IV. SYNTHÈSE DES MESSAGES REÇUS, VIA LE RÉSEAU INTERNET, PAR LA MISSION D'INFORMATION ENTRE LE 19 ET LE 29 MARS 1996
Poursuivant le dialogue engagé depuis le
21 février 1996 sur le réseau Internet, la mission
d'information a reçu au cours des deux dernières semaines quelque
vingt-cinq nouveaux messages répondant au troisième questionnaire
et à la deuxième synthèse des messages.
Certains messages ont été envoyés par des correspondants
français étudiant ou enseignant dans des universités
étrangères situées notamment aux Etats-Unis, en
Grande-Bretagne et au Japon.
Il convient également de remarquer que la plupart des intervenants ont
exprimé leur accord pour que leurs observations et propositions soient
reproduites en totalité ou partiellement.
I. LES REPONSES COMPLEMENTAIRES APPORTEES AU PREMIER QUESTIONNAIRE DU
21 FEVRIER 1996
1. Les causes de l'échec universitaire dans les premiers cycles
- cet échec résulterait d'abord de l'existence d'un
" gouffre entre le lycée et la fac " qui nécessite
un
effort considérable d'adaptation
des nouveaux
étudiants ;
-
le manque de motivation des étudiants
constituerait l'une des
principales causes de l'échec en premier cycle : celui-ci " ne
doit pas devenir un sas de décompression pour étudiants
indécis " et il faudrait au contraire faciliter l'accueil des
étudiants ayant choisi de prendre une année de réflexion
après le bac ;
- le choix d'
une année sabbatique
par les bacheliers renforcerait
leur motivation et leur permettrait d'obtenir le DEUG dans des délais
normaux ;
2. Le système actuel d'information et d'orientation
- certains considèrent que l'information sur l'orientation est
disponible pour les lycéens mais que ceux-ci doivent faire l'effort
d'aller la chercher : il conviendrait de
" responsabiliser " les
élèves sur ce point.
3. Les suggestions pour améliorer le système d'information et
d'orientation
- le
recours à l'expérience des étudiants
n'apparaît pas comme la panacée même s'il peut permettre aux
lycéens de découvrir le monde universitaire : les
étudiants ne sont pas formés à cette tâche et n'ont
qu'une vision de l'université réduite à leur seule
discipline ;
- le
personnel des CIO
devrait recevoir une formation plus large car
l'information dispensée aux lycéens sur les problèmes du
marché de l'emploi et les débouchés des différentes
filières est jugée insuffisante et inadaptée ; un
dialogue devrait s'instaurer, au-delà des seuls tests
d'évaluation, pour affiner les projets des jeunes lycéens qui ont
le sentiment d'être " perdus dans un monde
d'adultes " ;
-
le système éducatif, jugé " exsangue et
sclérosé "
, est remis en cause car il n'a pas
évolué aussi vite que la société
française : si le baccalauréat continue à remplir sa
fonction, le système éducatif ne joue plus son rôle dans la
société ;
- l'animosité des doctorants à l'égard des PRAG
résulterait d'une
hiérarchisation excessive
de
l'enseignement supérieur : pour certains, les professeurs
d'université appartiennent à une " caste à
part " qui se refuse à renoncer à ses prérogatives,
et certains enseignants-chercheurs ne sont pas plus motivés que leurs
étudiants, contribuant ainsi, pour leur part, à l'échec
universitaire ; il serait souhaitable de créer un corps
d'inspection dans l'enseignement supérieur, comme il en existe dans le
second degré ;
- pour d'autres, l'
orientation dès la classe de seconde
n'est pas
souhaitable car nombre d'élèves sont encore indécis en
terminale : recourir aux étudiants et aux stagiaires d'IUFM pour
aider à l'orientation des lycéens apparaît peu
opportun ;
- certains préconisent, au moins pour les filières scientifiques,
le développement d'un
partenariat avec les entreprises
, en
organisant des stages d'entreprise en fin de premier cycle, à l'exemple
des " intern ship " américains.
II. LES REPONSES COMPLEMENTAIRES APPORTEES AU DEUXIEME QUESTIONNAIRE DU
6 MARS 1996
1. Les formations supérieures courtes, à finalité
professionnelle, de type IUT et STS, vous paraissent-elles
exagérément sélectives, compte tenu notamment des besoins
des entreprises ?
- certains intervenants considèrent que ces filières sont
très sélectives par rapport aux enseignements universitaires
généralistes mais peu sélectives par rapport aux grandes
écoles : cette sélectivité permet de
développer une dynamique de groupe,
une pédagogie efficace
et de responsabiliser les étudiants ;
- pour d'autres, la
sélectivité est un gage de
réussite
au diplôme, notamment pour les étudiants issus
de familles modestes, et apparaît comme la conséquence du
caractère non sélectif de l'accès aux filières
longues : si la sélection était
généralisée à l'ensemble des filières,
l'orientation des étudiants s'effectuerait de manière plus
logique et harmonieuse ;
- les DUT et les BTS sont de plus en plus perçus comme une étape
permettant de préparer ultérieurement divers concours, à
l'aide de passerelles, tout en garantissant aux étudiants un
diplôme valorisé
sur le marché de l'emploi,
contrairement aux classes préparatoires et aux DEUG ;
- certains messages soulignent cependant que tous les titulaires de DUT ou de
BTS n'ont pas la possibilité de s'engager dans des études longues
et qu'un déphasage se crée entre le nombre de
diplômés et les besoins des entreprises : il conviendrait de
réévaluer la sélection à l'entrée des IUT
et des BTS
pour tenir compte des réorientations ultérieures
de leurs élèves ;
- d'autres s'interrogent sur la
finalité professionnelle
réelle
de ces formations, et observent que de nombreux
étudiants de BTS ou d'IUT tentent d'intégrer des écoles
d'ingénieur ou des seconds cycles universitaires : ces formations
sont plutôt considérées comme des " super premiers
cycles ".
2. A partir de quelle classe de l'enseignement secondaire, et par qui
devrait être assurée l'information des élèves en vue
de leur orientation ?
