est facile de
souligner certains manques concernant l'éducation nationale. Certains
peuvent avoir la tentation, non pas au sein du Gouvernement mais au sein de
l'opinion publique, d'ajouter toujours des moyens supplémentaires pour
remplir des missions nouvelles. C'est la voie du "dépenser plus" qui
conduit à terme à une redondance, voire à un gaspillage de
moyens.
La vraie réponse, qui est celle du Gouvernement et de l'ensemble des
ministres, est de faire en sorte d'adapter le dispositif éducatif et de
trouver le moyen de remplir les missions prioritaires en redéployant les
moyens vers ces missions prioritaires. Nous avons la chance d'avoir des
effectifs nombreux d'enseignants de grande qualité, très
motivés. Il est de l'intérêt du pays, de
l'intérêt des enseignants, de l'intérêt des
élèves, de chercher à ce que ces personnels soient
utilisés le mieux possible. La volonté de dépenser mieux
rejoint une aspiration collective des contribuables, des parents
d'élèves et des enseignants.
M. le Président -
Dépenser mieux, c'est bien l'esprit dans
lequel a été constituée notre commission d'enquête.
Je voudrais vous poser une question très générale. J'ai
bien relevé les trois lignes d'actions que vous avez
énumérées : s'adapter à la démographie,
améliorer la gestion et réformer.
Dans votre esprit, monsieur le ministre, vous qui êtes responsable du
budget, pensez-vous que l'on puisse réformer à moyens
constants ? Après tout, la démographie évoluant
substantiellement à la baisse, les marges dégagées doivent
permettre de réformer.
Pensez-vous que pour réformer, il faut ajouter des moyens
supplémentaires ou pensez-vous que l'on peut réformer tout en
tenant compte, dans l'attribution des moyens par le Parlement au service de
l'éducation nationale, de l'évolution démographique ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Vous posez la question essentielle. Peut-on réformer à
moyens constants ? Ma réponse est oui. Pour ceux qui ont
participé au débat budgétaire, pas seulement pour le
budget de l'éducation nationale mais pour l'ensemble du budget de
l'Etat, nous avons redéployé 30 milliards de francs de
budgets moins prioritaires vers des budgets prioritaires.
A l'intérieur de chaque budget, il est possible de redéployer des
moyens sans trop brusquer les choses. En matière de personnels, les
départs à la retraite correspondent à 2 ou 3 %
de la population des enseignants. Vous n'êtes pas systématiquement
obligés de renouveler sur place les personnels qui partent à la
retraite. En outre, les enseignants, comme tous les autres fonctionnaires, ont
des aspirations à la mobilité. Il est donc possible de pourvoir
des zones prioritaires ; cela a été le cas pour la
Seine-Saint-Denis.
Dans un premier temps, il faut des surnombres, car les enseignants se
déplacent au rythme des fins d'année scolaire, mais on va peu
à peu ramener ces mouvements dans le mouvement normal. Il y a donc des
possibilités de réformer à moyens constants.
Il est clair que, dans le cadre de l'éducation nationale, la politique
du Gouvernement, qui a été de stabiliser les effectifs
d'enseignants alors que le nombre d'enfants à scolariser diminuait, a
été un choix délibéré. Il s'agissait non pas
d'une faiblesse, mais d'une marque de volonté, celle d'améliorer
la qualité de l'enseignement en milieu rural, dans les ZEP (zone
d'éducation prioritaire), dont le champ a été
étendu et dont les moyens ont été renforcés et,
d'une façon générale, d'améliorer la qualité
de l'enseignement sur l'ensemble du territoire.
Je crois donc que l'on peut réformer à moyens constants. Sans
ouvrir de polémique, lorsque dans son budget alternatif, la
majorité sénatoriale a souhaité couper dans les
crédits de l'éducation nationale en pensant qu'il était
possible d'assurer la même qualité de service public de
l'éducation nationale avec moins de moyens en personnels, je dirai
courtoisement que le Gouvernement -dont je fais partie- et la majorité
qui le soutient dans le pays depuis juin 1997, n'étaient pas
d'accord avec cette approche.
Le pays garde un souvenir cuisant des réductions d'effectifs
d'enseignants entre 1993 et 1997. La stabilité des effectifs
d'enseignants permet d'améliorer la qualité de
l'éducation.
L'éducation, c'est très important. Je n'ai pas fait
d'exposé liminaire sur l'importance de l'éducation. Elle est
importante pour épanouir la personnalité, pour former les
citoyens et préparer aux métiers de demain. On ne peut pas parler
de guerre de l'intelligence entre les grands pays occidentaux et ne pas
investir massivement dans l'éducation nationale. C'est ce que fait le
Gouvernement.
M. le Président -
Avant de passer la parole à mes
collègues, je rappelle que nous sommes tous là pour poser des
questions et non pas pour présenter nos positions respectives.
Monsieur le ministre, je pourrais vous répondre. Je me bornerai
à une phrase : en réduisant certains crédits, le
Sénat a pris une position indicative pour inciter le Gouvernement
à mieux utiliser les crédits dont il dispose. C'est l'objet
même de la commission d'enquête.
M. Francis Grignon, rapporteur -
Monsieur le
ministre, dans vos propos liminaires, vous avez indiqué que les
dépenses de l'éducation nationale représentaient
6,2 % du PIB.
