M. KOTT
Résumé : Le développement d'Internet risque de faire une victime : la fiscalité des Etats ; dans le " cyber monde ", on risque en effet de ne plus payer certains impôts ; faire migrer les services présents sur Minitel vers Internet n'est pas simple : il s'agit pour les entreprises de passer d'un modèle économique à un autre, celles-ci ayant une activité renchérie sur Internet par le fait qu'elles vont devoir gérer le côté commercial et financier de leur activité, ce qui n'est pas le cas pour le moment ; en matière éducative, le principal effort consiste à motiver les enseignants pour qu'ils se mettent à utiliser les NTIC dans leurs classes ; il ne faut surtout pas imposer la technologie avant d'en imposer l'usage ; il faudrait les inciter à faire des serveurs, cette démarche valant pour les élèves : il faut donner une chance à tous les écoliers d'en fabriquer.
Q. De quelle maniere l'inria reflechit-il au phenomene internet ?
R. L'INRIA
est un institut de recherche travaillant
avec un grand souci de l'application ; nous faisons partie d'un
consortium
mondial regroupant 850 membres, dont une soixantaine en
Europe, et réfléchissant sur le
Web
; ce
consortium
regroupe de très nombreuses entreprises et les pistes
sur lesquelles nous réfléchissons, pour ensuite mener ensemble
des actions, vont dans plusieurs directions : les
outils de publication
électronique, l'édition et le traitement de documents,
l'Education ; le commerce électronique
, le
cryptage
.
Q.
Quelle est la position de l'INRIA sur les problèmes
liés à la cryptologie ?
R.
En France, bien que la proximité avec
Internet
soit
moins grande qu'aux USA, les échos sur le manque de fiabilité de
l'ensemble du système Internet sont réels : au-delà
des problèmes
techniques
, liés par exemple au
paiement sécurisé des transactions
, les problèmes
psychologiques
existent, liés à la fiabilité
du
Minitel
qui n'est finalement pas très sûr de ce point de
vue là, guère plus en tout cas que ce qui se passe sur
Internet ; de toute manière, les bouleversements arrivent :
tout ce qui est droits de douane, TVA et autres impôts risque de
disparaître, et les Etats ont de quoi s'inquiéter au niveau de la
fiscalité : dans le " cyber monde " on risque de ne
plus
payer d'impôts ;
Q.
Le Minitel n'est-il pas devenu un frein au développement de
l'Internet ?
R. Faire migrer
les services présents sur le
Minitel vers
Internet
n'est pas simple ; jusqu'à présent,
l'avantage du système "
kiosque
" de France Telecom
est
extraordinaire pour les entreprises présentes sur le
Minitel
: les gens offrant leurs services sur Minitel n'ont pas de
problèmes avec leurs mauvais clients puisque c'est France Telecom qui
gère le système, qui assume la gestion du risque lié
à la solvabilité du client ; en cas de
migration
, ces
entreprises se retrouveront seules face aux clients, devront se
préoccuper de gestion financière, de valeur ajoutée du
service ; d'autre part, elles se trouveront, en cas de migration, face
à d'autres paramètres de gestion liés à leur
présence sur Internet : l'image animée, le son ; bref,
il s'agira de
passer d'un modèle économique à un
autre
;
Q
. Comment s'y prendre pour faire pénétrer Internet
à l'intérieur des écoles ?
R. L'Education
: l'idée de relier des écoles à
des serveurs départementaux est intéressante mais je crois que ce
serait une erreur de
faire des serveurs
" officiels "
,
contraire à la philosophie d'Internet ; c'est contraire à la
bonne pratique ; je crois qu'il est vraiment vital de donner une chance
à tous les écoliers de fabriquer des serveurs : si l'on veut
des serveurs francophones, ma théorie est
qu'il vaut mieux des
serveurs francophones avec des fautes d'orthographe que pas de serveurs du
tout
; le point de départ important étant de toute
façon de
motiver les enseignants
; sans cela, on va
rentrer un peu dans un système où, en dehors des choix
techniques,
on impose de la technologie avant d'en imposer l'usage, ce qui
ne marche pas
; donc, convaincre les enseignants d'utiliser ce genre
de technologies en les incitant à faire des serveurs serait une bonne
approche ; c'est la démarche la plus importante ; il ne faut
pas voir, bien que ce soit important, que le côté
" consommateurs " du système : le côté
" producteurs " est très important ;
Mon expérience d'Universitaire m'a confronté au problème
du
" centre de documentation "
: quand on
équipe complètement une Université en PC, on sait
très bien l'inconvénient d'avoir des tables PC partout en libre
service, notamment le suivant : certains utilisateurs apportent des
disquettes chargées de
virus
; on sait aussi que le
coût de maintenance d'une telle installation est très
élevé ; il y donc un équilibre à trouver entre
faire déporter le travail sur les usagers, avec tous les
inconvénients que cela pose, et le désir d'offrir un service de
qualité
; il faut donc rester pragmatique sur le point de
savoir s'il faut mettre un PC par classe ou pas
: des compromis
apparaîtront, notamment du fait de l'existence, pour une partie du public
visé, d'un environnement ressemblant à celui qu'on leur propose,
chez eux ou dans l'entreprise ; ceci dit, la pratique de l'informatique
chez les étudiants de première année d'Université
est réellement effrayante tant elle est faible
;
cette situation n'est pas normale ; je constate qu'on ne leur offre
même pas les moyens de rattraper ce retard car l'Université
standard n'offre pas de matériels en " libre
service " ;