- certains préconisent une information sur l'orientation s'inscrivant
dans la politique générale documentaire de l'établissement
(bibliothèque, nouvelles technologies) et qui serait
proposée
à tous les élèves dès la classe de 6e
, avec une
participation active des parents d'élèves, et soulignent la
nécessité d'une
prise de conscience des
élèves
aussi précoce que possible quant à leur
orientation future ;
- d'autres soulignent la nécessité de développer les
moyens des conseillers d'orientation
dans chaque établissement
(local, documentation ...) et d'informer les élèves dès le
collège, notamment afin de
valoriser les filières
techniques
trop délaissées en raison de
préjugés existants ;
- dans le même sens, certains préconisent, en classes de 5e, de 3e
et de seconde, des réunions animées par des
élèves de filières professionnelles
et auxquelles
les parents seraient conviés, ainsi que des journées de rencontre
organisées avec des
étudiants
engagés dans diverses
filières supérieures qui feraient part aux lycéens de leur
expérience : les conseils des aînés et le
" bouche à oreille " entre étudiants semblent jouer, en
matière d'orientation, un rôle plus important que les services
d'orientation qui fourniraient des réponses trop générales
ou ignorant l'évolution future des métiers.
3. Seriez-vous favorable à une orientation progressive au cours du
premier cycle universitaire ?
- certains considèrent que la présentation d'un
cursus
disciplinaire précis et diversifié
permettrait aux nouveaux
étudiants de ne pas perdre leur temps et de conserver leur
motivation ;
- d'autres sont plutôt favorables à des
réorientations
précoces
vers les études courtes pour les étudiants
peu motivés, ou à une véritable
orientation
préalable
à l'entrée à l'université pour
éviter à certains de s'engager sans conviction dans des
filières apparemment " porteuses " en matière
d'emploi ;
- certains s'interrogent sur le
contenu d'une orientation
progressive
: simples conseils ou aiguillage impératif vers
telle ou telle filière ? ;
- d'autres se refusent à " enfermer les gens dans un
carcan "
et sont favorables à une
orientation progressive
et à la
mise en place de passerelles dans l'ensemble des cycles universitaires ;
- certains rappellent que le
système modulaire
fonctionnant
actuellement dans les DEUG ne fait que " maquiller " les
filières préexistantes, notamment en sciences, et que les
étudiants, y compris les meilleurs, jugent les
filières
abstraites et fondamentales
sans intérêt : pour les
disciplines scientifiques (notamment les sciences de la vie), il devrait
être rappelé aux bacheliers que ces formations conduisent à
la recherche et offrent peu d'échappatoires.
III. LES REPONSES AU QUESTIONNAIRE DU 21 MARS 1996
1. Quelles seraient vos
propositions pour réduire l'échec
universitaire dans les premiers cycles généraux ?
- selon certains, l'échec universitaire résulte de
problèmes d'
orientation
des étudiants, d'une
sélection déguisée
ou de
formations
inadaptées
car personne ne peut considérer que
" 60 % des gens sont nuls " ;
- le système universitaire américain autorise notamment, avec un
large système d'options, une orientation très précoce, une
réorientation au cours du cursus et se caractérise par sa
souplesse
; il requiert cependant une grande
motivation des
étudiants
, dont la culture moyenne est particulièrement
faible, et favorise les 10 % de l'élite intellectuelle et
culturelle en démotivant les autres ;
- à la souplesse du système américain, certains opposent
la
rigidité du système français
qui comporte peu
d'options et un nombre d'heures de cours très supérieur :
l'orientation des élèves est plus facile aux Etats-Unis du fait
que la high school fonctionne comme une mini université ;
- il conviendrait de rechercher en France une "
intégration
lycée-université
" en permettant aux lycéens de
capitaliser des " crédits " universitaires et en
transformant
la terminale en année pré-universitaire ; celle-ci serait
constituée de modules
généraux
préparant au
baccalauréat ou
spécialisés
donnant droit à
des crédits validables avant l'entrée à
l'université : ces modules seraient encadrés par des
agrégés et permettraient aux étudiants de s'orienter
après avoir été informés du contenu des disciplines
universitaires ;
- certains regrettent le
manque d'encadrement
, notamment
matériel, des étudiants français, qui est pour partie
à l'origine de l'abandon d'études en premier cycle, rappellent
que les universités américaines sont coûteuses et
suggèrent une augmentation des
droits d'inscription
:
l'actuel système de financement est à l'origine du manque
d'enseignants et de matériels et condamne de trop nombreux
étudiants à l'échec. Il conviendrait donc de faire payer
ceux qui le peuvent (les plus nombreux) et d'aider les plus
démunis ;
- le meilleur investissement en matière d'éducation consisterait
d'abord à
améliorer les conditions matérielles
des
étudiants, à augmenter le nombre des ordinateurs mis à
leur disposition, et les aides directes (bourses) et indirectes (recrutement
d'étudiants pour l'enseignement des TD) ;
- l'idée d'une
coopération école-entreprises
permettrait une meilleure intégration économique et
professionnelle des étudiants, mais ne devrait pas porter atteinte au
rôle fondamental joué par l'université dans l'acquisition
du savoir et l'apprentissage de la responsabilité de citoyens ;
- les employeurs américains recrutent d'abord des jeunes très
motivés, montrant leurs capacités à
bénéficier d'une formation, alors que les employeurs
français recherchent plutôt des
diplômés
immédiatement utilisables
;
- tout système éducatif suppose un certain taux d'échec.