Avez-vous intégré toutes les dépenses
d'éducation ? Les communes, les conseils généraux,
etc. participent aussi bien en personnels qu'en dépenses. Avez-vous pris
en compte la dépense globale nationale, au moins de l'argent public,
sans parler des dépenses des familles, en direction de
l'éducation ?
Vous avez introduit une notion de résultat dans vos approches
pluriannuelles. Lorsque vous avez parlé d'objectifs, de moyens, de
résultats, j'ai senti une logique d'entreprise dans vos approches.
Envisagez-vous d'aller jusqu'aux sanctions, qu'elles soient positives ou
négatives, pour compléter la logique du système ?
Dans les trois approches que vous avez présentées, vous avez
parlé des réformes pédagogiques qui s'avèrent
nécessaires. Or, tout au long de cette enquête, nous avons compris
que dès qu'on changeait quelque chose, une heure de cours
représentait 1.500 emplois en plus ou en moins, qu'il fallait cinq
ans pour mettre en route ces emplois, qu'ensuite il fallait les assumer pendant
50 ans. De quelle réforme s'agit-il ? Il faut être
prudent dans ce domaine.
Vous avez parlé de faible polyvalence. Pensez-vous que l'on pourrait
réintroduire un corps de PEGC, qui donnerait plus de polyvalences,
sachant que cela existe dans d'autres pays ? Exercez-vous un rôle
dans le calibrage des concours ?
Pour en revenir à des aspects budgétaires, nous avons
constaté des surnombres budgétaires sans que cela crée des
difficultés en fin d'année. Les budgets laissent-ils des marges
de manoeuvre pour faire face à ces surnombres et aux aléas ?
Enfin, sur les contrôles financiers, nous avons constaté qu'ils
étaient faits de manière inégale selon les
académies. Deux exemples : à Strasbourg, on peut
appréhender chaque mois les surnombres ; à la
Réunion, ce contrôle n'a pas encore commencé par manque de
moyens. Trouvez-vous cela normal ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Les comparaisons de l'OCDE sont faites avec autant de scrupules que
possible. Mais les pays ont des systèmes éducatifs et des
financements différents. Le chiffre " franco-français "
est de 7,3 % du PIB. Ce chiffre inclut aussi les dépenses des
collectivités locales auxquelles vous avez fait allusion.
Par ailleurs -excusez-moi de vous contredire-, mais une démarche
objectifs / moyens / résultats n'est pas celle d'une
logique d'entreprise : c'est une démarche de bonne gestion. La
logique d'entreprise privée serait une logique marchande où l'on
vendrait des services avec des profits et des pertes. Je ne me place absolument
pas, en ce qui concerne un service public aussi exemplaire que
l'éducation nationale, dans cette optique. Ce service public ne vend
rien et ne vendra rien, du moins en France. Dans certains pays, on
achète de l'éducation ; chez nous, elle est payée par
le contribuable et c'est un service offert, sinon gratuitement, du moins
à un prix très faible.
Dans cette logique de bonne gestion, cette démarche
objectifs / moyens / résultats peut être
développée, tant dans l'utilisation des personnels que dans celle
des bâtiments. Claude Allègre est très attaché
au fait que les bâtiments universitaires ne soient pas fermés
pendant les vacances d'été ; ces locaux pourraient
être utilisés pour la formation permanente des salariés ou
pour l'université du troisième âge. La volonté de
bien utiliser les moyens, de mettre en relation des moyens et des
résultats me paraît de bonne gestion.
Concernant la réforme, vous insistez sur l'inertie très
grande : entre la décision de recruter un professeur et le moment
où celui-ci est devant sa classe, il s'écoule un temps assez
long. Ensuite, il est recruté avec les garanties du statut de la
fonction publique, pour longtemps.
C'est pourquoi la démarche pluriannuelle que j'ai recommandée me
semble intéressante : il faut essayer de raisonner en fonction de
l'évolution des populations d'élèves, des missions de
service public ; il faut essayer de prendre du recul.
Sur la polyvalence, je n'ai pas de commentaire particulier à faire. A ma
connaissance, il n'y a pas de réforme statutaire qui soit en cours. Cela
dit, notamment dans le premier degré et même dans les
collèges, la spécialisation est peut-être forte, voire
excessive ici ou là, mais je n'ai pas de commentaire à faire sur
ce point.
Concernant les surnombres et les marges de manoeuvre, on peut évaluer
-je ne dis pas chiffrer- les surnombres théoriques à la
rentrée 1999 à 1050 enseignants dans le premier
degré -350 remontent à 1997 et 1998 et 700 viennent de la
rentrée précédente- et à 5.450 dans le second
degré. Il y a là des à-coups que l'on devrait pouvoir
éviter par une approche pluriannuelle. Cela dit, par rapport à
des effectifs portant sur près d'un million de personnes et sur plus de
830.000 enseignants, ce volant ne me paraît pas excessif.
Un de mes prédécesseurs avait lancé le contrôle
financier déconcentré pour que toutes les dépenses de
l'éducation nationale ne soient pas contrôlées à
Paris de façon centrale, mais plutôt sur le terrain. Ce
contrôle financier déconcentré va peu à peu
s'étendre aux emplois. On pourra alors répondre avec plus de
précision à votre question. Le contrôle
déconcentré des emplois de titulaires et autres sera, je
l'espère, opérationnel fin 1999. Cet instrument de gestion fait
actuellement défaut.
