Rapport n° 318 : Mission d'information au Bruneï et en Indonésie
M. Jacques CHAUMONT, Sénateur
Rapport d'information n° 318 - 1996/1997 - Commission des Finances
Table des matières
-
INTRODUCTION
-
I. DES ATOUTS IMPORTANTS MAIS CONTRASTÉS
-
A. LA SITUATION POLITIQUE
- 1. Une diversité, source de dynamisme mais aussi de complexité
- 2. Une stabilité politique soumise prochainement à des échéances majeures
- 3. Une affirmation croissante sur la scène régionale et internationale 77 Pour plus de précisions sur ce point, voir annexe 4 : "L'Indonésie et son insertion internationale : du régionalisme au mondialisme"
- B. LE CONTEXTE ECONOMIQUE
-
A. LA SITUATION POLITIQUE
-
II. CONFORTER L'ACTION MULTIFORME DE LA FRANCE POUR ASSURER NOTRE PRÉSENCE
DANS LA ZONE ÉMERGENTE DE L'ÉCONOMIE MONDIALE
- A. LA FRANCE CONSACRE DES MOYENS PUBLICS IMPORTANTS À L'INDONÉSIE
- B. DES POSITIONS ÉCONOMIQUES QUI DOIVENT ÊTRE AMÉLIORÉES
- C. LE RENFORCEMENT DE LA PLACE DE LA FRANCE SUPPOSE UNE ACCENTUATION DES EFFORTS ENTREPRIS
-
I. DES ATOUTS IMPORTANTS MAIS CONTRASTÉS
- CONCLUSION
- ANNEXES
N° 318
SÉNAT
PREMIERE SESSION ORDINAIRE DE 1996-1997
Annexe auprocès-verbal de la séance du 22 avril 1997.
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur la mission d'information effectuée au Bruneï et en Indonésie, du 23 au 30 mars 1996
Par M. Jacques CHAUMONT
sénateur
(1) Cette commission est composée de
: MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Jean-Pierre Masseret, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe
Marini,
vice-présidents
; Emmanuel Hamel, René
Régnault, Alain Richard ; François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon Collin,
Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel
Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann, Michel Sergent,
Henri Torre, René Trégouët.
Indonésie -
Bruneï -
Rapports d'information.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Premier pays musulman de la planète, troisième puissance
démographique d'Asie après la Chine et l'Inde, l'Indonésie
cumule les records mondiaux en termes de ressources naturelles. Après
avoir longtemps bénéficié d'une véritable rente
pétrolière dont les rentes lui assurent la
treizième position au soin de l'OPEP, elle est aujourd'hui premier
exportateur de gaz naturel, 2ème extracteur d'or et d'étain,
deuxième producteur de caoutchouc naturel et d'huile de palme,
troisième récoltant pour le riz et le café,
quatrième pour le cacao et le thé. Elle contrôle un espace
maritime de 7,9 millions de km
2
- un des plus importants du globe -
et sa forêt est la troisième forêt tropicale du monde.
Résolument engagé à partir de 1983 dans la voie de
l'industrialisation, le pays connait depuis 1989 des taux de croissance moyens
supérieurs à 8 % et est devenu l'an dernier une des
premières destinations de l'investissement international. Selon
certaines projections économétriques, il devrait entrer dans les
rangs des nouveaux pays industriels en l'an 2000, pourrait faire partie des
sept pays les plus industrialisés en 2010 et être la
cinquième puissance économique mondiale en 2020.
Il n'est donc pas surprenant, au vu de tels éléments, que
d'aucuns fassent de l'Indonésie le premier dragon musulman du monde.
Cependant, en dépit et parfois à cause de ses brillants
résultats actuels, l'économie indonésienne connait
certaines difficultés conjoncturelles et des handicaps structurels qui
amènent à nuancer ses atouts. Surtout, le pays traverse une phase
délicate de sa vie politique : la question de la succession du
Président Surharto, l'homme qui a fondé le régime en
place, tend à se poser avec une acuité croissante.
L'avenir de l'Indonésie apparaît donc à la fois
extrêmement prometteur et relativement fragile.
Ce sont de tels éléments et le fait que les actions de
coopération avec l'Indonésie comptent actuellement parmi les plus
importantes menées par le Gouvernement français, qui ont conduit
votre rapporteur à juger utile d'effectuer une mission d'information
dans ce pays. Cette démarche s'inscrit d'ailleurs logiquement dans le
cadre du vaste programme d'investigation qu'il a entrepris depuis deux ans en
Asie du sud-est, en sa double qualité de rapporteur spécial du
budget des affaires étrangères et de représentant du
Sénat au sein du conseil de surveillance de la Caisse française
de développement.
L'objet de cette mission qui s'est déroulée du 22 au 30 mars
1996 était double. Il s'agissait, d'une part, de mieux cerner les atouts
et les handicaps de l'Indonésie dans le contexte de mutation
accélérée que connaît le continent asiatique et,
d'autre part, d'évaluer, sur pièces et sur place, les
modalités et l'impact des diverses formes de coopération que la
France entretient avec ce partenaire privilégié.
Ladite mission a conduit votre rapporteur à faire une brève
étape à Bruneï, le sultanat pétrolier de l'île
de Bornéo, où les similitudes et les différences existant
entre ce pays et l'Indonésie lui ont permis de mieux percevoir la
spécificité de cette dernière.
I. DES ATOUTS IMPORTANTS MAIS CONTRASTÉS
L'Indonésie dispose d'atouts indéniables mais son immense potentiel économique comporte quelques faiblesses dont la connaissance est nécessaire.
A. LA SITUATION POLITIQUE
Avec
1,9 million de km²
, le territoire
indonésien représente plus de la moitié de la superficie
totale des pays de l'ASEAN (Association des Nations du Sud-Est asiatique) mais
il est fragmenté en quelques 13.000 îles
1(
*
)
.
Ces deux chiffres résument l'image que l'Indonésie donne le plus
souvent d'elle-même : celle d'un
"géant en
pointillés"
.
1. Une diversité, source de dynamisme mais aussi de complexité
Que l'Indonésie soit "une terre de contrastes",
bien
peu sauraient en douter. Si cette formule galvaudée peut encore
conserver de la pertinence, c'est bien quand elle s'applique à ce
gigantesque cordon d'îles qui, commençant par côtoyer les
rivages occidentaux de la Thaïlande, s'étend sur près du
tiers de l'océan Pacifique jusqu'à la hauteur des côtes
septentrionales de l'Australie orientale.
La diversité indonésienne est une évidence qui s'impose
à tous ceux qui abordent ce pays. Elle est le fruit de la
géographie et de l'histoire. Elle constitue une richesse car la
conjonction au sein d'une même communauté humaine d'apports
différents est un capital inestimable, dès lors que ces apports
sont harmonisés et canalisés. Cependant une telle
variété d'îles et de traditions aussi récemment
rassemblées -à peine cinquante ans- en une seule Nation jaillie
du cadre de l'Ancien Empire hollandais peut favoriser le développement
de ferments de dispersion préjudiciables à l'unité de
l'ensemble et à son dynamisme.
a) La bigarrure géographique
L'archipel
indonésien est
le plus vaste de la
planète
. Il s'étend sur 5.000 km d'est en ouest et sur
environ 2.000 km du nord au sud.
Lors de l'entretien que votre rapporteur a eu avec lui, le Docteur Bacharuddin
Jussuf Habibie, ministre d'Etat à la recherche et à la
technologie, s'est plu à démontrer sur une mappemonde que cet
immense chapelet d'îles couvrait l'espace qui sépare Brest de
Bakou et Amsterdam de Naples et qu'il avait une largeur supérieure
à celle des Etats-Unis.
Cette comparaison permet de mieux saisir son
importance
géostratégique
: au coeur de l'Océan Indien,
l'Indonésie est un trait d'union entre l'Extrême-Orient et le
Moyen-Orient. Elle contrôle trois détroits permettant de passer de
l'Océan Indien à la mer de Chine et au Pacifique (détroits
de Malacca, Karimata et Macassar).
L'étendue du pays contribue à sa variété physique.
Bien que les conditions climatiques soient assez homogènes
2(
*
)
et que, à l'exception de Kalimantan
(Bornéo) et de l'Irian Jaya (Nouvelle-Guinée), les volcans
forment presque partout la toile de fond des paysages, les contrastes sont
d'importance entre les baies profondes du Sulawesi (Célèbes), les
vallées forestières quasi impénétrables de l'Irian
Jaya et la jungle urbaine de Jakarta.
Tout comme les sites, le peuplement est d'une grande
hétérogénéité.
b) La mosaïque humaine
Forte d'une population de plus de 190 millions
d'habitants -la quatrième du monde-, l'Indonésie compte quelques
360 groupes ethniques. La diversité du peuplement doit toutefois
être nuancée par l'importance du groupe javanais (45 % de la
population). Par ailleurs, les effets de cette pluralité -ainsi
d'ailleurs que ceux du morcellement archipelagique- se trouvent
atténués par le fait que près des deux tiers de la
population et six des dix villes les plus importantes du pays sont
concentrés sur la seule île de Java, c'est-à-dire sur
1/15è du territoire. Facteur indéniable de
déséquilibres, cette dernière situation -qui est pour
l'essentiel le résultat de la politique menée
délibérément par l'ancien colonisateur- est aussi par
certains aspects un puissant élément fédérateur.
Il n'en demeure pas moins que la "mosaïque ethnique" de l'Indonésie
s'est révélée dans le passé la source de tensions
sociales parfois violentes. Celles-ci se sont tout particulièrement
exercées à l'encontre de la minorité chinoise qui occupe
une place à part en raison de sa prépondérance
économique. Ainsi, J. Chailley-Bert, dans l'ouvrage consacré
à "
Java et ses habitants
" qu'il a publié en 1900,
décrit l'âpreté au travail et l'importance du rôle
économique de cette catégorie de la population en des termes qui
n'ont pas toujours perdu de leur actualité. Il témoigne aussi des
réactions peu amènes que la réussite de ses membres
pouvait entraîner au sein des communautés autochtones et ce
témoignage rappelle que derrière une tradition de consensus le
pays peut être une terre de violences extrêmes.
Encore durement frappée en 1965-66, la minorité chinoise n'a,
depuis cette date, été que très rarement et à une
faible échelle l'exutoire des frustrations.
Aujourd'hui, on estime habituellement que les
Chinois d'Indonésie
qui représentent environ
à 4 % de la population
,
détiennent
près des trois quarts de la richesse nationale.
c) La richesse culturelle et religieuse
Presque chacune des îles de l'Indonésie
possède son histoire et ses traditions propres. Les destinées de
plusieurs d'entre elles se sont entrecroisées dans le passé et
beaucoup ont connu avec une certaine synchronicité les grands mouvements
de civilisation qui ont successivement imprimé leur empreinte dans la
région : l'hindouisme, le bouddhisme, l'Islam, la colonisation
hollandaise... Mais, l'histoire collective de l'archipel ne commence vraiment
qu'avec l'indépendance arrachée au colonisateur hollandais en
1949, au terme d'une guerre de libération qui aura duré quatre
ans.
On trouve un reflet de ce passé fragmenté dans le domaine
linguistique. Quelque
300 langues et dialectes
sont couramment
parlés en Indonésie. La langue commune, le "bahasa indonesa"
proche du malais et dont la pratique est désormais
généralisée, n'a été imposée que
depuis l'indépendance.
La religion est le dernier élément majeur de la diversité
indonésienne. L'Indonésie est le plus grand pays musulman du
monde par le nombre de pratiquants. Cependant, si 88 % des habitants
embrassent la foi mahométane, l'Islam n'est pas une religion d'Etat et
le pays compte 9 % de chrétiens, principalement protestants, mais
aussi des hindouistes (2 %) qui composent la grande majorité de la
population de Bali, ainsi que des bouddhistes qui sont en grand nombre dans la
communauté d'origine chinoise.
Dans ce contexte, ce n'est pas la mosquée mais l'armée qui est le
creuset de l'identité nationale et c'est l'Etat qui est le garant de
l'unité du pays.
2. Une stabilité politique soumise prochainement à des échéances majeures
Aujourd'hui, la nation indonésienne s'incarne dans un homme, le Président Suharto, et vit sous le régime qu'il a lui-même fortement contribué à instituer après l'éviction du Président Soekarno et la tentative de coup d'Etat de 1965, attribuée aux communistes. Agé de 75 ans, le Président Suharto doit achever son sixième mandat en 1998. La question de sa succession tend donc à se poser avec une acuité croissante et à créer une relative incertitude sur l'évolution à moyen terme du pays.
a) Les fondements clefs d'un régime trentenaire
Javanais d'origine, issu d'une modeste famille
villageoise des environs de Yogjakarta, le
Président Suharto
a
fait une rapide carrière militaire au service des Hollandais, des
Japonais, puis de la révolution nationaliste. Projeté sur le
devant de la scène politique en 1965, il a pris le pouvoir avec une
grande fermeté -en n'hésitant pas à ordonner une sanglante
répression contre le parti communiste indonésien- mais aussi avec
beaucoup de patience et de prudence, mettant quatre ans pour écarter
Soekarno et contrôler tous les rouages de l'Etat.
