b) La grande et moyenne distribution
N'ayant pas accès à la télévision,
la grande distribution a fréquemment recours à la
publicité non adressée et concourt pour près de
1,7 milliard de francs au chiffre d'affaires de La Poste (2,6 % du
chiffre d'affaires courrier).
Aujourd'hui, alors que la part du flux des lettres de particulier à
particulier dans le total des objets postés ne cesse de se
réduire, le volume des imprimés sans adresse croît
d'environ 7% par an. Toutefois, sur ce créneau, La Poste se trouve aux
prises avec une assez forte concurrence. Sa part de marché n'est que de
15% pour les imprimés sans adresse publiés par les
hypermarchés, contre 30% pour ceux publiés par les petites et
moyennes surfaces.
c) La presse
Sur un total de 5,2 milliards d'objets vendus au total
dans le secteur de la presse, La Poste en achemine 2 milliards environ,
soit près de
40 %,
les 60 % restants étant
vendus au numéro ou distribués à domicile, par portage.
Le portage des journaux à domicile est, pour le moment, assez peu
développé en France, hormis dans l'Est où il atteindrait,
semble-t-il, de 60 à 80 % de la diffusion totale de titres tels que
Le Républicain lorrain
ou
Les Dernières Nouvelles
d'Alsace
, voire aussi dans le Nord où deux tiers des numéros
de
La Voix du Nord
sont acheminés par ce moyen. Notons
également qu'un cinquième des numéros vendus du
Parisien
sont portés à domicile en Ile-de-France et dans
l'Oise. Pour nombre de titres, le portage reste, pour l'instant, prohibitif au
regard notamment des prix postaux qui sont, nous l'avons vu
80(
*
)
, subventionnés.
La vente au numéro ne constituant pas une alternative suffisante,
(pourcentage élevé d'invendus en kiosques ; autres points de
vente souvent insuffisamment nombreux), la majorité des titres cherchent
à développer une politique d'abonnement et recourent aux services
de La Poste.
C'est ainsi que dans le secteur de la
presse nationale d'opinion
,
certains titres sont presque en totalité diffusés par abonnement
sur tout le territoire, à l'exemple de
La Croix
dont la diffusion
en kiosque représente une part très faible de la diffusion
totale. De même, un journal du soir tel que
Le Monde
ne peut pas
avoir massivement recours au portage après sa parution, compte tenu des
difficultés de circulation à Paris en fin d'après midi. De
grands titres de la
presse quotidienne régionale
(PQR), comme
La Nouvelle République
ou
La Montagne
, étant
diffusés dans des départements de faible densité humaine,
ne sont pas, eux non plus, en mesure de développer le portage. Quant aux
hebdomadaires, ils n'y ont encore pas beaucoup recours, hormis quelques
expériences (notamment
Le Point
dans plusieurs arrondissements
parisiens).
Aussi, en dépit de l'accroissement régulier que connaît ce
mode de distribution, à l'initiative de titres tels que
Ouest-France,
dont depuis quelques années, environ 40 % de
la diffusion totale payée est portée à domicile, La Poste
demeure un point de passage obligé pour une large partie de la presse.
Presque tous les quotidiens et une grande partie des périodiques sont
d'importants clients de La Poste. Cette dernière diffuse, par exemple,
près des deux tiers des exemplaires des
Echos
ou de
la
Tribune.
La presse dans son ensemble est d'autant plus dépendante de La Poste
dans l'équilibre de ses comptes qu'elle a recours au financement
publicitaire. En conséquence, toute grève postale a une incidence
négative immédiate sur les finances des titres. Cette
dépendance est d'autant plus importante que les publications
françaises bénéficient d'une diffusion totale payée
bien plus faible que celle observée à l'étranger pour les
quotidiens nationaux. En Suède, par exemple, les deux principaux
quotidiens ont un tirage supérieur à celui du premier quotidien
d'opinion français, alors que ce pays est peuplé de
8 millions d'habitants, soit moins de 15 % de la population de
l'Hexagone.