Audition de Bernard MANIGLIER
Vice-président de COMPAQ Europe
Directeur
général de COMPAQ France
accompagné de monsieur Eric
BOUSTOULLER
Résumé : La France est très en retard en matière d'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication : largement distancée par les anglais et les allemands, elle est en passe d'être rattrapée par les Pays-Bas, quatre fois moins peuplés qu'elle;mais il n'y a pas de raisons qu'elle ne rattrape pas son retard ; pour ce faire, il faut très vite commencer par l'Education et se fixer comme objectif en l'an 2000 la connexion de tous les établissements à Internet ainsi qu'une utilisation de l'informatique par les 9/10è des enseignants ; dans le même temps, il faut multiplier les points d'accès dans les lieux publics et accélérer la migration des services du Minitel vers Internet ; de très nombreuses mesures peuvent être prises allant dans ce sens ; mais d'une façon générale, il s'agit de recréer un environnement économique et fiscal plus favorable qu'il ne l'est actuellement aux entreprises et créateurs de richesses ; si la France décide de combler son retard rapidement, les opportunités sont extraordinaires.
Pour combler le retard de la France dans l'utilisation des
nouvelles technologies de l'information et de la communication
, il faut
créer une véritable dynamique autour de
trois
priorités
:
l'Education
, les
PME
,
Internet
:
1. L'Education
:le retard de la France est flagrant ; si la
moyenne européenne du nombre de PC par établissement scolaire, en
1996, est de 9, la France est à 6 ; on connaît les
origines
de cette situation : l'échec du " plan
informatique pour tous " (1985), la réticence des enseignants,
l'absence de programmes scolaires adéquats, les contraintes
financières du Ministère (acquisition et maintenance des
matériels) ; seuls
30%
des enseignants utilisent donc
aujourd'hui l'informatique. Les
conséquences
à long terme
sont hélas prévisibles : inadéquation du
système éducatif par rapport aux demandes des entreprises,
apparition de nouveaux facteurs d'exclusion ; Il faut donc se fixer
quelques objectifs
simples et " forts " :
· 30 micro-ordinateurs par établissement scolaire à
l'horizon 2000 ;
· 90% des enseignants utilisant l'informatique dans le cadre de leur
discipline, à la même date ;
L'ensemble des établissements scolaires connectés à
Internet en l'an 2000 ;
Dans cette perspective,
COMPAQ
formule un certain nombre de
propositions
:
Accorder plus d'autonomie aux établissements scolaires dans leur
fonctionnement et dans la gestion de leur équipement informatique et des
NTIC ;
Intégrer au programme de formation des enseignants une partie sur les
NTIC et les réseaux informatiques et instituer une épreuve
pratique portant sur les NTIC dans les concours de l'Education Nationale ;
Doter chaque établissement d'une salle informatique reliée
à Internet/Intranet : adopter le Net PC afin de répondre aux
problèmes de coûts d'acquisition et de maintenance ;
Mettre en place dès le secondaire (6
ème
) un programme
cohérent de formation et d'utilisation des NTIC ;
Favoriser les programmes de donation des entreprises par des mesures de
déduction fiscale équivalente au coût d'acquisition des
matériels donnés ;
Mettre en place des programmes de sensibilisation en association avec les
constructeurs et éditeurs (actions COMPAQ : Cyberport,
Trophée de la citoyenneté, Cybermétropole, Toute une ville
sur Internet,etc...) ;
2. Les petites entreprises
: là encore, le retard est
avéré :
moins de 40%
des petites entreprises (moins
de 10 salariés) utilisent l'outil informatique ; le taux de
connexion à Internet
est très faible : environ
4% ; les déséquilibres régionaux (Paris/Province)
sont accentués ; les
origines
de cette situation sont dues
à deux types de freins : frein financier (coûts
considérés comme trop élevés), freins culturels
(les systèmes d'information sont considérés comme outils
de gestion et non comme outil de compétitivité) ; les
conséquences
à long terme sont prévisibles :
une compétitivité et une productivité affaiblies ;
l'impossibilité d'accéder à des marchés mondiaux
ainsi qu'à des sources d'informations concurrentielles ;
Il faut donc se fixer des
objectifs
:
· 80% des PME équipées en micro-ordinateurs à
l'horizon 2000 ;
· 70% des PME connectées en réseau local à la
même date ;
· 70% des PME connectées à Internet en l'an 2000 ;
Dans ce sens,
COMPAQ
propose
:
De mettre en oeuvre le décret d'application établi en 1996