Disposant de larges prérogatives d'exception datant de l'état
d'urgence décrété en 1965, il a établi un mode de
gouvernement "à la javanaise" d'où le népotisme n'est pas
absent mais où, de l'avis de la plupart des observateurs, prévaut
la recherche de la synthèse entre des opinions ou des
intérêts opposés et où les décisions sont
arrêtées après un long processus de maturation et de
discussion.
Autodidacte nationaliste, il a résolument engagé son pays dans la
voie du développement économique en sachant choisir des ministres
compétents, en décidant de faire appel aux experts de la Banque
mondiale et du FMI, en recourant aux services de jeunes économistes
indonésiens formés dans les meilleures universités
américaines et dont les plans quinquennaux, mis en oeuvre depuis 1969,
ont assuré une considérable élévation du niveau de
vie. Le revenu moyen par habitant est passé de 80 dollars en 1971
à près de 1.000 dollars. L'espérance de vie a
été portée de 44 ans en 1965 à 62 ans en
1995.
Au total, le régime présidentiel autoritaire -dit de l'Ordre
nouveau- qu'a institué Suharto est un des plus stables d'Asie et sa
légitimité semble continuer à ne guère être
remise en cause par la majorité des Indonésiens.
Outre la personnalité du Président, ce régime repose sur
deux piliers fondamentaux : l'armée et une philosophie unitaire de
l'Etat, le "Pancasila".
L'armée
joue en Indonésie un rôle majeur qui
ne se limite nullement aux fonctions militaires.
Composée de professionnels mais de large assise populaire, modèle
d'expression laïque de l'idée nationale, chargée de la
sécurité extérieure et intérieure, assurant de
nombreuses fonctions sociales, elle jouit, depuis la guerre
d'indépendance, d'un grand prestige et offre des carrières
attractives. De nombreux jeunes sont, de ce fait, désireux de s'y
enrôler. Elle dispose ainsi des moyens de mener une politique
sélective de recrutement qui lui permet de s'attacher les meilleurs
éléments d'une génération et tend à
conforter son image et ses positions.
Cette armée a été la principale bénéficiaire
des confiscations d'avoirs néerlandais et d'avoirs britanniques qui ont
été réalisées après l'indépendance
pour les premières et lors de la campagne de confrontation avec la
Malaisie pour les secondes. Gérant entre autres des plantations, des
mines et des banques, elle détient d'importantes responsabilités
économiques.
Le Président Soekarno avait été amené à lui
reconnaître un pouvoir politique pour obtenir son soutien dans la mise
à l'écart des partis pendant la période dite de
"démocratie dirigée" qu'a connue le pays de 1957 à 1965.
Les événements ayant suivi le coup d'Etat avorté de 1965
et la nomination du général Suharto à la présidence
de la République ont conduit à un considérable
élargissement de ce pouvoir.
Ainsi, en 1981, la plupart des postes de fonctionnaires au sein des
ministères étaient occupés par des militaires : 89 %
au ministère de l'Intérieur, 57 % au ministère de
l'Information, à peu près autant au ministère des Affaires
sociales, des Communications, des Affaires religieuses, 50 % à la
Justice, aux Affaires étrangères, au ministère du Travail,
de la Transmigration ; 21 gouverneurs de province sur 27, 16 des
18 secrétaires généraux, 11 des 17 inspecteurs
généraux, 25 des 71 directeurs
généraux
3(
*
)
.
Actuellement, les forces armées continuent de veiller de près
à l'exécution des décisions gouvernementales mais leur
représentation au sein de l'administration a diminué en raison
d'une politique visant à favoriser le recours à des technocrates
civils. Leur influence économique s'est également quelque peu
érodée sous l'effet de la montée en puissance des
conglomérats privés sino-indonésiens. De même, leur
prestige s'est sans doute affaibli car elles n'ont pas échappé
à l'affairisme.
Le commandement militaire
n'en demeure pas moins un acteur clef de
l'avenir indonésien et une force politique de premier plan
.
Le
"Pancasila"
, philosophie unitaire de l'Etat
indonésien,
repose sur cinq principes : nationalisme, humanitarisme, démocratie
consensuelle, justice sociale et croyance en un seul dieu.
Ces principes qui traduisent les nécessités de l'équilibre
politique qu'impose la devise nationale (l'unité dans la
diversité) font du premier pays musulman du monde un Etat
séculier où toutes les grandes religions sont reconnues au
même titre que l'Islam.
Parallèlement à l'affirmation de cette doctrine, le
Président Suharto s'est attaché à assurer le respect des
formes constitutionnelles en organisant des
consultations électorales
à intervalle régulier
. Ainsi, tous les cinq ans, sont
élus, à la proportionnelle sur des listes bloquées pouvant
être présentées seulement par les trois partis
autorisés
4(
*
)
, 400 des 500 membres de
la chambre des représentants, les 100 autres étant des
militaires nommés par le Président de la République.
Ce sont les membres de la chambre des représentants et les
500 personnalités désignées par le Président
de la République pour représenter les collectivités
territoriales et les organisations socio-professionnelles qui composent
l'Assemblée consultative du peuple. Cette dernière se
réunit tous les cinq ans pour débattre du projet de plan
quinquennal et élire le Président.
b) Un équilibre maintenu en dépit des troubles séparatistes
En trois endroits de l'archipel, l'Etat se trouve
confronté à l'expression de revendications
indépendantistes : à Aceh, en Irian Jaya et au Timor oriental.
A Aceh
, la partie nord de Sumatra où au cours des
siècles la tutelle du pouvoir central a toujours été
difficilement accepté, sévit une rébellion musulmane
intégriste qui a été brutalement réprimée en
1990.
En Irian Jaya
(Nouvelle-Guinée occidentale), à
l'autre extrémité du territoire indonésien, le mouvement
de libération papou (OPM) -apparemment faiblement armé- continue
à s'opposer à l'intégration décidée en 1969,
à la suite d'un référendum d'autodétermination
reconnu par l'ONU mais apparu douteux à certains. Ce mouvement a
été durement réprimé. Il paraît aujourd'hui
isolé dans sa lutte car la Papouasie -Nouvelle-Guinée où
ses membres trouvaient refuge a signé, en novembre 1993, une
série d'accords bilatéraux avec Jakarta.
Au
Timor oriental
, devenu 27ème province de
l'Indonésie en 1976, la situation apparaît préoccupante
pour Jakarta. Elle est aussi assez complexe au plan du droit car les Nations
Unies continuent à considérer cette partie de l'une des
îles de la Sonde comme un territoire dont le Portugal est la puissance
administrative et qui reste à décoloniser.
Ancienne colonie portugaise, la partie orientale de l'île de Timor s'est
vue proposer par Lisbonne la décolonisation en 1974. Mais, dans une
situation confuse, l'un des groupes politique timorais, le FRETILIN (front
révolutionnaire pour un Timor-Est indépendant) a
déclaré unilatéralement l'indépendance (28 novembre
1975). Moins de deux semaines plus tard, le 7 décembre, sous
prétexte des tendances marxistes du FRETILIN, les troupes
indonésiennes ont pénétré au Timor oriental. Dans
les huit jours qui ont suivi, le Conseil de Sécurité de l'ONU a
adopté, à l'unanimité, une résolution invitant
l'Indonésie à se retirer.
Cependant, après une déclaration de l'Assemblée populaire
locale -dont les membres avaient été désignés par
le gouvernement- Jakarta décrétait, le 17 juillet 1976,
l'intégration de Timor, la "27 ème province".
De 1975 à 1982, la question de Timor a été examinée
par l'Assemblée générale de l'ONU au titre des territoires
à décoloniser. Depuis 1982, il n'y a plus de majorité
à l'Assemblée pour inscrire cette question sur l'agenda du
comité de décolonisation.
Il convient de relever que l'annexion a été avalisée par
la plupart des pays de la région. L'Union européenne ne l'a,
elle, jamais reconnue. Le Portugal a rompu ses relations diplomatiques avec
Jakarta en 1975 mais a engagé depuis 1984, sous l'égide du
Secrétaire général de l'ONU, des négociations
bilatérales avec l'Indonésie sur la situation de Timor.
Les violences perpétrées lors de l'annexion du
territoire
5(
*
)
puis à Dili en 1991 ont
créé parmi la population timoraise de profonds ressentiments qui
ne semblent nullement en voie d'apaisement. Des incidents, dont certains
entraînent mort d'hommes, continuent à se produire chaque
année. Ils concourent à conforter la thèse de ceux qui
affirment que, dans leur majorité, les Timorais refusent toujours le
fait accompli et résistent aux pressions du pouvoir indonésien.
Ces situations tendues -et tout particulièrement celle de
Timor-Est- gênent indéniablement l'Indonésie au plan
diplomatique.
Cependant, elles ne semblent pas de nature à ébranler
l'unité et la stabilité politique du pays. Les conflits qu'ont
suscité les mouvements indépendantistes sont demeurés
géographiquement cantonnés et n'ont pas troublé la vie de
l'immense majorité des Indonésiens. Les interventions militaires
auxquelles ils ont donné lieu ne paraissent pas avoir soulevé la
moindre réticence au sein de l'armée. Enfin, les risques de
débordement sur les terrains d'opération semblent improbables
tant, à en croire les informations disponibles, les forces en
présence sont disproportionnées.
Les possibilités d'agitation ponctuelles pouvant résulter d'un
tel contexte ne sont certes pas négligeables mais, en définitive,
la plus grande incertitude pesant sur l'avenir du pays se révèle
celle relative à la succession de l'actuel Président de la
République.
c) Une fragilisation liée aux perspectives de succession
Le Président Suharto, dont l'autorité
n'est pas sérieusement contestée, devrait se présenter
à un septième mandat et être réélu en 1998.
Cependant, force est de constater que, quoique le régime n'en paraisse
pas menacé, l'Indonésie traverse actuellement une phase
délicate de sa vie politique. Trois facteurs semblent expliquer les
tensions actuellement perceptibles :
L'émergence d'une classe moyenne issue du décollage
économique, qui aspire à être associée aux
décisions et tend à exprimer ses frustrations. Son influence
grandissante a favorisé le développement d'un petit nombre
d'associations intellectuelles, religieuses ou syndicales non reconnues mais
tolérées. Il en résulte une montée en puissance des
critiques, notamment la dénonciation de la corruption et de l'affairisme.
Une certaine tension entre le Président et l'armée qui se
fonde sur le refus de celle-ci de voir la religion prendre une place majeure
dans les affaires intérieures, alors que le renforcement du poids des
civils musulmans lors du dernier remaniement gouvernemental semble participer
du souci du Président
6(
*
)
de conforter son
assise populaire face aux militaires.
Les craintes que peuvent inspirer aux minorités religieuses ainsi
qu'aux familles contrôlant les grands groupes économiques
certaines tendances à l'accentuation de l'islamisation de la
société, lesdites tendances étant alimentées par le
désarroi que créent le creusement des injustices sociales et,
d'une manière plus générale, les changements qu'impulse la
croissance économique.
L'intensification des luttes d'influence que suscite la préparation de
la succession de Suharto attise d'autant plus ces tensions que
l'autorité morale du Président s'est érodée au fil
du temps et des scandales financiers ayant mis en cause les membres de sa
famille.
En outre, celui-ci apparaît préoccupé d'assurer un avenir
sécurisé à ses enfants. Ceux-ci ayant profité de
leur position pour développer -parfois à l'abri de monopoles- de
véritables empires dans le monde des affaires, cet élément
n'est pas sans retombées politique et économique.
C'est dans ce contexte qu'il faut situer les émeutes qui se sont
produites à Jakarta, le 28 juillet dernier, et qui ont fait
4 morts ainsi que plusieurs dizaines de blessés et de disparus.
Ces événements ont été déclenchés par
la prise de contrôle, soutenue par l'armée, du siège du
PDI, un des deux partis minoritaires, par les partisans de son nouveau
président. Celui-ci avait été désigné par
les autorités à la veille de la campagne précédant
les élections générales de juin 1997 pour remplacer la
présidente en titre du PDI, Mme Megawi Soekarno Putri, fille
aînée de l'ancien président Soekarno.
