AUDITION DE M. ROGER BELOT,
PRÉSIDENT DIRECTEUR
GÉNÉRAL DE LA MAIF
(10 MARS 1999)
Le
président lit la note sur le protocole de publicité des travaux
de la commission d'enquête et fait prêter serment à
M. Roger Belot.
M. Adrien Gouteyron, président -
Nous allons
opérer en deux temps, pour vous permettre de faire une introduction
à votre propos, puis de répondre aux différentes questions
des sénateurs.
M. Roger Belot -
Je vous remercie. Je dois avouer que je
ne connais pas précisément les raisons pour lesquelles vous avez
souhaité m'entendre. Je peux vous présenter la MAIF, mais
j'ignore si tel est votre souhait.
M. le Président -
La commission d'enquête
créée a pour but d'étudier les moyens et les personnels
mis à disposition de l'éducation nationale dans le premier et le
second degré, et de voir les choses qui peuvent être
améliorées, modifiées, transformées, ou ce qui
marche bien. La commission s'interroge à la fois sur la gestion des
personnels ATOS, du personnel d'enseignement, et sur la gestion des moyens.
Nous souhaitions donc vous entendre sur les personnels mis à disposition
ou non des organismes.
Présidence de M. Jean-Léonce DUPONT, président
M. Roger Belot -
J'avais imaginé
que
vous souhaitiez m'entendre dans ce cadre. La MAIF, dans le cadre d'une
convention signée avec le ministère de l'éducation
nationale, bénéficie de dix mises à disposition, dont sept
personnes à mi-temps et trois à temps plein. Dans le cadre de
cette convention, la MAIF rembourse intégralement au ministère de
l'éducation nationale les salaires de ces collègues, charges
comprises.
La MAIF est une mutuelle qui a été créée en 1934
par des enseignants, instituteurs, pour l'assurance de leurs risques et de
leurs biens. Nous sommes une mutuelle d'assurance accident. Depuis toujours, la
MAIF est dirigée par ses sociétaires. Elle intègre, outre
des enseignants, puisque nous sommes la mutuelle de l'éducation
nationale, les gens de la recherche, de la culture et des loisirs.
Le fonctionnement démocratique de notre mutuelle fait que nous avons de
nombreux militants, qui sont engagés dans tous les départements
pour développer notre mutuelle. Ces militants, au nombre de 550, sont
des enseignants soit en activité, soit en retraite et exercent leur
activité, sur leur temps de loisir, en complément de leurs
fonctions dans l'éducation nationale, ou dans la recherche, dans la
culture, même si les enseignants sont majoritaires.
Les seules mises à disposition dont nous bénéficions
concernent les membres du conseil d'administration Le conseil d'administration
de la MAIF est composée de 21 membres élus par
l'assemblée générale des sociétaires, dont
près de la moitié est composée d'enseignants à la
retraite, pour lesquels nous n'avons pas besoin de demandes de temps
particulières. Les dix autres sont des enseignants en activité
qui, pour pouvoir exercer leur mandat d'administrateur, ont besoin de temps,
parce qu'ils viennent de toute la France.
Notre siège social est basé Niort. Nos réunions et les
missions nécessitent que du temps soit libéré par rapport
à leur fonction dans l'éducation nationale. C'est pourquoi nous
avons sollicité et obtenu cette convention avec le ministère de
l'éducation nationale.
M. Jean-Léonce Dupont, président
-
Concernant les personnes mises à disposition, pouvez-vous
préciser les avantages que vous retirez d'un recours à ces
personnels de l'éducation nationale, et les incidences
financières ?
Par ailleurs, pouvez-vous préciser si la MAIF reçoit des
subventions de l'éducation nationale ?
M. Roger Belot -
Les avantages sont essentiellement
liés au fonctionnement de la mutuelle. Une disponibilité est
nécessaire pour que les élus exercent réellement le
pouvoir dans cette importante mutuelle. Nous avons aujourd'hui
4 800 salariés dans le groupe MAIF, pour environ
11 milliards de chiffre d'affaire dans le groupe.
