LES FACTEURS AGGRAVANTS
Force est de reconnaître que deux facteurs conjoncturels ont aggravé la situation du secteur bancaire au tournant des années 1990-1993 : le retournement conjoncturel et la hiérarchie des taux d'intérêt. En outre, la surimposition des banques, qui pouvait être supportée sans trop de difficultés en période de croissance, a contribué à tirer les résultats dans le rouge.
Le retournement conjoncturel
Le système bancaire français a dû faire face
à deux événements majeurs qui ont profondément
affecté sa rentabilité : la crise immobilière, à
partir de 1991 et la récession de 1993 qui a particulièrement
frappé les PME. A elle seule, la crise de l'immobilier aurait
occasionné aux banques des pertes totales estimées à un
montant compris entre 210 et 280 milliards de francs, sur un total d'encours de
crédits à fin 1995 de 350 milliards de francs.
De façon plus générale, l'évolution de la richesse
nationale entre 1989 et 1995 a été marquée par le
ralentissement de 1991 et la récession de 1993.
Ce ralentissement de la croissance a sans doute lourdement
pesé sur le résultat brut d'exploitation du système
bancaire dont on rappelle qu'il a diminué de 34 % en 1990 et de 76 % en
1992.
Parallèlement, on constate que le nombre des défaillances
d'entreprises a connu deux pics conjoncturels à la fin de l'année
1990 et, surtout, au début de 1993.
Comme le relève le rapport du commissariat
général au plan, la dégradation conjoncturelle s'est donc
non seulement répercutée sur la demande de crédit, le PNB
et le résultat des banques, mais elle a fortement réagi sur le
niveau des encours de crédits compromis et les taux de provisionnement
nécessaires du fait de la multiplication des défaillances
d'entreprises.
Cette situation n'est guère surprenante, puisque le système
bancaire joue traditionnellement le rôle d'amortisseur des crises.
De façon plus structurelle et sans doute plus inquiétante, les
conditions économiques prévalant depuis cinq ans incitent de
moins en moins à l'endettement des entreprises. En effet, les taux
d'intérêt réels élevés découragent
l'endettement et incitent soit à la constitution de fonds propres plus
importants, soit aux placements financiers, soit encore au
désendettement. De plus, la conjoncture déprimée
modère la progression des concours aux sociétés, qui a
été quasi nulle en 1992 et a reculé de 10,6 % en 1993.
Enfin, le taux d'autofinancement des entreprises a atteint ces dernières
années des niveaux très élevés qui limitent le
recours aux financements bancaires.
Dès lors, l'activité de crédit ne constitue
plus par elle-même un levier suffisant pour constituer ou conserver une
clientèle d'entreprises.
Dans ces conditions, il ne sert a à rien de stigmatiser la
frilosité des banques : les années passées se
caractérisent moins par une restriction de l'offre bancaire que par une
contraction de la demande de crédit. En admettant même que les
banques aient fait preuve de frilosité, ce qui somme toute n'est
guère surprenant en période de crise, faut-il vraiment les en
blâmer en oubliant qu'elles sont également comptables des
dépôts des épargnants ? Faut-il également oublier
que les conditions d'exercice du métier bancaire conduisent à
sous-tarifer les crédits aux PME.