AUDITION DE M. JACKY RICHARD,
CHEF DU SERVICE DE L'INSPECTION
GÉNÉRALE
DE L'ADMINISTRATION DE L'ÉDUCATION NATIONALE
(IGAEN)
(20 JANVIER 1999)
Présidence de M. Adrien GOUTEYRON, président
Le
président lit la note sur le protocole de publicité des travaux
de la commission d'enquête et fait prêter serment à
M. Jacky Richard.
M. Adrien Gouteyron, président -
Vous avez la parole pour un
propos introductif avant de passer aux questions.
M. Jacky Richard -
Merci, Monsieur
le président. Je souhaite vous présenter
M. Charles Martin, secrétaire général de
l'inspection générale de l'administration de l'éducation
nationale, membre du corps, inspecteur général adjoint, qui
m'accompagne.
J'ai bien compris les règles du jeu. Je dirai d'abord ce qu'est
l'inspection générale de l'administration et ce qu'elle fait, eu
égard aux centres de préoccupations qui sont les vôtres
dans le cadre de cette commission d'enquête. L'inspection
générale de l'administration est un corps de contrôle, un
corps d'évaluation tout à fait classique, que l'on trouve dans
tous les départements ministériels, que ce soit l'inspection
générale de l'administration du ministère de
l'intérieur, des affaires sociales, l'IGAS, l'IGF (l'Inspection
Générale des Finances),
mutatis
mutandis
et toutes
choses égales par ailleurs. Ces corps de contrôle ont la charge de
vérifier pour le compte du ministre -ils sont rattachés
directement au ministre- le respect de la norme administrative,
financière, organisationnelle ; de vérifier que le
système général fonctionne correctement. C'est un large
champ de compétences générales que l'inspection
générale de l'administration a à connaître.
La particularité du ministère de l'éducation nationale est
qu'il a deux inspections générales. La commission a
auditionné récemment la doyenne de l'inspection
générale de l'éducation nationale, Mme Becquelin.
L'inspection générale de l'administration n'a pas vocation
à porter un jugement ou une appréciation sur l'acte
pédagogique ; cela va de soi, mais il est utile de le rappeler.
En revanche, tout ce qui concourt au fonctionnement général du
système éducatif et au bon accomplissement de l'acte
pédagogique, puisque la finalité du système
éducatif est évidemment l'élève et
l'étudiant, tout ce qui concourt donc à la bonne marche du
système éducatif relève du champ d'intervention de
l'inspection générale de l'administration, encore une fois de
manière très banale, comme cela se trouve dans tous les autres
ministères.
Pour ce faire, l'inspection générale de l'administration dispose
de 80 inspecteurs, d'une quinzaine de chargés de mission
intégrés aux services et participant aux services. Il s'agit
d'une organisation fondamentalement territoriale : l'inspection
générale de l'administration souhaite que les investigations sur
le terrain, au plus près de là où sont les
élèves et les étudiants, constituent une bonne
organisation. Cette organisation territoriale compte sept groupes territoriaux,
chaque groupe territorial couvrant quatre ou cinq académies. A la
tête de chaque groupe territorial, un inspecteur général
chevronné organise le travail et les missions sous la
responsabilité du chef du service.
L'inspection générale de l'administration a trois grands
types d'activités, trois grands volets d'intervention
définis annuellement par le ministre dans le cadre d'une lettre annuelle
de mission au chef du service pour l'organisation des travaux. Cette lettre de
mission prévoit ces trois grandes familles d'activités :
tout d'abord, des missions de suivi permanent dans les établissements
scolaires, et les établissements d'enseignement supérieur, car
l'IGAEN est compétente dans ce secteur, et dans les services
académiques.
Chaque année, l'inspection générale définit un
échantillon et visite les services, pour faire au ministre un rapport de
synthèse sur les trois niveaux qu'elle a vus : les
établissements scolaires, les établissements d'enseignement
supérieur et les services académiques, sur la base d'un
échantillon. Chaque année, on visite 120 à
150 établissements scolaires, une vingtaine d'établissements
d'enseignement supérieur et une vingtaine de services académiques.
C'est le premier volet : humer l'air du temps, voir ce qui se passe dans
les services, comment la politique ministérielle est mise en oeuvre,
comment réagissent les chefs d'établissements, les inspecteurs
d'académie, les recteurs ; rencontrer des professeurs et des
parents d'élèves lorsque l'on se rend dans les
établissements ; une sorte d'imprégnation que nous avons
dans le cadre de ce suivi permanent, et qui donne lieu tous les ans à
trois rapports de suivi permanent, que nous sortons en juin, juillet.
Deuxième type d'activité de l'administration : des missions
ponctuelles très précises, très pointues, lorsqu'un
dysfonctionnement s'est produit et qu'il a été signalé au
ministre par un recteur ou un président d'université. Le ministre
demande alors à son inspection générale de se rendre sur
place voir ce qui se passe, et nous menons une enquête pour comprendre
quel est le fait générateur du problème, qui a tort et qui
a raison, et comment on peut sortir de la difficulté.