Les troubles que cette opération a engendrés, les plus graves
depuis vingt ans, ont été durement et rapidement
maîtrisés par l'armée et ne semblent avoir eu que de
très faibles répercussions en province.
D'aucuns y ont vu la preuve que le pouvoir en place contrôlait
totalement la situation et que la stabilité du pays n'était pas
menacée à court terme. D'autres y ont distingué la trace
de ses difficultés à répondre à l'insatisfaction
montante et se sont interrogés sur les effets à long terme d'une
politique répressive.
Il semble clair qu'à terme relativement proche, l'Indonésie ne
saurait, sans risques, faire l'impasse sur des réformes auxquelles
aspirent une fraction croissante et de plus en plus influente de la population.
Mais la plupart des observateurs sont persuadés que tous les principaux
acteurs du jeu politique indonésien -à savoir la
Présidence, l'armée, les organisations musulmanes et les grands
groupes économiques contrôlés par la minorité
chinoise- souhaitent prioritairement assurer la poursuite de la croissance et
la confiance des investisseurs étrangers, garantes d'un avenir meilleur
pour le pays.
Votre rapporteur estime en conséquence que, sauf ralentissement brutal
et prolongé de la croissance de nature à aviver les
contestations, pourront être dégagés, le moment venu, des
compromis à même de permettre une transition graduelle qui
ménagerait les équilibres existants. A défaut, les
évolutions pourraient être heurtées et les questions que la
communauté internationale s'autorise à se poser dans le domaine
des droits de l'Homme pourraient devenir plus pressantes et affecter l'image de
l'Indonésie.
De ce dernier point de vue, si les mouvements indépendantistes oeuvrant
dans certaines régions de l'archipel ne semblent pas de nature à
ébranler l'assise du pays, ils peuvent contrarier son affirmation sur la
scène mondiale.
3. Une affirmation croissante sur la scène régionale et internationale 7( * )
Faire entendre davantage la voix de l'Indonésie dans l'enceinte internationale, était l'une des ambitions du Président Suharto. Nul ne saurait nier aujourd'hui qu'elle a été, dans une grande mesure, réalisée. Son pays a assumé la Présidence du Mouvement des Non-Alignés de 1992 à 1995 ; il a détenu celle de l'APEC 8( * ) en 1994 ; il a occupé un siège de membre non permanent au Conseil de Sécurité durant la période 1994-96. Cependant, les efforts déployés par Jakarta pour s'affirmer davantage sur ce plan se trouvent quelque peu minés par les questions relatives aux droits de l'Homme.
a) Un acteur influent dans la région
Puissance à la fois de l'Asie et du Pacifique par sa
position stratégique, membre de l'ASEAN
9(
*
)
et de
l'APEC, l'Indonésie est active sur la
scène régionale où sa situation, sa taille et son poids
démographique la placent aux premiers rangs.
L'ASEAN, dont elle abrite le siège et qu'elle a présidée
d'août 95 à août 96, constitue pour elle un instrument
d'influence privilégiée. Ainsi, lors de sa présidence,
Jakarta a considérablement aidé la Birmanie à se
réinsérer dans la région en obtenant son admission au
statut d'observateur de l'ASEAN. Ce cadre lui a également permis de
mettre en valeur ses talents de médiateur, notamment dans le conflit
opposant le gouvernement philippin
10(
*
)
à
des rebelles musulmans et qui a trouvé une solution grâce à
son entremise.
Ses prises de position en faveur de l'intégration à terme de
l'ensemble des pays de la péninsule indochinoise dans l'ASEAN sont
appréciées dans les capitales concernées. Elles ont
conforté une stature régionale qui a été tout
particulièrement affirmée dans le contexte de la
conférence de Paris sur le Cambodge, qu'elle co-présidait avec la
France.
L'APEC est, elle aussi, une tribune assurant dans la zone un large
retentissement des initiatives ou des concepts indonésiens. En novembre
1994, le sommet de Bogor, au cours duquel le Président Suharto s'est
fait l'avocat du libéralisme et de la déréglementation, a
constitué un point fort de la diplomatie du pays.
Ceci n'empêche pas que les relations de l'Indonésie avec les deux
grandes puissances régionales, membres de l'APEC, la Chine et le Japon,
demeurent teintées de réserves, voire de méfiance,
même si les relations diplomatiques avec la Chine ont été
rétablies en 1990 et même si le Japon
11(
*
)
est
le premier donneur d'aide et le premier
partenaire économique de Jakarta.
b) Un membre actif du Mouvement des Non-Alignés
Bien des indices le prouvent : l'Indonésie souhaite
s'affirmer comme l'un des chefs de file du Tiers Monde.
Elle a voulu mettre à profit sa présidence du Mouvement des
Non-Alignés (1992-1995) pour relancer le dialogue Nord-Sud, notamment
sur les questions économiques et de développement et sensibiliser
les pays riches à l'intérêt de leur contribution au
développement d'une coopération Nord-Sud.
Elle a pris plusieurs initiatives en ce sens : demande d'invitation au sommet
du G7 à Tokyo en tant que Président des Non-Alignés,
proposition de diminution de 70 % des dettes accumulées par les pays les
moins avancés... Ses tentatives n'ont toutefois guère
été couronnées de succès.
c) Des handicaps découlant des questions relatives aux droits de l'homme
En dépit de son statut de pays non aligné,
l'Indonésie est favorable au maintien d'une importante présence
militaire américaine en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique,
vraisemblablement en raison du frein aux ambitions des grandes puissances
régionales qu'une telle présence paraît garantir
implicitement. Les relations entre les deux pays n'en demeurent pas moins
délicates, en grande partie à cause de la politique de Washington
en matière de droits de l'Homme. Les violations dénoncées
par les Etats-Unis en Aceh, en Irian Jaya et surtout au Timor oriental sont
pour beaucoup à l'origine de ces difficultés. L'interdiction, en
1994, des trois hebdomadaires les plus lus en Indonésie et
l'arrestation, la même année, du principal dirigeant d'un syndicat
libre pèsent également sur les relations.
La question des droits de l'Homme perturbe aussi les relations avec les pays de
l'Union Européenne, malgré leur place de deuxième donateur
d'aide et de deuxième partenaire commercial. A cause de l'affaire de
Timor, le Portugal a bloqué la signature par les Quinze d'un accord que
les pays de l'ASEAN souhaitaient conclure.
Le souci de préserver l'image internationale du pays a
entraîné, sous la pression du Ministère des Affaires
étrangères, quelques évolutions positives sur le dossier
timorais : retrait du commandement militaire spécial, ouverture du
territoire aux organisations non gouvernementales, accès des
journalistes étrangers à Timor-Est lors du sommet de l'APEC
à Bogor. Cependant, l'élection de Mgr Belo et surtout de Ramos
Horta, deux Timorais critiquant la politique de Jakarta, comme prix Nobel de la
Paix a replacé la résistance timoraise sous les feux de
l'actualité. Dans ce contexte nouveau, toute mesure qui ne serait pas
acceptable internationalement ne pourrait que gêner davantage les
relations de l'Indonésie avec les pays occidentaux.
B. LE CONTEXTE ECONOMIQUE
Dotée d'un sol fertile, d'un sous-sol riche en
hydrocarbure et en minerais, contrôlant une zone maritime qui compte
parmi les plus vastes et les plus facilement exploitables de la planète,
l'Indonésie ne peut être inscrite sur la liste des pays
défavorisés par la géologie.
Habilement mis en valeur, ces avantages naturels ont, tout comme son
élan démographique, permis à l'archipel d'obtenir
d'appréciables résultats économiques et lui ouvrent des
perspectives non moins flatteuses.
Les actuelles tensions conjoncturelles, une certaine faiblesse du
système financier, le retard de développement des infrastructures
publiques et des pratiques administratives contestables constituent autant de
faiblesses dont la correction est une condition de la réalisation des
ambitions poursuivies.
1. D'immenses ressources naturelles
Il ne relève pas du cadre du présent rapport de
se livrer à un inventaire exhaustif des richesses de l'Indonésie.
Néanmoins, il ne saurait passer sous silence, ni son potentiel
agricole
12(
*
)
, ni son capital minier.
Pour ce faire, le rappel de quelques chiffres déjà cités
en introduction est indispensable. Au plan mondial, l'Indonésie est le
3e producteur de riz et de café, le 2e producteur de caoutchouc naturel
et d'huile de palme ; elle se classe au 4e rang pour la production de cacao et
de thé. Elle dispose de réserves de cuivre, de manganèse,
d'uranium et de phosphate ; les quantités d'or et d'étain
extraites chaque année de son territoire sont les deuxièmes du
monde par l'importance.
La sécheresse statistique de cette énumération ne peut
toutefois donner qu'une image approximative des atouts naturels du pays. C'est
pourquoi, il est proposé de la compléter par la projection d'un
éclairage particulier sur trois secteurs : la forêt, le
pétrole et le gaz naturel, la zone maritime.
a) La troisième forêt tropicale du monde
La forêt indonésienne s'étend sur
74 % de la surface du pays. Forêt naturelle et immense - selon
la FAO, elle représente 109 millions d'hectares -, elle a
justifié la création d'un ministère spécifique
chargé de contrôler l'exploitation de cette ressource, très
importante pour l'économie du pays.
La filière bois compte pour 3 % du produit national brut
indonésien et mobilise 2,5 millions d'emplois directs auxquels il
convient d'ajouter 1,2 million d'emplois liés aux industries d'aval
comme la construction et l'ameublement.
L'exploitation de la forêt indonésienne est porteuse d'enjeux
importants. Les produits forestiers sont, après le pétrole et ses
dérivés, les plus importants contributeurs à
l'excédent extérieur indonésien :
les exportations
sont, dans ce domaine, supérieurs de près de 45 fois aux
importations
. Globalement essentielle au pays, l'exploitation
forestière représente, dans certaines régions, la seule
activité économique. Au-delà, la forêt
indonésienne est un enjeu écologique pour le monde entier. Elle
est la
troisième forêt tropicale du monde
après
celles du Brésil et du Zaïre et représente 50 % des
forêts tropicales du sud-est asiatique et 10 % de l'ensemble des
forêts tropicales terrestres.
Les autorités indonésiennes se sont attachées à
développer les activités forestières les plus riches en
valeur ajoutée, notamment en orientant les investissements en fonction
des besoins.
Les exportations de produits bruts sont volontairement
défavorisées de même que la production
réalisée en dehors des besoins des industries de transformation.
L'acquisition à l'étranger de machines forestières
bénéficie de droits de douane réduits et il faut, à
ce sujet, saluer les performances de Renault qui a su en profiter pour
développer ses exportations de camions.
Les modalités d'exploitation de la forêt indonésienne
favorisent les projets à moyen terme des investisseurs nationaux et
étrangers : elle est propriété de l'Etat, mais
celui-ci consent de façon pragmatique des concessions et des droits
d'exportation dont ont su profiter avec un particulier à-propos les
investisseurs japonais, américains et coréens.
b) Un fort potentiel énergétique
Si ce sont les recettes tirées de l'exploitation
pétrolière qui ont "tiré" le développement
indonésien au cours des années 70 et 80, les ventes de gaz
naturel commencent désormais à en prendre le relais.
Membre de l'OPEP depuis 1982, l'Indonésie figure actuellement au
13e rang des pays producteurs de pétrole. Toutefois, ses
réserves connues ont considérablement diminué au cours de
la décennie écoulée ; elle pourrait devenir importateur
net à l'horizon 2010-2020
13(
*
)
.
La part des recettes pétrolières dans le dernier budget a d'ores
et déjà atteint le niveau le plus bas de tous les pays de l'OPEP.
En revanche, le pays est devenu un grand pays gazier qui se place au premier
rang des exportateurs de gaz naturel et qui pourrait conserver une telle
position s'il réussit à mener à bien l'exploitation
à des coûts raisonnables du champ géant de Natuna - l'un
des plus grands du monde - situé entre la péninsule malaise et
l'île de Bornéo.
Le secteur des hydrocarbures est de la compétence de la
société Pertamina. Il est ouvert aux sociétés
étrangères, comme l'ensemble du domaine minier indonésien,
sous forme de contrats de partage de production.
Total, présent dans le pays depuis 1968, est actuellement le
cinquième producteur d'hydrocarbures de l'Indonésie. La
croissance attendue de la production gazière des gisements sur lesquels
il détient des permis d'extraction pourrait, à terme
rapproché, le faire passer au premier rang.
c) Une zone maritime comptant parmi les plus vastes du globe
Le 14 novembre 1994 est une date digne de considération
dans l'histoire indonésienne. Elle marque en effet l'entrée en
vigueur de la convention maritime ratifiée sous l'autorité de
l'ONU, qui reconnaît la souveraineté de l'Indonésie sur
trois millions de km
2
d'eaux territoriales supplémentaires,
doublés de 3 millions de km
2
de zones économiques
exclusives.