M. André Vallet, rapporteur adjoint
-
Monsieur le ministre, j'apprécie vos remarques sur votre
vision pluriannuelle du budget de l'éducation nationale. Je suis de ceux
qui pensent qu'une présentation des budgets avec cette vision sur
plusieurs années serait intéressante.
Vous avez indiqué que vous vouliez sortir des discussions annuelles. Les
partenaires sociaux vous permettront-ils de sortir des discussions
annuelles ? Vous avez dit que votre point de vue était
partagé par les autres ministres qui ont en charge l'éducation
nationale. Avez-vous parlé de cette vision pluriannuelle avec vos
collègues ministres, et avec les représentants des syndicats
enseignants ?
Je reviens sur ce qu'a dit mon collègue Grignon concernant les
dépenses d'éducation. J'ai été surpris tout
à l'heure, car c'était en contradiction avec ce que j'ai entendu
d'autres personnes auditionnées. Nous arrivons très difficilement
à savoir les chiffres exacts concernant la participation de notre pays
à ses dépenses d'éducation. Vous les chiffrez à
7,3 % du P.I.B. Si tel est le cas, nous serions l'un des pays d'Europe,
pour ne pas dire le premier après la Finlande, à consacrer un
effort aussi important pour l'éducation. Ai-je raison ?
Contestez-vous mon appréciation ?
Sur les ZEP, avez-vous estimé ce qu'elles représentent comme
surcoûts ? Si elles n'étaient pas prioritaires, elles
coûteraient moins cher sans doute.
M. Claude Allègre a déclaré dimanche dernier qu'il
revenait sur l'abaissement de la rémunération des heures
supplémentaires.
M. le Président -
Année !
M. André Vallet, rapporteur adjoint
-
Nous avons posé la question hier au ministère de
l'éducation nationale ; deux chiffres quelque peu différents
sont apparus. Les déclarations de M. Allègre ont-elles
été chiffrées ? Sait-on ce que cela va coûter
au budget de notre pays ?
D'autre part, la réforme des lycées, telle qu'elle est
annoncée, a-t-elle été véritablement bien
chiffrée ? Sait-on où l'on va et combien cela va
coûter ?
Concernant le pourcentage des élèves qui ne savent ni lire ni
écrire à l'entrée en sixième et les
60.000 jeunes qui sortent sans qualification du système
éducatif, j'ai entendu d'autres chiffres. Les chiffres publiés
par le ministère de la défense font état de 15 %,
18 %, voire même 20 % . A mon avis, la
vérité se situe entre 10 et 20 %.
Vous avez évoqué votre position en tant que citoyen. Ne
trouvez-vous pas excessif qu'un système éducatif qui coûte
autant au pays puisse rejeter autant d'élèves ?
Enfin, j'aimerais que vous indiquiez le coût des emplois-jeunes et ce
qu'il représente pour le budget.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat -
S'agissant de l'approche pluriannuelle, je crois qu'il faut introduire des
éléments pluriannuels dans la gestion de l'éducation
nationale. Cela ne veut pas dire que je serais partisan d'une loi de
programmation éducative comme il existe une loi de programmation
militaire. Mais sur un certain nombre d'actions peut-être pas sur
l'ensemble de l'éducation nationale, il serait possible de passer une
sorte de contrat en disant que sur telle action particulière, nous
allons engager des moyens ayant telles caractéristiques pour atteindre
tel ou tel résultat.
M. Xavier Darcos -
A ma connaissance, la loi sur le
nouveau contrat pour l'école, votée en 1995, contient des
documents annexés qui programment des recrutements sur cinq ans. Elle a
pour sous-titre :
« Loi de programmation »
.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Cette précision est d'importance. Nous avons eu la chance en
arrivant en juin 1997 de trouver beaucoup de lois de programmation :
une loi de programmation dans le domaine militaire, que l'on exécute
scrupuleusement, une dans le domaine de la justice, une dans le domaine de la
culture, une dans le domaine de l'éducation. Je crois que trop de lois
de programmation tuent la programmation. Il me semble en effet qu'il faut un
minimum de souplesse dans la gestion de l'Etat.
Je reviens à ma remarque : une pluriannualité partielle sur
des actions bien définies avec les objectifs, les moyens et les
résultats, me paraît être une bonne démarche. Les
partenaires sociaux seraient-ils favorables à une telle approche ?
Tout dépend de l'action. Dans le cadre de la modernisation de l'Etat,
Lionel Jospin pousse pour que nous ayons des parties pluriannuelles dans
les budgets, mais pas dans tous les budgets, car sinon les assemblées
n'auraient plus matière à débattre chaque année.
Les dépenses d'éducation sont dans la moyenne européenne,
voire au-dessus de cette moyenne, sauf pour l'enseignement supérieur
où l'on dépense moins. Je ne peux pas nous situer par rapport
à la Finlande. Pour les lycées, nous dépensons plus. Au
total, nous ne sommes pas mal placés. La collectivité nationale a
fait un effort budgétaire depuis de longues années pour donner
à ses enfants une bonne éducation.
Je peux vous donner un chiffre concernant le surcoût des ZEP. Dans le
budget de 1999, les crédits indemnitaires pour les personnels
travaillant en ZEP s'élèvent à 740 millions de
francs. Je peux vous donner la décomposition ou le transmettre au
secrétariat de votre commission.