Ce sont des mission ponctuelles, mais souvent révélatrices de
certains dysfonctionnements du système éducatif. Pour vous donner
quelques exemples, cela peut concerner un intendant, un gestionnaire
indélicat, un chef d'établissement en situation d'échec et
de rupture totale par rapport à son corps professoral, des missions
relatives au mauvais fonctionnement d'une division d'examens et concours
lorsqu'il y a eu des timbres fiscaux dérobés. Toutes choses
parfois extrêmement précises, qui n'ont pas grande importance,
mais qui sont révélatrices d'un mauvais fonctionnement et qui
peuvent déboucher sur du disciplinaire puisque, en
général, l'inspection générale va sur le terrain
pour faire son rapport, et est témoin au conseil de discipline pour que
la sanction soit juste et conforme à la réalité des
choses. L'inspection générale apparaît comme une instance
un peu indépendante, ayant le recul nécessaire.
Troisième grand volet d'activités : des thèmes
d'étude annuellement définis sur des sujets précis, un peu
lourds, que le ministre nous demande de traiter dans le cadre de sa lettre de
mission annuelle.
Je vous donne quelques exemples. Cette année nous avons travaillé
sur trois sujets précis. Premier sujet : la santé
scolaire, son organisation, son fonctionnement, sa pertinence, sa
performance ; ce sont des questions délicates, difficiles dans le
contexte actuel où apparaissent certaines maladies et certaines
insuffisances ; l'école est un bon endroit pour les percevoir.
Second sujet : la déconcentration des enseignants et des
non-enseignants dans l'enseignement supérieur. Troisième
sujet : les conditions de développement de la recherche au niveau
régional.
Le ministre de l'éducation nationale et de l'enseignement
supérieur est aussi ministre de la recherche. Il a demandé
à l'inspection générale de travailler sur le secteur de
l'administration de la recherche.
L'an passé, nous avions travaillé et fait un rapport sur la
déconcentration du mouvement des enseignants du second
degré ; on aura peut-être l'occasion d'en reparler. Nous
avons travaillé sur l'allocation des moyens dans le premier
degré, sur la répartition des postes d'instituteurs, et aussi sur
la mise en place des emplois-jeunes, sur la manière dont cette
nouveauté se mettait en place. Nous avons fait sur ces trois sujets un
rapport complet et substantiel d'une centaine de pages au ministre. Pour ce
faire, quatre ou cinq inspecteurs ont été déchargés
de toute autre activité pendant quatre mois, afin de ne se consacrer
qu'à cela.
Un quatrième volet apparaît depuis un an ou deux, une
quatrième série d'activités se situant entre les missions
ponctuelles et les thèmes : il arrive de plus en plus souvent que
la ministre nous demande, dans un délai de deux mois ou
deux mois et demi, d'étudier un problème et de faire des
propositions dans l'urgence, pour voir si la politique qu'elle souhaite voir
mise en oeuvre l'est effectivement, si ses projets sont jouables, faisables, et
si les conditions de réussite de ces réformes sont possibles.
Pour illustrer mon propos, je citerai quelques sujets qu'on nous a
demandé de traiter dans ces conditions : l'absentéisme des
enseignants, le bizutage, les conditions dans lesquelles certaines affaires de
pédophilie ont pu survenir, et comment le système
éducatif, au cours des années antérieures, il y a cinq ou
dix ans, avait d'une certaine manière vécu avec ces affaires
de pédophilie en connaissant un certain nombre de
responsabilités, sans aller jusqu'au bout de la sanction. Le ministre
nous avait demandé de faire une étude rétrospective sur
ces questions.
C'est un exemple ; je pourrais encore citer un travail, actuellement
demandé par le ministre, sur les conditions de recrutement, d'emploi et
de débouchés des maîtres d'internat et des surveillants
d'externat.
Ce quatrième type d'activité se développe de plus en
plus ; le ministre précédent l'avait également
expérimenté en nous demandant des travaux sur les maîtres
auxiliaires, leur réemploi -sujets qui intéressent la commission-
ou sur les conditions d'utilisation des heures supplémentaires pour
accueillir les maîtres auxiliaires.
Au total, l'inspection générale de l'administration
réalise 120 à 150 rapports par an : un rapport
général publié à la Documentation française,
et des rapports particuliers dont certains peuvent être publiés,
comme celui sur la déconcentration du mouvement des enseignants du
second degré, également à la Documentation
Française.
En guise de conclusion j'indiquerai que, dans le domaine d'investigation de la
commission d'enquête, l'IGAEN a notamment couvert des sujets tels que le
pilotage sur le terrain du système éducatif par les recteurs, par
les chefs d'établissements. Ce sont des questions sur lesquelles nous
avons des éléments à apporter à votre connaissance,
si vous le souhaitez. Nous avons beaucoup travaillé sur les conditions
de la réussite de la déconcentration du mouvement des enseignants
du second degré, et aussi sur l'absentéisme et le remplacement
des enseignants.
Il faut sans doute laisser un espace à la discussion et aux questions
que je m'efforcerai d'apporter à vos questions.
M. le Président -
Pouvez-vous préciser votre
rôle, ou plus exactement les responsabilités qui sont les
vôtres et celles de l'inspection générale de
l'éducation nationale, ou plus précisément du groupe de
"la vie scolaire" ? N'y a-t-il pas certains chevauchements, voire des
pertes d'énergie, entre l'IGAEN (l'inspection générale de
l'administration de l'éducation nationale) et l'inspection
générale de l'éducation nationale, en particulier pour ce
qui est du groupe de la vie scolaire ?
