AUDITION DE M. CHRISTIAN FORESTIER,
RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE
VERSAILLES
(3 FÉVRIER 1999)
AUDITION À HUIS
CLOS
Présidence de M. Adrien GOUTEYRON, président
AUDITION DE M. Gérard VAYSSE,
président de la
Conférence des directeurs d'IUFM
(3 février
1999)
M. Adrien Gouteyron, président -
Nous
poursuivons nos auditions. Nous allons maintenant entendre M. VAYSSE, qui
est le président de la conférence des directeurs des IUFM. Cette
conférence s'est constituée sur le modèle de la
conférence des présidents d'université quand celle-ci
s'est mise en place.
Le président lit la note sur le protocole de publicité des
travaux de la commission d'enquête et fait prêter serment à
M. Gérard VAYSSE.
M. Le Président -
Voulez-vous faire un propos
introductif, court car nous avons pris du retard et je ne voudrais pas priver
mes collègues de questions ? En effet, les questions nous
permettent bien souvent, de clarifier les choses.
M. Gérard Vaysse -
Monsieur le Président, comme
vous l'avez introduit, il y a 29 instituts universitaires de formation de
maîtres en France. Ils accueillent, dans le cadre de la formation
initiale des enseignants de tous les corps d'enseignants. Il y a de l'ordre de
80 000 à 90 000 personnes en formation dans les 29 IUFM
parmi lesquelles sortiront titularisés environ 25 000 jeunes
enseignants par an. Ces jeunes sont formés durant deux années.
Ils entrent dans ces établissements en étant détenteurs
d'un diplôme de niveau bac + 3 délivré par un des Etats de
la Communauté européenne (pour nous, c'est la licence). Les IUFM
doivent former de l'ordre de 80 types d'enseignants.
Il y a donc un IUFM par académie. Une seule académie en est
dépourvue si l'on fait allusion aux Antilles-Guyane.
M. Le Président -
Nous passons donc aux questions. Nous
nous sommes aperçus au fil des auditions que le recrutement des
enseignants, le volume et le profil de ces recrutements sont une des clefs du
dispositif. Avez-vous votre mot à dire sur le nombre d'enseignants que
devez former, dans tel ou tel IUFM ?
M. Gérard Vaysse -
En deuxième année, ils
sont des fonctionnaires stagiaires. Le budget de l'Etat fixe le nombre de
stagiaires en deuxième année, selon le nombre de postes ouverts
aux concours. Aussi, nous n'avons pas d'influence sur ce nombre.
En revanche, en première année, ils ont un statut
d'étudiant et les textes réglementaires indiquent que
l'établissement peut accueillir les étudiants en fonction de sa
capacité d'accueil. Ce sujet, en effet, pose problème parfois car
la demande sociale d'admission en première année d'IUFM est
énorme : il y a trois à quatre fois plus d'étudiants
souhaitant rentrer en première année d'IUFM que l'ensemble des
établissements n'en accueille.
De plus, en raison du fait que la fin de la première année
s'achève par un concours, nous estimons qu'il n'est peut-être pas
nécessaire de disperser la formation sur un nombre de jeunes dont la
probabilité d'admission au concours est relativement faible.
En conséquence, il y a environ 50 000 étudiants dans
les IUFM et, comme je disais, il y a, suivant les années, entre
20 000 et 25 000 lauréats à ces concours.
M. Francis Grignon, rapporteur adjoint -
La
prospective est-elle prise en compte au niveau de l'IUFM ? Y a-t-il des
plans pluriannuels de formation en fonction des besoins ?
Les élèves que vous recrutez, en principe, sont
spécialisés dans une discipline. Est-ce un frein à la
polyvalence ou pouvez-vous introduire cette polyvalence à
l'IUFM ? Est-ce souhaitable ou pas ?
Vos élèves stagiaires pourraient-ils être utilisés
pour des remplacements ? Est-ce bon ou mauvais ? Quelle marge de
manoeuvre cela donnerait-il ?
Enfin, anticipez-vous les départs à la retraite qui
interviendront dans les années à venir ?
M. Gérard Vaysse -
Je réponds sur l'aspect
polyvalence dans un premier temps, car la polyvalence est un terme
consacré pour les enseignants du premier degré. Elle signifie que
l'enseignant est à la fois littéraire et mathématicien,
qu'il enseigne les langues étrangères en même temps qu'il
familiarise les jeunes avec les sciences. Il s'agit là de l'enseignant
du premier degré.
Or, dans les cycles universitaires, il n'y a pas de formation universitaire
centrée de façon monocaténaire sur la préparation
de jeunes à devenir des enseignants du premier degré. On peut
prendre l'exemple du droit qui est une discipline qui ne s'enseigne pas dans le
premier degré. Tout étudiant détenteur d'une licence peut
être candidat.
Une sélection est faite à l'entrée des
établissements. Je parle au nom des IUFM, mais ils sont autonomes et une
politique d'établissement est définie par chaque
établissement. Je donne donc une idée de la variabilité
des éléments, mais il n'y a pas de procédure nationale.
Chaque établissement évalue ses capacités d'accueil et
tient compte du vivier étudiant local.