L'objectif des 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat a eu
des effets néfastes et certains estiment que " la plupart des
nouveaux étudiants ne savent pas pourquoi ils sont en fac " :
la réponse à cette question devrait être apportée
par le lycée afin de
renforcer la motivation des étudiants
dans le respect de leur autonomie ;
- un meilleur
encadrement
des étudiants (avec des TD
réduits à 20 étudiants au lieu de 60) permettrait de
réduire le taux de l'échec universitaire : cependant les
concours du CAPES et de l'agrégation ne correspondent pas aux besoins
d'encadrement des étudiants et leurs programmes devraient être
aménagés, notamment pour réduire la masse de connaissances
théoriques exigées ;
- selon un autre intervenant (en stage d'ingénieur au Japon), il
conviendrait de sensibiliser les élèves de lycée au
contenu des études supérieures, de réorganiser
l'année universitaire en augmentant le nombre de semaines
consacrées à la préparation des examens partiels et
terminaux : selon lui les
lacunes
des étudiants et le
taux d'échec constaté
ne proviennent pas d'un
encadrement insuffisant
puisque même une " participation
passive " aux TD permet de réussir le DEUG, mais de " la
paresse et du manque de motivation " de certains étudiants ;
- une
présence
obligatoire
aux cours et aux TD
permettrait, pour certains, de réduire de moitié l'échec
universitaire ;
- l'idée que la
démotivation des étudiants
constitue la principale cause d'échec dans le premier cycle, est
partagée par d'autres intervenants : la participation facultative
au cours des nouveaux étudiants tend à transformer la
première année universitaire en " année
sabbatique ", y compris dans les IUT où leur présence est
pourtant contrôlée. Il conviendrait ainsi, non pas d'imposer des
règles plus strictes aux étudiants à l'université
mais de les responsabiliser dès le lycée ;
- de trop nombreux jeunes s'engagent dans plusieurs filières sans aller
à leur terme et
perdent leur temps
en premier cycle : il
conviendrait de mettre fin à l'hypocrisie d'un système qui se dit
ouvert à tous mais qui pratique une sélection rigoureuse en
deuxième année ;
- certains préconisent l'institution d'une
année post-bac
très généraliste
, commune aux littéraires et
aux scientifiques, et débouchant sur une sélection dans les
disciplines choisies en fonction des capacités des
étudiants ;
- d'autres suggèrent d'organiser des
périodes et des lieux
d'accueil
afin de réduire l'anonymat des étudiants et de les
aider à construire un projet d'études, notamment en
renforçant les services universitaires d'information et d'orientation
qui travaillent depuis dix ans dans l'urgence et la précarité
alors que les effectifs étudiants ont doublé : deux ou trois
conseillers sont ainsi en charge de 20 à 30.000 étudiants ;
- certains considèrent qu'une sélection dans les premiers cycles
serait inopportune et qu'il convient de
laisser une chance
, même
réduite, à tous les bacheliers : l'allégement du
" programme énorme de la première année " et
l'apprentissage de méthodes de travail différentes de celles du
lycée devraient précéder l'acquisition des connaissances
et des théories dans chaque discipline ;
- d'autres remarquent que les bacheliers scientifiques échouent
également massivement dans les DEUG scientifiques et que les
matières enseignées sont trop abstraites
: il est
ainsi proposé de " durcir " le degré d'abstraction des
programmes de la série scientifique au lycée, ce qui paraît
irréaliste, ou d'instituer un DEUG de sciences
différencié, l'un portant sur une formation
générale et appliquée, l'autre sur une formation plus
théorique. Cette dernière option serait réservée
aux quelque 15 % d'étudiants aptes à suivre des
enseignements théoriques ;
- le nombre limité de places en 2e cycle commande une sélection
drastique et induit un
échec important en 1er cycle
qui pourrait
être réduit soit en augmentant les capacités d'accueil des
seconds cycles spécialisés (ce qui déplacerait le
problème sans le régler), soit en élargissant ces seconds
cycles et en autorisant des réorientations entre filières et vers
les IUP ; la réduction du nombre d'étudiants en premier
cycle apparaît en revanche irréaliste ;
- certains préconisent en revanche une
sélection
après le baccalauréat, sur dossier ou par voie de concours, et
proposent que la
présence aux cours
soit obligatoire ;
- d'autres souhaitent que des
innovations pédagogiques
permettent
d'assurer un suivi très poussé pour les étudiants en
difficulté et des cours de soutien adaptés ;
- certains
réfutent la notion d'échec universitaire
et
rappellent que l'université, outre l'obtention d'un diplôme, doit
permettre d'accéder à l'éducation et à la culture
et doit dispenser un " apprentissage réel de la démocratie
et de la société qui n'a pas d'équivalent
ailleurs " : le système universitaire tend à
responsabiliser les étudiants et l'échec permet à chacun
de prendre conscience de ses possibilités avant d'aborder une " vie
moderne dure et sélective " ;
- d'autres
relativisent également la notion d'échec
qui
est entendue du seul point de vue quantitatif : cette notion ne prend pas
en compte les "
plus-values
humaines, culturelles et
relationnelles " accumulées par les étudiants, certes non
diplômés, mais qui sont loin d'avoir complètement perdu
leur temps ; ces " dépenses sociales " ne devraient pas
être assimilées à un " gaspillage
financier " ;
- afin de réduire l'échec universitaire, il conviendrait
d'encourager la
pluridisciplinarité
, dans les options offertes et
les équipes enseignantes, afin de faciliter les changements
d'orientation " en douceur ", de conserver une taille
" humaine " aux établissements, et de développer
l'enseignement à distance
dans un grand nombre de
disciplines ;
- une
multiplication des passerelles
est souhaitée entre les
filières et les disciplines, ainsi que des formations
intermédiaires de transition, car il est difficile de demander à
un jeune de 18 ans de s'engager définitivement dans un type
d'études : les possibilités de réorientation doivent
être développées, notamment par une réorganisation
des modules qui permettrait de construire un profil d'études plus
personnalisé ;
- la réduction de l'échec universitaire passe par une
information des futurs bacheliers
sur les filières
(journées consacrées à l'information sur le contenu des
enseignements, sur les difficultés de la filière envisagée
et sur le devenir des anciens étudiants).
2. Seriez-vous favorable à une implication plus importante des
régions et des milieux économiques dans la définition des
formations supérieures, notamment pour les premiers cycles ?
- de nombreux intervenants y sont
favorables
, mais souhaiteraient que le
système universitaire puisse attribuer, à l'instar des grandes
écoles, des
diplômes d'ingénieurs
;
- d'autres sont plus réservés et soulignent que les
entreprises n'ont qu'une idée vague de la dimension
pédagogique
des formations : un tel rapprochement permettrait
cependant aux universitaires de prendre conscience que leur enseignement doit
s'insérer dans une logique utilitaire, et aux étudiants
d'utiliser leur formation avec un temps d'adaptation minimum ;
- en contrepartie, les entreprises devraient accepter de recourir aux
diplômés dépourvus d'expérience
professionnelle : la généralisation des
stages en
alternance
permettrait de concilier les exigences de la formation
générale et de l'expérience en entreprise ;
- certains considèrent que les
premiers cycles
doivent rester
consacrés aux " enseignement généraux ", mais
admettent l'implication des entreprises et des régions pour les
formations à finalité professionnelle, les cycles universitaires
secondaires et tertiaires ainsi que pour les grandes écoles ;
- d'autres soulignent le rôle parfois trop important joué par les
entreprises et les collectivités dans la définition des
formations des IUT, mais admettent que
l'entreprise doit trouver sa place
à l'université
pour faciliter l'intégration des
étudiants dans la vie active, en organisant notamment des rencontres
avec les employeurs et les salariés ;
- pour certains, "
le milieu universitaire actuel est
endogamique
" et l'intervention des milieux économiques
régionaux dans la définition des formations supérieures
est souhaitable, tout en devant rester limitée dans les cycles
d'approfondissement et à la condition que cette intervention ne
constitue pas un obstacle à la nécessaire mobilité
géographique des étudiants ;
- d'autres rappellent que le
contenu des DEUG
est variable, pour une
même spécialisation, dans une même région, ce qui est
source de rigidité en cas de changement d'université lors du
passage des étudiants en licence ;
- certains estiment que la
finalité d'une formation
est
d'être adaptée aux emplois proposés, "sinon les
études ne servent à rien " ;
- les milieux économiques interviennent déjà largement
(DESS, stages ...) dans la finalisation des cursus universitaires mais certains
intervenants s'interrogent sur la
vocation des régions
à
intervenir dans la pédagogie et la définition des
programmes ;
- pour d'autres, cette implication permettrait aux étudiants de mieux
connaître leur région, en la situant dans son contexte
économique européen et international et d'accroître leur
motivation : la
réduction du nombre des antennes
universitaires irait à l'encontre de ce but ;
- les filières des IUT devraient être mieux adaptées aux
besoins économiques des régions, mais l'intervention de ces
dernières ne devrait
pas conduire à la disparition de
filières universitaires
qui ne seraient d'aucune
" utilité pour l'économie régionale : certains
soulignent les risques d'une
régionalisation des diplômes
supérieurs qui contribuerait à aggraver encore la situation
des étudiants.