M. Jacky Richard -
En bon connaisseur du système
éducatif, Monsieur le président, vous mettez d'emblée
le doigt sur une difficulté, une particularité d'organisation. Il
y a sans doute quelques chevauchements de domaines d'activités et de
compétences. Cela dit, l'inspection générale de
l'éducation nationale, groupe "vie scolaire", a pour mission essentielle
de suivre le fonctionnement des établissements scolaires. En fait, le
rôle des inspecteurs généraux de la vie scolaire est
très important pour préparer le mouvement et les mutations des
chef d'établissements ; ils s'appuient sur le réseau des IPR
"vie scolaire", des proviseurs "vie scolaire", ils traitent aussi des questions
d'éducation au sens précis et statutaire du terme,
c'est-à-dire des personnels chargés de l'éducation et
conseillers principaux d'éducation qui participent à la vie de
l'établissement.
De son côté, l'IGAEN souhaite évidemment être
présente, et est très présente dans les
établissements, autour du fonctionnement de l'établissement, avec
une attention particulière sur les aspects administratifs et financiers.
Elle va jusqu'à la porte de la classe, sans la franchir puisque c'est le
domaine de l'IGEN disciplinaire ; ce qui bien évidemment
n'empêche pas l'IGAEN de rentrer dans la classe. L'IGAEN ne s'interdit
pas de traiter des questions de vie solaire, par exemple la bonne organisation
des emplois du temps, l'optimisation des moyens à la disposition du chef
d'établissement, le repérage de dysfonctionnements ou de
redondances au sein de l'établissement. Effectivement, il peut y avoir
un recouvrement de domaines.
La solution à cette chose est le travail en commun. Beaucoup de missions
qui se déploient dans les établissements scolaires sont des
missions conjointes IGAEN / IGEN / vie scolaire ; au
lieu de se surveiller et de se "marquer à la culotte" si vous me
permettez cette expression triviale, ces deux corps s'enrichissent de leurs
différences.
M. le Président -
A vrai dire, je voulais vous amener
là où vous êtes arrivé à la fin de votre
propos. Je me demandais si l'un des rôles tout à fait essentiels
-et que je m'étonnais un peu de n'avoir pas vu souligné dans ce
que vous avez dit tout à l'heure- de votre corps ne devait pas
être la vérification de la bonne utilisation des moyens mis
à la disposition des établissements. Cela ne devrait-il pas
être le rôle premier de votre corps d'inspection ?
M. Jacky Richard -
Je suis passé très vite
sur cette question au tout début de mon intervention, quand j'ai
parlé de la vérification par rapport à la norme
administrative et financière. Cela recouvrait effectivement la bonne
utilisation des crédits et des emplois. Dans notre suivi permanent des
services académiques et des établissements scolaires -mais
surtout des services académiques-, nous sommes
régulièrement conduits à vérifier que les postes
sont correctement utilisés, et que l'utilisation et la
répartition des emplois et des blocs-horaires -vous êtes sans
doute très averti de ces choses- se font dans de bonnes conditions.
M. le Président -
Nous sommes en plein dans le sujet.
M. Jacky Richard -
Nous travaillons sur ces sujets, bien
entendu.
M. le Président -
Sur ces sujets-là, faites-vous un
rapport régulier au Ministre ?
M. Jacky Richard -
Non, nous ne faisons pas de rapport
régulier sur ce que sujet. Il nous arrive très
régulièrement, dans tous nos rapports, d'indiquer si les moyens
sont bien utilisés, de manière optimale, moins bien ou mal
utilisés. Régulièrement, dans nos rapports, il y a une
dimension "utilisation des moyens" mais, pour répondre
précisément à votre question, il n'y a pas de rapport
spécifique sur l'utilisation des emplois et des crédits. Mais si,
par exemple, nous allons contrôler l'inspection académique du
Rhône ou le rectorat de Clermont-Ferrand, il y aura nécessairement
une partie sur l'utilisation des moyens dans le rapport remis au ministre.
M. le Président -
Pour en terminer sur le sujet, avant de
passer la parole à mes collègues, vous venez de parler du
contrôle que vous exercez sur les niveaux administratifs
académiques et départementaux, les inspections académiques
et les rectorats. Pouvez-vous nous dire comment cela se passe ? Qui est
votre interlocuteur dans un rectorat ? S'agit-il du recteur, ou bien
allez-vous voir le DRH ?
M. Jacky Richard -
Il est clair que lorsque nous
arrivons, nous rendons une visite de courtoisie au recteur, mais nous devons
aller au-delà et aux tréfonds du rectorat. Nous descendons, non
seulement au niveau du chef de division, du chef de bureau, mais encore au
niveau de celui qui instruit le dossier, qui fait les tâches. C'est
là qu'on s'aperçoit d'une bonne coordination des choses ou, au
contraire, de fonctionnements qui ne sont pas corrects.
Nos visites dans les rectorats et les inspections académiques sont de
deux sortes. On peut réaliser un audit ; par exemple, l'un de
nos collègues travaille actuellement sur l'inspection académique
de l'Essonne, grosse inspection académique en région
parisienne ; c'est d'ailleurs l'inspecteur d'académie
lui-même qui nous a demandé de venir. On y travaille, on y va
plusieurs fois, en plusieurs étapes.
