2. Veiller à la qualité des conditions de vie de la communauté française
a) Maîtriser les frais "d'écolage"
Les frais "d'écolage" ne pourront guère dépasser les niveaux actuels. Il convient donc que l'Etat assume les responsabilités qui sont les siennes afin de ne pas entraver le développement de la communauté française.
b) Donner au lycée les moyens de se développer
Le lycée français de Jakarta dispose de locaux
qui permettent difficilement d'accueillir un plus grand nombre
d'élèves. La communauté française recherche
très activement des solutions sur le site actuel. Les investissements
nécessaires devraient être partiellement pris en charge par l'Etat.
Plus généralement, l'image de la France doit être mise en
valeur par des bâtiments dignes de notre pays et c'est dans cet esprit
que doit être réglé le problème d'une nouvelle
ambassade.
3. Penser davantage la politique culturelle en termes de marché
Toutes nos productions culturelles ne sont pas exportables ni toujours flatteuses pour notre image de marque dans des pays où elles peuvent heurter des traditions religieuses, culturelles ou familiales.
a) Eviter que la diffusion de certains programmes télévisés ternissent une image de marque précieuse
Ainsi qu'il a déjà eu l'occasion de l'exprimer
dans son rapport budgétaire, votre rapporteur estime que, dans le
domaine télévisuel, une attention toute particulière doit
être accordée aux moyens d'améliorer la
complémentarité des deux chaînes internationales
françaises diffusées en Asie (TV5 et CFI) et d'adapter leur offre
de programme à la demande locale. Des informations qu'il est
indispensable de donner à Paris peuvent n'avoir pour seul effet,
lorsqu'elles sont diffusées à Jakarta, que d'y ternir la
perception de la France.
Or, certaines émissions diffusées sur celles de nos chaînes
internationales captées en Asie se révèlent
indifférentes aux sensibilités locales.
Dans ces conditions, il est urgent de mener une réflexion approfondie
sur notre présence audiovisuelle dans cette partie du monde et sur les
moyens d'y adapter notre offre actuelle. Sur ce point, votre rapporteur serait,
quant à lui, favorable au modelage de journaux régionaux
façonnés à partir de séquences existantes mais
sélectionnées pour prendre en compte les sensibilités et
les attentes des auditoires desservis.
b) Savoir adopter une approche commerciale des enjeux
En Indonésie, où vivent près de
200 millions de personnes, les "best sellers" littéraires
"tirent"
à quelques milliers d'exemplaires. La littérature n'entre pas
dans les traditions culturelles indonésiennes en revanche très
ouvertes aux arts picturaux. C'est d'ailleurs également la raison pour
laquelle la diffusion télévisée d'émissions
littéraires dont les Français sont friands n'y suscite
guère d'intérêt.
Partant du principe qu'une politique de sensibilisation culturelle doit prendre
en compte la spécificité de la demande et pas seulement
l'originalité de l'offre, votre rapporteur est partisan de
stratégies visant à adapter notre communication aux goûts
de ses destinataires étrangers. Le choix, fait en 1995, d'offrir le feu
d'artifice commémorant le cinquantenaire de l'indépendance
indonésienne constitue en la matière un exemple à suivre.
Les images de ce spectacle pyrotechnique prestigieux auquel la France reste
associée dans la mémoire collective n'ont-elles pas, depuis,
constitué le générique du journal
télévisé le plus regardé ?
Or, n'est-il pas meilleure publicité pour les productions industrielles
de notre pays que la qualité de son image de marque auprès des
décideurs et des citoyens indonésiens ?
·
De telles observations amènent votre rapporteur
à se demander s'il ne serait pas opportun d'étudier la
possibilité de fabriquer des
produits culturels "à
géométrie variable"
permettant leur déclinaison en
fonction des exigences des marchés extérieurs. Ainsi, dans le
domaine cinématographique, les moeurs indonésiennes étant
nettement plus tolérantes envers la violence qu'envers
l'érotisme, on constate que cela tend à favoriser les productions
américaines et à défavoriser les productions
françaises.
Les producteurs français ne pourraient-ils pas au vu de cette
donnée -très fréquente dans le monde musulman-
prévoir, dès l'établissement du plan de tournage, la
réalisation sur un mode moins expressif des quelques séquences
dont la censure aboutirait à priver le film de sens ? Ainsi, ils
pourraient élaborer, à un coût raisonnable, des versions
projetables sur des écrans plus pudibonds que ceux d'Occident.
·
Cette approche par le marché pourrait
également s'appliquer à l'enseignement supérieur. Comment
ne pas être frappé par le manque de cérémonie avec
lequel les diplômes français sont remis à des
étudiants étrangers. Quelle différence avec les pratiques
anglo-saxonnes dont les souvenirs photographiques parsèment les bureaux
et les domiciles des heureux lauréats !
Ne pourrait-on mettre en oeuvre pour les seuls étudiants
étrangers -puisque cela n'entre pas dans nos habitudes universitaires-
une délivrance solennelle du diplôme par le Président de
l'université concernée en présence des amis invités
et, bien entendu, d'un photographe ?