B. UNE NÉCESSAIRE MODERNISATION
1. Renouveler l'ambition des écoles de formation maritime
a) De profondes restructurations : l'exemple breton
Lorsque
les écoles maritimes et aquacoles sont devenues des
établissements publics locaux en 1992, la région Bretagne
comptait des écoles dont les effectifs étaient en constante
diminution.
Le plan de relance des écoles de formation maritime de Bretagne de
novembre 1993 dressait un constat sévère de la situation de
l'enseignement maritime : une situation de crise structurelle marquée
par une chute de 65% du recrutement dans les écoles de 1980 à
1992, une image dévalorisée des formations maritimes
auprès des professionnels du secteur, des résultats
médiocres en termes de réussite scolaire.
Le plan de relance des écoles a connu une spectaculaire réussite,
sans doute en partie due à une amélioration de la situation du
secteur maritime, et notamment de la pêche. Alors qu'en 1992, la
région comptait 7 écoles accueillant 200 élèves par
an, elle en compte aujourd'hui 4 qui accueillent 600 élèves par
an.
L'exemple du lycée maritime de Paimpol est, à cet égard,
frappant. Alors que le lycée ne comptait que 29 élèves
répartis dans trois classes en 1991/1992, ses effectifs se sont accrus
progressivement : en 1997/1998, il comprend 140 élèves
répartis dans 9 classes.
La Région Bretagne est allée plus loin dans son souci d'organiser
la formation professionnelle maritime : elle a créé un groupement
d'intérêt public dénommé "centre régional de
formation continue maritime" dont le siège est à Concarneau. Ce
groupement a pour objet de gérer la formation continue maritime en
organisant des stages répondant aux besoins des professions liées
à la mer sur 4 sites (deux à Concarneau, un à Lorient, un
à Douarnenez).
b) Le maintien des écoles de la marine marchande est indispensable
Les
effectifs des 4 écoles de la marine marchande sont relativement
réduits (en moyenne, 200 élèves par école).
Il est donc tentant de procéder à des regroupements afin de
réaliser des économies d'échelle.
Cette tentation peut toutefois faire l'objet de nombreuses critiques.
En effet, la concentration des élèves sur un nombre de sites
réduit ne permettrait pas d'économies substantielles de personnel
enseignant car, en raison de l'utilisation de matériel
sophistiqué, les cours sont dispensés par petits groupes
d'élèves et la taille des classes devrait donc être
équivalente.
Il est certain qu'un regroupement permettrait, en revanche, des
économies sur le personnel technique et administratif des écoles
et les frais de fonctionnement des établissements.
Cependant, il aurait pour inconvénient majeur de rompre avec un
équilibre territorial qui correspond aux grands bassins de recrutement
des écoles.
Les statistiques du concours d'entrée en première année de
capitaine de première classe de la navigation maritime (C1NM) en 1997
montrent en effet que
le recrutement des élèves officiers de
la marine marchande est encore très localisé.
Sur 411 candidats, près de 300, soit 72%, venaient d'un
département du littoral. Un tiers des candidats était originaire
d'un des quatre départements où sont implantées les
écoles nationales de la marine marchande.
Le fait de disposer de quatre écoles réparties sur le littoral
permet de drainer des vocations. Il n'est pas certain qu'en l'absence d'un de
ces pôles d'attraction, le nombre de candidats ne chute pas.
De surcroît, regrouper les écoles irait à contre-courant du
pari de développement de l'enseignement maritime en France.