Il y a également des contrôles plus réguliers : les
correspondants académiques, les inspecteurs généraux
chargés d'une académie entretiennent des rapports de travail
courtois mais indépendants avec les chefs de division et donc
régulièrement, une fois par mois, viennent discuter, relever un
tableau, voir où en est telle question d'actualité, etc..
Il y a deux aspects dans nos investigations sur le terrain : soit un
travail d'audit, de contrôle parce qu'on nous l'a demandé, et nous
le faisons de manière approfondie, mais aussi une approche qui
relève du suivi permanent et beaucoup plus libre ; souvent, on
apprend beaucoup de choses en instaurant des liens cordiaux et
réguliers, ce qui ne signifie pas qu'ils ne sont pas marqués par
la responsabilité et l'indépendance.
M. André Vallet, rapporteur adjoint -
Le
ministre a fourni à plusieurs reprises des chiffres concernant
l'éducation nationale ; ce n'est pas la seule, mais c'est
peut-être l'une des raisons ayant motivé la création de
cette commission. Ces chiffres, largement diffusés, concernant
l'absentéisme, le taux d'encadrement, est-ce vous qui les avez fournis,
et pensez-vous qu'ils sont exacts ? Nous avons entendu ici tout et son
contraire.
M. le Président -
Bonne question !
M. André Vallet, rapporteur adjoint
-
Veuillez pardonner la brutalité de ma question, mais je pense
que c'est une question importante pour la connaissance de la commission.
Deuxièmement, vous avez dit que pratiquement tout le travail que vous
faites est inspiré par le ministre qui vous demande un certain nombre de
rapports. Les ministres vous demandent-ils une tonalité pour ces
rapports, ou pouvez-vous nous assurer que ce travail est réalisé
en toute objectivité et en réponse à la seule question
posée par le ministre ?
Troisièmement, avez-vous l'impression que tous les rapports de
contrôle que vous faites aboutissent ? Sont-ils véritablement
utilisés, et comment ? L'utilité de contrôle est
évidente mais, dans la partie "propositions", considérez-vous
qu'il y a reprise de la part du ministre ?
Pensez-vous que la déconcentration du mouvement des enseignants,
à laquelle vous avez longuement travaillé, est
véritablement une bonne chose ? Y aura-t-il vraiment une meilleure
adéquation entre moyens existants et besoins disciplinaires ?
Question que nous posons pratiquement à toute personne
auditionnée ; j'entre peut-être dans le domaine
pédagogique, mais vous répondrez seulement si vous le
souhaitez : pensez-vous que la bivalence, notamment pour les
collèges, ne serait pas partiellement une réponse aux
difficultés d'organisation que rencontrent les
établissements ?
M. Jacky Richard -
Vous dites, Monsieur
le sénateur, que vous entendez beaucoup de chiffres, parfois
contradictoires. L'adage dit qu'on peut faire dire ce que l'on veut aux
chiffres ; effectivement, il faut savoir de quoi on parle.
Votre question est de savoir si c'est nous qui alimentons le ministre en
chiffres. La réponse est plutôt non, parce que le ministre a des
services pour cela : un service statistique, comme dans tous les
ministères, appelé "direction de l'évaluation et du
développement", anciennement service de l'évaluation et de la
prospective, la DEP.
La direction des affaires financières sur les moyens tient une
comptabilité et un contrôle des emplois, un contrôle de
consommation des crédits, des heures supplémentaires,
contrôle tout à fait évident et normal s'agissant d'une
direction des affaires financières qui a des comptes à rendre
à la direction du budget, qui négocie tous les jours avec elle,
et qui rencontre souvent la Cour des comptes. La direction des affaires
financières est donc aussi pourvoyeur des chiffres pour le ministre.
De son côté, de temps en temps, quand elle a fait un certain
nombre d'investigations sur le terrain, sur la base d'échantillons
qu'elle estime représentatifs, l'inspection générale de
l'administration ne déteste pas transmettre au ministre des
données chiffrées sur des évolutions, des tendances
lourdes qui se manifestent à deux ans, à cinq ans, sur
les éléments principaux.
Un exemple sur l'absentéisme avec une mission conjointe
IGEN / IGAEN : nous avons fourni au ministre un certain nombre
de chiffres qui n'était pas évidents. Si vous me le demandez, je
peux vous les communiquer.
M. le Président -
Si ma mémoire est bonne, il me
semble avoir entendu le ministre dire que, dans le premier ou le second
degré, je ne sais plus, l'absentéisme était de 12 %.
Est-ce vous qui avez fourni ce taux ?
M. Jacky Richard -
Il y a eu une polémique sur
cette question, et même récemment un article dans un journal du
soir... Est-ce 12 ou 6 % ...
M. le Président -
C'est le double !
M. Jacky Richard -
Effectivement, ce n'est pas tout
à fait pareil, d'où l'intérêt de l'article du
journal en question. Je crois qu'il s'agit du second degré.
Nous avons mené, avec l'IGEN, des travaux dans
913 établissements très précisément
(lycées, collèges, lycées professionnels), avec les IPR,
mais ce sont les deux inspections générales qui ont fait la
synthèse. Sur la base de cet échantillon non négligeable,
on a constaté qu'au total -mais les chiffres sont très
piégés et on peut faire dire ce qu'on veut aux chiffres-,
13 % des heures dues aux élèves n'était pas
assurées par le maître de la classe.
M. le Président -
Ce qui n'est pas la même chose.