3. Quelles sont, selon vous, les principales finalités de
l'enseignement supérieur, et notre système universitaire vous
semble-t-il adapté à ces finalités ?
- pour la plupart des intervenants,
la finalité de l'enseignement
supérieur est double
, l'obtention d'un diplôme et/ou d'une
formation permettant de s'insérer dans le " tissu
socio-économique " (professions libérales, fonctionnaires,
ingénieurs...) mais n'est que partiellement assurée du fait d'une
professionnalisation insuffisante
des formations ;
- pour d'autres, la principale finalité de l'université est de
permettre aux jeunes qui n'empruntent pas les voies sélectives,
d'obtenir une
formation pratiquement équivalente à celle
dispensée dans les écoles d'ingénieurs
, et de
diversifier l'origine des cadres de la société française
en offrant aux étudiants une formation plus générale ;
- l'université a aussi pour fonction de
renouveler les
" têtes pensantes
"
de la France, notamment dans
le
domaine de la recherche et doit être considérée comme un
" lieu de maturation " pour les jeunes, où se développe
leur " pensée logique et politique " : elle
apparaît comme un " microcosme " qui doit être ouvert au
monde extérieur afin " d'apprendre de lui mais aussi de lui
enseigner ". Son évolution est nécessaire pour que notre
pays continue à jouer son rôle de puissance mondiale ;
- certains préconisent, au lieu d'une remise en question du
système universitaire, une
transformation du système
éducatif dans son ensemble
, qui n'a pas évolué aussi
rapidement que notre société, du fait de son gigantisme, de son
inertie et de son caractère corporatiste ;
- d'autres rappellent que l'université a une finalité
théorique et pratique et estiment que
l'enseignement
théorique
(au contraire du Japon) occupe une
place beaucoup trop
importante
et ne permet pas aux étudiants d'utiliser leurs
connaissances. A la différence des élèves des grandes
écoles, les étudiants ont une formation qui les prédispose
à la recherche mais ne les prépare pas du tout au monde du
travail et à l'entreprise :
- pour certains,
l'université ne forme pas à la
citoyenneté
et n'assure pas son rôle d'intégration de
tous les milieux socio-économiques ;
- selon certains, "
l'université tend principalement à
s'auto-reproduire
" et ses programmes sont adaptés à ses
finalités et non pas à celles de ses étudiants : il
est proposé (pour les études de sciences) de considérer le
2e cycle du secondaire comme un cycle des
apprentissages premiers
, les
trois premières années universitaires comme un cycle des
apprentissages fondamentaux
, tandis que les deux années
supplémentaires constitueraient un cycle des
approfondissements
qui devrait également comporter des modules à finalité
économique ;
- d'autres rappellent plus classiquement que l'université a pour
vocation de former des professeurs de l'enseignement secondaire et
supérieur, ainsi que des personnels de recherche :
l'actuelle
organisation en études courtes et longues ne permet pas aux
bac + 4 de postuler à un poste précis
et à
ceux qui échouent après une licence ou une maîtrise de
posséder un diplôme valorisé pour une embauche en
entreprise. La création d'enseignements de
" professionnalisation " de second cycle permettrait de
remédier à cette situation ;
- sur un plan plus général, le système universitaire, dont
les formations ne répondent pas aux attentes des entreprises
, ne
favorise pas la recherche d'un emploi ;
- certains estiment que l'université assure correctement son rôle
traditionnel qui est de dispenser l'éducation et la culture, et qu'elle
s'adapte rapidement aux formations professionnalisantes : en revanche,
sa vocation qui est aussi de former des enseignants-chercheurs
est
aujourd'hui très menacée ;
- d'autres considèrent que la
vocation de l'université est
triple
: permettre au plus grand nombre d'acquérir des
connaissances générales et spécialisées permettant
de s'intégrer dans la communauté nationale et internationale,
assurer le développement économique du pays et des régions
en dispensant des formations adaptées aux besoins présents et
à venir de la population et de l'économie, produire des cadres
moyens et supérieurs compétitifs au plan international ; si
le système français semble répondre aujourd'hui à
ces finalités, notamment par rapport à l'Allemagne, au
Royaume-Uni et aux Etats-Unis, l'université devra cependant s'adapter
aux besoins d'un monde en évolution rapide ;
- pour certains, les études traditionnelles motivées par le seul
goût du savoir sont aujourd'hui dépassées et doivent se
doubler d'une
finalité professionnelle
: il convient de
distinguer l'université des filières sélectives qui
dispensent des formations à visées professionnelles en soulignant
que les formations les plus théoriques, et orientées vers la
recherche, sont paradoxalement les moins sélectives ;
l'enseignement supérieur devrait pouvoir offrir d'une part, une
formation professionnalisée moins sélective, raisonnablement
humaniste et généraliste pour permettre l'adaptation future des
salariés, et d'autre part, maintenir une formation traditionnelle plus
théorique ;
- l'université ne doit pas privilégier à n'importe quel
prix
l'adaptation aux besoins économiques
: la grandeur
d'une nation se mesure autant à sa recherche fondamentale, qui commande
l'avenir, qu'à son économie.