Compte tenu de la faible immersion des fonds marins ainsi attribués,
(moins de 55 mètres en moyenne) et de l'état actuel des
technologies, leur mise en valeur est relativement facile.
Aussi, avec au total 7,9 millions de km
2
sous son contrôle,
l'Indonésie s'apparente-t-elle désormais aux grands
détenteurs d'espaces maritimes, l'Australie, le Brésil, les
Etats-Unis ou la Chine et est-elle un des mieux lotis.
2. Une vitalité démographique, élément de vigueur économique
En dépit d'une politique de planning familial mise en
oeuvre dès 1967 et d'une division par deux du taux de
fécondité au cours des 35 dernières années, la
population indonésienne a doublé durant la même
période et ne devrait pas se stabiliser avant 2035-2050
14(
*
)
.
Elle est la troisième d'Asie derrière celle de la Chine et de
l'Inde. Jeune -un tiers a moins de 15 ans-, bien alphabétisée -le
taux d'analphabétisme est de l'ordre de 15 %-, correctement
scolarisée -100 % dans le primaire ; 38 % dans le secondaire-, elle
constitue une chance pour l'avenir.
a) Un des premiers marchés intérieurs de la planète
Traditionnellement tirée par l'investissement et les
exportations, l'économie indonésienne dispose d'un formidable
"réservoir de croissance" avec un marché intérieur qui
représentera, en l'an 2000, quelque 200 millions de consommateurs
potentiels.
Certes, le revenu moyen est encore relativement bas, le salaire minimum garanti
faible (1,5 dollar par jour) et les écarts de revenus
considérables
15(
*
)
. Mais, d'une part, le
nombre d'habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté a très
fortement diminué depuis 1970. D'autre part, des études
réalisées à Jakarta, en 1992, par la Banque mondiale
mettent en évidence que dans cette ville 15 % des familles
disposent de revenus supérieurs à 5.000 dollars par mois.
C'est pourquoi, même si l'Indonésie n'est pas susceptible d'entrer
dans l'ère de la consommation de masse avant quelques temps,
la
demande intérieure devrait y jouer un rôle de plus en plus
important dans les années à venir
16(
*
)
.
b) Une réserve de main d'oeuvre encore inépuisée
En Malaisie, l'autre pays musulman de la région, on
commence à assister à des phénomènes de
délocalisation d'activité dus, pour l'essentiel, à la
saturation du marché de l'emploi et aux perturbations que cela
entraîne (rotation accélérée des personnels,
tensions sur les salaires...).
Il est peu probable que l'Indonésie se trouve dans une telle situation.
D'abord la situation démographique des deux pays est très
différente : le rapport numérique est de 1 à 20. Ensuite,
la croissance de la population a, jusqu'à présent,
été en permanence plus importante que la croissance d'emplois. De
plus en plus de femmes cherchent par ailleurs à exercer un métier
: le nombre de celles demeurant au foyer a diminué d'un quart entre 1970
et 1990. Enfin, les gains de productivité réalisés dans
certains secteurs d'activité, telle l'agriculture, restent
modérés et leur poursuite aura pour conséquence
d'étendre le marché de la main d'oeuvre disponible.
Au cours de la décennie 1980, ces facteurs structurels ont eu pour effet
que l'augmentation du nombre de demandeurs d'emplois a été,
chaque année, supérieure de 1 % à celle de la population
totale.
Comme il est vraisemblable que de telles tendances perdureront jusqu'à
une date avancée du prochain siècle,
l'Indonésie
devrait conserver longtemps encore l'avantage que lui confère une main
d'oeuvre abondante et bon marché.
3. Des résultats et des perspectives flatteurs
Après avoir reposé sur la rente pétrolière, la politique économique indonésienne s'est infléchie en 1983, à la suite du contre-choc pétrolier. Les réformes structurelles nécessaires à une industrialisation rapide ont été mises en oeuvre avec le recours aux investissements étrangers et une libéralisation progressive des échanges extérieurs. Leurs résultats d'aujourd'hui laissent augurer favorablement de l'avenir.
a) Les choix effectués
Le choix précoce d'une double ouverture, l'ouverture
aux capitaux étrangers et l'ouverture au commerce international, a
indéniablement joué un rôle déterminant dans le
développement économique.
Près du quart des investissements autorisés dans l'archipel de
1967 à 1994 est d'origine étrangère et la part des
exportations dans le produit intérieur brut atteint la même
proportion.
Dans le domaine des
investissements
cette stratégie
a été engagée dès 1967. Elle a été
substantiellement amplifiée en 1994 par un décret
présidentiel qui a supprimé l'obligation de transférer
à terme la majorité des parts du capital à un partenaire
national. Ce décret a, par ailleurs, diminué un certain nombre de
seuils financiers ou d'obligations juridiques à caractère
contraignant.
Ce texte a ouvert à l'investissement international, par le biais de
joint-ventures, des secteurs d'intérêt national tels que
l'électricité, les télécommunications, les
transports maritimes, ferroviaires et aériens, l'approvisionnement en
eau potable et l'énergie nucléaire. Désormais, seuls
demeurent fermés des secteurs comme le commerce de détail et la
restauration. Les activités financières restent, quant à
elles, encadrées.
Ces mesures ont d'ores et déjà assuré à
l'Indonésie de devenir en 1996
l'une des premières
destinations de l'investissement international
17(
*
)
. Elles devraient lui permettre de bien
résister à la concurrence que lui livrent aujourd'hui ses voisins
asiatiques dans le drainage des capitaux.
De fait, l'Indonésie n'est plus le seul pays de sa taille à les
rechercher dans la région. Le Viet-Nam, l'Inde et surtout la Chine se
révèlent des rivaux redoutables au moment où la poursuite
de son développement industriel lui impose des investissements massifs.
Sa politique d'industrialisation qui engendre un besoin permanent
d'équipements, sous-tend également le mouvement d'
abaissement
régulier tant des droits de douane
que des barrières non
tarifaires
qu'elle a entrepris depuis 1985 et dont son ministre de
l'Economie et des Finances a annoncé l'accélération en
1995. L'objectif final qui a ainsi été rendu public est, à
l'horizon 2003, une réduction généralisée des
tarifs douaniers entre 0 et 5 % pour tous les produits en provenance des
autres pays de l'ASEAN, et entre 0 et 10 % pour les importations en
provenance des pays extérieurs à cette zone.
Les résultats de cette volonté d'industrialisation et d'ouverture
sont d'ores et déjà pour le moins encourageants.
b) Les résultats enregistrés
·
Au plan macroéconomique,
la diversification de l'économie indonésienne entreprise il y
a douze ans se révèle un succès. La part de l'industrie
manufacturière dans le PNB est passé de 12 % en 1983 à 23
% en 1994.
Plus globalement, l'archipel connaît des taux de croissance que l'Europe
n'a plus depuis longtemps puisque,
pour la période 1989-1995, la
progression annuelle moyenne du PNB a été supérieure
à 8 %
et qu'elle s'est établie à plus de 6 % pour
l'ensemble de la décennie passée. Depuis 1995, l'Indonésie
est d'ailleurs classée dans le groupe des pays intermédiaires par
la Banque mondiale.
Cette croissance accélérée a creusé des
inégalités sociales parfois criantes, mais elle a aussi permis
une réduction sans précédent de la pauvreté : de 60
%, la fraction de la population en-dessous du seuil de pauvreté est
passée à 15 % en une vingtaine d'années. Ceci constitue un
succès considérable pour un pays qui comptait parmi les plus
pauvres du monde dans les années 60.
Au plan sectoriel
, le volontarisme industriel a conduit,
sous l'impulsion principale du Dr Bacharuddin Jussuf Habibie, ministre d'Etat
à la recherche et à la technologie, à créer une
entreprise nationale de construction aéronautique, l'usine IPTN à
Bandung qui fabrique des appareils légers de 20 à 40 places
(CN 225) ainsi que des hélicoptères sous licence. IPTN
pourrait dans un avenir proche entreprendre la fabrication d'avions de 90
à 150 passagers (CN 250) et accroître ses contrats de
sous-traitance.
Sa réussite apparaît moins flagrante que celle de l'industrie
textile qui, moribonde il y a 20 ans, a exporté en moyenne annuelle pour
quelque 5 milliards de dollars ces derniers temps.
Quoique ne pouvant pas encore élaborer certains produits
intermédiaires, la pétrochimie permet à l'Indonésie
de valoriser ses richesses pétrolières. Par ailleurs, ses usines
sidérurgiques et ses laboratoires chimiques satisfont désormais
à une partie de sa demande intérieure. Il en va de même
pour la fabrication d'automobiles qui demeure toutefois, pour l'essentiel une
activité d'assemblage.
Dans les services, les 4,5 millions de touristes qui ont visité le pays
en 1995 lui ont rapporté 6 milliards de dollars. Ceci conduit les
pouvoirs publics à faire étudier la possibilité
d'aménagement de nouveaux sites touristiques d'une attractivité
équivalente à celle de Bali ou Borobudur.
c) Les perspectives tracées
Selon les prévisions du 6e plan de développement
indonésien, la croissance économique devrait se maintenir
à un rythme supérieur à 7 % par an pour la
période 1994-1999. Les institutions financières internationales
jugent réalistes de tels objectifs.
Aussi, les projections des organismes économiques les plus
sérieux tendent-elles vers les mêmes conclusions : si elle
poursuit sur son élan, l'Indonésie devrait entrer dans les
rangs des nouveaux pays industriels en l'an 2000, devenir membre du groupe
des 7 pays les plus industrialisés en 2010 et la 5ème puissance
économique mondiale en 2020.
Son potentiel est d'autant plus grand qu'elle est remarquablement bien
intégrée à cette région de la planète qui
tire la croissance mondiale vers le haut : l'Asie-Pacifique. Elle y participe,
souvent en jouant un rôle majeur, à toutes les instances de
coopération : APEC et surtout ASEAN/AFTA
18(
*
)
.
La présence accrue de nos entreprises sur le sol indonésien
présente en conséquence, un intérêt d'autant plus
fort que ce cadre est de nature à devenir un pôle de convergence
des petites et moyennes puissances d'Asie et qu'il pourrait, à terme,
équilibrer la montée en puissance de la Chine et de l'Inde.
Il convient toutefois d'avoir présent à l'esprit que le
développement économique du plus grand archipel du monde n'est
pas sans connaître certaines fragilités.
4. Des faiblesses à ne pas négliger
En dépit et en partie à cause de ses brillants résultats, l'économie indonésienne connaît un certain nombre de difficultés conjoncturelles. Elle se trouve aussi confrontée à des handicaps structurels, parfois endémiques, dont la résorption impose des efforts non négligeables et une volonté déterminée.
a) Les risques de "surchauffe" et la vulnérabilité des comptes extérieurs
L'accélération de la croissance en 1994 et en
1995 a entraîné une surchauffe économique dont
témoigne la monté de l'inflation. Contenue pour 1994 à
9,2 %, elle pourrait avoir dépassé 9,5 % en 1996. Or, les
objectifs du plan en prévoyaient le plafonnement à 5 % par
an.
Cet accroissement des prix nominaux supérieur à celui de ses
partenaires commerciaux est de nature à poser, à terme, le
problème de la compétitivité des exportations
indonésiennes, qu'une dépréciation annuelle de 4 à
5 % de la roupie face au dollar ne saurait à elle seule suffire à
assurer.
L'Indonésie se trouve engagée dans une course de vitesse entre
les importations de biens d'équipements et la capacité de ces
derniers à engendrer des exportations insuffisantes pour rembourser les
dettes qu'ils ont générées. Ses actuelles exportations
présentant une structure fragile
19(
*
)
, la
récente dégradation des comptes extérieurs -liée
elle aussi à l'accélération de la croissance- peut rendre
circonspect.
Le déficit des paiements courants a doublé entre 1994 et 1995
(plus de 6,5 milliards de dollars contre 3,3 milliards en 1994) sous le double
impact d'une forte baisse de l'excédent commercial (due au fait que les
exportations croissent bien plus lentement que les importations) et de
l'aggravation du déficit des services (transport et assurance,
rapatriement de dividendes liés aux investissements).
Dans ces conditions, certains esprits se demandent comment la croissance des
exportations pourrait rapidement trouver un second souffle et être en
mesure de couvrir des importations dopées par la consommation
intérieure et les investissements productifs, à partir du moment
où il n'est pas certain que ces derniers contribueront plus aux
exportations qu'à la consommation intérieure.