Enfin, des efforts sont également faits sur les bâtiments, sachant
que cela dépend au moins autant des collectivités locales. Cela
ne comprend pas les contrats-jeunes. Ce sont des dépenses pures qui
portent sur les enseignants.
M. le Président -
Vous nous assurez aussi que cela ne comprend
pas non plus le coût d'un meilleur encadrement des élèves
dans les classes de ZEP. La somme que vous nous indiquez concerne les
indemnités versées aux enseignants.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Absolument. Le fait qu'il y ait plus d'éducateurs pour cent
élèves qu'ailleurs, n'est pas pris en compte. Je ne peux pas vous
faire une évaluation exhaustive pour répondre à votre
question.
Sur la réforme des heures supplémentaires année, cette
réforme partait de l'idée que les heures supplémentaires
étaient antérieurement payées sur une base de
43 semaines alors que l'année scolaire n'en comporte que 36.
Une mesure s'est traduite par une réduction du nombre d'heures
supplémentaires payées et une majoration du taux de ces heures
supplémentaires de 6 %. Cela représente une économie
nette de 774 millions de francs en année pleine qui a permis de
financer partiellement les emplois-jeunes de l'éducation nationale.
Claude Allègre sera devant vous tout à l'heure. Il a
parlé de rétablir le pouvoir d'achat des heures
supplémentaires. Un dialogue est en cours ; il sera mieux
placé que moi pour vous en parler.
M. le Président -
Il nous intéresse de savoir si, avant
cette annonce, vous avez été consulté ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Rassurez-vous, le Gouvernement travaille bien. Mes collaborateurs et
ceux de Claude Allègre travaillent en permanence en réunion
interministérielle sur tous les sujets. Il n'y a pas de décision
inopinée.
M. le Président -
Vous me confirmez ici qu'une réunion
interministérielle a eu lieu avant que le ministre de l'éducation
nationale n'ait fait cette annonce ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Sur l'éducation nationale, comme sur beaucoup d'autres
sujets, je vous confirme qu'il y a en permanence des réunions
interministérielles. Ce sujet a été abordé, comme
bien d'autres sujets.
M. le Président -
Des conférences
téléphoniques.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Nous n'en sommes pas encore à la
vidéoconférence.
Concernant les 10 % d'élèves qui ne savent pas lire,
écrire, compter, je ne veux pas porter de jugement sur ce point. Il y a
une responsabilité de l'éducation nationale, mais aussi des
familles. Des enfants qui passent des heures et des heures devant la
télévision ne sont pas entraînés à la lecture
et à l'expression orale. Nous avons tous une petite
responsabilité en la matière, mais les familles les plus fragiles
ont-elles plus de responsabilités que d'autres...? Il faut donc apporter
un soutien particulier aux familles en difficulté.
Deux coûts concernent les emplois-jeunes : les 80 % qui sont
dans le budget général des mesures en faveur de l'emploi et les
20 % qui complètent ces 80 %, car les emplois-jeunes sont
payés à 100 % par l'Etat. En 1999, c'est un coût de
1 100 millions de francs qui couvre les 20 % des emplois-jeunes
de l'éducation nationale. Si vous le multipliez par 5, vous aurez le
coût total pour la collectivité nationale des emplois-jeunes de
l'éducation nationale.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint -
Je
reviens sur la possibilité de gérer à moyens constants.
Votre réponse est oui. N'est-ce pas un voeu pieux ? Cela ne
reste-t-il pas au niveau du discours ? J'en veux pour preuve la
dernière décision du ministre qui va dans le sens inverse,
d'autant plus que vous venez de nous dire que vous y étiez
associé.
Quel est le coût global moyen d'un enseignant sur l'ensemble de sa
carrière, c'est-à-dire lorsqu'il est en fonction et au moment de
la retraite ? Nous avons une estimation de 10.000 surnombres ;
si l'on multiplie sur l'ensemble d'une carrière, je pense que ce n'est
pas neutre.
Concernant le contrôle des emplois qui se met en place, sans doute
nécessaire pour ne pas dire indispensable, cela ne va-t-il pas
rigidifier davantage un système qui manque déjà
sérieusement de souplesse ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Sur les moyens constants, ce précepte que j'ai
énoncé ne s'applique pas à toutes les décisions.
Attendez que nous ayons l'occasion de débattre du budget pour
l'an 2000 en ce qui concerne l'éducation nationale pour,
peut-être, aborder le sujet dans son ensemble.
Je ne veux pas entrer dans l'idée du coût global d'un enseignant
sur sa carrière ; c'est quasiment le coût global d'une
automobile. J'aimerais que l'on parle de l'avantage global d'un enseignant sur
toute sa carrière. Les enseignants ont un coût, comme tous les
fonctionnaires, mais ils apportent en contrepartie un avantage qui ne peut,
lui, être chiffré. Intellectuellement, je ne peux pas dire combien
de milliers ou millions de francs représente un enseignant. La question,
posée en-dehors de tout contexte, me paraît éluder le fait
que les enseignants rapportent beaucoup à la collectivité
nationale. Leur apport à la collectivité nationale est encore
plus difficile à chiffrer.