IV. LES REACTIONS SUSCITEES PAR LA SYNTHESE DES MESSAGES EFFECTUEE PAR LA
MISSION D'INFORMATION
-
un correspondant s'est interrogé sur la
portée de la
consultation
engagée par le Sénat sur le réseau
Internet en soulignant le caractère peu représentatif des
réponses, qui font notamment apparaître les PRAG comme des
" boucs-émissaires " du système universitaire et s'est
inquiété des risques de " manipulation " qui pourraient
résulter des réponses de certains groupes de pression ;
- un responsable de centre d'accueil d'information et d'orientation
universitaire a insisté sur la
qualité de l'information
donnée aux étudiants
pour leur orientation, d'abord avant
leur entrée à l'université (salons d'information,
journées portes ouvertes, présentation des filières par
des enseignants au moment des inscriptions) puis tout au long de leur cursus
(information sur les filières et les entreprises).
La mission d'information tient à rappeler que cette consultation par
Internet ne saurait avoir valeur de sondage représentatif et que la
synthèse des réponses transmise sur le réseau n'exprime
pas son opinion mais s'efforce de résumer les principaux messages des
intervenants.
*
* *
V. SYNTHÈSE DES MESSAGES REÇUS, VIA LE RÉSEAU INTERNET, PAR LA MISSION D'INFORMATION ENTRE LE 31 MARS ET LE 13 AVRIL 1996
Au cours de cette période, la mission d'information a
reçu vingt-cinq nouveaux messages.
Elle tient à nouveau à remercier l'ensemble de ses correspondants
pour le sérieux et la qualité de leurs observations et à
souligner l'assiduité de bon nombre d'entre-eux.
Certains correspondants proposent en particulier de communiquer à la
mission la teneur des travaux qu'ils ont consacrés, individuellement ou
collectivement, aux problèmes des premiers cycles universitaires.
Il convient encore de rappeler, en réponse notamment à certains
intervenants, que la synthèse effectuée par la mission ne
reflète nullement la position de ses membres, mais s'efforce seulement
de rapporter l'essentiel des messages recueillis au cours de la consultation
qui ne saurait par ailleurs avoir valeur de sondage représentatif.
I - LES REPONSES COMPLEMENTAIRES APPORTEES AU QUESTIONNAIRE DU 21 MARS
1996
1. Quelles seraient vos propositions pour réduire l'échec
universitaire dans les premiers cycles généraux ?
- certains préconisent d'abord une
revalorisation des
" formations alternatives "
à celles conduisant au
baccalauréat et le développement de formations qualifiantes
secondaires débouchant directement sur un emploi ;
- d'autres déplorent que les meilleurs lycéens se dirigent vers
les IUT avant d'entreprendre des études longues et suggèrent que
des
" études courtes et pratiques "
, mieux
encadrées soient offertes aux élèves moyens ;
- afin de remédier aux insuffisances du système d'orientation
dans les lycées, il est proposé de créer un
grand
serveur
rassemblant toutes les informations disponibles et d'instituer des
entretiens individualisés
pour les élèves (avec les
professeurs et les conseillers d'orientation-psychologues) afin de les aider
à déterminer leur projet professionnel ;
- certains soulignent
le coût
des inscriptions et des
déplacements nécessités pour passer les concours en vue
d'une
réorientation
et considèrent que l'université
est déjà très sélective au plan financier ;
- une
meilleure information des lycéens
est jugée de
nature à réduire le nombre d'étudiants " en
stationnement " et aiderait à définir l'objectif, la
stratégie d'études et à renforcer la motivation des
étudiants de premier cycle ;
- certains préconisent une réforme complète du
système d'enseignement supérieur français et notamment une
augmentation du nombre des
places offertes dans les filières
courtes
;
- d'autres considèrent que la
notion d'échec universitaire
doit être explicitée : celui-ci résulte d'abord d'une
mauvaise orientation initiale (les résultats des examens partiels et de
l'examen final coïncident le plus souvent) qui devrait être
corrigée par une information des lycéens privilégiant le
fonctionnement de l'université, les méthodes d'enseignement et
les débouchés des filières ;
- certains soulignent les
lacunes des lycéens
, moins en termes de
connaissances que de méthodes : les connaissances ne sont souvent
pas mises en perspectives et les élèves répugnent à
l'abstraction, notamment en mathématiques et en physique ;
- ils préconisent aussi de relever le niveau scolaire au lycée en
privilégiant " l'assimilation de méthodes et la
compréhension des techniques utilisées " ; les
enseignants des lycées
devraient jouer un rôle essentiel
dans l'information et l'orientation des élèves, et être
encouragés à le faire en assistant à des séminaires
d'information qui seraient consacrés au contenu des formations
supérieures, à leurs débouchés, aux pratiques
pédagogiques de chaque filière, les initiatives personnelles de
ces enseignants devant être développées ;
- les
universitaires
qui choisissent de participer à la mise en
place de projets pédagogiques ou à l'animation d'équipes
d'enseignants de premier cycle, ne devraient pas être
pénalisés dans leur
carrière
, ce qui impliquerait
un véritable changement des mentalités universitaires ;
2. Seriez-vous favorable à une implication plus importante des
régions et des milieux économiques dans la définition des
formations supérieures, notamment pour les premiers cycles ?
- certains y sont opposés et rappellent la
vocation
propédeutique
du premier cycle qui permet aux étudiants
d'acquérir une culture générale dans le cadre de leur
spécialité ;
- d'autres s'interrogent sur l'intérêt d'une
régionalisation des premiers cycles et évoquent le risque d'un
favoritisme local
, les entreprises locales ne se bousculant pas, par
ailleurs, pour proposer des stages aux étudiants ;
- certains considèrent en revanche que l'implication des secteurs
industriels est " incontournable " et que celle des régions
pourrait apporter une " plus-value " aux formations de
premier
cycle : celles-ci fournissent en effet la matière
" intellectuelle et pratique " aux entreprises et ces
formations
devraient pouvoir être
utilisables dès la sortie du
système éducatif
;
- s'agissant de la relation université-monde du travail, il est
préconisé pour chaque étudiant, un
passage d'un an en
entreprise
, sous la forme d'un véritable contrat à
durée déterminée, qui serait pris en compte dans le cursus
des études : toutefois l'université ne doit pas avoir une
" attitude clientéliste " vis-à-vis de l'entreprise et
n'a pas à fournir des " produits achevés et finis "
mais doit permettre à ses étudiants d'acquérir une
certaine expérience du monde du travail ;
3. Quels sont, selon vous, les principales finalités de
l'enseignement supérieur, et notre système universitaire vous
semble-t-il adapté à ces finalités ?
