II. LE LIVRE BLANC DE LA COMMISSION EUROPÉENNE : UNE CONTRIBUTION IMPORTANTE À LA RÉFLEXION SUR L'AVENIR DES CHEMINS DE FER EUROPÉENS

En juillet 1996, la Commission européenne a publié un Livre blanc intitulé : " Une stratégie pour revitaliser les chemins de fer communautaires " (2( * )). Ce document, sans valeur normative, tente de dresser un état des lieux de la situation du transport ferroviaire en Europe et contient plusieurs propositions pour l'avenir. Votre rapporteur a estimé que la Délégation devait être informée du contenu de ce document, qui pourrait déboucher prochainement sur des propositions normatives.

A. UN CONSTAT : LE DÉCLIN CONSTANT DU TRANSPORT FERROVIAIRE EN EUROPE

La Commission européenne appuie sa réflexion sur le constat d'un déclin constant du transport ferroviaire depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les chemins de fer assurent aujourd'hui 6% du transport de voyageurs et 16% du transport de marchandises. Une extrapolation des tendances observées au cours des dernières décennies pour les dix prochaines années amènerait ces chiffres respectivement à 4% et 9%. Le déclin pourrait même s'accélérer si, pour y faire face, les entreprises décidaient de réduire l'offre de services, ce qui pourrait conduire à une nouvelle réduction de la demande.

Pour la Commission européenne, plusieurs phénomènes expliquent ce déclin :

- en premier lieu, les transports routiers, plus souples et moins coûteux, se sont fortement développés au cours des cinquante dernières années, que ce soit pour le transport de voyageurs ou pour le transport de marchandises ; cette croissance a été favorisée par des conditions de concurrence favorables au transport routier en l'absence de prise en compte suffisante des coûts externes de chaque moyen de transport ;

- en second lieu, il n'existe pas de marché intérieur des services ferroviaires, ce qui ne peut que pénaliser le développement du chemin de fer, notamment dans le domaine du transport de marchandises sur longue distance ; dans ces conditions, les services offerts manquent de fiabilité, de flexibilité et de rapidité ;

- en troisième lieu, les relations entre les Etats et les compagnies de chemins de fer ont contribué à ce déclin, les Etats ayant souvent refusé aux compagnies de chemins de fer la liberté dont jouissent les entreprises commerciales ;

- enfin, le réseau ferroviaire est peu adapté aux nouveaux modes d'organisation de l'activité économique et de l'urbanisation, ainsi qu'aux changements qu'ils ont entraînés dans les flux de trafic.

La Commission européenne fait valoir que le rail dispose pourtant d'atouts importants qui devraient lui permettre de jouer un rôle considérable dans les décennies à venir. Parmi ces atouts figurent l'élargissement à l'Est, qui offrira de nouvelles perspectives aux chemins de fer, en particulier pour le transport de marchandises, et l'engorgement de certains axes routiers, en particulier la zone des Alpes, qui imposera tôt ou tard la recherche de solutions alternatives.

Votre rapporteur est largement en accord avec ce constat, qu'il avait lui-même dressé dans son précédent rapport et qui impose une action résolue afin d'éviter une nouvelle dégradation de la situation du transport ferroviaire.

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