Sur le contrôle des emplois, cela ne signifie pas du tout que l'on va
rigidifier la gestion des emplois. Cela veut dire que le trésorier
payeur général, qui a compétence sur une académie
nos académies ont le bon goût de ne pas recouvrir les
départements et les régions françaises pourra, avec
l'inspecteur d'académie, suivre l'évolution des effectifs. Cela
ne limitera en rien la capacité pour les autorités
académiques de créer des emplois ou de mettre des emplois
là où ils sont les plus nécessaires.
Pour répondre à votre question, je ne pense pas que la
transparence soit source de rigidité ; elle est au contraire une
source de bonne gestion à laquelle nous avons tous à gagner.
M. le Président -
Avant de donner la parole à
Mme Luc, nous avons besoin de creuser la question posée par
M. Carle. Vous avez dit que vous ne pouviez pas estimer le coût d'un
enseignant.
C'est difficile à faire, mais lorsque vous faites vos prévisions
budgétaires, vous les faites à partir du coût moyen d'un
enseignant, en calculant ce prix moyen à partir de l'indice le plus bas
ou le plus haut et en tenant compte de la pyramide d'âge de chacun des
corps.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Je suis capable, et nous le sommes tous, de prendre la masse
salariale de l'éducation nationale et de diviser par le nombre
d'enseignants pour obtenir le coût moyen par enseignant.
Mais la question de M. Carle allait plus loin : il ne voulait pas
savoir ce que « coûte » un enseignant en 1999, mais
quelle est la dépense totale faite sur toute sa carrière. Cela
suppose que l'on imagine des profils de carrière. Votre question, qui
est très intéressante, est techniquement très pointue, ce
qui ne me surprend pas.
Mme Hélène Luc
- Pour compléter la question
sur les heures supplémentaires, M. Allègre a dit qu'il
compenserait le pouvoir d'achat sur les heures supplémentaires. Cela
veut-il dire que l'on calculera les augmentations de prix depuis qu'elles ont
été supprimées et qu'on les remettra à
hauteur ?
Ma seconde question s'adresse aussi bien au ministre de l'éducation
nationale qu'à vous-même. Estimez-vous que l'éducation
nationale dispose de moyens suffisants pour faire face à ses nouvelles
missions ?
Personnellement, je n'ai pas voté le budget. Je me suis abstenue parce
que je pensais qu'il n'y avait pas assez de crédits. Les
événements me donnent plutôt raison.
J'ai des exemples où l'on ferme une classe dans une école parce
qu'il manque deux élèves ! Je ne sais pas si vous vous
rendez compte. Je pense que ce n'est pas ainsi que l'on ira vers la
qualité.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Sur les heures supplémentaires, vous pourrez interroger
Claude Allègre qui sera bientôt présent ici
même. Claude Allègre est en cours de débat avec les
partenaires sociaux de l'éducation nationale sur cette question.
Pour un certain nombre d'enseignants, la réduction des heures
supplémentaires est justifiée, puisqu'on peut difficilement
verser des heures supplémentaires pour des semaines où il n'y a
pas de travail. Il a pu y avoir une discontinuité de pouvoir d'achat
pour un certain nombre d'enseignants. Claude Allègre débat
actuellement avec les partenaires sociaux. Je ne peux pas vous en donner le
résultat. Il n'est pas question de revenir sur l'ensemble de la mesure
qui a été prise dans le cadre du budget 1999. Le
débat n'étant pas terminé, je ne peux en dire plus
aujourd'hui.
Peut-on garder la qualité de l'enseignement avec le budget actuel ?
Je pense que oui. Si nous avions une logique comptable
Claude Allègre, Ségolène Royale, le Premier
ministre, tout le Gouvernement, refusent cette logique comptable nous aurions
dû réduire les effectifs d'enseignants du premier degré
afin de garder un nombre constant d'enseignants par élève, la
diminution du nombre d'élèves étant patente.
Or, la décision inverse a été prise : stabiliser les
effectifs d'enseignants du premier degré. Cela veut dire très
mécaniquement qu'il y aura soit moins d'élèves par classe,
soit plus d'enseignants pour 100 élèves. La
difficulté est que tout le territoire national n'est pas
semblable ; il y a des communes, des départements où le
nombre d'enfants croît et où il faut mettre davantage
d'enseignants, et des communes où le nombre d'élèves
diminue, même si, grâce à cette volonté de stabiliser
les effectifs dans leur ensemble, il est normal qu'il y ait quelques mouvements
d'enseignants au niveau du département, de la région ou de la
nation.
Entre la rentrée 1999, qui se fera à moyens constants
d'enseignants, les rentrées de 1996 ou 1997, qui se faisaient avec des
moyens en réduction, aucune comparaison n'est possible. Il peut y avoir
des difficultés ponctuelles ici ou là. Les inspecteurs
d'académies ont pour mission de discuter sur le terrain avec tous les
intéressés. Les décisions doivent être
expliquées. Nous avons le temps, d'ici la rentrée, de prendre de
bonnes décisions et de les justifier.
M. le Président -
Monsieur le ministre, je voudrais vous poser
trois questions.
En regardant la rentrée dernière, de mémoire
3.300 postes ont été créés pour le second
degré. Pouvez-vous nous dire si ces créations correspondent
à l'application du principe que vous avez énoncé tout
à l'heure en répondant en ma question :
« On
peut réformer à moyens constants » ?
