C. LE RENFORCEMENT DE LA PLACE DE LA FRANCE SUPPOSE UNE ACCENTUATION DES EFFORTS ENTREPRIS
Les développements qui précèdent permettent de s'en convaincre : les positions de la France en Indonésie ne sont pas négligeables. Elles pourraient néanmoins, selon votre rapporteur, être encore améliorées. En effet, à son sens, les actions menées en direction de ce pays gagneraient en impact si elles aboutissaient à conforter trois priorités : la présence sur place de nos entreprises, la qualité des conditions de vie de la communauté française, une politique culturelle davantage conçue en termes d'image de marque et de marché local.
1. Favoriser l'implantation de nos entreprises
Les marchés ouverts par l'Indonésie ne se conquèreront pas à distance dans le confort des bureaux parisiens mais, sur place, dans la touffeur de Jakarta ou des autres grandes villes du pays. De même, l'exploitation de ces marchés ne saurait être l'apanage des seules multinationales françaises ; elle doit aussi s'appuyer sur le dynamisme et la formidable capacité d'adaptation de nos PME. C'est fort de ces deux convictions que votre rapporteur incline à penser qu'un redéploiement du protocole financier et un développement du partenariat avec des entreprises indonésiennes ne pourraient être que fructueux.
a) En redéployant le protocole financier
Dans un contexte de diminution de leurs montants, les aides
découlant de l'application du protocole financier apparaissent trop
concentrées sur les grandes opérations et les grandes
entreprises. Les PME n'ont guère bénéficié du
protocole et il faut donc veiller à ce que ces entreprises puissent
bénéficier de cette aide efficace.
Il ne s'agit nullement de contester le bien-fondé des projets retenus
qui sont particulièrement utiles. Il s'agit seulement de remarquer que
nos entreprises de taille mondiale pourraient, en raison du caractère
indispensable de ces projets, soumissionner aux appels d'offre financés
par les bailleurs de fonds multilatéraux (Banque mondiale, Banque
asiatique de développement) où leur savoir-faire
internationalement reconnu leur assurerait des chances raisonnables de
l'emporter. En cas de succès, les crédits réservés
dans le cadre du protocole seraient alors disponibles pour financer des actions
de moindre envergure qui pourraient être portées par nos PME.
Ces deux formes de soutien à la pénétration du
marché doivent être complémentaires et non pas exclusives
l'une de l'autre. Une stratégie plus favorable aux PME permettrait de
renforcer la présence économique française.
b) En développant les partenariats avec des entreprises indonésiennes
Pour une entreprise, il existe deux façons de
s'implanter sur le marché indonésien : soit le recours à
un agent, soit la création d'une "joint venture" avec une entreprise
locale.
Le recours à un agent constitue la forme la moins onéreuse
d'implantation. L'agent importe les produits de son mandataire, les
commercialise, répond aux appels d'offre, signe les contrats de vente et
peut, le cas échéant, se charger du service après-vente.
En bref, avec un soutien technique en moyens promotionnels, il assure les
fonctions d'intermédiaire qu'une société
étrangère ne saurait assurer elle-même en raison de son
éloignement.
Ce choix peut être justifié pour une première approche du
marché mais il n'est pas de nature à assurer un enracinement
durable : les produits ou services rendus de cette manière se
trouvent facilement concurrencés par ceux, de même nature,
commercialisés par une entreprise implantée sur place.
C'est pourquoi, la recherche d'une association avec une société
indonésienne en vue de réaliser sur place une partie des
productions qu'il s'agit d'exporter apparaît la plus porteuse d'avenir.
La réforme des règles relatives à l'investissement
étranger, opérée il y a deux ans, tend à faciliter
des opérations de ce type.
Leur intérêt n'est nullement limité aux seules grandes
entreprises. L'exemple de la société Trophy, PME française
qui fabrique des appareils de radiographie et dont votre rapporteur a eu
l'occasion de visiter l'usine installée dans l'une des zones
industrielles du grand Jakarta, est de ce point de vue probant. Ses
exportations vers l'ensemble de l'Asie et son chiffre d'affaires global se sont
accrus dans des proportions très significatives depuis qu'elle a
créé une chaîne de fabrication en Indonésie en
partenariat avec un grand groupe local.