Cependant, son niveau d'endettement extérieur relativement
élevé (plus de 100 milliards de dollars) ne pose pas de
difficultés
20(
*
)
à
l'Indonésie pour financer ses déficits courants en raison d'un
flux important de capitaux extérieurs, constitué pour une part
croissante d'investissements directs à long terme mais également
d'investissements à court terme, en augmentation forte.
b) Une certaine fragilité du système bancaire
Le gouvernement veille d'ailleurs à ce que le
gonflement de la "bulle immobilière" javanaise qui affectent le bilan
de
nombreuses banques n'aboutisse pas à ébranler cette confiance
internationale pour l'instant confortée par le fait que
l'Indonésie n'a, sur son territoire, ni l'équivalent de
l'Inspection des Finances, ni de la Direction du Trésor...
Il a notamment mis en place une politique de stabilisation de l'endettement
privé avec création d'une commission des prêts "offshore"
et imposition de plafonds pour les agents économiques ayant recours
à l'emprunt.
Ceci vise à éviter que les difficultés rencontrées
pour placer les programmes immobiliers résidentiels et commerciaux
développés à Jakarta, qui ont amené à 20 %
le taux de créances douteuses des banques publiques
21(
*
)
, affectent la crédibilité du
système bancaire dans son ensemble et conduisent à une crise
financière grave.
c) Un déficit d'investissements structurants
La réputation des cadres supérieurs
indonésiens, dont beaucoup sont formés à l'étranger
dans le cadre de la coopération internationale, est très bonne.
Cependant, le pays manque de cadres intermédiaires, de techniciens et
d'ouvriers qualifiés.
Il en résulte que les productions à forte valeur ajoutée
se heurtent à des blocages liés à la compétence
technique de la main d'oeuvre. Le niveau des quantités produites et leur
qualité s'en trouvent affectés. Ceci constitue un handicap de
productivité commun à nombre d'économies
émergentes, mais gênant pour une stratégie de meilleure
spécialisation internationale.
Une telle situation souligne un
déficit d'investissement dans la
formation technique et dans les cycles d'enseignement supérieur de
courte durée
. Elle peut être assez longue à
résorber en raison des délais inhérents à la mise
en place des filières correspondantes et à leurs effets sur le
marché du travail.
Pourtant, la principale hypothèque structurelle pesant sur
la poursuite de la croissance et la réussite des politiques
économiques menées semble bien être
le
goulot
d'étranglement des infrastructures
.
Un grand retard a été pris en ce domaine, qu'il s'agisse des
télécommunications, des réseaux de transports urbains ou
interurbains, des infrastructures portuaires et -dans une moindre mesure-
aéroportuaires, de l'adduction d'eau et du traitement des déchets
dans les villes grandes et moyennes.
L'exemple de la desserte en eau permet de prendre la dimension du
problème : actuellement, moins de 30 % de la population urbaine a
accès à un réseau de distribution d'eau dite propre et la
distribution d'eau potable n'existe nulle part. A Jakarta -où la
Lyonnaise des Eaux suit le projet de concession de la distribution d'eau de la
moitié Ouest de la conurbation- le très large recours à
des puits privés entraîne une diminution de la nappe
phréatique, cause d'affaissements de terrain et de difficultés
pour l'approvisionnement en eau de la capitale.
De telles difficultés doivent, en outre, être
appréciées dans la perspective du formidable
phénomène d'urbanisation que connaît l'Indonésie. On
estime qu'aujourd'hui que 32 % de ses 192 millions d'habitants vivent
dans les villes. Cette proportion devrait dépasser les 50 % en 2020, de
sorte que les villes indonésiennes auront à accueillir
annuellement plus de 3,5 millions nouveaux habitants dans les 20
prochaines années. Les projections à cet horizon font état
d'une population urbaine de 155 millions d'habitants, avec 23 villes plus
que millionnaires. C'est dire à quel point les problèmes
d'aménagement urbain vont devenir cruciaux.
Au total, l'Indonésie est le pays de l'ASEAN dont les besoins en
infrastructures publiques sont les plus importants : près de 200
milliards de dollars sur les 10 ans à venir.
Or, l'insuffisance d'équipements n'est pas seulement pénalisante
pour la population, elle augmente aussi les coûts des entreprises,
réduit leur efficacité et retarde les délais de livraison.
d) Les "péages non fiscaux" dans l'accès aux services administratifs
L'autre lourde entrave à l'essor économique
indonésien est rarement évoquée dans les rapports
officiels. A distance, elle appelle habituellement l'euphémisme
policé ou l'allusion délicate.
Sur place, en revanche, elle est matière à anecdotes
variées et à expressions imagées dont la pudeur fait toute
la suavité. Il est vrai qu'elle est présente dans la vie
quotidienne de chacun qu'il soit usager national du moindre service public -de
l'hôpital au permis de conduire
22(
*
)
-, ou
entrepreneur étranger à la recherche d'une autorisation
administrative.
Cette réalité se trouve toutefois de plus en plus souvent
stigmatisée par les économistes et les grands groupes industriels
du pays. Ceux-ci estiment en effet que les "taxes non fiscales"
exigées
tant pour les procédures administratives normales que pour celles
dérogatoires au droit constituent des "surcoûts invisibles"
pouvant représenter des pourcentages nuisibles à
l'économie du pays et constituer des obstacles importants à sa
compétitivité.
Cette situation illustre le défi majeur que la préparation de son
avenir économique lance à l'Indonésie : organiser la
libéralisation interne qu'elle a si bien su conduire sur le plan de
l'ouverture aux échanges internationaux de capitaux et de marchandises.
II. CONFORTER L'ACTION MULTIFORME DE LA FRANCE POUR ASSURER NOTRE PRÉSENCE DANS LA ZONE ÉMERGENTE DE L'ÉCONOMIE MONDIALE
A. LA FRANCE CONSACRE DES MOYENS PUBLICS IMPORTANTS À L'INDONÉSIE
1. Une aide financière importante : les protocoles avec l'Indonésie
(en millions de francs)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
Premier protocole
|
Deuxième
protocole
|
Montant total |
914,3 |
685 |
1.134 |
726,7 |
761,5 |
676,2 |
247 |
259,8 |
Objets (1) |
. Centrale
électrique
.Telecom . Études aéroportu- aires |
. Centrale électrique
. Centrale diesel . Téléphone |
. Couverture
aérienne
|
. Divers | . Divers | . Aéroport UJUNG |
. Emetteur de télévision
. Système de pompage des eaux de Jakarta . Sous-stations électriques |
. Hôpitaux
. Pompage des eaux de Jakarta |
La France consent par l'intermédiaire du
ministère de l'économie et des finances des prêts aux
États étrangers en voie de développement en vue de
faciliter l'achat de biens d'équipement, de petits équipements,
de produits semi-finis et de matières premières d'origine
française ou de participer au financement de leurs plans de
développement économique, culturel ou social.
Ces prêts font l'objet de
protocoles
signés avec les
États concernés.
L'Indonésie est le pays d'Asie du sud-est avec lequel cette
politique de financement est, par tradition, la plus active
. Elle occupe
d'ailleurs l'un des tout premiers rangs dans la hiérarchie des
États étrangers au regard du volume des prêts consentis par
la France.
La confiance manifestée par notre pays se révèle
entièrement justifiée.
L'Indonésie est un
débiteur exemplaire
qui rembourse intégralement ses
engagements tant en capital qu'en intérêts.
Dans ces conditions, l'encours des prêts accordés à
l'Indonésie a pu se développer régulièrement.
Encours des prêts
(en millions de francs)
Pays |
au 31/12/90 |
au 31/12/91 |
au 31/12/92 |
au 31/12/93 |
au 31/12/94 |
au 31/12/95 |
au 31/12/96 |
Indonésie |
3.827,7 |
4.371,2 |
5.041,3 |
5.503,8 |
5.952,6 |
6.269,6 |
6.358,6 |
Il s'est accru de 66 % entre 1990 et 1996 et représente, avec 6,3 milliards de francs, 11,4 % des encours de "prêts du Trésor" aux États étrangers.
LE PROTOCOLE DU 17 JUILLET 1996
Il s'élève à un montant maximum de
247 millions de francs. Les concours qu'il prévoit financeront
l'achat de biens et services français relatifs à
l'exécution des projets mentionnés en annexe au protocole.
Les concours financiers sont constitués :
- d'un prêt du Trésor français d'un montant maximal de
111,15 millions de francs,
- de crédits bancaires garantis par la compagnie français
d'assurance crédit (COFACE) d'un montant maximal de 135,8 millions
de francs.
En outre, les crédits bancaires garantis complémentaires pourront
être mis à disposition du Gouvernement de la République
d'Indonésie pour permettre le financement des primes d'assurance
crédit.
Le financement des projets est assuré par l'utilisation conjointe du
prêt du Trésor français et des crédits bancaires
garantis. La prime d'assurance crédit est à la charge de
l'emprunteur.
Chaque contrat de biens et services relatifs à ces projets ouvre un
droit de tirage sur le prêt du Trésor français et sur les
crédits bancaires garantis d'un montant égal respectivement
à 45 % et à 55 % du montant du contrat imputé
sur ce protocole. Le prêt du Trésor français sert à
financer intégralement le premier acompte qui sera compris entre
10 % et 20 % du montant du contrat, le solde étant
financé par utilisation du prêt du Trésor français
et des crédits bancaires garantis.
LES MODALITÉS D'UTILISATION DES CONCOURS FINANCIERS SONT LES
SUIVANTES :
a) Le prêt du Trésor français a une durée de
31 ans, dont 11 ans de franchise. Le taux d'intérêt est
de 0,25 % l'an. Le principal est amortissable en
40 semestrialités égales et successives, la première
échéant 138 mois après la fin du trimestre civil au
cours duquel les tirages auront été effectués. Les
intérêts sont calculés sur le montant restant dû ;
ils courent à partir de la date de chaque tirage sur le prêt du
Trésor français et sont payés semestriellement.
b) Les crédits bancaires garantis, d'une durée de
10 ans, sont amortissables en 20 semestrialités égales
et successives, la première échéant six mois après
la livraison des équipements ou l'achèvement des projets.
Le taux d'intérêt sera celui défini par le consensus OCDE
pour des crédits de ce type, en vigueur à la date de signature de
chaque contrat de biens et services.
Les autorités indonésiennes s'engagent à mettre en place
les financements complémentaires à ceux prévus au
protocole, nécessaires à la réalisation des projets
mentionnés en annexe.
La monnaie de compte et de paiement est le franc français.
Pour bénéficier des concours, les contrats particuliers
passés avec les prestataires français devront être conclus
au plus tard le 31 décembre 1997 et imputés au plus tard
trois mois après cette date.
Aucun tirage sur les financements accordés par le présent
protocole ne sera autorisé postérieurement au 30 septembre
2001, cette date pouvant être prorogée en cas de circonstances
exceptionnelles, au cas par cas et après accord mutuel par un
échange de lettres entre les deux gouvernements.
L'imputation de chaque projet est subordonnée à la
conformité du projet aux règles établies par les
participants au consensus de l'OCDE.
Les paiements en principal et intérêts liés à
l'exécution du protocole sont exemptés par le Gouvernement de la
République d'Indonésie de tout impôt et taxe.
UNE FACULTÉ D'ÉVALUATION DES PROJETS EST
MÉNAGÉE
Il est prévu que le Gouvernement de la République
française pourra faire procéder à ses frais à
l'évaluation rétrospective des projets de manière à
en apprécier l'impact sur le développement économique de
l'Indonésie et que le Gouvernement de la République
d'Indonésie soit associé, s'il le souhaite, à la conduite
de cette évaluation.
L'annexe au protocole précise les projets susceptibles de
bénéficier de ses stipulations :
1. Réhabilitation, d'une série
d'émetteurs pour la télévision publique
indonésienne (deuxième phase) 70 MF
2. Sous-stations électriques de 150 Kv dans la province de
Sud-Sulawesi
(deuxième phase) 90 MF
3. Réhabilitation du système de pompage des eaux de
Djakarta 75 MF
4. Etudes de détail complètes et supervision du projet de
barrage de
Peusangan IV (deuxième phase) 12 MF
TOTAL
247 MF
Il est donc regrettable que les protocoles signés en
1996 se traduisent par une telle réduction (-25 %) des moyens
publics mis au service de nos relations économiques avec
l'Indonésie
. Il est d'ailleurs à observer que le second
protocole n'a pu être signé que dans la période
complémentaire d'exécution du budget.
