B. LA DÉFINITION DE L'ESPACE PÉRIURBAIN PAR LA SEGESA

En 1994, à la demande du ministère de l'agriculture (DERF), de la délégation interministérielle à la ville (DIV) et de la DATAR, la SEGESA a élaboré 4( * ) une cartographie spécifique de l'espace périurbain, considéré comme l'espace situé autour des villes, soumis à leur influence directe et susceptible d'être significativement touché par les processus enclenchés par cette proximité. Ces zones périurbaines sont " constituées d'agrégats de cantons contigus choisis autour de villes d'une certaine taille, de manière à cerner au mieux le développement périphérique de l'habitat. Le rayon choisi varie de 15 à 30 kilomètres en fonction de l'importance de l'agglomération centrale ".

Au total, 425 cantons ou groupes de cantons ont été retenus, autour de 134 agglomérations.

Cette cartographie comprend :

- toutes les unités urbaines de plus de 50.000 habitants, y compris les fractions françaises des agglomérations étrangères (Genève et Bâle) ;

- une sélection d'agglomérations comprises entre 25.000 et 50.000 habitants, choisies en fonction de l'intensité des phénomènes de migrations alternantes et de la dynamique récente de la population (elle inclut le plus souvent les préfectures de départements faiblement peuplés) ;

- certaines villes nouvelles.

Le rayon dans lequel les cantons ont été inclus est fonction :

- de la taille de l'agglomération en 1990 ;

- du pourcentage d'actifs migrants hors cantons ;

- de l'extension des zones de forte croissance démographique.

Cinq critères distinguent, pour les auteurs de l'étude, les espaces périurbains, à savoir :

- une densité de population médiane par rapport au reste du pays ;

- une proportion d'espaces non urbanisés significative, associée à une nette mixité de l'usage du foncier qui demeure notamment occupé, outre les espaces bâtis, par les espaces agricoles et les forêts ;

- une forte proportion de constructions neuves telles que des lotissements regroupant des maisons individuelles ;

- la distance à la ville et la taille de la ville ;

- une proportion d'actifs migrants alternants qui dépasse 50 % du total.

Il résulte de ces critères que l'espace périurbain couvrirait environ 10 % du territoire national et comprendrait 12 millions d'habitants , soit 21 % de la population française , ainsi que le montre le tableau ci-dessous :

CARACTÉRISTIQUES DE L'ESPACE PÉRIURBAIN

 
 

% de la France entière

Superficie en km²

57 770

10,6

Population 1990 (en millions d'habitants)


11,9


21,2

Nombre d'exploitations agricoles


126 908


12,5

Surface agricole utile (ha)

2 988 768

10,4

Population agricole

401 249

12,3

Densité

208 habitants/km²

_____

Source : SEGESA

Les particularités démographiques des espaces périurbains tels que définis par l'étude de la SEGESA concernent la croissance démographique et la densité de population.

Comme le relève l'étude précitée : " La forte progression démographique apparaît comme un critère discriminant des espaces périurbains ", aussi bien par rapport aux espaces ruraux que vis à vis des zones urbaines. C'est ainsi que de 1982 à 1990, la croissance de la population périurbaine fut de +11,5 %, contre + 1,8 % pour celle des espaces urbains et +3,3 % pour les cantons à dominante rurale.

Au cours de la même période 1982-1990, les espaces périurbains ont accueilli 1,2 million de nouveaux habitants, soit plus de la moitié de l'accroissement total de la population, qui était estimé à 2,3 millions d'habitants
pour l'ensemble du pays.

Les espaces périurbains se distinguent des espaces ruraux en termes de densité démographique. Alors que celle-ci est estimée entre 30 et 40 habitants par km² en zone rurale, elle atteint 208 habitants au km² en secteur périurbain.

Il convient de souligner la place importante que conserve l'agriculture périurbaine puisqu'elle compte 12 % des exploitations et 10 % de la surface agricole utile (SAU) nationale . On reviendra sur ce point dans le chapitre consacré au devenir de l'agriculture périurbaine.

En dressant une typologie, nécessairement simplifiée, la même étude distingue quatre types d'espaces périurbains en fonction de leurs évolutions spécifiques. Il s'agit des secteurs périurbains en crise, des zones en forte croissance, des secteurs à agriculture structurée, enfin des zones périurbaines à " agriculture faible ".

Le secteur périurbain en crise est doté d'une densité de population proche de 500 habitants par km² et marqué par une forte présence agricole, puisque les surfaces agricoles y représentent plus de 45 % de l'espace total. Il est caractérisé par une faible croissance démographique, un niveau de revenus peu élevé, des établissements agricoles assez peu dynamiques. Ce type de canton est principalement localisé dans le Nord (Lille, Roubaix, Tourcoing, Dunkerque, Calais) et l'Est du pays (Nancy, Belfort, Forbach) mais aussi près de villes qui ont subi la crise industrielle (Cherbourg, Vesoul, Le Havre, notamment).

Bien qu'il ne soit pas plus éloigné de la ville que le précédent, le secteur périurbain en forte croissance est moins densément peuplé. La densité y avoisine 350 habitants par km². Il connaît une très forte croissance de la population depuis 1975 (+62 %). L'activité économique y reste prospère et ses habitants disposent de revenus individuels nettement supérieurs à ceux des ménages du secteur périurbain en crise.

Quant aux zones, plus éloignées par rapport à la ville-centre, qualifiées de secteurs périurbains à agriculture bien structurée , elles sont caractérisées par une densité nettement plus faible que les deux précédents groupes, avec 123 habitants par km². La croissance démographique y demeure soutenue (accroissement de +16 % entre 1975 et 1982 et +10 % entre 1982 et 1990). L'agriculture occupe les 2/3 de l'espace disponible et le taux de reprise des exploitations agricoles est nettement supérieur à la moyenne.

Le dernier groupe, qui rassemble les cantons périurbains à agriculture faible , n'est pas plus éloigné de la ville que le précédent. Il enregistre un accroissement démographique soutenu (de +23 % entre 1975 et 1982 et de +17 % entre 1982 et 1990), notamment du fait d'un solde migratoire nettement positif. Les exploitations agricoles y sont plus petites, et le taux de reprise est inférieur de moitié à celui du précédent groupe. L'avenir de l'agriculture y semble donc plus précaire.

Au total, selon l'étude précitée : " La métropole moderne a éclaté hors des faubourgs de la cité, elle est multipolaire, quadrillée par des réseaux de transports, habitée par des populations beaucoup plus mobiles, mais la transformation de ces franges découle de processus similaires à ceux qui ont produit des banlieues au XIXe siècle. Toutefois, une différence subsiste, c'est le fait que le tissu bâti ne progresse plus par continuité et que les espaces concernés n'ont aucune chance d'être, à terme, complètement urbanisés ".

L'étude de la SEGESA, qui dresse une typologie des espaces périurbains et affine leur définition a été complétée par une étude de l'INSEE, tendant à souligner les relations spatiales entre centres-villes et périphéries.

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