c) Développer le savoir-faire de chaque école maritime
Le
développement du savoir-faire de chaque école maritime est la
condition sine qua non de leur survie.
Chaque année, un "plan de spécialisation" redistribue les
formations entre les écoles de la marine marchande. Ce plan porte assez
mal son nom, car il crée des incertitudes pour les écoles sans
véritablement leur donner d'assurances pour l'avenir. Ainsi,
l'école de Nantes, la mieux dotée s'agissant du matériel
pédagogique, devrait perdre les formations des officiers de haut niveau
en 1999. Il doit donc être envisagé un système permettant
à terme une certaine "stabilisation" des formations.
Il existe ainsi un véritable
projet de spécialisation des
écoles
de la marine marchande comprenant :
- la reconversion de l'ENMM du Havre en une école de formation des
officiers supérieurs au commerce français,
- la reconversion de l'ENMM de Saint-Malo en un centre national d'enseignement
maritime, avec la formation des officiers à la pêche, des
formations à la plaisance professionnelle...,
- la reconversion de l'ENMM de Nantes en une école nationale de
génie maritime, avec notamment un centre de formation pour le personnel
enseignant,
- la reconversion de l'ENMM de Marseille en une école internationale de
la marine marchande.
Les contours du projet de spécialisation des écoles sont encore
difficiles à cerner, dans la mesure où plusieurs écoles
développent actuellement le même type de formation (par exemple
des stagiaires étrangers sont accueillis dans toutes les écoles).
Mais il est certain que la pérennité des écoles de la
marine marchande dépend de leur capacité à s'adapter au
monde qui les entoure et à développer des formations en relation
avec leur savoir-faire.
Par exemple, le métier de marin de plaisance professionnelle exige une
qualification qui va au-delà de celle requise pour naviguer à
titre privé. La détention d'un titre de commandement, qui
diffère selon que le navire est à voile ou à moteur, est
obligatoire : pour commander un navire de plaisance à moteur, le marin
doit posséder l'un des titres exigés pour la navigation au
commerce, pour commander un navire de plaisance à voile, le marin doit
posséder le brevet de patron à la plaisance.
Le développement de la plaisance devrait accroître les demandes
de formation professionnelle
. Une école comme celle de Saint-Malo
pourrait développer ce type d'enseignement en direction de futurs
"formateurs", alors que la formation de patron à la plaisance est
aujourd'hui limitée à une seule classe. A titre de comparaison,
les écoles au Québec enseignent la plaisance
2(
*
)
, les notions de sécurité
en mer...et développent donc des formations allant bien au-delà
de celles dispensées en France.
Chaque école doit donc développer ses atouts, en lien avec son
environnement et les besoins qui le caractérisent: l'école du
Havre est proche d'une grande zone portuaire, l'école de Nantes peut
augmenter ses formations d'officiers à la pêche...Il est certain
qu'une plus grande spécialisation des écoles permettrait de
renforcer chacune d'entre elles.
Cependant, il sera incontestablement difficile de définir un cadre de
spécialisation a priori : cette spécialisation devra être
progressive, en fonction des potentialités et de l'environnement
économique des écoles. Loin d'isoler les écoles dans leurs
spécificités, la spécialisation aura pour avantage
d'identifier clairement leurs compétences et d'attirer de nouveaux
élèves.