M. Jacky Richard -
Si l'on tient compte du fait qu'un
certain nombre d'heures ne sont pas assurées par le maître pour
cause de formation, de maladie, de congé de maternité ou
d'organisation d'un examen, etc., et si l'on tient compte du fait qu'un certain
nombre de maîtres sont remplacés, on peut penser que 4 à
5 % des heures sont remplacées par des enseignants dont c'est le
métier d'être remplaçants. On arrive donc à 8 ou
9 % des heures dues aux élève qui ne sont pas du tout
remplacées. Cela n'est pas négligeable. Sur la base de ces
chiffres, le ministre a pu stigmatiser cette question.
Sur la tonalité des rapports, les choses doivent être
claires : le ministre demande des rapports ; une fois que la demande
est faite, il appartient au chef du service de répartir et de faire
faire le travail, de savoir quels inspecteurs, souvent en binôme, vont
faire le travail. Ensuite, on n'en entend plus parler. Autrement dit, il n'y a
pas de consignes, ni sur la tonalité et a fortiori, sur le contenu.
Si c'était le cas -et cela a pu se produire-, je vous prie de croire que
les collègues réagiraient vivement parce que le corps est
indépendant. Il est composé, à la faveur des alternances
de hauts fonctionnaires de tous horizons. Cette composition très
éclectique autorégule ce type de risque que vous évoquiez
en indiquant que le ministre, quel qu'il soit, pourrait attendre une certaine
tonalité ou un certain contenu.
Je peux vous rassurer à ce sujet si vous étiez inquiets, et vous
dire que nous avons déjà écrit et dit des choses qui n'ont
pas toujours rencontré l'enthousiasme de ceux qui avaient
commandé le rapport. Je ne fais pas allusion à des situations
récentes ; c'est quelque chose qui est vrai dans la moyenne ou
longue durée.
Troisième question sur le suivi des rapports : nos propositions
aboutissent-elles ou non ? Sont-elles reprises ? C'est le choix du
ministre. Il passe commande, nous faisons un rapport, des propositions. Que ces
propositions soient ou non suivies, ce n'est plus notre domaine d'intervention.
Il est vrai que les inspecteurs ayant travaillé sur un sujet aiment bien
que leurs propositions soient reprises, et cela arrive.
Je prendrai l'exemple de la déconcentration du mouvement des enseignants
du second degré. Ce rapport, fait en décembre 1997, contient
des propositions qui ont été plus que reprises, puisqu'elles sont
actuellement mises en oeuvre.
Votre quatrième question, Monsieur le sénateur, portait sur
la déconcentration du mouvement. Vous me demandiez si c'était une
bonne chose et si cela allait permettre de régler un certain nombre de
problèmes. Je ne pense pas que ce soit la panacée et qu'il
suffise de faire une réforme, aussi importante soit elle, pour
régler tous les problèmes.
Je crois vraiment et profondément que le mouvement national, tel qu'il
était fait, d'une part, était au bord de l'asphyxie, et que
deuxièmement il n'atteignait pas son propre objectif. Je
m'explique : le mouvement national permettait de répondre, pour
50 % de son volume, à des demandes intra-académiques. Sur
les 100 000 enseignants qui tous les ans demandent une mutation, la
moitié demandait à bouger d'un poste de l'académie
à un autre poste de l'académie. Sur les 40 000 enseignants
obtenant satisfaction, la moitié obtient satisfaction à
l'intérieur de l'académie.
Si l'on écoute les organisation syndicales, notamment la principale
d'entre elles sur cette question, qui dit que la déconcentration du
mouvement va faire entrer les enseignants dans une mécanique aveugle
où ils quitteront un poste précis sans savoir quel type de poste
ils auront avant la fin des opérations, je crois qu'il faut relativiser
cette crainte parce que les statistiques sont formelles. Je cite les chiffres
de 1997 : sur les 40 000 enseignants ayant obtenu satisfaction,
seul 4 % d'entre eux ont obtenu un poste précis en dehors de leur
académie d'origine. Le mouvement national est une mécanique
complexe qui, finalement, avait un rendement très faible par rapport
à ses objectifs .
Le mouvement déconcentré, qui reste national, que nous mettons en
place permet d'abord de mettre en conformité le droit et le fait, et
surtout il permet au recteur d'avoir toutes les cartes en main pour une
meilleure adéquation poste / personne.
Sur la question de la bivalence, il y a deux manières d'y
répondre : une bonne et une mauvaise.
La mauvaise : la bivalence est nécessaire pour faciliter la
gestion. Si on prend le problème ainsi, en disant qu'avec des
professeurs bivalents il est plus facile de compléter les emplois du
temps, de régler les problèmes des petits collèges, etc.
Cela est vrai, d'ailleurs : la bivalence facilite la gestion. Si on prend
le problème par ce bout, on va vers l'échec. Cela ne marchera
pas, les enseignants y sont opposés.
En revanche, la bonne façon de poser le problème est d'avoir une
approche vraiment pédagogique du problème, et de constater que
dans certaines conditions, certains domaines, par exemple pour favoriser le
travail en équipe, pour répondre à des questions et des
attentes de publics scolaires en difficulté, il est vrai que la
pluridisciplinarité est souvent une meilleure réponse à
ces questions que l'affirmation, l'approfondissement mono disciplinaire.