Il est vrai que les règles du consensus de l'OCDE se sont durcies avec,
en particulier, l'exclusion du champ de l'aide publique d'un grand nombre de
programmes appelés à être financés par des moyens
privés (télécommunications, électricité...).
L'essor des liens économiques avec l'Indonésie peut reposer sur
des relations contractées hors protocole et l'importance des protocoles
conclus dans le passé n'a pas, à elle seule, assuré le
développement de nos relations économiques avec le pays, mais la
modestie du "protocole 1996" contraste avec le renouveau affiché de
nos
ambitions et l'atmosphère de renforcement des échanges avec
l'Asie, et l'Indonésie en particulier, qui aura marqué
l'année 1996.
2. Des relations culturelles, scientifiques et techniques riches d'initiatives
Notre coopération est régie par l'accord
général du 20 septembre 1969 complété par
l'accord dans les domaines de la recherche scientifique et du
développement technologique du 8 mai 1979.
Avec une enveloppe de 28 millions de francs, dont 20,2 millions de
francs de crédits d'intervention en 1996, l'Indonésie est notre
deuxième partenaire parmi les pays de l'ASEAN et le 6ème en
Asie
. L'essentiel de ces crédits bénéficie à la
coopération scientifique et technique.
a) La coopération scientifique et technique
Notre action dans ce domaine qui a mobilisé 13,2
millions de francs en 1996 s'est efforcée traditionnellement de suivre
les axes prioritaires de développement définis par
l'Indonésie et de s'insérer dans les programmes financés
par les organismes internationaux (Banque mondiale, Banque Asiatique de
développement, Union européenne).
Une de nos priorités est la formation des cadres
pour les grandes
agences publiques, les ministères techniques et les industries
stratégiques (nucléaire, espace, aéronautique). Au total,
plus de 3.000 boursiers ont été formés en France dont
500 environ avec un doctorat ou un diplôme d'ingénieur, et ce, sur
des financements multilatéraux avec une faible participation
financière française. Cette politique de formation a
accompagné la percée de certaines entreprises dans les domaines
de l'énergie, des transports, des télécommunications ou
des travaux publics.
Nous arrivons dans ce domaine après l'Allemagne, mais avant nos autres
partenaires européens. Comme eux, nous nous orientons vers une
réduction des bourses de longue durée. Il est nécessaire,
en outre, d'assurer une sélection plus rigoureuse de ces boursiers, de
qualité inégale et un meilleur suivi de nos anciens boursiers en
leur offrant notamment des stages de courte durée. Il faut noter
l'existence d'un réseau très dense et bien organisé
formé par ces anciens boursiers.
Notre coopération s'appuie également sur la
présence d'experts français dans trois ministères
techniques
financés ou co-financés par le département.
Ceux-ci interviennent dans les secteurs suivants :
- partenariat industriel ;
- développement technologique ;
- transports (poste créé début 1995 à la
demande du ministre des transports, ancien boursier en France).
Ces experts sont une source précieuse d'informations sur les besoins,
les financements, les décideurs et les concurrents.
Les grands domaines de notre coopération scientifique et
technique
sont les suivants :
· Sciences de la planète
, océanographie,
prévention des risques naturels majeurs (sismologie et volcanologie).
Nos organismes occupent une place enviée par les chercheurs d'autres
pays. Un accord en "Sciences de l'Univers", en cours d'élaboration,
devrait regrouper nos actions dans ces trois secteurs.
·
Programmes d'infrastructures
:
- développement urbain : problèmes de la gestion
urbaine, du traitement des eaux et des transports ;
- énergie : cette coopération comprend notamment un
programme d'assistance entre EDF et son homologue indonésien pour la
formation des cadres. La coopération nucléaire a, de son
côté, connu un certain ralentissement ces dernières
années.
·
Agriculture
: nous appuyons la présence
importante du CIRAD (18 chercheurs présents) dans les secteurs de
l'hévéaculture, du palmier à huile et des ressources
forestières.
La coopération concerne également la
télédétection avec le CNES
et
l'aéronautique
. Le projet FUSPITEK, Centre de recherche
appliquée, destiné à soutenir le développement de
l'industrie indonésienne et à en former les cadres a
été relancé à la demande de son promoteur, le
ministre Bacharuddin Jussuf Habibie.
Dans le domaine de la santé
, l'Indonésie a invité
notre pays à participer à un programme massif
d'éradication de la poliomyélite pour le cinquantenaire de son
indépendance. La lutte contre le sida pourrait aussi constituer un
secteur nouveau de coopération.
S'agissant des sciences humaines
, nos équipes sont
présentes depuis de nombreuses années. Cinq programmes de
recherches archéologiques bénéficiant d'une subvention
globale de 352.000 francs allouée sur l'avis de la commission des
fouilles sont conduits avec le concours de l'EFEO, de l'ORSTOM, du
Muséum d'histoire naturelle du CNRS.
A signaler une formule nouvelle, la coopération triangulaire en
planification familiale, lancée à la demande du président
Suharto dans le cadre de sa politique de coopération Sud-Sud. Celle-ci
consiste à organiser une formation en Indonésie pour de futurs
responsables vietnamiens et laotiens. Ce programme a obtenu un large
retentissement médiatique en Indonésie.
La France souhaite également développer une coopération
avec l'Indonésie en matière de formation
supérieure
: outre les programmes interuniversitaires
déjà existants, seront lancés en 1996, d'une part, un
master de gestion des entreprises et, d'autre part, un institut en génie
logiciel pour la formation des ingénieurs.
Enfin, un projet de coopération dans le domaine de la recherche, en
liaison avec les centres de recherche des pays de l'ASEAN est en cours
d'élaboration, en particulier dans le domaine de la biologie.
b) Une action culturelle dynamique
Malgré des efforts significatifs,
la langue
française
occupe une place modeste. Elle est enseignée
à l'Université de Jakarta, dans des instituts
pédagogiques, dans nos quatre centres culturels et nos onze alliances
françaises.
Les écoles françaises en Indonésie répondent
principalement aux besoins des expatriés.
En Indonésie, un seul établissement relève de l'AEFE,
le lycée international français de Jakarta
. Il existe par
ailleurs deux écoles françaises d'entreprises hors réseau,
l'école Total à Balikpapan (72 élèves) et
l'école Dumez à Padang (34 élèves) dans
l'île de Sumatra.
Créé en 1967, sur l'initiative d'une association de parents
d'élèves qui a passé en 1991 une convention dite de
participation avec l'AEFE,
le lycée international français de
Jakarta
s'est installé en 1988 dans les locaux qu'il occupe
actuellement. Cet établissement scolarise depuis la dernière
rentrée scolaire 496 élèves dont
408 français, 88 étrangers et assure un enseignement
direct des classes préélémentaires à la classe de
terminale.
L'Agence y rémunère 9 expatriés, 2 CSN et, en
partie, 16 résidents. Elle a apporté pour 1993-1994 une aide
globale de 6.029.697 francs, dont 5.706.897 au titre des
rémunérations. Par ailleurs, l'Agence a accordé
22 bourses pour un montant de 278.495 francs.
Le lycée enregistre une progression faible mais régulière
des inscrits. Il faut saluer la volonté de la communauté
française d'en assurer le développement si possible sur le site
actuel.
La coopération linguistique
, animée par le BCLE (quatre
attachés), s'oriente principalement vers :
- l'enseignement du français de spécialité
(hôtellerie notamment, mais aussi secrétariat et
administration) ;
- la formation de traducteurs/interprètes ;
- le perfectionnement des professeurs de français et la mise
à niveau des futurs boursiers scientifiques.
Les centres culturels et les Alliances françaises
participeront également à cette mission.
Nous disposons d'un véritable réseau à travers l'archipel
qui dispense cours de français et documentation sur la France. Il
s'agit :
- des centres culturels implantés à Jakarta, Surabaya,
Bandung et Yogjakarta ;
- du CEDUST de Jakarta ;
- des onze Alliances françaises réparties sur l'ensemble du
territoire. Celles-ci ne bénéficient maintenant d'aucun
détaché. Il conviendrait d'en faire des acteurs à part
entière de notre réseau culturel et de leur en donner les moyens.
Les échanges culturels (2,9 millions de francs)
sont
relativement modestes. Notre pays souffre d'une image imprécise, voire
inexistante hors des grandes villes. Ils reposent principalement sur nos
centres culturels qui offrent une programmation artistique au rythme d'un
spectacle par mois.
Les échanges ont bénéficié en 1992 d'une
opération de prestige, Paris-Jakarta, financée par des
mécènes indonésiens (expositions, films, concerts). Dans
ce cadre, a été menée une intéressante
opération de restauration de peintures et estampes de grands
maîtres (Soulages, Kandinsky) données à l'Indonésie
dans les années 1950. Celle-ci a connu une deuxième phase cette
année et permis la formation de restaurateurs indonésiens.
A l'occasion des célébrations du cinquantenaire de
l'indépendance, en 1995, des opérations d'envergure ont
été conduites : exposition des Trésors du Musée
national de Jakarta au Musée Guimet ; spectacle grand public sur la
place centrale de Jakarta ; exposition des oeuvres françaises du
Musée de la capitale, etc.
La coopération audiovisuelle
bénéficie d'une
enveloppe trop limitée (0,8 million de francs).
Notre présence audiovisuelle en Indonésie est au coeur de la
réflexion actuelle sur la stratégie audiovisuelle
française en Asie. Une remise à plat du dispositif sur cette zone
est en cours.
TV5 est diffusée sur ASIATSAT2, qui couvre l'Indonésie, dans un
bouquet de programmes européens (comprenant également MCM,
chaîne musicale francophone). Cependant, cette diffusion se fait en
numérique, rendant obligatoire l'acquisition de décodeurs, ce qui
nuit à la vocation de chaîne grand public de TV5.
CFI, déjà diffusée en clair depuis 1993, est
passée, au deuxième trimestre 1996, sur le nouveau satellite
indonésien Palapa C2M, beaucoup plus puissant que le
précédent, ce qui lui permet de transporter, depuis juillet 1996,
les émissions de RFI. Or, dans la stratégie audiovisuelle
extérieure de la France, CFI, banque d'images, est destinée
à être majoritairement cryptée et d'un accès payant.
La France a enfin une action importante en matière d'audiovisuel
éducatif. Un cours de français est donné sur la
chaîne éducative TPI, avec des programmes élaborés
par le BCLE. Le conseiller pédagogique et audiovisuel éducatif,
affecté à Jakarta, a d'ailleurs reçu une mission
régionale.
Mais,
la présence audiovisuelle de la France en Indonésie,
reflet de la situation générale en Asie, n'est pas en
conformité avec des objectifs réellement ambitieux.
Elle doit
donc être renforcée.
A cet effet,
nous devons d'abord adapter nos programmes à la demande
indonésienne
. Cette adaptation semble désormais conçue
à partir d'une stratégie cohérente.
Celle-ci repose d'abord sur une
régionalisation des programmes
radiophoniques et télévisuels
.
RFI
a, en septembre
1996, mis en place trois programmes permettant localement des reprises FM
à la carte :
-
une chaîne d'information continue (RFI 1) dont la
thématique évoluera dans la journée en fonction des heures
de grande écoute par région ;
-
une chaîne en langues étrangères (RFI 2)
découpée en modules d'une demi-heure susceptibles de
s'insérer dans la grille de RFI 1 ;
-
une bande de programmes notamment musicaux (RFI 3).
CFI
qui diffuse ses programmes par blocs régionaux (Asie,
Proche et Moyen-Orient, Afrique, Europe et à terme Amérique
Latine) doit avoir systématiquement recours au doublage ou sous-titrage
en langues étrangères.
TV5
dispose d'un signal en Asie qui devrait prochainement faire l'objet
d'un décrochage spécifique.
La nouvelle stratégie adoptée repose aussi sur
l'amélioration et le renforcement du contenu des programmes
,
notamment en matière d'information internationale, ainsi que par la
réalisation d'études d'audience qui seront harmonisées et
généralisées dans le cadre des pôles audiovisuels
extérieurs.
Nous devons également multiplier notre offre de programmes.
Cette multiplication doit se faire par la constitution de bouquets
radiophoniques et télévisuels satellitaires.
En Asie, depuis mai 1996, TV5 et MCMI sont diffusées en numérique
sur Asiasat 2 dans le cadre d'un bouquet européen comportant la Deutsche
Welle, la RAI et TRVE; RFI les rejoindra prochainement. En outre, CFI
numérisera son signal sur Intelsat 704 afin de multiplier et de
spécialiser les programmes offerts dans la zone et continuera à
être diffusée en analogique sur Palapa.
