B. UNE RECHERCHE CLINIQUE ORIENTÉE PAR L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE
Les
établissements hospitaliers qui font de la recherche clinique sont aussi
généralement ceux qui soignent le mieux, car ils évaluent
nécessairement leurs pratiques.
Dans l'ensemble, la participation des établissements privés
lucratifs à la recherche clinique est faible. Lorsqu'ils en font,
ponctuellement, c'est le plus souvent en collaboration avec les CLCC.
La recherche clinique est donc conduite principalement par les
établissements non lucratifs, CHU et CLCC.
Une enquête
réalisée par la FNCLCC évalue à 690 millions de
francs le montant des dépenses consacrées en 1995 à la
recherche clinique par les deux catégories d'établissements
,
dont 220 millions de francs pour les CHU et 470 millions de francs pour les
CLCC.
Dépenses de recherche clinique dans les CHU et CLCC en 1995
(en millions de francs)
Nature des dépenses |
|
Dépenses de salaire |
444,9 |
Dépense de fonctionnement |
185,2 |
Dépenses d'investissement |
59,6 |
Total des dépenses intérieures |
689,8 |
Ce
montant correspond aux dépenses engagées pour environ 9.000
protocoles en cours.
Les promoteurs de plus de 6.000 de ces protocoles, soit
les deux tiers, sont des laboratoires pharmaceutiques.
Les CHU ont
l'initiative d'environ 1.400 protocoles.
Origine des protocoles de recherche dans les CHU et les CLCC en 1995
Promoteurs |
Nombre de protocoles |
CHU |
1.477 |
Associations et médecins |
590 |
Industriels |
6.363 |
Autres |
690 |
Total des protocoles |
9.101 |
Les dépenses de recherche clinique sont ainsi dans leur très grande majorité orientées par l'industrie pharmaceutique, même si celle-ci ne contribue que marginalement à leur financement, qui provient surtout des ressources propres des établissements.
Financement de la recherche clinique dans les CHU et les CLCC en 1995
- Programme hospitalier de recherche clinique : |
114 MF |
- Ressources propres sur budget des hôpitaux : |
435 MF |
- Contrats liés au secteur public : |
27 MF |
- Ressources en provenance des associations : |
62 MF |
- Recettes correspondant aux surcoûts refacturés à l'industrie pharmaceutique : |
57 MF |
Toutefois, les surcoûts refacturés à
l'industrie
pharmaceutique ne représentent que la fraction identifiée de sa
contribution. Dans les faits, celle-ci participe également au
financement de la recherche clinique par des voies plus
détournées (associations péri-hospitalières, fonds
de concours aux établissements), pour des montant non connus.
La prédominance de l'industrie pharmaceutique dans les choix de
recherche clinique peut présenter certains inconvénients
.
Elle se traduit par la préférence donnée au test de
molécules nouvelles, dans une approche marketing, plutôt
qu'à l'évaluation de nouvelles combinaisons
thérapeutiques, qui sont pourtant à l'origine des derniers
progrès significatifs.
Elle se traduit également par un manque de coordination et une certaine
redondance des essais, ainsi que par une faible accessibilité des
résultats. Des essais cliniques isolés sont toujours moins
pertinents que des protocoles étudiés, portant sur un nombre de
patients suffisant pour atteindre la masse critique.