S'agissant de compléter la formation, des plans de formation
prévoient, en effet, de compléter la valence que la formation
universitaire a déséquilibrée. La fin de l'année
s'achève par un concours. Il ne s'agit donc pas d'un complément
de formation de pure forme puisqu'à la fin de l'année, tout
candidat se présente aux mêmes épreuves. Ces
épreuves démarrent par des épreuves de français et
de mathématiques, puis se poursuivent par l'histoire, la
géographie, la biologie, l'éducation physique, etc.
En conséquence, le complément de formation est en fait une
préparation à des épreuves communes du concours.
J'espère avoir répondu à votre question sur la polyvalence.
L'accueil des étudiants se destinant au professorat des écoles,
c'est-à-dire à l'enseignement dans le premier degré ne
représente qu'une fraction de notre population. En effet, la
diversité des filières d'enseignement du second degré, de
l'enseignement général, technique et professionnel,
génère plus d'étudiants de première année et
même plus d'emplois au total, que ne le fait le premier degré.
Dans ce contexte, on ne parlera donc pas de polyvalence, mais vous avez aussi
employé le terme de bivalence. Certes, il y a des enseignants bivalents,
comme un professeur d'histoire et de géographie. On accède
à ce métier en n'ayant fait qu'une licence en histoire ou une
licence de géographie. Le professeur de physique-chimie est
également bivalent. On accède à ce métier en ayant
fait une licence de physique ou une licence chimie.
En effet, dans l'enseignement général, il y a quelques
métiers d'enseignants bivalents, mais c'est l'exception. En revanche,
les enseignants qui dispensent l'enseignement général
(l'histoire, la géographie, les mathématiques, le
français) dans l'enseignement professionnel (dans un
établissement où l'on fait du génie électrique, du
génie mécanique, du secteur tertiaire), sont bivalents.
Ils arrivent dans nos établissements avec une forte valence. Ils ont une
licence d'anglais ou de mathématiques et nous complétons leur
formation pour leur faire acquérir une bivalence qu'atteste un concours
national où ils sont en compétition, tous IUFM confondus, pour se
présenter à des épreuves.
Le complément de formation de première année n'est donc
pas une teinture destinée à compléter une formation
universitaire déséquilibrée, mais une préparation
aux épreuves d'un concours national.
L'épreuve de mathématiques d'un professeur de physique-chimie est
la même, que l'on ait été à l'origine
détenteur d'une licence de mathématiques ou de physique. Cette
formation bivalente est de niveau important.
L'utilisation des stagiaires pour des remplacements est une hypothèse de
réflexion vers laquelle le ministre nous a entraînés dans
l'instant.
M. Le Président -
Cela vous choquerait-il ?
M. Gérard Vaysse -
Je ne pense pas que ce soit
choquant. C'est une hypothèse de réflexion qui peut être
prise en compte. Les professeurs stagiaires, passent le concours en juillet et,
dès le 8 septembre, les lauréats du concours sont en pleine
responsabilité des classes dans un lycée professionnel,
technique, etc.
Il y a ceux qui ont suivi une première année d'IUFM en ayant
déjà eu une teinture pédagogique. Ils ont fait des stages
en établissement et connaissent un peu la réalité du
métier d'enseignant. En revanche, tous les candidats libres, ainsi que
les lauréats de l'agrégation n'ont pas été
nécessairement confrontés à des tâches
d'enseignement en préalable.
La personne passe donc directement du statut d'étudiant à celui
de professeur, en pleine responsabilité de sa classe, sans tuteur. C'est
très formateur mais cela nécessite une prise en main de soi. Ce
jeune enseignant est face aux demandes des parents, à celles de ces
collègues et il a donc une pleine responsabilité.
Nous pouvons nous interroger pour savoir si, ce professeur n'étant
soumis qu'à des tâches de remplacement, plus limitées dans
le temps donc de moindre responsabilité dans le cadre de l'orientation
des élèves, ce serait pénalisant pour les
élèves ? Je ne le pense pas. Est-ce enrichissant pour leur
propre formation ? Cela assurerait que dès la première
année, ils aient deux ou trois expériences contrastées
dans des établissements divers, cela repousserait à
l'année suivante leur expérience de pleine responsabilité
d'une classe, c'est-à-dire prendre les élèves le premier
jour pour les conduire jusqu'à une orientation finale de fin
d'année.
Cette hypothèse ne choque pas mes collègues directeurs. C'est une
hypothèse de réflexion, nous essayerions de mettre ces
éléments en forme si cela devait se muer en une décision.
M. Francis Grignon, rapporteur adjoint -
Les
départs massifs à la retraite dans quelques années, les
anticipez-vous ?
M. Gérard Vaysse -
Nous y réfléchissons.
Notre capacité d'accueil permettrait d'avoir et plus étudiants et
plus de professeurs stagiaires. Nous sommes dans un petit creux de vague. Dans
les années 92/94, nous avons eu plus d'usagers que depuis deux ou trois
ans, donc, nous ferions face, sans difficulté, à une reprise de
recrutement plus important.
