La structure des taux d'intérêt
Il est généralement admis que la
rentabilité à moyen terme des banques est
déterminée moins par le niveau des taux d'intérêt
que par la "
pente
" ou hiérarchie des taux d'intérêt,
c'est à dire par l'écart entre les taux à long terme et
les taux à court terme. Normalement les banques se financent à
court terme et prêtent à long terme. Les taux à long terme
étant, généralement, plus élevés que les
taux à court terme, elles effectuent ainsi des profits destinés
à rémunérer ce qu'il est convenu d'appeler le coût
de transformation.
Or, la hiérarchie des taux a pendant longtemps été
inversée interdisant un tel type de refinancement. En effet, comme on
peut le constater sur le tableau ci-après, entre 1989 et 1994, les taux
courts ont presque toujours été au-dessus des taux longs.
Depuis le milieu de l'année 1995, la structure des taux
est très pentue en France (il y a plus de 250 points de base au premier
trimestre 96 entre le 3 mois et le 10 ans). Mais, selon certains
économistes et, notamment Patrick Artus
71(
*
)
, cette situation n'est pas
exploitée par les banques. En effet, en raison de la structure du bilan
des banques, et, notamment, de l'importance des dépôts à
vue, "
une pentification par une politique monétaire stimulante
réduit les profits bancaires, en France, ou au mieux est neutre, si la
rémunération de l'épargne contractuelle suit les taux
courts
".
Par ailleurs, le rapport du Commissariat général au plan met en
évidence le fait que, dans un système de change flottant
marqué par des crises monétaires à
répétition, les banques françaises sont sans doute
devenues de plus en plus réticentes à prendre des risques de
transformation et ont pratiqué l'adossement des maturités.
Cette caractéristique pourrait expliquer que les banques
américaines aient pu profiter pleinement du retour à une
hiérarchie normale des taux d'intérêt et du creusement de
l'écart entre les taux longs (les plus élevés) et les taux
courts (les banques prêtent à long terme et se refinancent
à court terme), alors que les banques européennes et en
particulier françaises, ayant plus ou moins renoncé à la
transformation, n'ont pu profiter de cette situation.
Pour autant, comme le fait remarquer Jean-Paul Betbèze
72(
*
)
, la "
leçon
américaine
" n'est pas entièrement transposable en France avec
une Banque de France qui a un objectif de change et compte tenu du risque de
tensions spéculatives sur les taux d'intérêt à
l'approche de des échéances de la monnaie unique.