A quelle
nécessité correspondent ces 3.300 postes ?
Sous-question : s'agit-il de moyens
« frais »
ou compensés par des suppressions ici ou là ?
A la rentrée 1997, le ministre de l'éducation nationale a
annoncé le maintien en fonction de quelque 27.000 maîtres
auxiliaires je ne porte pas de jugement de valeur sur la mesure dont les effets
budgétaires sont évidents. Avez-vous été
consulté et qu'en pensez-vous ?
Un certain nombre d'enseignants, payés sur le budget de
l'éducation nationale, ne sont pas devant une classe. Ils sont mis
à disposition de tel ou tel organisme ou déchargés pour
telle ou telle raison correspondant à des textes réglementaires.
Il est quelque peu frustrant pour le Parlement de ne pas en connaître le
nombre exact et de ne pas avoir le point chaque année. Un document
annexe au document budgétaire que nous examinons, pourrait-il faire
apparaître ce nombre ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Dans le projet de loi de finances 1999, vous avez raison de dire que
3300 emplois de personnels ont été créés dans
le second degré. J'y ajouterai 216 personnels ATOS et
400 emplois de personnels de santé. Dans ces 3300 personnels
du second degré, il y a 3050 enseignants et 250 conseillers
principaux d'éducation. Si on ajoute toutes ces créations de
postes budgétaires, cela fait 3916 emplois budgétaires
supplémentaires, gagés par la suppression d'autant de postes.
L'éducation nationale a supprimé 3300 postes de
maîtres d'internats et de surveillants d'externats qui sont payés
sur des crédits. On a également supprimé un certain nombre
d'autres enseignants.
Il peut donc y avoir des créations de postes d'enseignants
"gagées" par des suppressions d'autres postes. Concernant les
maîtres auxiliaires...
M. le Président -
Je n'ai pas bien compris. Je ne se suis
peut-être pas habitué aux manipulations budgétaires. Vous
nous dites que ces 3300 postes ont été gagés par des
suppressions de postes de maîtres d'internats, surveillants d'externats
qu'il a bien fallu continuer de payer, et ce sur des crédits. Cela veut
donc dire qu'ils ont quand même été payés. Par
conséquent, il y a bien eu une dépense
supplémentaire ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Vous ne vous trompez évidemment pas.
M. le Président -
Toutes ces manipulations sont
compliquées.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Ce ne sont pas des manipulations. Nous avons effectivement
gardé un nombre constant de postes budgétaires. Nous avons
jugé que les maîtres d'internats et les surveillants d'externats
n'avaient pas vocation à occuper des postes permanents. Nous les avons
payés sur les crédits de vacataires en quelque sorte.
M. le Président -
Je n'ai pas cherché à porter de
jugement. Je cherchais à comprendre le mécanisme.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
C'est à mon tour de ne pas avoir bien compris votre question
sur les 27.000 maîtres auxiliaires de 1997.
M. le Président -
Maintenus en fonction.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Est-ce avant ou après juin 1997 ou au budget 1997 ?
M. le Président -
L'annonce a été faite à la
rentrée 1997. Socialement, cette mesure est très importante.
Comment cela se passe-t-il entre le ministre de l'éducation nationale
qui annonce la mesure et le ministre responsable du budget ? Les effets
budgétaires de cette mesure sont importants.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Je comprends mieux votre question. A notre arrivée en
juin 1997, nous avons décidé de réemployer en 1997
les maîtres auxiliaires qui avaient été embauchés
antérieurement pour une période courte. Cette décision a
été prise parce qu'il s'agissait de personnels en situation de
précarité et également parce que ces maîtres
auxiliaires jouaient, pour la rentrée 1997, un rôle
important. Je ne sais pas ce que Mme Hélène Luc en
aurait pensé, mais on ne pouvait pas retirer d'un coup
27.000 maîtres auxiliaires. Nous les avons donc maintenus.
Grâce à cela, la rentrée 1997 s'est bien passée
ainsi que la rentrée 1998. J'espère, avec vous tous, que
celle de 1999, dans nos campagnes, nos banlieues et nos villes, se passera bien
également.
Ces maîtres auxiliaires ne restent pas maîtres auxiliaires
éternellement. Ils se présentent à des concours de
titularisation. Les meilleurs d'entre eux seront titularisés dans
l'éducation nationale. Ils passent des concours sur des postes ouverts.
Ils viennent ensuite se réinsérer dans l'éducation
nationale sur des postes existants au fur et à mesure que les titulaires
partent à la retraite.
Concernant les décharges d'enseignement, je n'ai pas de chiffres.
M. le Président -
Il y a aussi les mises à disposition,
etc. Je n'ai pas de chiffres non plus.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
J'ai entendu des chiffres, mais je ne veux pas les citer. Un certain
nombre de directeurs d'écoles sont déchargés
d'enseignement. C'est légitime, car dès que l'école a une
certaine importance, il faut un responsable de l'école à plein
temps. Mais certains enseignants sont également mis à disposition
d'associations, de syndicats, d'autres administrations ou font de la
coopération internationale. Je n'ai pas de liste exhaustive en la
matière.