M. Francis Grignon, rapporteur adjoint -
Pourquoi en
avez-vous moins ?
M. Gérard Vaysse -
Parce qu'il y a moins de places aux
concours. La pyramide des âges n'est pas une courbe très
lissée, elle présente quelques inflexions. Je connais mal ces
mécanismes car je ne les ai jamais gérés. Des formules
d'assouplissement et d'incitation de départ à la retraite
peuvent, par ailleurs, année par année, générer tel
ou tel phénomène. Nous savons que nous aurons une reprise des
recrutements plus importante dans trois ou quatre ans.
M. André Vallet, rapporteur adjoint -
Je ne
vais m'écarter qu'apparemment des objectifs de notre mission car en
écoutant M. VAYSSE, il me revient à l'esprit ce qu'a dit le
Professeur DE GENNES que nous entendions ce matin à la
commission des finances. Il nous disait que notre jeunesse est très mal
formée à l'économie et à l'entreprise parce que les
enseignants eux-mêmes sont mal formés à cela. Il souhaitait
que les enseignants, mêmes ceux en exercice, puissent avoir un moment
sabbatique, qu'il évalue à au moins six mois, pour exercer
des responsabilités dans une entreprise.
D'après lui, ce n'est que par une présence dans le monde
économique que l'on peut appréhender tous les problèmes
liés au XXI
e
siècle. Il a une réflexion un peu
dure en disant que les enseignants d'aujourd'hui sont plus du
XIX
e
siècle que du XXI
e
. Pourriez-vous nous
donner votre appréciation sur cette réflexion ?
M. Gérard Vaysse -
On ne peut être que
flatté qu'un prix Nobel reconnaisse le rôle éminent des
enseignants dans le parcours professionnel de la jeunesse. Il dénonce un
certain nombre de faits que nous pouvons tous déplorer.
C'est la tradition française d'une formation plus conceptuelle que
pratique. Il l'a dénoncé par ailleurs dans beaucoup d'ouvrages de
vulgarisation.
Quels sont les obstacles actuels ? Tout d'abord, un certain nombre
d'enseignants ont un stage obligatoire en entreprise. Tous les enseignants qui
se destinent à l'enseignement technique et professionnel ont au moins un
stage de trois mois en entreprise.
Par ailleurs, dans le public se destinant aux métiers de l'enseignement,
beaucoup de personnes ont préalablement exercé une
activité professionnelle en entreprise. Ce n'est donc pas le
désert complet.
En revanche, il est exact que dans le cadre de l'enseignement
général, suivi par la majorité des élèves,
les enseignants n'ont pas d'obligation d'être familiarisés avec le
monde de l'entreprise.
Parmi les obstacles majeurs, le moindre n'est pas le type de concours de
recrutement de la fonction enseignante. On ne devient professeur de
mathématiques que parce que l'on sait très vite résoudre
des problèmes de mathématiques dans un délai donné.
On ne devient professeur de latin que parce que dans le délai du
concours, on rend une copie convenable.
Il faudrait que le mode de recrutement des enseignants soit changé.
Cependant, si le passage souhaité en entreprise ne donne lieu à
aucun type d'épreuves au concours, comment allons-nous discriminer des
étudiants qui y ont consacré du temps par rapport à
d'autres qui n'ont fait qu'un stage superficiel ?
Une réflexion est probablement à entreprendre concernant la
nature des épreuves du concours. Les concours ne nous permettent pas de
nous assurer que nous recrutons des futurs enseignants. Ils nous assurent que
nous recrutons des jeunes ayant une bonne maîtrise des savoirs
conceptuels diffusés à l'université.
Nous savons organiser ce genre de concours et nous sommes enviés par
divers pays pour cela. En revanche, nous n'avons pas d'épreuves
proprement pédagogiques : nous ne sommes pas assurés que les
jeunes recrutés seront des enseignants pouvant s'adapter aux situations
que traverse le système éducatif aujourd'hui.
Je n'ai pas d'hostilité à ce qui a été dit. Il
convient probablement que les enseignants se préoccupent de ce qui se
passe dans la société. Cependant, tout les conduit à ne
penser qu'en termes disciplinaires leur entrée dans le métier.
Puis, les premières années leur font tomber les écailles
des yeux quand ils sont affectés dans des établissements
où le social pèse beaucoup plus que le disciplinaire. C'est
à la faveur de cette expérience que l'adaptation au métier
se fait.
M. Le Président -
Elle est parfois rude.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint -
Premièrement, où enseignent les enseignants qui sortent des
IUFM ?
Deuxièmement, chaque établissement évalue ses
capacités d'accueil. Quels sont les critères
d'évaluation ? Est-ce la capacité physique d'accueil de
l'établissement, les besoins de l'académie et à quel
terme ?
Troisièmement, vous avez dit que les enseignants qui sortent des IUFM
sont formés à une certaine bivalence ? Sont-il
opérationnels pour assurer celle-ci quand ils sont affectés dans
un établissement ?
