7. Intervention de M. André SANTINI, ancien ministre, député-maire d'Issy-les-Moulineaux, président du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (SEDIF)

M. André SANTINI . - Monsieur le Président, Madame la Ministre, Messieurs les Ministres, mes chers collègues, je vais me permettre de conclure à la place de M. Jacques OUDIN pour gagner du temps ! Le thème de ce colloque était le projet de taxe générale sur les activités polluantes : une remise en cause radicale de la politique de l'eau ? La cause est entendue et la réforme n'aura pas lieu !

Mme Bettina LAVILLE, vous vous êtes plainte tout à l'heure légitimement et vous avez demandé une péréquation des temps de parole. Moi, je crois qu'à vous seule vous incarnez la parité. Tout le monde est contre vous et vous vous défendez fort bien. Nous voulons simplement vous aider. Vous avez réussi pour la première fois à faire découvrir aux agences ce qu'elles étaient, c'est-à-dire un lieu de convivialité, de parité, de respect, de tolérance, de pédagogie. On a mis un peu de temps, mais c'est toujours à l'occasion d'un grand deuil qu'on découvre la famille, et là, la famille est au banquet de funérailles.

Aujourd'hui toutes les agences sont mobilisées pour montrer qu'elles existent. Spinoza parlait de persévérer dans l'être, mais là il s'agit de persévérer dans l'action.

Je crois que finalement l'agence est un système très moderne parce que décentralisé, et quasiment paritaire ; il concerne tout le monde et implique chacun.

Et d'un seul coup, on veut modifier ce système. Il y avait déjà eu des alertes avec le rapport du Commissariat général au plan, le rapport de la Cour des comptes. On n'a pas bien compris que c'était la préparation d'artillerie et qu'autre chose allait venir. Et au moment où on commençait à jouer le jeu de la concertation, arrive un autre missile qui bouleverse tout et nous dit que nous n'avons rien compris. J'ai eu l'impression, comme Virenque dans les Guignols : "on a voulu nous modifier à l'insu de notre plein gré !".

Je ne vois pas aujourd'hui Mme Bettina LAVILLE comment vous allez pouvoir remonter le courant face à toutes les agences et tous les élus. L'ensemble des acteurs et des professionnels du domaine de l'eau ne veulent pas qu'on remette en cause ce qui marche bien. Nous étions hier à un groupe de coordination où un de nos amis a disait : "le problème c'est de trouver une solution pour remplacer quelque chose qui marche". Et cela, c'est nouveau dans la problématique politique.

Moi, je crois qu'il faut arrêter. Cela ne va servir à rien de nous bousculer, d'autant qu'on n'a pas d'issue. Comment sera prélevée cette nouvelle TGAP ? Elle va s'ajouter sur la facture de l'eau ? Rappelez-vous : l'eau, c'était une ressource, c'est devenu un produit, puis un service, et aujourd'hui c'est une taxe. Il y a 40 à 45% d'eau dans la facture d'eau, et la logique pétrolière s'applique parfaitement. Quand la facture d'eau représentera 80% de taxes et 20% d'eau, je ne sais pas de quoi on pourra parler. D'ores et déjà, le propriétaire d'un pavillon de banlieue dans la région parisienne s'étonne de voir apparaître la taxe "voie navigable", mais si d'autres taxes collectives apparaissent, cela sera pour lui encore plus étonnant. La révolte fiscale que nous, maires, connaissons au plan local, commence à s'étendre à la facture d'eau pour les syndicats inter-communaux. L'eau est devenue un poste de dépenses important, qui ne pourra augmenter impunément.

Est-ce que cela vaut la peine de continuer à s'acharner contre des agences que tout le monde ici a défendues ?

Par contre, en tant que parlementaire, je serai un peu à contre-courant de mes collègues car je trouve que le projet de taxe dépolluante constitue un vrai débat. Il y a là une perspective européenne ; j'ai vu qu'en Allemagne on reparlait d'une éco-taxe. Comment cela va-t-il s'organiser par rapport au droit européen et quelle sera notre rôle ? C'est un débat intéressant, mais au niveau du Parlement et non pas au niveau décentralisé des agences.

Alors que nous n'avons pas eu ce débat pour l'instant, on nous sort "un menu" tout ficelé. On ne peut plus continuer ainsi. En ce qui concerne les agences, les esprits sont en éveil et totalement opposés à la réforme. En ce qui concerne le projet de TGAP, il y a un champ de discussion, et je suis sûr que les élus présents sont prêts à en débattre, mais à la loyale, c'est-à-dire au sein d'assemblées parlementaires.

(Applaudissements).

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