M. le Président -
Vous paraîtrait-il possible, afin
d'améliorer le travail du Parlement et sa connaissance du budget, qu'un
document annexe fasse apparaître le nombre de ces emplois, ou le nombre
de ces heures d'enseignement ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
J'ai le souvenir d'avoir vu le chiffre dans des documents
budgétaires ou de la Cour des comptes. A priori, rien ne s'oppose
à ce que cela figure en annexe d'un document budgétaire.
M. le Président -
Je ne l'ai vu nulle part. Peut-être
suis-je mal informé ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Si la chose est possible, on le fera.
M. Jean-Léonce Dupont, vice-président -
On
nous a dit, dans les divers entretiens que nous avons eus, qu'il n'y avait pas
adéquation entre les emplois votés par le Parlement et la
réalité.
On nous a dit également que les rectorats pouvaient décider de la
création de certains postes en cours d'année, postes qui
n'étaient pas budgétés ; cela donne lieu à
certains arbitrages. Pouvez-vous nous parler de la façon dont se passent
ces arbitrages et des montants ?
Concernant le problème du premier degré, vous nous dites qu'il ne
faut pas tomber dans une approche comptable. Cela me paraît
évident. Cela étant, nous irons difficilement avec des
diminutions fortes d'élèves sans au moins une certaine adaptation
du corps professoral. Cela passe-t-il par une évolution du statut ou du
mode de fonctionnement des ressources humaines au sein de
l'administration ?
Concernant le second degré, vous dites que nous dépensons
35 % en plus par rapport à la moyenne européenne. C'est un
pourcentage important ; vous avez raisonné par rapport au 6,2. Si
nous passons au 7,3 des collectivités locales et si nous y ajoutons les
80 % des emplois-jeunes, qui sont dans le budget général,
j'imagine que nous allons vers un montant encore plus important.
Dans votre démarche
« objectifs-moyens-résultats »,
comment
concrètement, sans modifier le mode de fonctionnement des ressources
humaines actuelles, pensez-vous pouvoir y arriver ?
Enfin, vous avez parlé de pluriannualité, vous avez
indiqué que nous allions passer de 1998 à 2010 d'un montant de
retraites de 53 milliards à 108 milliards. Pensez-vous,
là encore, dans cette démarche objectifs / moyens /
résultats que cela passe par un aménagement des conditions de
départ en retraite des personnels de l'éducation nationale ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Sur la première question, il est un fait que l'on
connaît mal les emplois vacants. De fait, il y a sur le terrain, je n'y
ai peut-être pas assez insisté une distorsion entre les effectifs
budgétaires et les effectifs réels. Cela résulte en partie
du fait que l'année scolaire n'est pas l'année calendaire. Il est
clair que l'on ne va pas attendre le 1
er
janvier pour mettre
des professeurs devant les classes.
J'ai poussé à ce que l'on ait une meilleure connaissance en la
matière. Le contrôle financier déconcentré devrait
permettre aux recteurs et aux inspecteurs d'académies de connaître
la situation chez eux, et de faire une synthèse nationale qui n'existe
pas.
Sur le premier degré, sur les éventuelles fermetures de classes,
ce ne sont pas les enseignants qui résistent le plus. Parfois, ce sont
les élus et les familles. Je ne suis pas un pédagogue
professionnel, mais il y a un nombre d'élèves minima en
deçà duquel la qualité de l'enseignement s'en ressent.
Par le simple jeu des mutations, des départs à la retraite, on
pourrait fort bien, dans le premier degré, ajuster progressivement, et
de façon très humaine, les effectifs d'enseignants aux effectifs
d'élèves. Il faut placer cela dans une perspective plus large et
non comptable. Il faut que l'inspecteur d'académie puisse parler avec
les élus, avec les familles. Mais je ne pense pas que ce soient les
enseignants eux-mêmes qui fassent systématiquement problème
sur ce point.
J'ai dit que les lycées coûtaient en moyenne 35 % de plus que
la moyenne européenne. Il faut se méfier de ces chiffres ;
c'est peut-être parce qu'en France, le lycée va plus loin que dans
d'autres pays. Il faudrait faire des comparaisons assez fines. Il est vrai que
le système actuel, avec sa profusion de branches d'orientations,
d'options, son grand panorama de baccalauréats, est coûteux.
Est-ce bien ou mal ? C'est à chacun d'en décider. Cela dit,
outre l'aspect budgétaire, la multiplication des options pose aussi une
question qui dépasse de loin les questions budgétaires.
Sur les retraites, je vous ai indiqué un chiffre. Les retraites montrent
que les enseignants sont une partie de la question des retraites de la fonction
publique. Le commissaire au plan, M. Charpin, remet son rapport qui couvre
l'ensemble des retraites du secteur privé et public. L'éducation
nationale constitue un contingent particulièrement important des
fonctionnaires. Il n'y a pas le problème particulier des
retraités de l'éducation nationale, mais une question vaste qui
est de maintenir les systèmes de retraites par répartition et de
la fonction publique pour l'ensemble des fonctionnaires et des salariés
du secteur privé. Telle est la réponse que je peux vous donner
à ce stade.
M. Xavier Darcos -
Nous avons fait une observation au
cours de nos enquêtes. Dans les dernières années, quasi
systématiquement, il y a eu presque tous les ans un plan de
titularisation à moyen terme des auxiliaires, soit par
intégration, soit par engagement de l'Etat.