Enfin, sur la formation des enseignants et notamment leur stage ou leur passage
dans l'entreprise, j'ai compris que tous les enseignants qui allaient enseigner
une discipline professionnelle suivaient un stage dans une entreprise, ce qui
semble tout à fait souhaitable. Ce stage en entreprise ne serait-il pas
souhaitable pour tous les enseignants qui passent dans les IUFM ?
En effet, l'enseignant dans le primaire est celui qui prend le relais
après les parents et sa connaissance de l'économie, notamment
locale, influera sur le jeune. Certes, l'orientation ne se décide pas en
primaire ou au collège, mais elle commence là.
Or, comme le disait notre prix Nobel, les enseignants ont peut-être une
vison faussée ou fausse d'un certain nombre de métiers qui fait
qu'aujourd'hui, nous avons cette inadéquation entre les besoins de
l'économie et les orientations des jeunes.
M. Gérard Vaysse -
L'affectation des professeurs
stagiaires est assurée par les services du ministère. Lorsque le
professeur stagiaire est titularisé, à la fin de la
deuxième année de l'IUFM (à bac + 5 au minimum) ;
s'il est un enseignant du second degré, jusqu'à cette
année, il était affecté par le ministère dans une
académie et dans un établissement.
Le mouvement est un peu modifié à la rentrée
prochaine : il sera affecté dans une académie au sein de
laquelle le recteur l'affectera dans un établissement, si c'est un
professeur du second degré.
En revanche, si c'est un professeur du premier degré, il a
été recruté au titre d'un département
géographique et c'est l'inspecteur d'académie de ce
département qui l'affectera dans une école.
Autrement dit, il n'appartient pas à l'IUFM de les affecter. Nous sommes
une école de formation, mais le corps de fonctionnaires reste au service
du ministre. C'est le ministre qui affecte ou délègue au recteur
à partir de la rentrée prochaine.
Nous ne savons toujours pas quel sera le département d'affectation du
jeune formé dans nos établissements.
Jusqu'à présent, je n'ai parlé que du rôle de
formation initiale, mais nous avons aussi un rôle dans la formation
continue.
Revenons sur la capacité d'accueil : vous avez raison, les locaux
sont un facteur de réponse. Le deuxième élément est
le vivier local. Par ailleurs, nous avons un regard sur le type de recrutement
précédent.
Par exemple, nous savons que des milliers de jeunes se destinent aux
activités physiques et sportives (STAPS). Nous avons un cursus
universitaire sur ces activités et nous serons probablement, dès
cette année, assaillis par des centaines, voire des milliers de
lauréats d'une licence d'éducation physique et sportive en
France. Le budget de l'Etat n'a pas suggéré au ministre de
créer des centaines d'emplois de professeurs d'éducation physique
et sportive. Nous aurons donc, ici ou là, des frictions. Il nous faudra
plus élargir que nous ne pensions le faire pour accueillir ces centaines
de jeunes détenteurs de cette licence de STAPS.
Il y a donc une question de capacité pédagogique. Puis
désormais, nous avons sept ans d'expérience. Dirigeant
moi-même un établissement, je connais à peu près
d'une année sur l'autre, nos effectifs de lauréats à tel
concours. Faut-il prendre plus de trois fois cette estimation de
lauréats au concours, sachant que l'on fait perdre une année
complète à un jeune s'y préparant ? Certes, il est
souhaitable que la République se ménage un vivier plus important
pour ses corps de fonctionnaires, mais est-il nécessaire de disperser
des milliers de jeunes et de leur faire perdre du temps et des deniers ?
M. Le Président -
Sur la deuxième question
posée par M. CARLE, vous nous avez expliqué que
l'établissement avait une marge de manoeuvre relativement importante
pour le recrutement en première année. Il lui appartenait donc
d'adapter ce recrutement à sa capacité d'accueil, au vivier et
aux possibilités de recrutements par la voie du concours.
Alors, le fait que les établissements recrutent "librement" en
première année ne constitue-t-il pas, pour le ministre qui
arrête les postes au concours, une espèce de contrainte ?
Autrement dit, si la masse des étudiants admis à l'IUFM en
première année est très importante, le ministre se trouve
devant une situation politiquement difficile à gérer. De ce fait,
ne peut-il pas être conduit à mettre au concours plus de postes
que n'en exigeraient les besoins de l'enseignement ?
M. Gérard Vaysse -
Comme je n'ai jamais exercé
cette charge, j'ai du mal à savoir comment se font les choix. J'ai
tendance à penser le contraire car nous avons parfois trompé les
étudiants, quand par exemple nous apprenons en février-mars que
le nombre de postes au concours va être réduit de moitié
dans une discipline, alors que nous avons des étudiants depuis
septembre. Cela génère un tel tapage dans nos maisons que si le
M. le ministre pouvait prendre sa décision un an plus tôt,
cela nous arrangerait.
Pour vous répondre, il n'y a pas de lien entre les deux.
M. Le Président -
A quel moment est prise la
décision ?
M. Gérard Vaysse -
Aussitôt que l'Etat a
voté son budget.
M. Le Président -
A quelle date recevez-vous la
notification des postes ouverts aux concours ?