Ce qui nous distingue des sociétés traditionnelles est que le
pouvoir est exercé par les sociétaires. La présence de
sociétaires au plus haut niveau dans la mutuelle exige la
présence d'élus, d'une part, de techniciens, salariés,
professionnels de l'assurance, d'autre part.
On peut faire la comparaison avec une municipalité où le maire
est élu, et où le secrétaire-général de la
mairie et les services, qui sont des professionnels, exécutent les
décisions du conseil municipal. Nous tenons beaucoup à ce que le
pouvoir reste aux sociétaires ; les administrateurs élus
sont leurs représentants.
En ce qui concerne la question des subventions, nous remboursons
intégralement l'éducation nationale, ce qui représente une
somme annuelle de 2 MF pour les sept emplois demi-postes et les trois
plein-temps.
Nous ne recevons aucune autre subvention. Nous en accordons même quelques
unes. Dans le cadre de l'activité de la MAIF, nous avons
créé une association "prévention MAIF", dont la vocation
est de développer auprès des enfants des actions de
prévention dans le domaine de la sécurité routière,
ou des accidents domestiques. Dans ce cadre, nous avons des partenariats, dont
nous sommes les financeurs. A titre d'exemple, le dernier en date avec le
ministère de l'éducation nationale porte sur le financement d'une
brochure à destination des élèves qui viendra
compléter le nouveau dispositif mis en place pour le brevet de
sécurité routière enseigné dans les
collèges. Nous avons aussi des partenariats avec le ministère des
transports.
M. Francis Grignon, rapporteur -
Revenons à
la question des emplois qui nous intéresse. Dans les rapports entre la
MAIF et l'éducation nationale, vous avez indiqué qu'il n'y a que
des mises à disposition. Quand vous dites éducation nationale,
c'est aussi bien administration centrale que rectorats.
N'y a-t-il pas, en plus des situations particulières en province, dont
les recteurs s'arrangent ? N'y a-t-il pas, par ailleurs, des distorsions
de concurrence ? La MAIF a été créée pour
l'éducation nationale, mais la MAIF s'adresse-t-elle uniquement à
l'éducation nationale, ou va-t-elle plus loin ?
M. Roger Belot -
Je ne suis pas surpris par votre
question sur la concurrence, car il est légitime à mon sens de se
la poser. Si la MAIF bénéficiait d'avantages financiers, ce
serait sans doute condamnable et nos concurrents ne manqueraient pas de le
faire. Mais la MAIF ne bénéficie d'aucun avantage financier
puisqu'elle rembourse intégralement l'éducation nationale.
Aujourd'hui, les 21 membres élus du conseil d'administration
relèvent du ministère de l'éducation nationale, mais la
MAIF a des statuts ciblés. Nous utilisons le mot "sociétaire"
plutôt que le mot "client". Nos sociétaires relèvent de
l'éducation nationale et aussi de la recherche, de la culture et des
loisirs. C'est un champ qui est tout de même bien fermé. Rien
n'interdirait à l'assemblée générale d'élire
comme administrateur quelqu'un relevant du ministère de la recherche, ou
d'un ministère autre que l'éducation nationale. Mais les
enseignants restent le noyau dur de la MAIF et la grande majorité ;
le reste existe mais est minoritaire.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint
- Concernant les
mises à disposition, quelle est leur durée moyenne ? Un
enseignant peut-il faire toute sa carrière, ou la quasi-totalité
de sa carrière, à la MAIF ?
M. Roger Belot -
La réponse est non. D'abord, pour
être mis à disposition, il faut être élu au conseil
d'administration. C'est une position par définition fragile. Le mandat
est de six ans. Au terme du mandat, la démocratie jouant,
l'administrateur peut-être réélu certes, car il n'y a pas
de limitation du nombre de mandats, mais il peut aussi ne pas l'être.