A la dernière rentrée, les 27.000 maîtres auxiliaires
ont reçu la promesse de rester dans le système, et non pas
d'être titularisés dans tel ou tel corps. On leur a simplement dit
qu'on les gardait. Dans le même temps, des concours pour les titulariser
ont été mis en place (concours internes, concours
réservés etc.).
Nous avons observé, au moment même où ce dispositif lourd
se met en place, que des maîtres auxiliaires, que l'on appelle
contractuels, sont recrutés, pour compenser parfois des enseignants
absents dans certaines disciplines. Dans le même temps, d'autres
enseignants, parce qu'ils sont en excédent, ne travaillent pas du tout.
Nous avons également observé, dans de nombreux rectorats et
établissements, des professeurs en surnombre.
Le ministre du budget peut sans aucun doute comprendre notre question et nous
répondre : sur quels crédits sont payés ces personnes
recrutées soit comme contractuels ex-maîtres auxiliaires soit en
surnombre ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Les maîtres auxiliaires sont titularisés. Je peux vous
donner les chiffres. Durant l'année calendaire 1997,
6.323 maîtres auxiliaires ont été titularisés,
5.524 en 1998, 5.159 en1999. A un rythme de 5 à 6.000, on devrait
résorber rapidement un effectif de maîtres auxiliaires de 27.000.
Il peut y avoir ici ou là -c'est la transparence dont on parlait tout
à l'heure- la tentation ou la pratique de recruter des contractuels. Je
crois très sincèrement qu'il faut titulariser ces maîtres
auxiliaires par concours. Je vous ai indiqué des chiffres qui marquent
un rythme soutenu de titularisation. Il faut ensuite parvenir, par la
concertation, à une gestion suffisamment souple des effectifs des
enseignants pour qu'il y ait adéquation, même en cas d'ajustement.
Le nombre d'élèves, de collégiens, de lycéens
diminuant, nous devrions arriver à couvrir les moyens plus facilement
que par le passé, sauf désaccord ponctuel.
Je ne peux que renouveler le souhait d'avoir une meilleure connaissance des
effectifs de l'éducation nationale (effectifs de titulaires, postes
vacants, contractuels) et que nous prenions un peu d'avance, un peu de recul,
de façon qu'une gestion pluriannuelle évite ces évolutions
en dents de scie que vous avez signalées.
M. Francis Grignon, rapporteur -
Pour revenir sur le
strict contrôle financier et budgétaire déconcentré,
vous n'avez pas tout à fait répondu. Le système n'est pas
avancé de la même manière sur l'ensemble du territoire, non
pas au niveau des rectorats, mais au niveau des TPG. Vous avez dit que ce
serait au clair fin 1999. Y mettez-vous les moyens pour faire avancer tout
cela ?
J'irai plus loin : on s'aperçoit que le recteur embauche et que le
TPG fait une simulation en novembre, voit si cela fonctionne. Dans le fond,
ça marche. Ce n'est pas à ce rythme-là qu'on supprimera
les surnombres. Y aura-t-il un jour un visa du TPG à l'embauche qui
permettra de vérifier en amont qu'on ne crée pas des emplois qui
ne sont pas prévus au budget ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat
-
Le contrôle financier déconcentré a
été mis en place il y a quatre ou cinq ans et a d'abord
porté sur ce qui était plus facile, à savoir les
dépenses.
On a commencé par deux régions pilotes : Champagne-Ardennes
et Aquitaine. Peu à peu, le contrôle financier
déconcentré des dépenses, hors personnels, s'est mis en
place. Le passage à l'étape personnels prend du temps. La
décision de mettre en oeuvre le contrôle financier
déconcentré des emplois de l'éducation nationale a
été prise en janvier 1997. C'est une lourde machine qui
suppose des moyens et qui suppose aussi une bonne volonté
réciproque. Je vous annonce que je souhaite vivement que ce
contrôle financier déconcentré des emplois de
l'éducation nationale soit mis en place d'ici la fin de
l'année 1999.
Quel est le but visé ? Alors que le système central porte
sur des enveloppes de moyens budgétaires, il s'agit de descendre sur le
terrain, avec un raisonnement en termes d'emplois fonctionnels on passe
d'enveloppes à des emplois précis pour améliorer la
comptabilité contradictoire entre le ministère dépensier
qu'est l'éducation nationale et le représentant du
ministère du budget, pour recentrer le visa préalable dont vous
avez parlé en fonction des enjeux. Il est clair que l'on ne va pas
demander le visa du TPG pour tout recrutement d'une personne sur une semaine.
L'un d'entre vous a parlé de rigidité. Il faudra faire cela avec
souplesse. Mais il peut se trouver que, ici ou là, des surnombres soient
vraiment abusifs. Il y aura au minimum un dialogue.
Nous n'avons pas encore défini les modalités de ce visa
préalable, mais nous allons dans la bonne direction. Aurons-nous tout
bouclé d'ici la fin 1999 ? Je le souhaite, mais c'est ce qui
est le plus difficile à faire en matière de contrôle
financier. Tout le monde y travaille, et cette tâche qui aurait dû
être entreprise depuis longtemps doit vraiment être menée
à terme maintenant. Si votre commission peut aider à ce que cela
progresse, ce sera une raison de plus de vous être reconnaissants.
M. le Président -
Nous vous sommes reconnaissants de vous
être prêté de bonne grâce à nos questions.