Si l'on veut avancer sur cette question de la bivalence, et je pense qu'il est
intéressant de le faire, il est nécessaire de problème en
termes pédagogique et non pas en termes gestionnaires.
M. Gérard Braun -
Avez-vous déjà
été saisi par les ministres d'une réflexion, une demande
de rapport sur les emplois-jeunes, et en particulier sur leur devenir dans le
monde de l'éducation nationale ?
Seconde question : vous arrive-t-il parfois d'aborder dans vos rapports et
réflexions le problème des investissements dans les
établissements scolaires ? Ce problème n'est plus du domaine
de l'éducation nationale et de l'Etat, puisqu'il relève des
différentes collectivités locales : départements pour
les collèges, régions pour les lycées. Vous arrive-t-il
d'aborder ces problèmes, de faire des recommandations ou de porter des
jugements sur cette politique menée par les collectivités
locales ?
M. Jacky Richard -
Pour répondre à votre
question sur les emplois-jeunes : oui, nous avons été saisis
par le ministre sur cette question dès janvier 1998,
c'est-à-dire moins de trois mois après les premiers
recrutements.
Nous avons fait un rapport, très rapidement, pour savoir comment
s'étaient passés les recrutements, comment les recteurs avaient
monté leurs commissions de recrutement, comment la déontologie
minimale avait pu être mise en place, etc. Nous avons prolongé ce
travail en juin 1998 par des investigations dans six académies
pour voir comment les emplois-jeunes étaient employés à
l'éducation nationale, quels types travaux ils faisaient, comment ils
étaient accueillis par les enseignants, par les familles etc. Ce
rapport, sorti en juin ou juillet, fait le point sur ces questions.
Il est trop tôt pour répondre à la question du devenir des
emplois-jeunes. Un an après la mise en place, on commence à avoir
une petite idée du
turn
-
over
, vilain mot qui nous permet
de savoir combien entrent et combien sortent, et pour quoi faire. Les quelques
chiffres que l'on a tournent autour de 5 % de sorties, ce qui est faible.
M. Gérard Braun -
Ce n'est pas beaucoup.
M. Jacky Richard -
Ils sont recrutés pour
cinq ans. On est dans une phase de "remplissage". Ce n'est que dans un an
que nous pourrons avoir une analyse plus fine des sorties et du devenir de ceux
qui partent, des débouchés. Les formations qu'on leur donne
montrent qu'un certain nombre d'entre eux, mais pas tous, se destinent à
des carrières dans l'éducation nationale, mais pas autant qu'on
pouvait le penser. Mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions.
Votre seconde question portait sur les investissements. Depuis les lois de
décentralisation, il est vrai que nous sommes moins présents sur
ces secteurs pour des raisons évidentes. Lorsqu'on examine les cartes
des formations, lorsqu'on discute avec les rectorats sur les refontes de cartes
scolaires, lorsqu'on essaie de comprendre comment l'enseignement professionnel
évolue, etc., il nous arrive d'aller interroger, de prendre connaissance
d'un certain nombre de dossiers au conseil régional ou au conseil
général, pour les SEGPA par exemple, où il y a des
ateliers. Nous le faisons, mais cela n'est pas très
développé. La libre administration des collectivités
territoriales par elles-mêmes est un sujet cher à la haute
assemblée.
M. le Président -
Y a-t-il d'autres questions ?
Monsieur Dupont ?
M. Jean-Léonce Dupont, vice-président
-
J'ai été quelque peu choqué par votre
affirmation sur la bivalence. Vous avez dit qu'il y avait deux façons
d'aborder le problème, une bonne et une mauvaise. Je m'accorde tout
à fait avec vous sur la bonne, mais j'ai été
troublé par la mauvaise. Cela me fait penser à ce que nous vivons
dans certains domaines, je pense notamment à ce qu'on appelle la
départementalisation des services d'incendie, où les gens vous
disent : "Vous pouvez traiter des normes de sécurité mais
pas du coût". Or il me semble que, quelle que soit l'organisation, on
doit se soucier du coût de l'ensemble du service ou de l'institution.
Dire que les syndicats ne le supporteraient pas me paraît un peu court.
M. Jacky Richard -
Je me suis sans doute mal
exprimé. La mauvaise réponse concerne l'aboutissement de cette
réforme éventuelle.
Je l'ai peut-être dit de façon trop péremptoire. Si on pose
le problème en termes de gestion, on aura beaucoup de difficultés
à avancer dans cette solution. Ce que j'ai dit ne signifie pas que les
questions de coût, d'efficience et de bonne utilisation des deniers du
contribuable passent en seconde analyse. Il me semble que l'approche
pédagogique sur cette question doit être partagée. Si on
met l'autre, on aura davantage de mal. Voilà ce que j'ai voulu dire.
M. le Président -
Pouvez-vous préciser l'une de vos
affirmations ? Vous avez dit tout à l'heure que
l'inconvénient de la déconcentration, parfois
dénoncé par certains, devrait être relativisé ou
minoré. Vous avez parlé de 4 % des cas. Cela veut dire que
4 % des cas seraient mieux traités par le mouvement national que
par un mouvement déconcentré en deux temps. Est-ce cela que
vous avez voulu dire ?
M. Jacky Richard -
Non.
