a) L'assurance directe
L'implantation des assureurs directs en France s'est réalisée par vagues successives, depuis les années 70. La part de la vente directe est faible en France et progresse peu depuis une dizaine d'années. En 1996, elle ne représenterait que 2,1 % de l'ensemble des assurances de dommages et 6 % des assurances vie (contre respectivement 2,3 % et 6,2 % en 1995). Cette forme de distribution a sans doute peu d'avenir en France, la concurrence par les prix étant devenue très vive depuis l'apparition des mutuelles sans intermédiaires. En outre, le coût d'installation (marketing, publicité) est très élevé, sans pouvoir attendre un retour sur investissement avant 5 ans. Enfin les acheteurs par vente directe constituent une clientèle très volatile (personnes jeunes aux revenus élevés) dont la sinistralité est supérieure à la moyenne.
b) Les sociétés sans intermédiaires
Les
sociétés sans intermédiaires ont
pénétré le marché de l'assurance de dommages dans
les années 70. Grâce à une bonne sélection des
risques et à l'adoption d'une gestion standardisée, elles ont
proposé des tarifs inférieurs de 30 % à ceux des
sociétés traditionnelles. Ce différentiel tend à
s'amenuiser, les sociétés traditionnelles ayant
amélioré leur compétitivité. Leur part de
marché semble stagner.
Les mutuelles du code de la mutualité distribuent essentiellement des
produits d'assurance santé ou de prévoyance qui concurrencent
directement les fournisseurs traditionnels des agents généraux et
courtiers, à savoir les entreprises d'assurance du code des assurances.
Les agents généraux sont donc gênés dans leur
volonté de développer la commercialisation de ce genre de
produits.
c) La " bancassurance "
Le mot
de " bancassurance " désigne les établissements
bancaires qui se sont impliqués dans des activités d'assurance.
Au début des années 70, les groupes bancaires ont
commencé à constituer des filiales d'assurance vie et de
capitalisation, dont les produits étaient distribués par les
réseaux des guichets bancaires.
Plusieurs facteurs expliquent le développement de la "bancassurance".
Le cadre juridique était favorable. En effet, si les banques ne peuvent
exercer directement une activité de production de produits d'assurance,
à l'exception des activités de caution, elles peuvent cependant
créer des filiales d'assurance ou distribuer des produits d'assurance.
L'article 5 de la loi bancaire n° 84-46 du
24 janvier 1984 leur permet d'exercer des opérations connexes
aux opérations de crédit, à savoir le placement, la
souscription, l'achat, la gestion, la garde, la vente de valeurs
mobilières et de tout produit financier, ce qui englobe la
commercialisation des produits d'assurance vie.
Elles peuvent en outre, dans certaines limites, intervenir en qualité de
mandataires, courtiers ou commissionnaires pour le compte d'une filiale ou
d'une compagnie d'assurance. Les profits bruts tirés de la
présentation, pour le compte d'une filiale de produits d'assurance, ne
peuvent toutefois excéder 10 % du produit net bancaire,
conformément au règlement du comité de
réglementation bancaire n° 86-21 du
24 novembre 1986.
Les banques filialisent rarement leur activité de distribution de
produits d'assurance et préfèrent étendre leur objet
social à l'activité de courtage. Elles concluent avec les
compagnies d'assurance ou avec leurs filiales d'assurance, des accords
commerciaux aux termes desquels elles distribuent leurs produits par
l'intermédiaire de leurs guichets, moyennant le versement de commissions.
Les banques se sont vues contraintes de rentabiliser leurs réseaux de
guichets, confrontés à l'informatisation et à
l'automatisation croissante. Les commissions versées au réseau
par les filiales bancaires ou les compagnies d'assurance qui ont conclu avec la
banque un accord de partenariat constituent un revenu supplémentaire
pour les banques.
L'investissement à réaliser au départ s'est
avéré modéré, puisque principalement limité
à la formation du personnel. Les salariés de la banque qui
présentent les opérations d'assurance doivent en effet,
conformément au code des assurances, recevoir une formation
adéquate et obtenir la carte professionnelle de courtiers. Les
dirigeants de la banque doivent également accomplir un stage
professionnel.
Le développement de la "bancassurance" correspond aussi à la
demande de la clientèle en matière d'offres financières
globales.
Enfin, la forte croissance, dans les années 80 du marché des
produits d'assurance vie a incité les banques à investir ce
marché. Les produits d'épargne bancaire étant moins
rentables, elles ont reconverti une part de leurs actifs en épargne vie.
Un traitement fiscal privilégié explique le succès connu
par cette forme d'épargne. Les produits d'assurance vie sont
désormais parfaitement intégrés à la gamme des
produits d'épargne à long terme.
Si l'assurance vie est distribuée à près de 59 % par
les guichets bancaires, la part des établissements financiers dans
l'activité de distribution de l'assurance de dommages est beaucoup plus
faible, mais est en constante augmentation.
Les " bancassureurs " affichent d'ailleurs l'ambition de
conquérir, d'ici 2005, 25 % du marché des assurances de
dommages du particulier. Le C.A.P.A. évalue quant à lui à
15 % la part de marché potentielle des " bancassureurs ".
La plupart des banques à réseau distribuent déjà ou
s'apprêtent à distribuer des produits d'assurance de dommages,
pour des raisons allant de la fidélisation de la clientèle
à la nécessité d'exercer des activités rentables et
peu soumises aux fluctuations des marchés financiers. Le premier
banquier à s'être lancé dans la "bancassurance" est le
Crédit mutuel de l'Est qui a créé une filiale, les
Assurances du Crédit mutuel en 1972. Le Crédit agricole a
créé une filiale d'assurance de dommages en 1989, Pacifica, puis
ont suivi le Crédit lyonnais (accord avec Allianz), les Banques
populaires (accord avec la Maaf), la B.N.P. (avec l'U.A.P.) , la
Société générale (avec les A.G.F. et Commercial
Union) et le C.C.F. Les deux derniers venus, les Caisses d'épargne (avec
les Mutuelles du Mans Assurances) et le C.I.C. (avec le GAN), disposent d'un
réseau important (4 200 agences pour les Caisses
d'épargne).