D'où l'utilité de la mise à disposition pour que ce
collègue, le cas échéant, puisse retrouver un emploi.
Par ailleurs, on n'entre pas à 20 ou 30 ans au conseil
d'administration de la MAIF même si ce n'est pas interdit. Pour
être élu au conseil d'administration, la démocratie joue
son rôle. Et un sociétaire qui n'aurait que deux ans
d'ancienneté pourrait formellement être élu. Dans ce
système, notre réseau de militants dans nos départements
ne bénéficient d'aucun avantage particulier. J'ai occupé
cette fonction pendant des années avant de devenir administrateur, puis
président. Le militant ne bénéficie d'aucune
disponibilité. C'est là que l'on fait ses preuves, avant de
pouvoir espérer être élu au conseil d'administration de la
MAIF.
Le sociétaire anonyme qui se présente devant l'assemblée
générale pour être élu en a certes le droit, mais il
a tout de même peu de chances de l'être car il ne sera pas connu
comme militant, ayant déjà donné beaucoup de son temps,
ayant fait preuve d'un véritable engagement pour sa mutuelle.
Jusqu'à présent, les administrateurs ont toujours
été des collègues qui, dans le passé et pendant de
nombreuses années, ont fait preuve de leur attachement à la
mutuelle.
C'est pourquoi l'âge moyen d'élection des administrateurs se situe
aujourd'hui autour de cinquante ans. La personne élue
bénéficiera alors d'une mise à disposition de
cinq ans pour le corps des ex-instituteurs, et au maximum dix ans
avant l'âge de la retraite. Aujourd'hui sur nos 21 élus, il y
dix actifs, et cela se renouvelle. Il y a généralement
parité entre le nombre d'actifs et de retraités.
La durée moyenne de mise à disposition se situe entre six et
dix ans. On ne fait pas toute sa carrière à la MAIF. Ce
n'est pas un endroit où l'on peut se réfugier ; il y a un
vrai travail. La mission d'administrateur est très prenante ; ce
n'est pas une sinécure. Nos administrateurs sont élus,
l'assemblée générale les répartit
géographiquement sur le territoire et leur attribue de nombreuses
missions et déplacements. Ces heures de militantisme ressemblent
beaucoup à des heures de travail.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint
- Vous
parlez d'organisation sur le territoire. Comment êtes vous
organisés ? Y a-t-il des caisses locales ?
M. Roger Belot-
Nous avons 135 délégations
départementales, qui sont à la fois des bureaux et des lieux de
rencontres entre le sociétaire et son assureur mutualiste. Dans ces
délégations départementales figurent une double
structure : des sociétaires consacrent leur temps, militent
à la MAIF, ceci sans aucun avantage particulier, et les salariés
compétents, les techniciens d'assurance procèdent aux
opérations techniques.
Ce réseau de 135 délégations départementales
représente près de la moitié de nos effectifs
salariés avec 2.000 salariés répartis et
550 militants que l'on appelle les correspondants ou
délégués départementaux.
Notre siège social est basé à Niort et regroupe les
fonctions centrales de l'entreprise et la direction. C'est là que se
réunit le conseil d'administration, qui vient quelquefois à Paris
pour des raisons de commodité. Les administrateurs ont pour mission de
veiller à la pratique et au maintien des valeurs mutualistes dans les
départements. Ils participent donc non seulement au conseil
d'administration et aux commissions, aux groupes de travail, mais il vont aussi
sur le terrain pour effectuer des visites de délégation, et ce,
au rythme environ d'une fois tous les trois ans.
Ce travail est réparti entre les administrateurs. Ils ont donc une
véritable mission. J'ai arrêté de faire à la fois la
classe et la MAIF, parce qu'à un moment donné, il est impossible
de faire correctement les deux. J'ai toujours pensé qu'il fallait
être d'abord un bon enseignant si on veut être un bon
administrateur de la MAIF. Ce n'est pas un refuge.