M. Gérard Vaysse -
Janvier-février, alors que
nous avons des étudiants depuis septembre et qu'ils se sont
pré-inscrits depuis janvier dernier. Nous ouvrons actuellement le
registre des étudiants pour la rentrée prochaine, alors que nous
ne saurons combien de postes seront mis au concours qu'en juin 2000, quand le
Parlement l'aura adopté.
Je vois bien que lorsqu'il y a une forte pression à la marge, il est
rajouté une petite poignée de postes. Il n'est pas
étonnant que quelques postes soient rajoutés, alors qu'il y a eu
beaucoup de bruits dans les STAPS cette année, mais c'est de l'ordre du
symbole et non pas une logique de gestion.
La bivalence : il faut être modeste ; nous n'avons pas la
prétention d'avoir totalement formé les enseignants en deux
années. Il y a la formation permanente et continue. Il serait illusoire
qu'un enseignant imagine que, parce qu'il vient d'être titularisé
en juin, il possède son bagage pédagogique pendant 37 ans.
Nous attirons l'attention de ces jeunes professeurs sur un certain nombre de
fragilités, dans l'aspect disciplinaire du point de vue de la bivalence
et nous les préparons à la réalité du métier
qui est très éloignée de la représentation qu'en
font les études universitaires.
Dans les études universitaires, et c'est leur fonction, pendant trois
ans (par exemple le temps de la licence), voire au-delà, il y a un
centrage sur un savoir disciplinaire et, à notre avis, le concours
caricature encore plus cet aspect des choses.
Une quatrième année est consacrée à bien
maîtriser le savoir disciplinaire. C'est un travers mais aussi une
qualité des enseignants français par rapport à d'autres
qui ont fait beaucoup plus de pédagogie et sont moins sûrs de
leurs bases disciplinaires.
La deuxième année, ils sont professeurs stagiaires,
c'est-à-dire qu'ils exercent le tiers des charges de service d'un
enseignant statutaire, tandis que nous assurons un complément de
formation dans les deux tiers du temps.
La bivalence va-t-elle suffisamment loin ? Probablement pas, mais nous
essayons d'attirer l'attention sur ses faiblesses.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint -
Un
professeur d'histoire-géographie sortant de chez vous, peut-il
être opérationnel pour faire des remplacements en histoire, par
exemple ?
M. Gérard Vaysse -
Oui bien sûr, mais sera-t-il
susceptible de se voir confier une classe
préparatoire ? Peut-être pas. Nos enseignants sont,
d'emblée, affectés dans des classes de BTS. Cela se saurait s'ils
étaient tous défaillants. Bien évidemment, nous leur
conseillons la modestie et leur disons que le métier s'acquiert.
Vous avez parlé du passage à l'entreprise : la
préoccupation d'une ouverture sur la société et sur le
secteur économique doit accompagner le cheminement de
l'élève. Le professeur, s'adressant à des adolescents que
l'insertion professionnelle commence à préoccuper, devrait
être plus réaliste sur cet aspect, mais je ne suis pas
assuré qu'il faille absolument que tous les enseignants aillent en
entreprise.
En effet, nous ne pouvons pas avoir un plan de formation qui soit le cumul
arithmétique de toutes nos missions : la violence, l'insertion
professionnelle, la parité hommes/femmes, etc. Certes, il faut y
consacrer du temps. Ceux qui ont vocation à insérer des
élèves dans la vie professionnelle (c'est le cas de
l'enseignement technique et professionnel) doivent avoir cette teinture. Le
faut-il pour tous les enseignants ? Je reste plus mesuré.
Mme Hélène Luc -
Je voulais vous demander ce que
vous pensiez du recrutement des élèves en IUFM et vous y avez en
partie répondu. Les premières années, il a fallu donner
des allocations pour encourager des élèves à rentrer.
Ensuite, cela n'a plus été nécessaire car il y avait trop
de candidats. L'académie de Créteil, par exemple, a vu venir des
médecins, des ingénieurs très hautement formés, qui
ne venaient que parce qu'ils ne trouvaient pas d'emploi ailleurs.
Cela a changé et il y a maintenant un nombre de places plus en rapport
avec les demandes. Cependant, pour avoir de bons enseignants, il faudrait que
nous ayons des enseignants encore plus motivés.
Ils le sont déjà plus maintenant qu'ils l'étaient il y a
cinq ou six ans, car c'est difficile et ceux qui veulent y arriver sont
même déjà un peu " militants ".
Alors, ne devrait-on pas encourager des personnes qui ont vraiment envie
d'être enseignants et qui n'en ont pas les moyens ? Je ne dis pas
pour l'ensemble, mais au moins pour une partie.
M. Gérard Vaysse -
En première
année ?
Mme Hélène Luc -
Oui.
Par ailleurs, j'évoquerai le problème de la parité dans
l'enseignement : j'aimerais qu'il y ait plus d'hommes dans l'enseignement.
Y fait-on attention dans le recrutement ? En effet, le fait qu'un
élève n'ait jamais eu d'homme comme instituteur constitue un
problème, d'autant plus si cet élève n'a pas de
père chez lui.
Nous avons déjà parlé de la bivalence, mais dites-nous
votre sentiment personnel : pensez-vous que c'est bien ?
