B. L'ORIENTATION ET L'ACCUEIL DES ÉTUDIANTS : LA FAIBLESSE DU DISPOSITIF ACTUEL
Si l'afflux de nouveaux étudiants dans les premiers
cycles et les taux d'échec qui y sont constatés appellent une
indispensable réforme du DEUG, cette réforme doit d'abord
substituer à l'actuel système de sélection-exclusion un
mécanisme efficace et précoce d'orientation dès la
première année de DEUG.
En dépit d'expériences engagées dans quelques
académies, le système actuel n'est pas satisfaisant, du fait
d'une absence de continuité entre le lycée et
l'université, d'un accueil et d'un encadrement pédagogique
souvent insuffisants des nouveaux étudiants et des faibles
possibilités de réorientation précoce pour les
étudiants qui se sont aventurés dans des filières
où ils sont voués à l'échec.
1. Le lycée et l'université : deux mondes étrangers
Comme il a été dit, les professeurs de
lycée et les conseillers d'orientation témoignent
fréquemment d'une méconnaissance de l'évolution du monde
universitaire, de la diversité des formations post-baccalauréat,
de la réalité et du contenu des filières
supérieures, de leurs perspectives d'insertion professionnelle et ne
soulignent pas, d'une manière générale, les
spécificités des formations supérieures, notamment sur le
plan méthodologique, par rapport à l'enseignement des mêmes
disciplines dans le second degré.
Si les conseillers d'orientation exerçant dans les services communs
universitaires d'information et d'orientation (SCUIO) travaillent
également pour la moitié de leur service dans les lycées,
et devraient contribuer à renforcer les liaisons entre les enseignements
supérieurs et ceux du second degré, et si les COP des cellules
universitaires devraient être en mesure de fournir des informations
à leurs collègues conseillers dans les CIO ainsi qu'aux
enseignants des lycées, le transfert et la qualité des
informations apparaissent, dans la réalité, tout à fait
insuffisants.
Dans le même temps, il faut bien constater que la plupart des
universitaires répugnent à venir informer les lycéens de
ce qui les attend, et qu'ils seraient le plus souvent bien en peine de fournir
des indications précises sur la finalité de certaines
filières, sur les chances de réussite de leurs étudiants,
sur le devenir professionnel des diplômés et sur les perspectives
d'évolution des métiers.
D'une manière générale, notre système
d'enseignement supérieur, en dépit de la qualité des
travaux du comité national d'évaluation, souffre d'une absence
d'évaluation globale de ses filières, alors que la mise en place
d'une véritable politique d'orientation des étudiants supposerait
un travail préalable d'évaluation de chaque établissement
et des formations offertes.
Bien plus, alors que le secondaire et le supérieur s'ignorent
mutuellement, en dépit du fait que le second cycle du premier et le
premier cycle du second utilisent largement des personnels de même
origine, l'université ne semble pas en mesure d'adapter ses formations
aux nouveaux besoins collectifs et contribue à ce titre aux
difficultés que rencontrent les diplômés sur le
marché de l'emploi.
Ainsi, en se focalisant sur l'obtention du seul baccalauréat, en
négligeant la préparation méthodologique des
lycéens aux études supérieures, en ne les préparant
suffisamment pas à assumer avec succès un travail personnel, le
lycée ne permet pas de prévenir des orientations
irréalistes ou par défaut qui conduisent de trop nombreux
bacheliers à l'échec universitaire.
a) Les tentatives engagées pour améliorer l'information des futurs étudiants
En dépit des initiatives engagées par certaines
académies pour sensibiliser les lycéens à leur future
orientation, le dispositif d'information et d'orientation des étudiants
reste caractérisé par sa faiblesse et son manque de moyens.
Afin de répondre aux besoins d'information des élèves de
terminale, la plupart des universités ont organisé des semaines
d'information et de nombreux établissements ont développé
des journées portes-ouvertes permettant aux lycéens de rencontrer
enseignants et étudiants déjà engagés dans un
cursus universitaire.
Dans le même sens, certains CIO tentent également d'organiser des
rencontres entre élèves de terminale et étudiants
avancés dans leurs études afin que ces derniers puissent faire
part de leur expérience universitaire qui ne concerne cependant que leur
seule discipline.
Par ailleurs, l'organisation de forums et salons de l'étudiant qui
rencontrent souvent un grand succès permet aux futurs bacheliers de
compléter leur information sur leur orientation.
Enfin, depuis cette année, le ministère diffuse à tous les
élèves de terminale des brochures d'information indicatives de
l'ONISEP sur les carrières et les débouchés adaptés
à chaque filière du baccalauréat.
L'information des lycéens et des futurs étudiants n'est donc pas
négligeable et même surabondante mais n'est pas exploitée
d'une manière satisfaisante ; son accès reste
commandé par une démarche individuelle des élèves
et certains lycéens, du fait de leur situation favorisée ont
davantage de facilités pour l'utiliser utilement. D'une manière
générale, ces sources d'information sont sous-utilisées
par la majorité des étudiants, alors que les étudiantes y
recourent plus largement.
Afin de renforcer la nécessaire continuité entre les deux ordres
d'enseignement et faciliter le passage du lycée à
l'université, certaines académies, notamment celle de Lyon, ont
engagé des expériences qu'il serait sans doute souhaitable
d'étendre.