M. Jean Bernadaux -
Les délégués
départementaux sont-ils rétribués ? Si oui, par qui
le sont-ils ? La CAMIF, qui est une consoeur de la MAIF, a-t-elle
des mises en disponibilité ?
M. Roger Belot -
Il n'y a pas de rétribution des
délégués départementaux.
M. Jean Bernadaux -
Ce sont des
bénévoles ?
M. Roger Belot -
Oui, ils perçoivent des
indemnités correspondant au remboursement de leurs frais, mais ce ne
sont pas des salariés de la MAIF. Nous tenons beaucoup à cette
distinction.
M. Jean Bernadaux -
Cela devrait plaire à
Mme Luc. Dommage qu'elle ne soit pas là !
M. Roger Belot -
Parce que vous pensez que le
militantisme n'est plus possible ?
M. Jean Bernadaux -
Je suis sociétaire de la MAIF.
M. Roger Belot -
J'espère que vous êtes un
sociétaire satisfait.
Lorsque l'on milite dans une association ou un syndicat, on n'est pas
rémunéré a priori, mais simplement indemnisé des
frais divers, des frais de déplacements. Nous tenons beaucoup à
cette distinction entre une structure salariée d'entreprise et une
structure militante composée de sociétaires, dont la plupart sont
enseignants, mais dont quelques uns relèvent du ministère de la
culture par exemple, qui donnent de leur temps pour leur mutuelle.
Ce temps n'est pas permanent. Une permanence est assurée, y compris
durant les congés, les vacances, l'été, où il se
répartissent par rotation.
Quant à la CAMIF, je ne me sens pas vraiment habilité pour
répondre à votre question. A l'origine, la CAMIF est une
création de la MAIF qui avait l'idée d'en faire une caisse de
solidarité ; du moins que les excédents des ventes de cette
coopérative bénéficient à la collectivité
des sociétaires de la MAIF sous la forme de caisse de solidarité.
C'était à une époque où nos garanties
n'étaient pas aussi complètes qu'aujourd'hui, et où les
sociétaires pouvaient rester dans la difficulté après un
événement car une partie des dommages subis pouvait ne pas
être couverte par l'assurance.
Nos garanties se sont élargies, et la CAMIF a volé de ses propres
ailes. Au-delà de l'affinité, il n'y a plus aujourd'hui aucun
lien institutionnel entre la MAIF et la CAMIF. Ce sont des amis, nous avons
beaucoup d'affinités, mais structurellement, économiquement, sur
tous les plans, la CAMIF est pleinement autonome. Les liens avec la MAIF sont
des liens d'affinité, et dus au fait que la CAMIF s'adresse d'abord
à nos sociétaires et à un public plus élargi.
Cela dit, je ne me sens pas habilité à parler de la CAMIF, mais
je sais qu'ils n'ont pas de mises à dispositions.
M. le Président -
Avez-vous des participations dans
certaines sociétés, du type MAE, etc. ?
M. Roger Belot -
Non. Nous avons de bonnes relations car
nous sommes complémentaires. C'est le cas avec la MGEN jusqu'à
aujourd'hui. La plupart des assureurs proposent une assurance santé.
Nous nous le sommes interdit jusqu'à présent, parce dans le monde
de l'éducation nationale, d'autres oeuvres couvrent ces besoins.
Par exemple, nous ne sommes pas un assureur santé, car il y a la
Mutuelle Générale de l'Education Nationale ; nous ne sommes
pas une banque, la CASDEN-Banque Populaire proposant ses services à nos
collègues. Cela cible notre champ. Nous avons donc des relations
d'organisations amies, de partenariat, nous n'avons pas de relations
financières puisque eux comme nous ne sont pas des
sociétés de capitaux.