Ensuite, quelles implications voyez-vous de la déconcentration ?
Enfin, comment se fait l'intégration des MAFPEN dans les IUFM ?
M. Le Président -
Je voudrais compléter une des
questions de Mme LUC. Vous nous avez expliqué que le professeur de
physique peut enseigner la chimie et que le professeur d'histoire peut
enseigner la géographie, qu'ils étaient formés pour cela.
Pensez-vous qu'il est envisageable que le professeur de français
enseigne l'histoire et inversement, que le professeur de mathématiques
enseigne la physique-chimie et inversement, enfin, que le professeur de
technologie enseigne la physique et inversement ?
Mme Hélène Luc -
Comme les universités
élisent leur président (parce qu'elles sont autonomes), le temps
ne serait-il pas venu que les IUFM élisent leur président ?
La nomination par le ministre me pose un problème.
M. Gérard Vaysse -
A propos de la motivation, en effet,
lorsqu'en 1991 les IUFM ont été créés, la France
manquait de certaines catégories de professeurs. Nous ne trouvions pas
de professeurs de mathématiques, par exemple. C'étaient souvent
des étudiants maghrébins, qui sont de très bons
mathématiciens, qui en assuraient l'enseignement.
Cependant, ils étaient de mauvais locuteurs en français, aussi,
les élèves n'avaient pas de difficulté à suivre les
mathématiques, mais avaient du mal à écouter le
professeur.
A ce moment-là, les allocations ont parfaitement répondu à
ce pourquoi elles étaient destinées, à savoir, aider les
étudiants nécessiteux et diriger vers l'enseignement des jeunes
que la nécessité d'activité professionnelle
écartait de cette possibilité.
Ces allocations ont été supprimées globalement, dès
lors que le nombre de candidats a été suffisant.
Néanmoins, cela s'est fait de façon aveugle car il reste des
filières, notamment de l'enseignement professionnel ou technologique,
pour lesquelles le recrutement va recommencer à devenir difficile. La
reprise économique est peut-être un facteur de cette
raréfaction, ce qui est légitime, mais cela peut mettre
l'éducation nationale en difficulté de recrutement.
En conséquence, cette mesure pourrait être aménagée
par les directeurs d'IUFM pour quelques filières de l'enseignement
technique.
Par ailleurs, les préparations de concours sont aléatoires et les
étudiants boursiers, qui le restent en première année
d'IUFM, se voient la plupart du temps supprimer la bourse à la suite
d'un échec au concours. Or parfois, le niveau de l'étudiant est
bon et seule la limitation des places aux concours est la cause de
l'échec. Il faudrait donc assouplir le système des bourses pour
que les étudiants puissent se représenter une deuxième
fois au concours.
La motivation est là, mais elle n'est pas facile à
évaluer. Dans les textes régissant l'admission en première
année d'IUFM, il y a une lettre de motivation, mais maintenant, l'on
trouve des lettres-types éditées sur des manuels et ce n'est plus
un facteur discriminant.
Toutes les fois que nous faisons passer un entretien à ces
étudiants, nous nous faisons une opinion, mais c'est une métrique
aléatoire.
Il faudrait recruter davantage d'hommes et c'est un véritable
problème car c'est une entorse à un concours national que
d'instaurer des quotas. C'est un débat d'actualité dans d'autres
domaines. En termes d'égalité républicaine, c'est
difficile.
Pour le concours de professeur des élèves instituteurs dans les
années 80, il y avait deux concours parallèles et parfois,
on prétendait que tel concours était plus simple que l'autre et
c'était tout à l'honneur des dames.
Il est exact que nous ne redressons pas ce " sex-ratio " qui reste
encore très déséquilibré, avec un spectre
disciplinaire variable : en génie électrique et
mécanique, il y a davantage d'hommes, en revanche, en lettres, le corps
enseignant est encore féminin et les petits garçons ont des
difficultés de transfert, comme vous l'évoquiez, Madame.
La bivalence, est-ce bien ? Est-ce mieux ? Pour
l'intérêt de l'élève, c'est mieux dans des classes
qui suivent la scolarité primaire.
J'ai été pendant cinq ans professeur de science naturelle au
début de ma carrière. Etait-il préférable que j'aie
des élèves une heure par semaine, étant purement
disciplinaire, plutôt que d'enseigner deux disciplines ? Je crois
qu'il vaudrait mieux, au niveau du collège, que les enseignants puissent
être bivalents. Ce serait dans l'intérêt de
l'élève : on passe d'un enseignant unique à quatre,
cinq ou six enseignants.
Cela permet de rééquilibrer les déformations qu'induit
chaque enseignant, sans pour autant passer à une dizaine d'enseignants
dont certains n'enseignent qu'une heure par semaine ; cen'est pas
forcément un bien pour l'élève.
En revanche, nous pouvons estimer qu'au lycée, l'enseignement
disciplinaire doive être maintenu, compte tenu du niveau auquel il doit
être enseigné.