Si des progrès réels sont en cours, on ne peut que partager
entièrement l'analyse du rapporteur spécial des crédits de
la communication Jean Cluzel sur les causes de l'effacement de l'audiovisuel
français en Asie. Sa compétence et son expérience rendent
ses récentes observations sur la politique audiovisuelle
française en Asie orientate d'un intérêt tout particulier
(V. annexe).
Il est urgent de mener une réflexion approfondie sur notre
présence audiovisuelle dans cette partie du monde
, car notre offre
actuelle en direction des pays d'Asie n'est, à l'évidence, pas
adaptée aux attentes du public asiatique.
Cette question doit être résolue de façon prioritaire en
1997.
La présence culturelle de la France dépend aussi de la
communauté française
en Indonésie et des touristes
français qui visitent le pays.
Il est, de ces divers points de vue, remarquable que, si l'Indonésie
exerce sur nos compatriotes un attrait touristique indéniable, le nombre
de nos ressortissants installés dans le pays reste très modeste.
La communauté française d'Indonésie se caractérise
par sa stabilité globale tant en nombre que sur le plan structurel.
Elle est comprise entre 2.000 et 2.500 personnes
immatriculées.
La communauté, troisième en importance au sein de l'Union
européenne derrière la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, mais
très en-deçà des communautés japonaise,
coréenne et américaine continue de rassembler en grande
majorité des expatriés qui résident en Indonésie
pendant trois à cinq ans, le plus souvent en famille puisque des
facilités scolaires de bonne qualité existent à Jakarta
(de la maternelle au baccalauréat inclus), Padang (école Dumez,
de la maternelle à la troisième) et à Balikpapan
(école Total, même cursus que pour la précédente) et
que les conditions matérielles de vie sont convenables.
La répartition géographique de la communauté ne varie
guère. L'essentiel réside à Jakarta, des groupes
significatifs se trouvant à Bali, Balikpapan, Padang. Mais, il faut
noter l'implantation progressive depuis début décembre à
Medan (Nord-Sumatra) d'une cinquantaine de familles pour le compte de
France-Télécom. Elle a d'ailleurs conduit le ministère
à accéder au souhait de réouverture d'une agence
consulaire dans cette ville.
Un changement assez significatif concerne
l'augmentation non
négligeable de Français qui s'installent en Indonésie dans
des conditions précaires
, sous couvert de visas de tourisme et
tentent leur chance dans les affaires hors cadre institutionnel, sans doute
incités à l'expatriation par le contexte économique actuel
de l'Europe.
Ce groupe, est constitué pour une bonne part de compatriotes sans grande
formation professionnelle qui se trouvent fréquemment en situation
fragile.
Un certain nombre de Français, venus en Indonésie dans le cadre
de "grands contrats" il y a une dizaine d'années et demeurés dans
le pays depuis sont dans des situations identiques : leur modeste niveau de
qualification les place directement en concurrence avec les nationaux les mieux
formés. Il en résulte pour eux des situations souvent
précaires et un recours systématique aux aides institutionnelle
comme les bourses pour la scolarisation des enfants.
Jusqu'à présent, la solidarité a joué au sein de la
communauté en cas de situation d'urgence, par le biais des associations
-UFE, ADFE, ASFI- mais la capacité d'action de ces associations a ses
limites.
Le nombre de touristes français
ayant visité
l'Indonésie en 1995 se situe au même niveau (50 à 60.000)
que les années passées. Il est cependant impossible d'obtenir une
statistique officielle précise.
L'évolution se fait donc lentement vers une communauté
française moins "nantie" et davantage sujette aux incidents
quotidiens,
ce qui n'est évidemment pas sans conséquences
pour le travail consulaire.
Pour aider à l'installation des membres de la communauté
française arrivant en Indonésie, un bulletin d'informations
pratiques, régulièrement remis à jour, est
édité depuis la rentrée scolaire 1995.
Une conséquence de la fragilité d'une partie grandissante de la
communauté trouve sa traduction dans les demandes d'aide.
Si les Comités consulaires pour la protection et l'action sociale
-CCPAS- ne servent qu'une allocation de solidarité et que la
régie ne paie à l'heure actuelle qu'une pension, nombre de
familles éprouvent des difficultés à régler le
montant des frais de scolarité et le nombre de demandes de bourses
continue de progresser.
L'entraide joue au sein de la communauté pour les aides ponctuelles ce
qui fait que les recours à l'aide de l'Etat continuent de rester
l'exception.
Tous les domaines d'activités, à l'exception des visas
témoignent d'un maintien ou d'une hausse du volume des affaires.
La mise en application de la procédure Schengen au mois de mai dernier a
bien entendu conduit à une sensible diminution du nombre de
délivrances de visas par le poste (-42 %) alors que
l'intérêt des Indonésiens pour les voyages à
destination de l'Europe continue de suivre la croissance observée depuis
plusieurs années, ainsi que le confirment les informations recueillies
auprès de nos collègues italiens et britanniques.
Il apparaît que le dispositif consulaire en place en Indonésie
répond de manière satisfaisante aux nécessités du
service et à l'attente des usagers, tant étrangers que
français sauf en ce qui concerne les capacités physiques
d'accueil du public à Jakarta en raison de l'exiguïté des
locaux.
Les effectifs permettent de faire face à la progression observée
depuis plusieurs année du nombre de Français installées
dans le pays et à l'augmentation correspondante du volume des affaires.
Le système des agences consulaires -5 à l'heure actuelle, une
réouverture en cours- et leur implantation dans le pays est à la
mesure de la taille de l'Etat-archipel et permet d'éviter de longs et
coûteux déplacements à nos compatriotes pour des
formalités de base.
B. DES POSITIONS ÉCONOMIQUES QUI DOIVENT ÊTRE AMÉLIORÉES
1. La faiblesse des échanges commerciaux
Le commerce franco-indonésien se caractérise d'abord par la modestie des échanges entre nos deux pays.
La France n'occupe que le neuvième rang dans la
hiérarchie des fournisseurs de l'Indonésie
et satisfait une
faible part de la demande adressée par l'Indonésie à
l'extérieur : entre 3 et 2 % selon les années.
Cette situation est la conséquence des positions importantes
détenues par les fournisseurs régionaux, le Japon au premier chef
- le quart environ des importations indonésiennes étant
assuré par ce pays -mais aussi la Corée du sud, Singapour et
Taïwan ainsi que l'Australie. Mais elle résulte aussi du dynamisme
particulier des exportateurs américain et allemand vers
l'Indonésie.
Comme le démontre le tableau ci-dessus
le commerce
franco-indonésien se caractérise en second lieu par une situation
d'équilibre de moyen terme.
Si l'on excepte l'année 1992
marquée par des exportations aéronautiques exceptionnelles, le
solde des échanges dégage, le plus souvent, un déficit peu
significatif et, certaines années, des excédents qui,
eux-mêmes, n'affectent pas l'impression d'échanges globalement
équilibrés.
La composition des exportations françaises vers l'Indonésie
- voir tableau ci-dessous - traduit notre vocation de
fournisseur
de biens d'équipement professionnel.
Avec 2,6 milliards de francs et 62 % du total de
nos
exportations, ces produits constituent la seule branche d'activités
à entretenir un courant d'échanges atteignant un volume
significatif.
Au sein d'une rubrique regroupant des productions variées, le
matériel électrique, l'électronique professionnelle et les
machines spécialisées représentent l'essentiel des ventes
à l'Indonésie.
Les échanges concernant les autres biens atteignent une taille encore
très étroite. Seules les exportations de produits chimiques
semblent, avec 570 millions de francs en 1994, réellement
dynamiques.
En revanche, les autres biens échangés ne représentent que
des fractions très modestes du vaste marché intérieur
indonésien. Il en va ainsi des ventes de voitures particulières
et d'équipements automobiles - 86 millions de francs -,
des exportations de biens de consommation non alimentaires
- 47 millions de francs de produits pharmaceutiques ;
54 millions de produits phytosanitaires et de parfumerie ;
36 millions de francs de produits para-chimiques industriels - et de
produits agro-alimentaires avec 128 millions de francs.
D'un volume également modeste, nos importations en provenance
d'Indonésie consacrent cependant les succès obtenus par le pays
en matière de diversification de sa production.
Longtemps marqués par la part importante prise dans les
ventes à l'extérieur par les produits énergétiques,
les exportations indonésiennes vers la France se composent, pour
près de la moitié, des produits des branches
"textile-habillement" et "cuirs et chaussures". Industries
de main d'oeuvre par
excellence, leurs succès à l'exportation sont, avant tout, le
reflet de différences de coûts salariaux qui en assurent la
compétitivité. Mais ils sont aussi, compte tenu de la concurrence
des autres pays exportateurs à faible coût de main d'oeuvre, le
signe d'une capacité à satisfaire les exigences de qualité
des produits.
L'ampleur relative des importations de produits agro-alimentaires
indonésiens mérite d'être notée. Elle contraste avec
la faiblesse de nos exportations en ce domaine. Dans ce secteur, le commerce
extérieur indonésien se trouve placé sous le
contrôle du Bureau national des logistiques (BULOG), créé
en 1967 pour assurer la sécurité alimentaire de
l'Indonésie.
Malgré les annonces de mesures de déréglementation ou
d'abandon de certaines subventions, l'Indonésie mène encore une
politique très interventionniste dans le secteur agricole pour maintenir
l'autosuffisance alimentaire acquise en 1984.
Le BULOG détient le monopole d'importation et d'exportation d'un certain
nombre de denrées dont le riz, le soja, le blé, la farine de
blé, le sucre et l'huile alimentaire.
Ses interventions sont destinées à assurer un prix
théoriquement rémunérateur aux paysans. Elles sont aussi
destinées, en l'absence, en général, de droits de douane,
à favoriser la production intérieure. Cet objectif se manifeste
avec une particulière acuité pour la filière
laitière.
Le contrôle du commerce des produits laitiers
La consommation de lait et de produits laitiers en
Indonésie a dépassé le million de tonnes en 1994, en
croissance d'environ 5 % par rapport à l'année
précédente.
L'amélioration de la production laitière, enjeu
stratégique pour le gouvernement indonésien, est un objectif qui
résulte d'un constat de dépendance vis-à-vis des
importations, des pays limitrophes principalement. L'Etat intervient dans le
processus de fabrication des produits laitiers à tous les niveaux. Il
maîtrise le flux des importations de matière première en
provenance de l'étranger et réglemente les volumes
importés.
L'importation d'un certain nombre de produits laitiers tels que le lait liquide
entier et en poudre ou les matières premières à base de
lait destinées aux industries alimentaires doit suivre une
réglementation bien particulière :
- demande préalable auprès du ministère de la
santé d'un enregistrement d'importation par un distributeur ;
- celui-ci doit recourir aux services d'une des deux
sociétés de commerce désignées par l'Etat (PT Kerta
Niaga et PT Pantja Niaga) ;
- demande d'autorisation d'importation de la société de
commerce auprès du ministère du commerce ;
- remise par la société de commerce du produit
importé à l'entreprise de distribution.
Certains produits comme le fromage, le beurre, le yaourt destinés au
marché au détail peuvent être importés directement
par les importateurs ayant des licences d'importation du ministère du
commerce.
L'importation de beurre est frappée par 30 % de droits de douane.
Les droits d'importation des différents autres produits laitiers varient
entre 5 % et 40 %.
2. Une part très faible des investissements étrangers en Indonésie
a) Une large ouverture de l'Indonésie aux investissements étrangers
Comme la plupart de ses voisins "pays émergents",
l'Indonésie s'ouvre aux investissements étrangers sur un rythme
parfois hésitant.
En mai-juin 1994, une nouvelle réglementation a modifié les
conditions imposées aux investisseurs étrangers dans le sens
d'une libéralisation accrue. Les principales évolutions ont
consisté :
- à donner la possibilité à un investisseur
étranger de détenir la totalité d'une entreprise,
c'est-à-dire d'agir en partenaire indonésien pendant les
15 premières années ;
- à supprimer la condition de retour à la majorité
indonésienne après un certain temps si bien que désormais
un partenaire étranger pourra rester majoritaire jusqu'à 95 % du
capital aussi longtemps qu'il le souhaite ;
- à supprimer la condition du minimum d'investissement fixé
autrefois à 1 million de USD et, dans certains cas, à 250.000 USD
au profit d'un examen des demandes sur la seule base de critères
économiques de faisabilité du projet et de son financement ;
- et à ouvrir à l'investissement étranger des secteurs
d'intérêt national tels que les transports maritimes,
aériens et ferroviaires, la production, le transport et la distribution
d'énergie, la distribution d'eau potable, les
télécommunication, les activités portuaires,
l'énergie électronucléaire et les mass-média.