M. le Président -
Pouvez-vous nous préciser la place
de la MAIF sur le marché des assurances et des mutuelles, ainsi que les
conditions pour être sociétaire ?
M. Roger Belot -
Je ne veux pas faire de
prosélytisme. La MAIF aujourd'hui, c'est la MAIF et une filiale. Les
statuts de la MAIF stricto sensu, ce sont les salariés de
l'éducation nationale, du monde de la recherche, de la culture et des
loisirs, ainsi que les personnes morales qui agissent dans ces domaines, et les
salariés de ces personnes morales.
Par exemple, un centre d'action culturelle ou une maison de la culture peut
être assuré à la MAIF, et ses salariés
également. Aujourd'hui, sur un
1 700 000 sociétaires à la MAIF, deux tiers sont
composés d'enseignants, d'agents de l'éducation nationale et
l'autre tiers de ces publics plus divers.
La MAIF a également créé il y a dix à onze ans
une filiale, société anonyme pour en conserver la maîtrise,
essentiellement destinée à conserver en son sein les enfants des
sociétaires de la MAIF lorsqu'ils ont atteint un âge et une
fonction, une profession qui ne leur permet plus de rester à la MAIF.
J'illustre ce propos. Autrefois, un enfant de sociétaire de la MAIF
faisait ses études. Il était couvert par le contrat de ses
parents. Il atteignait l'âge de 26 ans, et accédait alors
à une fonction. Il devenait médecin, il n'avait plus
qualité pour adhérer à la MAIF. Il ne remplissait plus les
conditions statutaires, nous ne pouvions plus l'assurer. Nous "l'offrions"
alors à nos concurrents, qui s'en régalaient alors que nous
avions assumé la période la plus coûteuse, c'est à
dire celle du jeune conducteur entre 18 et 25 ans. C'était à
une époque où l'on pouvait s'interroger sur les évolutions
de recrutement de personnels de l'éducation nationale, et la mutuelle
craignait de ne pas avoir un développement suffisant.
Comme d'autres, nous avons besoin de développement. D'où
l'idée de créer cette filiale, pour conserver les enfants de
sociétaires. C'est ce qui constitue aujourd'hui majoritairement la
filiale, qui compte désormais 480 000 adhérents. Nous y
gardons aussi les ex-sociétaires qui divorcent, qui se séparent,
qui changent de métier. Un enseignant qui abandonne la profession perd
la qualité d'adhérer à la MAIF. Nous lui proposons
d'adhérer à la filiale. C'est une société anonyme.
Les tarifs sont un peu plus élevés, et les conditions ne sont pas
totalement identiques.
M. le Président -
Puis-je vous demander le nom de cette
filiale ?
M. Roger Belot -
Filia-MAIF.
M. le Président -
Y a-t-il des détachements dans
cette filiale ?
M. Roger Belot -
Pas du tout.
M. le Président -
Le ministère de la culture
connaît-il aussi des détachements, comme le ministère de
l'éducation nationale ?
M. Roger Belot -
Nous n'avons pas été
confrontés à cela. Nous y serions si nous avions un
administrateur élu et si une assemblée générale
prochaine élisait un administrateur relevant du ministère de la
culture, et non pas du ministère de l'éducation nationale. Nous
n'avons jamais été confrontés à ce cas de figure
jusqu'à présent. Mais si cela se présentait, nous
solliciterions certainement le ministère concerné. C'est peu
probable à court terme. La MAIF reste quand même majoritairement
la mutuelle des enseignants.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint
-
Proposez-vous d'autres produits que l'assurance ?
M. Roger Belot -
Non. Mais nous avons désormais
l'assurance de biens, de dommages, et maintenant une filiale d'assurance-vie.
