Audition de Jean-Claude MAILHAN
Vice-président du SYNTEC
(Chambre syndicale des
Sociétés de Services et d'Ingénierie Informatique)
Directeur " Business Processes and Information
Systems "
d' ALCATEL Télécom
accompagné des membres du bureau du
SYNTEC :
MM. François DUFAUX, Eric HAYAT, Alain CHAGNEAU
et
François ODIN
Résumé : Les métiers des SSII ont une caractéristique majeure : ils subissent une évolution économique et technique extrêmement rapide. Dans ce contexte, elle recrutent beaucoup de jeunes diplômés, le marché étant marqué par une forte croissance. L'adéquation de l'outil de formation qu'une nation offre à l'ensemble de ces caractéristiques est donc capital. Or, en France, cet outil de formation souffre de graves imperfections. Développer l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans ce pays suppose de traiter différemment de ce qui se fait aujourd'hui - ne serait-ce que dans le discours - l'ensemble des questions que cela soulève.
1. Le monde des SSI :
Les métiers des SSII
(Sociétés de Services et d'Ingénierie Informatique) ont
caractéristique majeure
: ils subissent
une
évolution économique et technique extrêmement
rapide
, et sont par conséquent relativement
imprévisibles. La part de prévisibilité existe, mais la
grande difficulté est de " phaser " ces évolutions dans
le temps, de savoir à quelle vitesse tel marché correspondant
à telle technologie va évoluer. Si les grandes orientations
technologiques peuvent être - par regroupements nombreux au niveau
mondial - assez aisément " pilotées ", les erreurs de
marketing commises à deux ou trois ans près peuvent se
révéler mortelles pour les entreprises.
2. Les problèmes de formation en France
: La
capacité de notre outil de formation à délivrer des jeunes
qui soient opérationnels à la fois sur le plan
qualitatif
et sur le plan
quantitatif
est
préoccupante.
Sur le plan quantitatif, le SYNTEC représente 100.000 emplois dans les
SSII. Le taux de croissance du marché étant de l'ordre de 5%,les
SSII recrutent environ 5.000 jeunes diplômés - pour l'essentiels
des Bac + 5 - ces 5.000 représentant à leur tour
environ 25% de la production nationale de Bac + 5. Or, si le taux de croissance
du marché s'accroît pour passer à deux chiffres - ce qui
est envisager - la question se pose de savoir si notre outil de formation
pourrait alors répondre à la demande. Il y a des risques de
tensions sur le marché des SSII à cet égard.
Sur le plan qualitatif, on ne forme pas assez parce qu'il n'y pas assez de
filières. De même, si les jeunes diplômés
maîtrisent bien la technologie, ils ont énormément de
difficultés à comprendre la problématique de l'utilisation
de cette technologie dans les entreprises (besoins du client,
problématique " business "). Les jeunes sortent formés
aux sciences et aux technologies mais pas à la compréhension de
tout ce qui fait la vie d'une entreprise - techniques de communication,
techniques de travail en groupe.
Si la France ne veut pas être handicapée par une
inadéquation de son outil de formation
, il faut augmenter
le volume des jeunes diplômés d'une part, et que l'on accentue la
formation en sciences humaines, parallèlement à la formation
scientifique dispensée.
3. Il faut traiter différemment la problématique de
l'informatique en Franc
e
: Elle est aujourd'hui
caricaturalement
traitée. Le public perçoit en
général les campagnes en faveur de la promotion des nouvelles
technologies de l'information et de la communication comme une
contrainte
nouvelle
que l'on souhaite leur imposer (rationalisation des
dépenses de santé, baisse du nombre d'emplois disponibles
à terme...). La plus grande partie de la population perçoit ces
nouvelles technologies uniquement comme des
outils de
productivité
, sans bien saisir les autres enjeux
fondamentaux du phénomène. Il faut par conséquent
" rectifier le tir " et prendre l'habitude de les présenter
sous un angle positif.
4. Le Minitel
: Si
l'économie
du Minitel est un
succès - des millions de gens ont pu se familiariser avec un terminal -
il n'en reste pas moins vrai que depuis le développement d'Internet,
il fait maintenant perdre du temps
à la France, car le
basculement de l'ensemble des services qui y sont présents sur Internet
se fera tôt ou tard.
France Télécom
doit donc
s'atteler à lui trouver un successeur car les gens n'accepteront plus
très longtemps de payer dix fois plus cher le prix de la communication
sur Minitel que sur Internet.
5.
Messages au monde politique
: Depuis des années, le
SYNTEC s'efforce de faire passer
deux
messages :
L'Etat doit éviter toute forme d'interventionnisme qui serait
déplacé, par exemple en réitérant une sorte de
" plan informatique pour tous " ;
Il faut lancer des expériences pilotes, limitées
budgétairement, dont l'exemplarité et la communication qui sera
faite autour de celle-ci, pourront avoir un grand impact sur le public et les
professionnels. Trois secteurs devraient en être le champs : la
santé, l'environnement et la culture.