2. L'orientation au lycée : des dispositifs inadaptés et sous-utilisés
Au lieu de préparer aux études
supérieures, aux méthodes de travail de l'université et au
choix d'une filière de formation liée à un premier
objectif de professionnalisation, le lycée concentre exclusivement ses
efforts sur le baccalauréat et n'apprend pas à ses
élèves à s'orienter. Dans la réalité, les
dispositifs d'orientation mis à la disposition des lycéens
apparaissent trop discrets, excessivement complexes, peu connus de leurs
utilisateurs et voués, comme le remarque le rapport de la commission
Fauroux, " à une auto-consommation excessive de littérature
spécialisée qui demeurent inconnue des familles et des
élèves ".
En dépit de leurs efforts, l'ensemble des enseignants, les professeurs
principaux et les conseillers d'orientation-psychologues ne disposent pas des
moyens, du temps et d'une formation adaptée pour répondre aux
besoins d'une population lycéenne de plus en plus
hétérogène.
De nombreux intervenants entendus par la mission d'information et de nombreux
messages transmis au Sénat, via le réseau Internet, ont en
particulier souligné, à tort, parfois avec
sévérité, l'inefficacité des conseillers
d'orientation psychologues, qui sont présentés comme les
responsables du mauvais fonctionnement du système.
a) Les conseillers d'orientation psychologues : les boucs-émissaires d'un système d'orientation inefficace
L'information des élèves de l'enseignement
secondaire et des étudiants est notamment assurée par 4.700
conseillers d'orientation, devenus psychologues (COP) depuis la réforme
de 1985, et directeurs de centres d'information et d'orientation (CIO) dont
4.300 accomplissent effectivement cette mission, les autres étant
notamment chargés de mission auprès des rectorats, des
délégations régionales de l'ONISEP, des missions locales
et des ministères.
Depuis 1986, les COP se partagent pour moitié entre les lycées et
les universités au sein des services communs universitaires
d'information et d'orientation.
Leurs missions
sont définies par l'article 2 du décret du
20 mars 1991 ainsi qu'il suit :
- assurer l'information des élèves et de leurs familles ;
- contribuer à l'observation continue des élèves et
à la mise en oeuvre de leur réussite scolaire ;
- participer à l'élaboration et à la réalisation
des projets scolaires, universitaires et professionnels des
élèves et des étudiants en formation initiale afin de
satisfaire au droit des intéressés au conseil et à
l'information sur les enseignements et les professions ;
- participer à l'action des CIO en faveur des jeunes qui, à
l'issue de la scolarité obligatoire, n'ont pas atteint le premier niveau
de qualification reconnu ;
- participer à l'action des CIO pour d'autres publics, notamment adultes.
En outre, des circulaires stipulent que les CIO sont mis à la
disposition des partenaires du système éducatif et que les
directeurs de CIO et les COP sont les conseillers techniques des chefs
d'établissement et des professeurs principaux participant au projet des
établissements pour l'information et l'orientation.
-
Les obstacles à leur action
En raison de leur statut, les COP cumulent ainsi trois types de fonction qui
leur interdisent de se consacrer à l'orientation des
élèves de manière satisfaisante, en exerçant une
fonction d'accueil des lycéens et de leur famille.
Dans la réalité la multiplicité de leurs tâches ne
leur permet pas de consacrer à cette dernière fonction plus de la
moitié de leurs temps et la faiblesse de leurs effectifs (un conseiller
d'orientation pour 1.400 élèves) ne leur permet d'accorder qu'une
demi-heure par an à chaque élève.
En raison de cette faible disponibilité, les conseillers
s'intéressent plus particulièrement aux élèves en
difficulté et apparaissent comme des personnels
spécialisés dans l'échec scolaire. Il leur est ainsi
souvent reproché de privilégier le volet psychologique de leur
fonction par rapport à leur rôle de conseil, de ne pas
répondre de manière précise aux demandes des
élèves concernant le choix de leur future orientation et
même de présenter de manière trop pessimiste les
perspectives de réussite dans certaines filières et les
débouchés offerts en matière d'emploi.
En effet, ils ne disposent guère de temps pour compléter leur
information personnelle sur la réalité des
débouchés locaux, sur l'évolution des besoins en
matière d'emploi des entreprises, ainsi que sur les multiples formations
offertes par les filières d'enseignement supérieur.
Les critiques formulées à l'égard des COP sont
injustes : ils remplissent un rôle indispensable pour l'orientation
des élèves et des futurs étudiants, du fait notamment
qu'ils sont leurs seuls interlocuteurs institutionnels placés à
l'interface des établissements secondaires et supérieurs mais
aussi des entreprises.
A cet égard, le principal reproche qui peut leur être
opposé est celui de leur nombre : comment chaque conseiller pourrait-il
suivre l'orientation de 1.400 élèves et de 18.000
étudiants, alors que son intervention reste liée à une
démarche personnelle des jeunes, de leur famille ou de leurs
professeurs, qu'il s'adresse à une population d'élèves et
d'étudiants de plus en plus diversifiée et dépourvue de
références familiales universitaires et que les
débouchés de nombreuses filières supérieures se
réduisent ou sont affectés par une évolution rapide ?