3. Favoriser la prise en compte du paysage au sein des territoires périurbains, notamment dans le cadre de la politique de la ville
Désormais, le paysage peut être utilisé
comme outil d'intégration urbaine afin de préserver ou de
requalifier des espaces abîmés. Cette approche est récente
puisqu'il y a moins de dix ans que les équipes d'urbanistes et
d'architectes associent des paysagistes à des Grands Projets Urbains
(GPU) ainsi qu'à des opérations de réhabilitation dans le
cadre des programmes Habitat et vie sociale, de développement social des
quartiers ou à travers les contrats de ville.
Cette prise en compte du paysage est devenue un
élément-clé de la politique de la ville, car les espaces
verts -et au-delà l'espace rural périurbain- apparaissent
aujourd'hui comme des lieux d'expérimentations urbaines et sociales. La
délégation interministérielle à la ville soutient
ainsi financièrement 22 projets, après appel à projet
sur le thème du " rôle du paysage comme
élément d'apaisement social ". Les projets
sélectionnés, au-delà du seul accompagnement d'une
politique intervenant sur le bâti, proposent la mise en place d'espaces
verts plantés ou cultivés, dont l'entretien est confié
à des régies de quartiers, ce qui permet parfois des
créations d'emplois et engage le retour d'une " culture " de
la nature qui tend à disparaître.
Ces projets sont conçus en tenant compte des besoins et des souhaits
exprimés par les habitants. Le traitement du paysage prend alors une
véritable dimension sociale.
Ainsi, le " Trophée du paysage " décerné par le
ministère de l'aménagement et du territoire a
récompensé, en 1997, le remodelage d'une cité du
nord-ouest de Villeurbanne, non seulement pour sa conception mais
également pour son " intelligence sociale " : associés
au projet dès l'origine, les habitants entretiennent la majeure partie
des jardins créés.
Enfin, le renouveau récent des jardins familiaux participe de la
même volonté d'améliorer la cohésion sociale par une
requalification du paysage urbain. Par-delà des jardins familiaux
traditionnels loués à des particuliers, et qui pour certains
constituent un apport économique non négligeable, les
collectivités locales encouragent des initiatives plus
pédagogiques ou collectives qui rencontrent un grand succès.
Ainsi la ville de Nantes mène-t-elle plusieurs expériences,
notamment dans des cités d'habitat social, qui associent les
écoles et les centres socioculturels, autour de jardins
pédagogiques. Ailleurs, certaines écoles ont pris l'initiative de
jardins-potagers pour les classes.
L'article L.564-3 du code rural, introduit par l'article 54 de la loi
du 3 janvier 1995, encourage la création des jardins familiaux,
puisqu'il prévoit que les organismes de jardins familiaux peuvent
bénéficier " de subventions d'investissement ou de
subventions annuelles de fonctionnement de la part de l'Etat, des
collectivités locales ou de leurs groupements. "