N°
207
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 10 février 1999
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires sociales (1)
sur les
soins palliatifs
et l'
accompagnement
,
Par M. Lucien NEUWIRTH,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean Delaneau, président ; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, vice-présidents ; Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, secrétaires ; Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jacques Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Henri de Richemont, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vezinhet, Guy Vissac.
Vie, médecine et biologie.
AVANT-PROPOS
JUSQU'AU TERME DU VOYAGE
De la
naissance à la mort
Dans notre monde occidental, depuis la nuit des temps, la naissance est
considérée comme un événement heureux et
entourée de mille attentions. Aussi bien dans le domaine des soins et
des recherches consacrés à la néo-natalité,
à la gynécologie obstétrique qu'à la
pédiatrie, nos Facultés de médecine nous ont donné
des noms célèbres.
Plus récemment, la loi a voulu que l'enfant à venir soit
souhaité : des politiques de la famille ont été mises en
place, l'accueil mieux préparé, les crèches et
écoles maternelles ont fleuri, bref, le futur citoyen a sa place dans
notre société.
Or, ce même citoyen, futur consommateur, accueilli au mieux à sa
naissance, ne présenterait-il plus d'intérêt pour notre
société marchande au moment de sa mort, ou le problème
serait-il d'une autre nature ?
Toute société vit avec un acquis culturel qui lui est propre.
On le constate particulièrement en ce qui concerne la façon de
considérer la mort et les rituels qui l'entourent partout dans le monde.
En France, le plus grand respect entoure les morts, le rite des
funérailles, qu'elles soient religieuses ou civiles, est suivi avec
sérieux.
Par contre, dans l'inconscient collectif, la mort, c'est le mal rejeté,
c'est l'ennemi sournois... le phénomène de rejet est
évident.
Et pourtant ! Au fond de lui, chacun sait bien que le jour même de sa
naissance, sa mort l'attend au bout de ce voyage dans l'inconnu que sera sa vie.
Peut-être serait-il temps que la société de l'homme en
France se décide à comprendre et à accepter qu'elle doit
la même considération à l'être qui va mourir
qu'à celui qui va naître parce que cet être est le
même.
De la même façon que nous assurons à celui qui vient
à la vie les conditions de son développement, nous devons,
à celui qui va quitter cette vie, la préservation de sa
dignité et un accompagnement éclairé dans le respect de
ses convictions.
La loi nécessaire
C'est très souvent que, dans notre pays, les initiatives personnelles
ont précédé, voire éclairé, les chemins de
la loi.
C'est ainsi qu'en matière de douleur, médecins et associations
ont créé de toutes pièces, sans aucune aide publique, les
premiers centres de traitement de la douleur. Il faut rendre hommage à
ces pionniers qui ont initié le mouvement aboutissant à la prise
en charge de la douleur pour laquelle un plan de trois ans a été
mis en oeuvre par le secrétaire d'Etat à la santé,
à la suite des mesures votées à l'unanimité du
Parlement en 1994 : la douleur comme les soins palliatifs ne sont ni de
gauche ni de droite, mais chacun d'entre nous est concerné pour
lui-même ou à travers ses proches.
Désormais, l'inclusion des soins palliatifs dans notre système de
santé est devenu un choix social, qui consacre une seule médecine
de soins continus, curative aussi bien que palliative.
Les temps sont venus pour que le Parlement exprime sa volonté politique
de se mettre au diapason des législations européennes qui nous
ont précédés.
Lucien NEUWIRTH