Nous restons dans le champ de notre métier, nous avons
décidé de ne pas en sortir. L'assurance-vie fait pleinement
partie de ce champ. Notre filiale d'assurance-vie a une douzaine
d'années d'existence ; elle propose à nos sociétaires
des produits d'épargne-retraite classiques. Si nous ne le faisons pas,
nos concurrents le font. Nous devons fidéliser les sociétaires en
proposant une gamme de produits répondant à leurs besoins.
M. Jean Bernadaux -
La MAIF bénéficie de
quelques avantages venant de l'éducation nationale, en particulier des
mises à disposition, mais elle a des adhérents raisonnables.
C'est ce qui fait la valeur de la MAIF. Et si les enfants ont
bénéficié des qualités de leurs parents, ce n'est
pas la peine de les laisser partir ailleurs.
Quel est le nombre de sinistres qu'un ancien instituteur a dans sa vie ?
Ce n'est pratiquement rien. C'est cela qui a fait le démarrage de la
MAIF, et la valeur de la mutuelle.
M. Pierre Martin -
Au niveau de l'habitat, cela se
comprend. Ce sont les communes qui entretiennent.
M. Roger Belot -
De moins en moins, car les logements de
fonction disparaissent. Cela a pu être vrai à une époque,
mais cela ne l'est plus aujourd'hui. Il y a de moins en moins d'instituteurs et
de moins en moins de logements de fonction. Je ne suis pas sûr, et je
doute même fortement -cela relève de la responsabilité des
maires- que s'il y avait un incendie dans le logement de fonction, la
municipalité le prendrait en charge sans lui demander de faire une
déclaration à son assureur.
M. Pierre Martin -
A travers vos diverses
activités, il est évident que vous vous professionnalisez.
Pensez-vous que des gens formés pour être dans des écoles
sont plus aptes que de vrais professionnels pour être dans des conseils
d'administration de la MAIF ? Est-ce véritablement une façon
de vous développer, ou préférez-vous le
clientélisme au professionnalisme ?
M. Roger Belot -
Je ne pense pas qu'il s'agisse de
clientélisme. La MAIF prouve depuis l'origine son succès -j'ose
prononcer le mot- dans un marché de plus en plus difficile. Nous sommes
de plus en plus soumis à la concurrence, avec le développement de
la banque-assurance notamment. Cela montre que le système mis en place
par la MAIF est viable et qu'il n'est pas incompatible d'avoir d'un
côté une structure politique garante des valeurs qui font la
différence par rapport à une société d'assurance
traditionnelle et de l'autre des professionnels de haut niveau concourant
à la prise de décisions, et ensuite à la mise en oeuvre
des décisions qui font se développer la mutuelle.
Au plan politique, vous devez aussi vivre cela. Vous avez à prendre des
orientations et des décisions politiques dans des domaines qui ne sont
pas forcément, à moins d'être omniscients, de votre
compétence. Il n'en reste pas moins que vous avez une vision globale de
la société que vous voulez construire pour les citoyens.
Nos administrateurs ont une vision de la mutualité. Il faut ensuite la
confronter aux réalités professionnelles et économiques.
Nous sommes conscients d'être à la fois mutuelle et entreprise.
Nos structures permettent de conjuguer les deux. La force de la MAIF
réside dans sa complémentarité : une structure de
professionnels qui sont aussi compétents que ceux de n'importe qu'elle
société d'assurance. Nous avons les moyens de nous offrir les
compétences techniques nécessaires.
Le plus est la présence d'une structure politique garante de valeurs et
qui contribue à la fidélité d'un sociétariat qu'il
faut entretenir. Ce n'est plus aussi spontané que dans les années
de fondation et dans les années juste après-guerre. Nous devons
expliquer à nos sociétaires la différence. Le rôle
des militants est d'expliquer la différence, car nous refusons la
banalisation. En ce sens, leur présence est utile et nécessaire.