- la culture générale dispensée dans les premiers cycles
ne saurait être sacrifiée, pour certains, au profit
immédiat des régions ou des entreprises et doit permettre au
contraire une adaptation du salarié à tout changement
ultérieur de carrière : les études universitaires
doivent apporter une
culture générale
et
spécialisée
, afin de faciliter la recherche d'un emploi, et
permettre aux étudiants d'apprendre à réfléchir
plutôt qu'à amasser des connaissances ;
- certains préconisent un système sélectif fondé
sur des
critères appropriés
privilégiant la logique
et l'analyse plutôt que la mémoire et le conformisme ;
- d'autres rappellent que l'intégration dans la société se
réalise d'abord par le travail et estiment que la première
finalité de l'enseignement supérieur est d'
intégrer les
jeunes dans la société
, chacun à son niveau :
à cet égard, des efforts sont engagés dans certaines
universités pour réduire l'échec universitaire, notamment
en " rattrapant " les étudiants au cours du premier
semestre,
ce qui nécessite une motivation importante des intéressés,
compte tenu des effectifs dans les premiers cycles ;
- il est également rappelé que l'
université est
à l'origine de la richesse intellectuelle de demain et des emplois
d'après-demain
, et que celle-ci continue à jouer ce
rôle malgré les insuffisances qui peuvent lui être
reprochées ;
- certains soulignent que l'acquisition par les étudiants de
méthodes de raisonnement
et l'acquisition de
compétences opérationnelles
sont
complémentaires ; l'enseignement supérieur doit aussi
répondre aux "
attentes sociales
" des jeunes qui
accèdent à l'âge adulte et initier son public à la
pratique démocratique, notamment par une plus grande implication des
étudiants dans le fonctionnement des établissements ;
- la conciliation des deux finalités de l'université (acquisition
de méthodes et de connaissances) suppose l'existence d'
équipes
pédagogiques
diversifiées
mobilisant toutes les
catégories d'enseignants, une nouvelle évaluation de ces
personnels privilégiant, davantage que leur activité de
recherche, leur mission de formation d'un public étudiant
diversifié aux attentes les plus diverses : à cet
égard le recours massif aux PRAG proposé dans le plan d'urgence
de l'automne dernier, suscite chez certains des inquiétudes et ne
permettrait pas de diversifier de manière satisfaisante les fonctions
d'enseignant ;
- la faible
participation des étudiants
au fonctionnement des
établissements est également soulignée : les
associations d'étudiants, notamment des doctorants, devraient jouer un
rôle majeur en ce domaine et les étudiants eux-mêmes
devraient participer à l'évaluation des enseignements ;
- la finalité de l'enseignement supérieur n'est pas de
" reproduire à l'infini des enseignants-chercheurs " sans
prise directe avec la réalité du monde du travail :
l'université doit s'ouvrir sur l'extérieur
, en organisant
des stages en entreprises dès le premier cycle et mettre en place un
véritable contrôle de gestion.
II. LES REPONSES AU QUESTIONNAIRE DU 4 AVRIL 1996
1. Afin de réduire l'échec universitaire et une
" sélection-exclusion " de fait très importante dans
les premiers cycles, seriez-vous favorable à une orientation plus
sélective dans les diverses filières supérieures, voire
à des quotas par spécialités, le principe du libre
accès à l'université pour l'ensemble des bacheliers
restant inchangé ?
- plusieurs intervenants considèrent qu'une
orientation plus
sélective
des étudiants constituerait un bon moyen pour
réduire l'échec universitaire mais préconisent une
diversification
et une augmentation des
capacités
d'accueil
des différentes filières afin d'éviter une
sélection-exclusion
en fin de premier cycle et une
officialisation de la sélection ;
- certains rappellent que des
quotas par spécialité
existent déjà dans les filières
spécialisées : une orientation sélective et un
système de quotas nécessiterait en tout état de cause une
multiplication des
passerelles
entre les filières et une
augmentation considérable des capacités d'accueil, sauf à
limiter le libre accès de l'université à l'ensemble des
bacheliers ;
- d'autres soulignent la nécessité de choisir avec soin les
critères d'orientation
et les "
orienteurs
",
et
estiment que l'orientation devrait intervenir aussi tôt que possible dans
le déroulement des études supérieures ;
- certains dénoncent les
pratiques sélectives
illégales
de certaines universités (mentions au bac) mais ne
seraient pas hostiles à une augmentation éventuelle des
droits
de scolarité
qui serait assortie de prêts à taux
zéro accordés aux étudiants ;
- d'autres considèrent que le
baccalauréat
doit rester le
seul critère de sélection pour accéder à
l'université, et opposent aux concours les examens à valeur
nationale qui consacrent le niveau des connaissances des candidats ;
- certains constatent qu'une
sélection officieuse
existe
déjà à l'entrée en premier cycle et qu'il serait
inutile de l'officialiser ;
- pour d'autres, la sélection se fait à l'entrée des
grandes écoles mais aussi à l'université, et sur le
marché de l'emploi et s'effectue en fonction des résultats
d'examen qui sont largement dépendants de la
motivation des
étudiants
: l'institution éventuelle de quotas par
spécialités suscite par ailleurs des interrogations, notamment
sur leur fondement ;
- le choix des filières résulte de phénomènes de
mode, de réorientation après un échec, et du
caractère jugé porteur de certaines formations en matière
d'emploi : des quotas par spécialités ne pourraient
être fondés que sur la réelle motivation des bacheliers
à s'engager dans telle ou telle filière ;
- certains s'interrogent sur le
caractère sélectif du
baccalauréat
et sur son utilité : l'institution de quotas
conduirait à recréer un " antagonisme stupide grandes
écoles-université " à l'intérieur des
établissements mais le principe de l'ouverture de l'université se
traduit en fait par un libre accès aux filières les plus
médiocres ; certains préconisent ainsi de rétablir la
fonction du bac qui est de sélectionner les étudiants aptes
à poursuivre des études supérieures ;
- d'autres s'interrogent sur l'intérêt d'une orientation plus
sélective et sur les critères de sélection qui pourraient
être retenus : constatant cependant que les premiers cycles sont
devenus des " fourre-tout " pour bacheliers, ils proposent
une
organisation en quatre semestres
, le premier, de caractère
général, permettant aux nouveaux étudiants de
découvrir l'université et les trois autres leur permettant de se
spécialiser et de se réorienter au moyen de passerelles ;
l'institution d'un DEUG " à la carte ", jugé trop
souple, n'est cependant pas souhaitée ;
- pour certains, l'orientation devrait tenir compte de la
formation
antérieure
acquise au lycée, d'un contrôle des
connaissances, des motivations et des capacités des nouveaux
étudiants afin de leur éviter des choix dictés par le seul
hasard : si le libre accès des bacheliers à
l'université doit être conservé, il devrait être
" plus contrôlé ", en définissant des
critères d'admission à certaines filières, la mise en
place de quotas pouvant être envisagée ;
- une orientation plus sélective est souhaitée mais certains
s'interrogent sur les possibilités de sa mise en oeuvre et
suggèrent l'institution d'un
délai de réflexion
obligatoire
d'un an entre le baccalauréat et la première
inscription à l'université ;
- d'autres sont attachés au
maintien du libre accès à
l'université
pour les bacheliers d'enseignement
général, à l'exclusion de tout quota par
spécialités mais proposent une orientation véritable,
progressive et plus sélective pour le choix de certaines
filières : l'uniformisation du
baccalauréat
scientifique
impliquerait une orientation en première année,
avec un tronc commun scientifique étendu, suivi d'un examen
éventuel, en fonction des capacités des étudiants, et d'un
enseignement modulaire de plus en plus sélectif permettant
d'accéder ensuite aux filières de deuxième cycle ;
- certains préconisent un
premier cycle en trois ans
afin que
l'orientation-information soit réellement progressive et efficace,
soulignant que les bacheliers ne sont souvent pas préparés aux
méthodes de travail universitaires et considérant que les modules
ne devraient prendre effet qu'à l'issue d'une année
complète d'enseignement supérieur.