Par ailleurs, cela apporterait de la souplesse en matière de gestion des
personnels. En effet, dans bien des régions, certains
établissements scolaires sont ramenés à une classe de
sixième ou de cinquième et cela devient un exploit que
d'établir un emploi du temps pour des enseignants en si petit nombre.
D'ailleurs, dans les faits, un certain nombre d'enseignants s'accommodent de
cette bivalence.
Quelles seront les conséquences de la déconcentration ?
Elles seront réduites pour les IUFM à la rentrée
prochaine. La déconcentration pourrait cependant donner lieu, dans le
futur, à des recrutements à réalité plus
académique ou inter-académique, bien qu'étant nationaux.
Si tel était le cas, cela mériterait d'être analysé,
mais puisque vous me demandez mon avis, je ne crois pas que cela se traduirait
par un affaiblissement du niveau. Le recrutement des enseignants du premier
degré est bien académique ; de même, jadis les sujets
du baccalauréat étaient académiques et personne ne venait
à dire dans telle académie, que le niveau était plus
faible qu'ailleurs.
Nous pouvons avoir un recrutement académique quand cela a un sens. Des
disciplines recrutent 1 500 professeurs dans l'année et un
recrutement académique ménagerait un niveau. D'autres disciplines
recrutent 30 enseignants, il est évident que le concours doit
rester national. Cela dépend de l'effectif. Ai-je répondu
à votre question ?
Mme Hélène Luc -
La déconcentration
signifie-t-elle que les élèves formés dans
l'académie iraient dans les départements de
l'académie ?
M. Gérard Vaysse -
L'affectation est nationale. Comme
l'an dernier, les étudiants de l'académie de Créteil s'en
remettront à l'ordinateur national pour leur affectation dans une
académie. En revanche, au sein de l'académie, seul l'ordinateur
du recteur les affecte, et non plus l'ordinateur national.
Je réponds à votre question sur le transfert des MAFPEN. Cela se
fait dans de bonnes conditions pédagogiques. Il n'y a pas non plus de
difficulté sur les aspects de plan de formation, seulement, les moyens
correspondants n'ont pas été transférés avec la
mission. Pour l'essentiel, ces moyens sont restés dans les rectorats et
les IUFM sont en difficulté sur ce plan.
Mme Hélène Luc -
Les moyens sont restés
dans les rectorats ?
M. Gérard Vaysse -
Oui, le budget de l'Etat les a
toujours affectés dans les rectorats.
Par ailleurs, les emplois qui géraient la MAFPEN restent
rattachés, pour l'essentiel au recteur de l'académie, qu'il
s'agisse d'enseignants ou d'administratifs. Pour le second degré, ce
transfert ne s'est pas accompagné d'un transfert bien
équilibré des ressources humaines et financières. Cela
peut ne pas être encore définitif car si tel était le cas,
cela placerait nos établissements en difficulté pour la formation
continue du premier degré prévue à la rentrée
prochaine.
M. Le Président -
Il faudra que nous regardions cela.
Mme Hélène Luc -
Et l'élection des
présidents ?
M. Gérard Vaysse -
Notre désignation se fait en
deux tours. Le conseil d'administration doit proposer au ministre trois noms.
Ce n'est pas le propre des IUFM, c'est le cas de tous les établissements
publics à caractère administratif.
Le conseil d'administration fait une proposition de trois noms, classés
au non, et le ministre ne peut pas suggérer un quatrième nom,
mais il n'est pas obligé de désigner le premier nom classé
par le conseil d'administration.
Nous sommes, pour partie, issus d'une élection au sein d'un conseil
d'administration et, pour partie, nommés par le ministre.
Cette situation n'est pas comparable à la présidence d'une
université, mais ce n'est pas un inconvénient majeur pour un EPA
car nous formons les acteurs du ministère. Il peut être
souhaitable pour un ministre d'avoir une part dans la désignation du
responsable de l'établissement. Nous n'avons, certes, qu'une courte
expérience, mais les ministres ont très souvent suivi le
classement du conseil d'administration.
M. Serge Lagauche -
Avez-vous mis au point un système
d'évaluation avec les inspections pour les enseignants que vous
formez ?
En outre, ne pensez-vous pas qu'il serait nécessaire au bout d'un
certain temps (trois ou quatre ans peut-être) d'envisager de recycler les
enseignants au cours d'un long stage obligatoire ? Cela permettrait de
faire à la fois des évaluations individuelles et peut-être
des mises à niveau ?
M. Gérard Vaysse -
Rarement des établissements
ont été plus évalués que les IUFM. Le Sénat
a produit deux rapports, l'académie des sciences également, ainsi
que l'inspection générale que vous évoquiez. Nous avons
été, tous les ans, sous des vocables différents,
passés à l'analyse extérieure. Cela nous a
été très utile.
L'inspection générale de l'éducation nationale a
déjà réalisé plusieurs expertises sur les IUFM,
notamment sur le produit fini. C'était le rapport de l'inspection
générale de 1996 diligentée en 1995. Cette enquête a
été conduite sur des jeunes professeurs qui, ayant terminé
leur formation en IUFM, étaient affectés sur le territoire
national. Au-delà de la performance de ces enseignants, on a
analysé la différence par rapport à des professeurs
formés dans d'autres conditions. Ces rapports d'inspection
générale indiquent que les résultats sont plutôt
meilleurs.