M. le Président -
Permettez-moi de préciser ma
question. J'ai un doute. Le mouvement national a théoriquement
l'avantage de permettre une affectation sur un poste donné qui
correspond aux voeux de l'intéressé ou qui s'en rapproche. Un
mouvement déconcentré a-t-il, ou aura-t-il, l'inconvénient
que je vais essayer de décrire ? Prenons le cas d'un enseignant
originaire du nord de l'académie de Toulouse et qui souhaite, par
exemple, être nommé dans l'Aveyron. Imaginons qu'il demande Rodez.
Premier temps : mouvement national ; on l'envoie dans
l'académie de Toulouse. Deuxième temps : mouvement
académique; il se retrouve à Cintegabelle, pour autant qu'il y
ait un collège là-bas. Il eût mieux valu qu'il fut
nommé à Mende s'il ne pouvait pas avoir Rodez, parce que c'est
plus près et que cela semble davantage correspondre à ce qu'il
recherche s'il souhaite se rapprocher de chez lui. Cet inconvénient du
mouvement déconcentré est-il réel, ou bien est-ce moi qui
l'imagine ?
M. Jacky Richard -
Si les choses se produisent comme vous
l'avez indiqué, c'est un inconvénient pour l'enseignant qui
voulait aller à Rodez et qui se retrouve au sud de la Haute-Garonne. Ce
que permettra la déconcentration, c'est l'adéquation
poste / personne. La réponse aux voeux strictement
géographiques des enseignants pourra être moins bonne. Mais ce qui
sera meilleur à mon avis, et c'est l'intérêt des
élèves, des enfants et de l'employeur qu'est l'éducation
nationale, c'est une bonne adéquation entre le profil de la personne et
celui du poste.
Quand le recteur procédera au mouvement intra-académie, il saura
que lui arrive, par le mouvement inter-académies, un enseignant qui
enseignait dans un grand lycée de centre ville de l'académie de
Lille, le lycée Faidherbe par exemple. Il sait qu'il n'a peut-être
pas intérêt à envoyer cet enseignant dans un petit
collège du Lauraguet, mais qu'il devrait plutôt lui trouver un
grand lycée de centre-ville du nord de l'Aveyron ou des
Hautes-Pyrénées. Ce n'est pas tout à fait la même
chose, il y a quand même 400 kilomètres entre Tarbes et
Rodez. En tout cas, l'adéquation poste / personne me
paraît mesurable parce que quelqu'un réfléchira à la
confrontation de tous ces éléments.
M. le Président -
A une condition toutefois, et c'est une
question. Cela ne sera possible que si le recteur a une certaine marge de
manoeuvre, mais si le mouvement académique est organisé sur la
base d'un barème national, on se retrouve dans le même cas de
figure que pour le mouvement national. Or, justement, que savez-vous de
cela ?
La crainte que j'exprime est que l'on ait un barème national et que le
recteur soit tenu, parce qu'il y aura des commissions académiques comme
il y a des commission nationales, de respecter ce barème national. Qu'en
pensez-vous ?
M. Jacky Richard -
Comparaison n'est pas raison mais j'ai
l'expérience. Quand j'étais directeur des personnels
non-enseignants, j'ai organisé la déconcentration d'un corps de
15 000 personnes. Ce que nous faisions à Paris était
totalement aberrant. Les recteurs, progressivement, ont pris cela en main. Dans
les premières années, les recteurs, soit par mimétisme,
soit pour d'autres raisons, ont repris
grosso modo
les règles du
mouvement national et, petit à petit, s'en sont progressivement
affranchis.
Je pense que le mouvement sera de même nature, progressivement, pour les
règles du mouvement intra-académique, les
spécificités de l'académie, concertées avec les
représentants des personnels au niveau académique. Il ne s'agit
pas de faire du recteur un chef qui sort de son chapeau un barème qui
serait à l'opposé du barème national.
La gestion académique sera une gestion concertée. Comment
pourrait-il en être autrement à l'éducation nationale? Le
recteur peut faire plus facilement admettre, de manière
concertée, la prise en compte d'éléments -que les
syndicats peuvent tout à fait prendre en compte-, à savoir
l'intérêt des élèves.
Il me semble que sur cette question du mouvement déconcentré,
l'intérêt des élèves et l'intérêt des
personnes entretiennent des convergences plus larges qu'on veut bien le croire.
Quel est l'intérêt d'un enseignant qui a longtemps enseigné
dans des classes de collèges ruraux de se retrouver soudainement, parce
qu'il a beaucoup de points au barème, dans un grand lycée de
centre-ville ? Je ne suis pas sûr que lui-même le souhaite. Je
pourrais prendre d'autres exemple à rebours.
L'intérêt du service et celui des personnes peuvent être,
sur cette question, plus facilement appréciés parce qu'on fait
des choses à taille humaine. L'ordinateur de la rue de Châteaudun
instruisait 100 000 demandes de mutation... Les compteurs
s'arrêtaient au 15 février. Voilà un autre gros
avantage de la déconcentration du mouvement : tout poste vacant, et
il y en avait beaucoup, après le 15 février disparaissait de
l'offre faite aux enseignants. Voilà quelque chose dans
l'intérêt des personnes : jusqu'au 15 ou 20 juin, tous
les postes vacants se libérant sont mis dans le "pot commun", et
davantage de possibilités s'offrent pour les bons postes.