2. Quelles seraient vos propositions pour diversifier l'offre des
filières de premier cycle offertes aux bacheliers ? Seriez-vous
favorable à la création d'une filière technologique courte
non sélective à finalité professionnelle directe ?
- certaines réponses soulignent l'intérêt de
filières professionnalisées
qui seraient ouvertes
dès la première année, permettant la poursuite de
cursus longs
et rappellent que les filières
générales sont inégalement réparties selon les
universités, notamment en sciences ;
- la création d'une
filière technologique courte non
sélective
est souhaitée par certains, à condition que
ses étudiants aient la possibilité de
reprendre des
études longues
: la diversification des filières est
souhaitable si celle-ci ne se traduit pas par un isolement des
étudiants ;
- d'autres préconisent une
diversification des cours
plutôt
que des filières existantes afin de permettre aux étudiants de
composer leur propre programme et d'acquérir une " formation
globale " et considèrent par ailleurs que le système
existant des formations de type DUT et STS est très satisfaisant ;
- certains suggèrent d'améliorer le système existant en
dédoublant les filières
afin d'assurer un encadrement plus
satisfaisant des étudiants et seraient favorables à une plus
grande ouverture des STS et des IUT pour conserver la vocation des DEUG qui est
d'accueillir les étudiants se destinant à des études
longues ;
- d'autres préconisent un
prolongement des filières à
finalité professionnelle
directe.
- certains considèrent que l'offre des filières de premier cycle
est suffisante et expriment leur méfiance à l'égard de
" mini-filières " très spécialisées qui
ne seraient que des
voies de garage
soumises à des
phénomènes de mode ;
- les formations à finalité professionnelle doivent surtout
répondre aux
besoins des entreprises
et y être
adaptées aussi bien au niveau des équipes enseignantes que par le
développement de stages : les entreprises devraient ainsi jouer un
rôle-clé dans la définition des programmes et les
structures d'enseignement devraient pouvoir s'adapter rapidement aux
évolutions du marché de l'emploi, des quotas pouvant par ailleurs
être envisagés dans ces filières
professionnalisées ;
- d'autres estiment qu'une
diversification des filières
ne
pourrait être que
progressive,
le DEUG devant rester un
diplôme général ; en outre, la mise en place
éventuelle de filières technologiques courtes (qui existent
déjà avec le " bac pro "), même si elle est
souhaitable, risquerait de
dévaloriser certains diplômes
et
passerait nécessairement par une redéfinition complète des
formations existantes, notamment les BTS et les DUT ;
- dans le même sens, certains considèrent que la création
d'une filière technologique courte pour ceux qui n'ont pas
été pris en IUT et en STS serait concevable, à condition
qu'il ne s'agisse pas d'une " filière-poubelle " et qu'elle
n'autorise que des poursuites d'études limitées, et seulement
dans des filières technologiques ; il est par ailleurs
proposé de mettre en place des
filières technologiques plus
longues
, du premier jusqu'au troisième cycle, à
capacités d'accueil limitées et dont les formations dans chaque
université seraient définies en fonction des
caractéristiques économiques locales ou régionales ;
- l'intérêt de la création de
sections de mise à
niveau
est par ailleurs souligné ;
- pour d'autres,
l'expérience des IUT
montre qu'une
filière non sélective courte à finalité
professionnelle devient de facto sélective et l'offre actuelle de
formations apparaît déjà très diversifiée;
- certains rappellent qu'une nouvelle filière courte exigerait
l'utilisation de matériels performants et estiment qu'elle ne pourrait
être que
sélective
, comme l'ont été les IUT
dont les étudiants reviennent ensuite à l'université pour
accéder à un enseignement long et plus généraliste ;
3. Quelles seraient, par ordre d'importance, les principales fonctions des
premiers cycles universitaires ?