Ce n'est pas du clientélisme. C'est au contraire le fondement de la
mutualité. Le sociétaire est conscient, comme les anciens, qu'il
adhère à une mutuelle. Il n'est pas un client banal d'une
société d'assurance banale. Il fait un choix lorsqu'il
adhère. Et, par sa cotisation, il contribue à la fois à
être un assureur. Il apporte d'abord sa cotisation pour créer une
collectivité qui assure les autres. Et s'il est lui même victime
d'un sinistre, la collectivité va lui donner sa qualité
d'assuré et l'indemniser au titre de son sinistre. La différence
est qu'on est à la fois assureur et assuré. C'est toute la
différence, et il faut des gens qui continuent à divulguer ce
message et le promouvoir, sinon ce sera la banalisation.
M. le Président -
Les emplois-jeunes peuvent-ils
adhérer ?
M. Roger Belot -
Nous acceptons les emplois-jeunes dans
le champ statutaire. L'emploi-jeune employé à l'hôpital de
Niort n'a pas qualité pour adhérer à la MAIF. Mais ceux de
l'éducation nationale ou d'un centre d'action culturelle ont
qualité pour adhérer. Nous avons fait adhérer l'an dernier
7 000 emplois-jeunes. Par rapport au volume total des emplois-jeunes,
tous ne sont pas venus chez nous. Ils n'ont malheureusement pas beaucoup de
biens à assurer. C'est souvent le contrat des parents qui les assure. Ce
chiffre n'est pas très significatif.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint
-
Quelle est votre position par rapport à d'autres groupes
d'assurances ? Vous avez un chiffre d'affaire de 30 milliards ?
M. Roger Belot -
Nous sommes essentiellement un assureur
de particuliers. Pour les risques professionnels, les groupes d'assurances
encaissent des cotisations ou des primes d'assurances
considérables ; les chiffres d'affaires ne sont pas comparables. A
titre de comparaison, le plus grand assureur mutualiste est la MACIF. Elle a
quatre millions d'assurés, alors que, MAIF plus FILIA-MAIF, nous
atteignons deux millions. Ils ont le double de nous parce que leur
potentiel est énorme. Ils s'adressent à tous les salariés
du commerce et de l'industrie.
La MAIF a initié la création de la MAAF d'abord, et de la MACIF
ensuite. La MAIF, à l'époque, plutôt que d'élargir
ses statuts, a contribué à la création d'autres mutuelles
pour que le principe se propage à d'autres. La MACIF nous a largement
dépassés, et compte aujourd'hui quatre millions de
sociétaires.
La MAAF est à peu près comme nous. Le champ de la MAAF a
dépassé les artisans. Elle s'est beaucoup plus ouverte que nous.
Elle a créé une société anonyme. Il reste un petit
bout de mutuelle et une grande société anonyme qui fait de la
publicité à la télévision. C'est son choix.
Nous sommes le huitième assureur de dommages en France, toutes
sociétés confondues. Les grands comme AXA sont loin devant nous.
Et parmi les mutuelles, c'est la MACIF la plus grande. Nous sommes un peu plus
grands que la MATMUT, qui est la quatrième des grandes mutuelles
françaises. La MAIF se situe au second rang, avec la MAAF.
La MATMUT est la mutuelle-assurance des travailleurs mutualistes. Son
siège est à Rouen. Elle est greffée sur la
mutualité santé. Elle a comme partenaires les
mutuelles-santé, à l'exception de la MGEN, c'est à dire
plutôt les mutuelles de la FNMF. Toute personne qui a une
mutuelle-santé relevant de la fédération nationale de la
mutualité française a qualité pour s'assurer à la
MATMUT. Le champ est ici considérable ; il n'est pas
socioprofessionnel comme nous. C'est la grande différence avec la MAAF,
la MAIF et la MACIF, qui avaient un secteur socioprofessionnel. La MATMUT
concerne les travailleurs bénéficiant d'une
mutuelle-santé, ce qui donne un potentiel important.
M. le Président -
Y a-t-il d'autres questions ? Non.