II. LA CONFERENCE EUROPEENNE : UNE SOLUTION DE REPLI ?

Au terme de la partie du document " Agenda 2000 " consacrée au " défi de l'élargissement ", la Commission européenne souligne que " l'élargissement est un processus à long terme qui intéresse toute l'Europe " et propose de " rassembler, dans une même enceinte, les Etats membres de l'Union européenne et tous les pays européens ayant vocation à adhérer à l'Union et liés à celle-ci par un accord d'association ".

A. LA SIGNIFICATION DU PROJET

Ce projet de " Conférence européenne " a été à l'origine suggéré par le Gouvernement français. Celui-ci a précisé sa position de la manière suivante :

" Sans faire double emploi avec d'autres organisations (Conseil de l'Europe, OSCE, OTAN, UEO) la Conférence européenne pourrait devenir un cadre de dialogue et de coopération entre pays européens membres et non membres de l'Union. Elle permettrait ainsi d'évoquer, au niveau de l'ensemble européen, les questions transversales ainsi que les aspects relatifs à la coopération régionale ou sub-régionale.

" La Conférence constituerait, dans ces domaines, un cadre de dialogue et de coopération visant à encourager la synergie entre les différents intervenants et instruments (Union européenne, organisations multilatérales, coopérations bilatérales) ainsi que l'échange de bonnes pratiques. Elle pourrait comporter, à ce titre, quatre principaux domaines d'activité .

" 1. Les questions de politique étrangère et de sécurité intéressant l'ensemble européen

" La Conférence permettrait d'évoquer les questions relatives à la stabilité et à la sécurité du continent européen :

" - en offrant un cadre de consultation et de dialogue sur les principales questions d'intérêt commun (par exemple les relations avec la Russie ou l'architecture européenne de sécurité) ;

" - en approfondissant les dispositions actuelles sur le renforcement du dialogue politique, notamment en recherchant les modalités d'une plus large association des pays non membres de l'Union à certaines actions menées au titre de la Politique Etrangère et de Sécurité Commune, tout en préservant son efficacité ;

" - en encourageant les relations de bon voisinage, y compris pour les questions relatives aux frontières et aux minorités.

" 2. La lutte contre le trafic de stupéfiants et les autres formes de grande criminalité et l'immigration clandestine

" La lutte contre la criminalité organisée, notamment le trafic de stupéfiants, et les filières d'immigration clandestine figure parmi les enjeux fondamentaux pour la stabilité de l'Europe de demain. Sur ces sujets, la Conférence européenne pourrait, en cohérence avec les programmes communautaires de coopération :

" - soutenir l'amélioration du dispositif judiciaire et policier dans les pays candidats ;

"  - développer le cadre multilatéral de dialogue et de coopération existant ;

"  - favoriser les actions de lutte contre la criminalité organisée, notamment le trafic de stupéfiants, et les filières d'immigration clandestine ;

" 3. Le développement institutionnel et l'affirmation de l'Etat de droit

" En liaison avec les institutions qui concourent au développement de l'Etat de droit (parmi lesquelles le Conseil de l'Europe), la Conférence européenne pourrait utilement contribuer à :

" - la promotion d'un corps de valeurs communes, fondées sur le renforcement de la démocratie et de l'Etat de droit ;

" - l'amélioration de la capacité administrative et de l'efficacité institutionnelle des pays candidats ;

" - l'encouragement à des échanges bilatéraux et à des actions multilatérales menées à ce titre.

" 4. La coopération économique et les projets d'intérêt commun

" S'agissant enfin de l'organisation de l'espace européen , la Conférence européenne pourrait être un cadre pour :

" - développer la coopération dans les secteurs transversaux: réseaux (transports, énergie), environnement, sûreté nucléaire ;

" - harmoniser les politiques commerciales et favoriser les approches communes à l'OMC ;

" - favoriser le développement de la coopération économique transfrontalière mais aussi régionale ou sub-régionale (CEFTA, Baltique, Mer Noire) ;

" - encourager les échanges en matière culturelle et audiovisuelle ;

" - favoriser la participation à des programmes communautaires de coopération.

" La Conférence européenne ne serait pas une nouvelle institution . Il n'est nul besoin d'un nouveau traité pour fonder le cadre d'un dialogue politique, ni d'une nouvelle structure pour lui permettre de se tenir.

" 1. Participants

" Comme le suggère la Commission, la Conférence européenne rassemblerait les quinze Etats-membres ainsi que tous les pays européens ayant vocation à adhérer à l'Union et liés à celle-ci par un accord d'association.

" 2. Calendrier

" La Conférence serait ouverte, au niveau des Chefs d'Etat et de Gouvernement, au premier semestre 1998, immédiatement avant le lancement des négociations d'adhésion.

" 3. Structures

" La Conférence serait organisée autour de rencontres à plusieurs niveaux :

" - chaque année une réunion des Chefs d'Etat et de Gouvernement et une réunion des Ministres des Affaires étrangères et des Ministres des Affaires européennes ;

" - des réunions ministérielles spécialisées convoquées, en tant que de besoin sur des sujets précis.

" La présidence de la Conférence pourrait être exercée par la présidence de l'Union et assurée conjointement par l'un des pays candidats, désigné chaque semestre par les pays concernés. Les travaux pourraient être préparés par un comité mixte, dont la composition serait variable, et qui associerait tous les participants à la Conférence. Ce comité se réunirait régulièrement à Bruxelles. Enfin, il serait important que la coordination des travaux de la Conférence soit légère et associe la Présidence conjointe et la Commission. "

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