- la plupart des correspondants insistent sur la
diversité des
fonctions des premiers cycles
(formation générale, remise
à niveau des connaissances, orientation progressive, vocation
d'insertion professionnelle...) mais certains estiment qu'une formation
pluridisciplinaire semble plutôt relever des CPGE, les fonctions de
formation générale et de remise à niveau
étant cependant privilégiées, du fait notamment d'une
baisse du niveau des bacheliers ;
- d'autres insistent au contraire sur l'importance d'une formation
pluridisciplinaire
et sur la nécessaire maîtrise des
technologies
courantes par les étudiants ;
- certains rappellent que le premier cycle a une vocation
générale et multidisciplinaire
mais joue en fait un
rôle d'orientation progressive du fait de l'incertitude des nouveaux
étudiants, alors que cette orientation devrait être
assurée, en amont, dès le lycée ; ils estiment en
outre qu'une remise à niveau des bacheliers est nécessaire du
fait des insuffisances de l'enseignement secondaire ;
- dans le même sens, d'autres jugent préférable d'
" amener à niveau " les bacheliers, plutôt que de
remettre à niveau les nouveaux étudiants et soulignent la
diversité des fonctions remplies par les différents premiers
cycles ;
- pour certains, les formations, qu'elles soient pointues à vocation
professionnelle, terminales, pluridisciplinaires ou générales
n'ont pas à être dispensées par les premiers cycles, tandis
que la remise à niveau des connaissances ne doit pas être la
principale fonction de ces derniers ; en revanche, la fonction
d'orientation progressive
, préalable au choix d'une
filière supérieure apparait la plus importante ;
- d'autres rappellent que les fonctions des premiers cycles sont diverses selon
les spécialités mais que les DEUG doivent toujours garder une
vocation pluridisciplinaire
et permettre une orientation progressive
vers les différents deuxièmes cycles ;
- un correspondant estime que la fonction principale des premiers cycles est de
" diminuer artificiellement le nombre de chômeurs chez les
jeunes " et qu'il n'est pas réaliste d'y voir " autre chose
qu'un
tampon social
" ;
- les formations courtes " pointues " ne devraient être
offertes que comme une alternative à l'université et il est
également rappelé que les DEUG n'ont pas une vocation " de
formation terminale
" : alors que certains préconisent la
création de formations à bac+3 et bac+4 ayant cette
vocation ;
III. LES AUTRES MESSAGES REÇUS
1. Le groupe " Hot Docs "
Ce groupe organise sur le réseau Internet des débats entre
étudiants en doctorat et a publié un rapport intitulé
" Formation doctorale : enjeux, bilan, propositions ".
Un animateur de ce groupe signale à la mission la réflexion
engagée sur les premiers cycles, portant en particulier sur le
rôle spécifique des différentes catégories de
personnels enseignant, notamment pour ceux issus d'une formation doctorale, par
rapport aux enseignants du secondaire, des STS et des IUT, et souligne
l'intérêt d'une complémentarité de ces
différents personnels pour les premiers cycles.
2. Les réactions à la synthèse des messages
reçus par la mission d'information
- un intervenant observe que le chômage des jeunes docteurs tend à
se développer et estime que " l'animosité "
relevée dans certains messages entre les
doctorants
et les
PRAG
provient du fait que l'université recrute de moins en moins
de maîtres de conférences, alors que le nombre des doctorants a
doublé depuis 1989 sous l'impulsion du Gouvernement : il rappelle
qu'un PRAG n'est ni un professeur d'université ni un
enseignant-chercheur et que l'agrégation ne comporte pas de contenu
" recherche " ;
- un autre intervenant est favorable à la généralisation
d'une
année post-bac
qui prendrait la forme d'un enseignement
pluridisciplinaire, d'une inscription d'attente ou d'une année
sabbatique mais souhaiterait que les étudiants ne soient pas
pénalisés en raison de leur âge pour accéder
à un certain niveau d'études ; il conviendrait
également d'
informer les employeurs sur les contenus
pédagogiques
de l'enseignement universitaire, pour mettre fin
à certains préjugés, étant rappelé que
l'université dispense un savoir académique mais développe
aussi la capacité d'adaptation des étudiants : ce n'est pas
tant l'université qui est à remettre en cause que les fausses
idées que certains véhiculent sur elle ;
- un dernier intervenant, réagissant à la remarque faite par un
responsable de CIO universitaire concernant
l'information des
étudiants,
souligne l'inadaptation de cette information dans de
nombreux lycées et établissements universitaires, en raison de
l'évolution rapide des formations, de l'existence d' " informations
erronées " et d'une " documentation parfois totalement
dépassée " ; il indique également que certains
chefs d'établissement assureraient un " contrôle " sur
les CIO, en orientant les lycéens sans tenir compte de leurs souhaits,
afin d'" augmenter le prestige de telle ou telle formation
locale ".
3. Les informations proposées à la mission d'information
- une correspondante s'est proposée de communiquer à la mission
un
rapport
établi dans le cadre de son université
sur l'information et l'orientation des étudiants de premier cycle ;
- une dernière correspondante se félicite enfin des orientations
contenues dans le rapport Fauroux et, s'appuyant sur son expérience,
cite un certain nombre de
dysfonctionnements
constatés dans tous
les degrés de notre système éducatif.
*
* *
VI. SYNTHÈSE DES MESSAGES REÇUS, VIA LE
RÉSEAU INTERNET,
PAR LA MISSION D'INFORMATION ENTRE LE 15 AVRIL
ET LE 3 MAI 1996
Au cours de cette période, la mission d'information a reçu vingt-cinq nouveaux messages dont deux contributions substantielles consacrées aux modalités d'information et d'orientation des lycéens et des étudiants expérimentées dans deux universités.
A. LES REPONSES COMPLEMENTAIRES APPORTEES AU QUESTIONNAIRE DU 21 FEVRIER 1996
1. Les causes de l'échec universitaire dans les
premiers cycles
- certains évoquent l'importance du secteur sélectif dans
l'enseignement supérieur, qui conduit de nombreux étudiants
à
s'orienter par défaut
avec une faible motivation dans
certaines filières générales, et à suivre la
totalité des enseignements avant de prendre ou non conscience de
l'intérêt de la discipline dominante ;
- d'autres considèrent que la
discontinuité des programmes et
des méthodes d'enseignement
entre le lycée et l'enseignement
supérieur, et l'organisation administrative de l'université
elle-même, est à l'origine de l'échec universitaire :
le lycée prépare au baccalauréat mais pas à
l'université alors que la classe de terminale et la première
année de DEUG devraient faire partie d'un même cursus et que les
nouveaux étudiants devraient être préparés au
travail individuel et à la prise de notes ; l'université est
par ailleurs qualifiée de " monstre administratif "
inadapté aux particularités et aux attentes des étudiants
qui n'y viennent qu'en " touristes " ;
- une participation des étudiants à l'organisation des cours, des
TD et des TP est préconisée et l'université devrait mettre
en place des
structures de concertation
à un niveau très
déconcentré :
2. L'appréciation portée sur le système actuel
d'information et d'orientation au lycée et à
l'université
On estime que cette question est secondaire comme le serait celle qui porterait
sur l'intérêt de formations destinées à
préparer des entretiens d'embauche et la rédaction de C.V. dans
le cadre d'une opération contre le chômage au niveau national.
3. Les suggestions proposées pour améliorer ce système
d'information et d'orientation
Certains préconisent de mettre en place un numerus clausus
généralisé dans l'ensemble des filières et de
décloisonner
celles-ci pour permettre aux étudiants de
choisir une dominante après avoir " goûté " aux
différentes matières enseignées.