3. L'offre de soins palliatifs demeure démesurément faible par rapport aux besoins
Selon le
ministère de la santé, le nombre d'unités de soins
palliatifs a connu une nouvelle progression importante depuis le recensement
effectué par le rapport Delbecque.
On est ainsi passé de 22 unités avec lits en 1992 à
51
unités en 1997.
Elles disposent d'une capacité d'admission de
547 lits. Sur ces 51 unités, 3 sont situées dans des Centres
Hospitaliers et Universitaires.
Cette progression globale du nombre d'unités avec lits ne doit pas faire
oublier que plusieurs régions ne disposent encore aujourd'hui d'aucune
unité : c'est notamment le cas des régions Centre, Limousin,
Languedoc-Roussillon et de la Corse.
Les équipes mobiles de soins palliatifs ont connu un
développement plus important. De 6 en 1992, leur nombre est passé
à 27 en 1995 et
55 en 1997
.
L'initiative hospitalière est relayée par celle des pouvoirs
publics, aux niveaux national et régional.
Ainsi, le ministère de la santé subventionne trois projets
régionaux au moins partiellement consacrés au
développement des soins palliatifs : il s'agit des programmes
"
Alsace contre le cancer
", "
Contre le cancer en
Champagne-Ardenne
" et le contrat d'objectifs sur les soins palliatifs
en Ile-de-France.
La progression du nombre des unités spécialisées en
soins palliatifs, avec ou sans lits, est cependant tout à fait
insuffisante pour répondre aux besoins. Ainsi, selon la
Société Française d'Accompagnement et de soins
Palliatifs :
•
41 départements ne disposent, ni d'unité avec lits, ni
d'unité mobile de soins palliatifs ;
•
plus de la moitié des équipes mobiles existantes ne
disposent pas du personnel et des compétences nécessaires,
à savoir au moins un médecin, un psychologue, un infirmier et une
secrétaire ;
• la plupart du temps, les équipes mobiles ne disposent pas de
locaux ; lorsqu'elles en disposent, ils sont souvent insuffisants, voire
inadaptés et ne permettent pas de faire face aux missions de
consultation et d'accueil des familles ;
•
les unités avec lits sont souvent isolées au sein de
l'hôpital, ce qui ne permet pas d'assurer une bonne continuité des
soins curatifs et palliatifs. Toujours selon l'enquête
réalisée par la Société Française
d'Accompagnement et de soins Palliatifs, la moitié des unités ne
dispose pas d'une consultation externe ;
•
en Ile-de-France, la Direction régionale des affaires
sanitaires et sociales estime que 32.000 personnes devraient
bénéficier de soins palliatifs : dans la mesure où
chaque lit en unité de soins palliatifs permet d'accueillir environ 9
malades par an, 2.660 lits seraient ainsi nécessaires pour cette
région. Or, seuls 184 lits sont aujourd'hui recensés en
Ile-de-France.
La timide progression de l'offre de soins palliatifs en France doit être
mise en perspective des besoins, qui sont bien immensément
supérieurs. Elle doit aussi être comparée avec les
performances d'autres systèmes de santé, notamment
européens.
Or, une étude réalisée par le Service des affaires
européennes du Sénat, annexée au présent rapport,
montre que les établissements de santé, au Royaume-Uni, disposent
de 3.000 lits de soins palliatifs, qui permettent d'accueillir 200.000
personnes chaque année. De même 400 lits de soins palliatifs ont
été mis en place dans les hôpitaux belges ; ils
s'ajoutent à une importante offre de soins palliatifs à domicile.