CONCLUSION

1 - L'examen de la situation des opérateurs du secteur de l'assurance fait apparaître des différences de conditions d'exploitation relativement importantes. Certaines caractéristiques découlant des dispositions législatives ou réglementaires, lorsqu'elles facilitent l'exercice de l'activité d'assurance sans représenter la stricte contrepartie de contraintes d'intérêt général, peuvent créer un déséquilibre dans la concurrence en rompant l'égalité des chances entre les opérateurs bénéficiant de ces avantages et ceux qui ne peuvent y prétendre.

La transposition des directives européennes d'assurance, lorsqu'elle sera achevée, permettra de réduire les particularités de fonctionnement des mutuelles du code de la mutualité en les soumettant à des règles prudentielles et comptables comparables à celles des autres opérateurs.

Il apparaît souhaitable, par ailleurs, pour favoriser le bon fonctionnement de la concurrence sur les marchés de l'assurance, notamment sur ceux de la protection sociale complémentaire, que des opérations d'assurance identiques soient soumises aux mêmes règles fiscales, indépendamment de la nature de l'organisme qui les effectue, et qu'intervienne une clarification des relations entre l'Etat et les organismes titulaires de droits exclusifs ou bénéficiaires d'aides publiques.

2 - S'agissant de la distribution de l'assurance, il convient de relever que le cadre réglementaire contraignant dans lequel elle s'exerce n'a pas empêché l'arrivée de nouveaux opérateurs tels que les banques ou les sociétés sans intermédiaires.

Si les relations entre les distributeurs et les sociétés d'assurance sont dans certains cas marquées par des liens d'exclusivité de fait ou de droit, cette situation s'inscrit dans un contexte caractérisé par la diversité des systèmes de distribution, le grand nombre d'opérateurs et la variété des produits offerts. Les différences de conditions d'exploitation entre opérateurs ne génèrent pas en elles-mêmes de distorsions de concurrence au détriment des distributeurs traditionnels, courtiers et agents.

La distribution de produits d'assurance par La Poste et le Trésor public pose le problème spécifique du partage de leurs réseaux entre des activités concurrentielles et des activités de service public. Le Conseil ne peut sur ce point que réitérer ses recommandations tendant à ce qu'une comptabilité analytique transparente ou une véritable séparation juridique de ces activités permette de s'assurer que ces opérateurs n'utilisent pas les aides de l'Etat s'agissant de La Poste, ou les moyens logistiques de l'administration s'agissant du Trésor, dans des conditions faussant la concurrence.

3 - Si de nombreux facteurs interviennent dans l'élaboration des tarifs des produits d'assurance tels que la politique commerciale de l'entreprise en particulier en matière de sélection des risques, il n'en demeure pas moins que les différences de régimes fiscaux, prudentiels et comptables entre les réglementations adoptées par les pays de l'Union européenne peuvent conduire à des écarts tarifaires.

L'incidence de ces différences sur la concurrence que se font les opérateurs établis et les opérateurs non établis sur un même marché national est pour l'instant difficile à apprécier. Sa mesure devrait en tout état de cause être effectuée séparément pour chaque marché des produits d'assurance.

En outre, les particularités propres à la distribution des produits d'assurance, la prééminence des distributeurs liés et des assureurs directs et les avantages liés à la proximité restent des obstacles à la pénétration des produits d'origine étrangère, indépendamment des difficultés liées à la langue des contrats et à l'interprétation de leurs clauses.

Enfin, l'introduction de la monnaie unique, en permettant une meilleure comparaison des offres, ne pourra que favoriser l'information du consommateur sur les produits proposés dans d'autres Etats membres, ce qui devrait faciliter les transferts de contrat. Une telle conséquence, eu égard aux habitudes de consommation et aux obstacles aux échanges subsistant, ne pourra cependant qu'être progressive.

Délibéré sur le rapport de Mme Irène Luc, MM. Alain Dupouy et Loïc Guérin par M. Barbeau, président, MM. Cortesse et Jenny, vice-présidents, M. Bon, Mme Boutard-Labarde, MM. Callu, Gicquel, Marleix, Pichon, Rocca, Sargos, Thiolon et Urbain, membres.

Le rapporteur général, Le président,

Marie PICARD Charles BARBEAU