Il y a donc un suivi. La Direction de l'évaluation de la prospective, en
son temps, dans notre propre ministère nous avait également
expertisés.
Quant au recyclage que vous évoquez, c'est tout l'objet de la
réflexion du ministre actuel. Quand il a souhaité que la
formation continue des enseignants soit placée dans les IUFM, c'est pour
ne plus avoir de coupure entre une formation initiale et le démarrage
d'une formation continue.
Antérieurement, il fallait qu'il s'écoule
réglementairement un certain nombre d'années avant qu'un jeune
enseignant puisse revenir en formation continue, puisqu'il avait
bénéficié d'une formation initiale.
Maintenant, c'est l'inverse. La formation, désormais, ne s'achève
pas. Les enseignants quittent l'IUFM, mais dès l'année suivante,
ils ont des stages de formation. Le caractère obligatoire, dans
l'instant, n'a pas été imposé aux fonctionnaires. La
formation continue reste encore une démarche individuelle.
Cela peut évoluer, mais les statistiques montrent que des enseignants
passent entre les mailles de la formation continue et, à l'inverse,
d'autres sont tous les ans en formation continue, peut-être
exagérément. C'est une liberté laissée aux
fonctionnaires.
M. Jean-Léonce Dupont, vice-président -
Vous aviez dit qu'il y avait environ 50 000 étudiants dans les IUFM
et que vous en sortiez 20 000 à 25 000 par an. Sur deux ans,
en fin de première année, tout le monde passe.
M. Gérard Vaysse -
Non, en fin de première
année, au mieux, la moitié passe entre les mailles. Par exemple,
à Toulouse, nous avons 10 000 candidats par an. Nous en admettons
2 500 et nous sommes très contents quand 1 500 professeurs
stagiaires l'année suivante ont franchi le cap des concours, à la
fin de la première année.
M. Jean-Léonce Dupont, vice-président -
Il
y a des pertes de 80 %.
M. Gérard Vaysse -
Non, nationalement, c'est le tiers.
C'est variable. Il peut arriver des années où nous n'avons que
1 000 lauréats. Il y a eu des périodes très
difficiles et d'autres plus simples. Les concours sont difficiles actuellement.
M. Jacques Legendre -
Sur la question récurrente de la
bivalence, je voulais rappeler que dans le passé, il y avait un CAPET de
lettres et d'histoire. Cela ne choquait pas à l'époque.
M. Gérard Vaysse -
Cela reste vrai. On recrute toujours.
M. Jacques Legendre -
Il faut le rappeler.
M. Le Président -
J'ai cité des exemples tout
à l'heure, mais vous n'avez pas répondu. Pourriez-vous former des
bivalents lettres-histoire, mathématiques-sciences,
technologie-physique ?
M. Gérard Vaysse -
Nous en fabriquons tous les ans,
mais dans l'enseignement technique et professionnel, pas dans l'enseignement
général.
M. Jacques Legendre -
Aujourd'hui, en quoi la composition de
l'encadrement et des professeurs d'IUFM leur donne-t-elle une
spécificité ou une expérience professionnelle
particulière qu'ils peuvent transmettre aux futurs élèves
professeurs ?
M. Gérard Vaysse -
Les formateurs permanents d'IUFM
doivent être de l'ordre de 4 000 parmi lesquels 800 enseignants
chercheurs. Les autres appartiennent, pour l'essentiel, au corps d'enseignants
du second degré, des agrégés, des capésiens, mais
aussi des " capétiens ", des collègues titulaires PLP1
au PLP2. Tous les corps d'enseignants sont représentés. Il y a
par ailleurs des corps d'inspection, des conseillers principaux
d'éducation.
En conséquence, le spectre des permanents est assez diversifié,
mais le corps majeur est celui des enseignants du second degré. Je parle
là des formateurs permanents.
A ces formateurs permanents sont adjoints des formateurs occasionnels que nous
appelons les formateurs associés. Ce sont des instituteurs maîtres
formateurs, c'est-à-dire soit des enseignants du premier degré
qui, pour former des maîtres du premier degré, consacrent un tiers
de leur temps à l'IUFM, soit des professeurs de lycée et
collège, conseillers pédagogiques dont un tiers de la charge
d'enseignant est consacré à former des professeurs.
Tous les professeurs stagiaires de deuxième année ont un
conseiller pédagogique de ce type, impliqué dans leur formation.
Chacun est sous la responsabilité d'un professeur conseiller
pédagogique.
Par ailleurs, interviennent les universitaires des universités voisines.
Il faut donc concevoir nos établissements avec un corps limité de
formateurs permanents et un nombre beaucoup plus important de formateurs
occasionnels qui viennent soit de l'université pour compléter les
apports disciplinaire, soit du terrain pour apporter la dimension
professionnelle du métier.
M. Le Président -
Merci beaucoup Monsieur le
Président. Vous avez répondu à nos questions et aussi
apporté des éléments de réflexion.
M. Gérard Vaysse -
Merci.