III. LES DOLÉANCES RECUEILLIES SUR PLACE
La situation particulière des îles de
Saint-Barthélémy et Saint-Martin entraîne des contraintes
spécifiques liées à leur éloignement, non seulement
de la métropole, mais encore de leur département de rattachement
: la Guadeloupe.
Confrontées aux handicaps résultant de cette situation dite de
" double insularité ", les élus locaux font valoir que
les communes doivent en outre faire face à des besoins
d'équipements publics très importants, en raison de leur
développement récent.
Afin d'assumer dans de meilleures conditions les conséquences de ce
développement, leurs élus indiquent qu'ils souhaiteraient
aujourd'hui disposer d'une autonomie administrative et de ressources
financières accrues.
1. Des " contraintes liées à la double insularité "
Les propos suivants ont, en substance, été tenus
à la délégation par les élus rencontrés :
" L'éloignement des communes de Saint-Barthélémy et
de Saint-Martin de leur chef-lieu départemental est à l'origine
de difficultés réelles rencontrées par les habitants dans
leur vie quotidienne, ceux-ci ne disposant pas toujours sur place de l'ensemble
des services publics dont ils pourraient profiter en Guadeloupe et bien entendu
en métropole. Deux exemples en témoignent.
En matière sanitaire
tout d'abord, les équipements locaux
apparaissent insuffisants.
L'hôpital de secteur de Saint-Martin est saturé et connaît
des difficultés financières liées à
l'insolvabilité d'une partie de la population étrangère
qui le fréquente.
Quant à l'hôpital local de Saint-Barthélémy, il
n'est habilité qu'à pratiquer les actes médicaux les plus
simples. En particulier, les accouchements n'y sont pas autorisés, ce
qui oblige les parturientes de l'île à aller accoucher en
Guadeloupe. Cette situation est très mal vécue par la population
locale car, outre les inconvénients psychologiques évidents, elle
entraîne des frais de déplacement et de séjour importants
qui ne sont remboursés par la sécurité sociale que sur la
base d'un accouchement dans l'hôpital le plus proche et pour la seule
durée de l'hospitalisation.
D'une manière générale, la moindre urgence médicale
sérieuse nécessite une évacuation sanitaire en avion ou en
hélicoptère et peut avoir des conséquences tragiques,
faute de moyens d'intervention chirurgicale disponibles sur place.
Cette situation pénalisante pour les habitants est également
dissuasive pour les touristes souhaitant se rendre dans l'île.
Or, Saint-Martin et Saint-Barthélémy dépendant de la
Guadeloupe du point de vue de la carte sanitaire, la réglementation
actuelle interdit la création de lits d'hospitalisation
supplémentaires dans les Iles du Nord, compte tenu de la
surcapacité hospitalière globale du département.
Cependant, la municipalité de Saint-Barthélémy a
engagé une procédure de demande d'autorisation de
dérogation à cette réglementation en vue de mener à
bien un projet de création de clinique privée. Un appel à
la contribution de la population a été lancé pour le
financement de ce projet.
Les inconvénients de la situation insulaire sont également
particulièrement marqués
en matière
d'éducation
. En effet, il n'est pas possible de continuer sa
scolarité à Saint-Barthélémy au-delà de la
classe de troisième, et à Saint-Martin, des classes de
lycée n'ont été ouvertes qu'en 1990.
Pour poursuivre leurs études, les jeunes vont donc en Guadeloupe, en
métropole, voire aux Etats-Unis. Le financement des études
secondaires et en tout cas supérieures représente donc un
coût élevé pour les familles et peut entraîner des
difficultés pour celles qui ont les revenus les plus modestes.
Par ailleurs, l'enseignement primaire pose un problème spécifique
à Saint-Martin : il est en effet dispensé en français
à des enfants dont la langue maternelle est l'anglais, ce qui peut
constituer une source d'échec scolaire. "