concernant la durée d'amortissement de 2 ans pour les matériels
et logiciels informatiques ;
Faciliter le télétravail par une déduction totale sur le
bénéfice des sociétés des achats de
matériels informatiques réservés à cet usage ;
Appliquer des conditions fiscales avantageuses sur les matériels et
logiciels micro-informatiques pour les professions libérales ;
Accélérer et simplifier les procédures d'homologation des
produits de communications (modems) ;
Initier des actions de sensibilisation auprès des petites entreprises
avec le concours d'associations, chambres de commerce et d'industrie et de
constructeurs informatiques (Actions COMPAQ : sensibilisation presse
Compaq dans les principales régions en 1997, Tour de France formation
dans 80 villes, Tour de France cycliste,etc...) ;
3. Le retard français sur Internet
: le
constat
est
le suivant : le nombre de PC connectés par habitant est l'un des
plus faibles d'Europe (quatre fois moins qu'aux Pays-Bas) ; la France
représente moins de 2% des serveurs Internet ; moins de 10% des PME
y ont accès ; les
origines
de ce retard peuvent s'analyser
de la façon suivante : le coût des liaisons
téléphoniques est de 50% plus cher que dans d'autres pays ;
une prédominance du Minitel comme outil de communication et
d'information ; des sites francophones peu nombreux ; les
conséquences
à long terme de cette situation sont la
marginalisation de la France et de la francophonie, et son absence sur l'un des
futurs secteurs de croissance ;
Les
propositions
de
COMPAQ
sont les suivantes :
Multiplier les points d'accès publics à Internet en association
avec les constructeurs informatiques (musées, expositions,
bibliothèques municipales,etc...) ;
Appliquer sur les produits multimedias (CD-ROM, accès Internet, services
en ligne,etc...) un taux de TVA réduit de 5,5% voir 2,1%, au même
titre que la presse ;
Accélérer la migration massive des services existants sur le
Minitel vers Internet ;
Mettre en place un cadre d'action en matière de cryptologie afin de
faciliter le développement du commerce électronique ;
Réduire le coût des connexions à Internet ;
4. D'une façon plus générale
, la France ne sortira
de cette situation qu'en créant un environnement économique plus
favorable
. COMPAQ formule à cet égard des propositions qu'elle
juge prioritaires
:
Lever les freins de l'Etat pour favoriser la création de richesse et
l'emploi (réduire fortement les impôts : taux marginal
d'imposition sur le revenu, stock-option, ISF ; réduire fortement
les règlementations : autonomie des chefs d'entreprises sur les
conditions d'emploi nécessaires au bon développement de leurs
entreprises ; suppression de la bureaucratie administrative) ;
Créer au niveau de la Présidence de la République et du
Premier Ministre des forces de reflexion et de conseil
(" war-room "
sur les NTIC en France par rapport aux autres pays du monde ; cabinet de
conseillers et d'experts, avec réunions trimestrielles, regroupant les
principaux acteurs en France des NTIC) ;
Faire évoluer la perception des dirigeants d'entreprise sur le
rôle des NTIC : outil de compétitivité et condition de
survie plutôt que productivité (Sites Internet
dédié, espace de démonstration) ;
Réduire à 5,5% la TVA sur les micro-ordinateurs multimedia
communicants ;
Comprendre le fonctionnement et les mécanismes de décision et
mise en oeuvre de l'administration française (réduction de la
durée d'amortissement ; TVA sur les produits multimedia) ;
Former et informer les dirigeants politiques et administratifs français
aux NTIC ;
Déduire à 100% et sans plafonnement de l'impôt sur le
revenu pendant deux ans les achats de produits multimedia communicants
(micro-ordinateur, logiciels, services en ligne) ;
Professionnaliser le recrutement et la gestion des dirigeants des entreprises
publiques ;
Transformer la France en un pays où il fait bon créer et
développer des entreprises (comparaison des conditions fiscales et
réglementaires avec les autres pays du monde, consultation des
entrepreneurs français) ;
5. Autres propositions :
Augmenter l'équipement informatique de l'ensemble de
l'administration : administration centrale, collectivités locales
et régionales, etc...) ;
Mettre en place des mesures d'incitation dans les relations
" Etat-Citoyen " afin d'augmenter l'utilisation des NTIC
(échanges avec l'administration en matière de fiscalité,
de protection sociale, de scolarité,etc...) ;
Faciliter l'accès au capital-risque pour les entreprises
développant des produits NTIC