Dans ce qui n'est pas encore l'ancien système, mais qui va l'être,
un poste vacant qui se déclare après le 15 février
est pourvu à titre provisoire pendant un an, et ne sera remis dans le
pot commun que l'année d'après. Pendant un an, un enseignant n'a
pas pu l'avoir à titre définitif. Quelqu'un l'a occupé
à titre provisoire comme titulaire académique ou maître
auxiliaire ; il sait qu'il ne peut pas s'investir dans un
établissement où il ne va pas rester. Ce n'est bon ni pour
l'enseignant ni pour les élèves. Voilà quelque chose qui
va augmenter le
turn-over
du dispositif.
Cet élément, à savoir une gestion prévisionnelle
plus fine, une meilleure connaissance des entrées et sorties le plus
tard possible, est une bonne chose pour que les ajustements se fassent jusqu'au
dernier moment. On peut le faire du chef-lieu du rectorat.
M. le Président -
Vous avez dit qu'il y avait des rapports
de synthèse. Naturellement, l'inspection générale a pour
rôle d'informer le ministre, et lui fournit des éléments
d'appréciation et de décision. Vous paraîtrait-il normal
que la représentation nationale soit systématiquement
informée non pas de tous vos rapports, c'est impossible, mais des
rapports les plus importants, des rapports de synthèse en
particulier ? Cela en changerait-il la nature, vous sentiriez-vous plus
contraints ?
M. Jacky Richard -
Non, pas du tout.
M. le Président -
En ce qui concerne la franchise dont vous
parliez tout à l'heure, il n'y aurait rien de changé ?
M. Jacky Richard -
La franchise que l'on doit au
ministre, premier destinataire du rapport, serait la même pour la
représentation nationale...
M. le Président -
L'un de nos rôles, et le plus
éminent, est de voter le budget et de nous assurer que les moyens que
nous attribuons aux services des différents ministères sont
convenablement utilisés. Cette mission-là, nous n'avons pas le
moyen courant, permanent, de bien la remplir. Ou alors il faut créer une
commission d'enquête, ce que nous avons fait. Qu'en pensez-vous ?
M. Jacky Richard -
Les rapports sont adressés au
ministre.
M. le Président -
J'ai en tête l'exemple, qui ne
concerne pas l'actuel ministre, d'un rapport dont nous n'avons pas pu obtenir
la communication, parce qu'il était considéré comme un
document interne. La commission d'enquête se fait tout communiquer. Si
nous arrivons chez vous, nous vous demanderons communication de certains
rapports. Cela, on ne peut pas le faire habituellement.
M. Jacky Richard -
Les règles qui président
à la communication des documents administratifs... Cela est
surveillé de manière très ouverte par la CADA, qui est une
haute instance indépendante. Je crois savoir qu'un rapport de
l'inspection générale, dès lors qu'il ne contient pas de
mention nominative dans le cadre d'une procédure disciplinaire ou
judiciaire, est un document communicable. La CADA a ainsi rendu de nombreux
rapports.
M. Jean-Léonce Dupont, vice-président
-
Sur les 8 à 9 % qui, déduction faite des
remplaçants, ne sont pas remplacés, cela représente
pratiquement un dixième, ce qui est extrêmement important.
Avez-vous fait une étude avec des préconisations pour essayer de
faire baisser ce taux ?
M. Jacky Richard -
Le travail de préconisation a
été mené par M. Bloch dans le cadre de la mission que
lui avait confiée le ministre, "Pas de classe sans maître".
Monsieur le recteur Bloch a fait des propositions au ministre ;
certaines d'entre elles sont en oeuvre.
Un petit comité, au sein duquel l'IGAEN est représenté, au
sein du ministère, suit la mise en place des mesures
préconisées par le recteur M. Bloch. Naturellement, les
préconisations portent sur le moment le plus opportun pour les
formations, sur la capacité de l'établissement, avec à sa
tête un vrai chef, à organiser les remplacements de courte
durée au sein de l'établissement par les collègues de
l'enseignant malade pour deux ou trois jours. Il y a toujours des
possibilités, mais il faut que le chef d'établissement en ait la
capacité, la légitimité. Cela n'est pas simple.
Voilà deux mesures, il y en a d'autres...
L'organisation des concours et examens, chose extrêmement difficile
à l'éducation nationale, est incontournable. On voit mal le bac
ou le brevet des collèges ne pas avoir lieu. Les examens et concours
mobilisent beaucoup d'enseignants et de salles. L'idée de reporter cela
au plus tard possible, à fin juin voire début juillet, me
paraît une préconisation difficile à présenter et
à faire accepter, mais il faut prendre les mesures qui s'imposent.
Voilà une série de dispositions qui pourraient faire reculer
notablement le nombre d'heures non assurées.
Depuis que les travaux du recteur Bloch ont été mis en
place, les services statistiques du ministère ont observé une
très nette diminution du nombre d'heures non assurées. Je pense
que c'est grâce à la bonne analyse que le recteur Bloch a
faite et aux décisions que le ministre a prises après cette
analyse.
M. le Président -
Pouvez-vous nous communiquer deux des
rapports que vous avez cités ? Il s'agit du rapport sur
l'absentéisme et de celui sur la déconcentration.
M. Jacky Richard -
Voici le rapport sur la
déconcentration. Je communiquerai à la commission d'enquête
celui sur l'absentéisme.
M. le Président -
Nous vous remercions.