L'évolution récente de l'investissement étranger
témoigne que les investisseurs étrangers ont su saisir les
opportunités nouvelles offertes par l'Indonésie
Les autorisations d'investissement étranger ont connu une très
forte croissance en 1994, passant de 8,1 milliards de dollars (pour 329
projets) à 23,7 milliards de dollars (pour 449 projets), soit une
progression en valeur de + 192,6 %. C'est le montant le plus
élevé jamais enregistré, le précédent record
atteint en 1992 n'ayant été que de 10,3 milliards de dollars.
Les principaux secteurs à l'origine de cette évolution ont
été :
- la chimie qui a multiplié en l'espace d'un an sa performance par 7
(avec 7,7 milliards de dollars) ;
- l'industrie du papier avec 5,1 milliards de dollars contre seulement 0,2 en
1993 ;
- l'industrie métallurgique de base avec 2,1 milliards de dollars
contre 0,2 en 1993 ;
- enfin, la production d'électricité et la distribution d'eau,
qui comptent pour 2,4 milliards de dollars en 1994 contre 2,3 en 1993 et
n'apparaissaient pas les années précédentes.
Par pays, Hongkong occupait en 1994 le premier rang des investisseurs
étrangers avec 6 milliards de dollars, suivi par le Royaume-Uni, (3
milliards) Taiwan (2,4 milliards), la Corée (1,8 milliard), Singapour
(1,7 milliard), le Japon (1,6 milliard), et les États-Unis (1 milliard).
A cela, il convient d'ajouter les investissements conjoints émanant
d'investisseurs étrangers originaires d'au moins 2 pays
différents qui s'élèvent à 5 milliards de dollars.
Les approbations d'investissements étrangers, (hors secteurs de la
finance et des hydrocarbures) ont encore fortement progressé en 1995.
Ils se sont élevés à 39,9 milliards de dollars (soit 799
projets), soit une croissance de 68,4 % par rapport à 1994.
Caractéristiques des investissements autorisés
en 1995
Les principaux secteurs (en milliards USD)
Pétrochimie |
Transports |
Génération d'électricité et approvisionnement en eau |
Industrie du papier |
19,3 |
5,5 |
3,5 |
2,5 |
Les principaux investisseurs en 1995 (en milliards USD)
R.U. |
Japon |
Australie |
U.S.A. |
Hongkong |
Singapour |
Allemagne |
6,32 |
3,79 |
3,71 |
2,77 |
1,76 |
1,46 |
1,34 |
Le tableau ci-dessous récapitule les investissements étrangers autorisés entre 1967 et 1995.
La première place occupée par le Japon s'explique aisément par la proximité du pays et par sa stratégie affirmée de longue date de délocalisations dans la région. Avec les cinq pays qui lui succèdent, 70 % des investissements étrangers en Indonésie trouvent leur provenance. L'investissement étranger en Indonésie est donc fortement concentré même si il est probable qu'un certain nombre d'investissements recensés à partir de Singapour ou de Hongkong sont, en réalité, des investissements réalisés par des entreprises contrôlées en dehors de ces deux Etats.
b) La faiblesse des positions françaises
La part de la France dans l'ensemble des investissements
étrangers est plus que modeste
: 1,16 % des
investissements étrangers en Indonésie.
Avec un peu plus de 60 entreprises implantées et 1 % du stock
d'investissements étrangers, la présence française en
Indonésie est particulièrement effacée compte tenu du
potentiel du marché indonésien. En comparaison, dans les pays
voisins de l'ASEAN, la part moyenne de la France dans les investissements
directs étrangers, sans être spectaculaire, dépasse le plus
souvent 2 %.
En dépit de la continuité et de l'importance de son aide
bilatérale (3ème rang, loin derrière le Japon mais juste
après l'Allemagne), la France n'occupe que le 14ème rang mondial
pour le montant -cumulé- des autorisations données par le BKPM
(agence gouvernementale chargée de l'instruction des dossiers
d'investissement) depuis 1967. La part de la France doit être
comparée à celle de l'Allemagne (3,82 %) ou du Royaume-Uni
(15,6 %).
Ces statistiques ne tiennent toutefois pas compte des investissements
réalisés dans l'énergie (Total : 1 milliard de dollars) et
dans le domaine financier (200 millions de dollars).
Outre ces deux secteurs, la France est surtout représentée par
des grands groupes dans des secteurs à forte intensité
capitalistique : électricité, chimie, traitement des eaux, BTP...
(Alcatel-Alsthom, Schneider, Rhône-Poulenc, l'Oréal,
Degrémont, Dumez, SAE, ...)
On observe des implantations nouvelles dans des secteurs
diversifiés : BTP (Bouygues), tourisme (Groupe Accor),
l'agro-alimentaire (Danone), l'environnement (Lyonnaise des Eaux et Compagnie
Générale des Eaux), la chimie (Air Liquide) et le ciment (Lafarge
Coppée).
Mais, les entreprises françaises sont encore très peu
présentes auprès des grands groupes locaux, financiers et
industriels
(et notamment les groupes chinois qui constituent plus de
70 % du secteur privé indonésien).
Les PME sont
également peu nombreuses
compte tenu de l'importance des
délais nécessaires pour les démarches administratives ou
commerciales ainsi que des coûts d'approche rencontrés en
Indonésie. Quelques-unes ont cependant bien réussi.
Les perspectives sont pourtant prometteuses : la politique récente
de privatisation et l'ouverture aux entreprises étrangères de
secteurs-clés comme l'énergie, les
télécommunications ou le traitement des eaux constituent autant
d'opportunités pour les groupes français, en particulier France
Télécom et la Lyonnaise des Eaux qui négocient des
investissements représentant plusieurs centaines de millions de francs
français.
Quelques réussites acquises
En dépit d'une présence réduite, les
investisseurs français occupent des positions significatives dans
certains domaines. Il en va ainsi en particulier :
-
Du tourisme
qui est devenu un secteur particulièrement
important pour l'Indonésie, devenant, en 1995, le quatrième poste
de recettes extérieures avec 5,2 milliards de dollars de revenu,
soit une croissance de 9,4 % par rapport à 1994.
En 1995, 162 projets d'investissements, dont 68 % dans
l'hôtellerie ont été approuvés par le Bureau des
Investissements.
Dans ce contexte, la présence française en Indonésie se
développe principalement par le biais du Groupe ACCOR sous les enseignes
Novotel, Mercure, Ibis. Présent dans l'archipel par le biais d'un bureau
de représentation en 1993, puis d'une société de droit
local en 1995, le développement du groupe a été
spectaculaire. En effet, ACCOR, qui a entamé cette année la
construction de quatre Novotel et trois Ibis et ouvrira cette année un
total de onze hôtels, portera sa présence à
28 hôtels fin 1996, pour un total de 5.297 chambres. Ses
objectifs atteignent 33 hôtels et plus de 5.000 chambres en
1998. Leur réalisation pourrait être favorisée par les
coopérations conclues en Indonésie avec trois partenaires
principaux que sont les importants groupes OMETRACO, PSP/DHARMALA et BRASALI,
groupe Metropolitan.
-
De l'électricité,
avec, en particulier
Electricité de France (EDF) présente en Indonésie depuis
une vingtaine d'années qui est jusqu'à présent intervenue
comme consultant auprès de PLN, la compagnie nationale
d'électricité.
EDF a tout d'abord développé de nombreux projets d'études
et de gestion des réseaux électriques. Les principaux contrats
ont porté sur les études de faisabilité et d'extension du
centre national de télécontrôle et de supervision du
réseau haute tension de Java-Bali, et le contrat de planification de
l'électrification rurale réalisé au cours de ces trois
dernières années.
EDF a également développé une coopération dans le
domaine du management et de la gestion. A ce titre, la société a
assisté PLN pour améliorer et maîtriser son management
stratégique et sa planification financière (Corporate and
Financial Planning).
L'ouverture, en juillet 1989, d'un Bureau de représentation à
Jakarta pour renforcer les actions du groupe a permis de maintenir
l'activité dans le domaine des contrats de consultance et
d'ingénierie qui, au cours des cinq dernières années, ont
représenté 42 millions de francs de chiffre d'affaires.
Mais, EDF recherche désormais activement des projets d'investissement,
le marché indonésien s'affirmant comme un enjeu prioritaire
compte tenu de :
- l'importance du pays en termes démographiques (195 millions
d'habitants), et de ses besoins de développement du réseau
électrique,
- l'expérience et des références d'EDF en
Indonésie,
- l'évolution engagée récemment dans le secteur
électrique avec l'introduction de producteurs indépendants (IPP)
et l'ouverture prochaine du capital de PLN à des investisseurs
étrangers.
Dans ces perspectives, PLN et EDF sont devenus "partenaires
stratégiques", grâce à la signature en mars 1995 d'un
protocole par les présidents des deux sociétés
prévoyant une étroite collaboration avec PLN en vue de traduire
concrètement ce partenariat par des investissements communs.
Dans ce domaine doit évidemment être souligné tout
l'intérêt de suivre attentivement l'évolution d'un
projet de centrale nucléaire
lancé dans les années
1970 sous l'impulsion de M. Bacharuddin Jussuf Habibie, ministre de la
Recherche et de la Technologie.
En 1989, l'Agence Nationale de l'Energie Atomique (BATAN) confie au consultant
japonais Newjec une nouvelle étude de faisabilité portant d'une
part sur l'étude approfondie du site de Muria et, d'autre part, sur le
choix de la technologie, du niveau de puissance et du schéma financier.
Les industriels approchés dans le cadre de cette étude
sont : Nuclear Power International (NPI-partenariat, Framatome, Siemens),
Westinghouse Electric (Etats-Unis), Atomic Energy of Canada Ltd (AECL) et
Mistubishi.
Le rapport du consultant a été remis dans le courant de
l'année mais ses conclusions ne sont pas encore publiques.
Cette étude doit aboutir à l'émission d'une consultation
avec pour objectif une première centrale en fonctionnement avant
l'an 2005, et une part de l'électronucléaire de 10 % de
la production (12.500 MWe), en 2010.
La consultation des industriels prévue théoriquement en 1996
devrait en fait être reportée. Le projet se situe dans une
perspective moyen terme pour les raisons suivantes :
- d'un point de vue politique, le choix du nucléaire n'est pas
définitivement arrêté, et cette option défendue pour
l'essentiel par M. Bacharuddin Jussuf Habibie, ne fait pas
l'unanimité.
La présence française
dans le secteur
des télécommunications indonésien
L'Indonésie, avec moins de 4 millions de
lignes pour 200 millions d'habitants, soit 1,8 ligne téléphonique
pour 100 habitants en 1996, reste, pour ce qui concerne les réseaux
fixes, l'un des pays de la zone les moins avancés en matière de
télécommunications
23(
*
)
. La
volonté gouvernementale - exprimée au travers du plan quinquennal
- de construire 5 millions de lignes à l'horizon 1999 et la vigueur
de la croissance indonésienne en font donc un
secteur à
très fort potentiel,
ainsi qu'en atteste l'expansion rapide de la
téléphonie mobile (450.000 abonnés en 1996).
Les communications mobiles sont assurées par sept opérateurs. Le
réseau international repose sur deux compagnies : PT Indosat (entreprise
nationale partiellement privatisée en 1994) et PT Satelindo (entreprise
à capitaux majoritairement privés où l'allemand Detemobil
est présent pour 25 %), fondée en 1993, détiendrait
désormais 10 % du marché.
Les liaisons domestiques sont assurées sous l'égide d'un
opérateur national prééminent, Telkom, qui a le monopole
des appels longue distance. Par ailleurs, quoique cinq de ses sept divisions
régionales aient été mises en concession, il conserve
l'exclusivité d'exploitation des deux plus importantes (Jakarta -36 %
des lignes du pays- et Surabaya). Sur les autres zones, les contrats de
concession sont conçus selon le principe d'une exploitation conjointe
devant permettre à Telkom de disposer d'un réseau homogène
à leur expiration. Cinq consortiums privés,
dénommés KSO, composés de groupes indonésiens et
d'opérateurs internationaux, se voient dans leurs zones respectives,
confier pour quinze ans l'exploitation et l'extension du réseau de
communications locales de Telkom. Sur ces zones les KSO sont tenus de
construire 2 millions de lignes à l'horizon 1999.
Dans un consortium où l'actionnaire majoritaire est l'important groupe
indonésien Astra,
France Télécom s'est vu confier la
zone de Sumatra
où elle est chargée de la construction de
516.000 lignes et de l'exploitation et de la modernisation d'un réseau
existant de 700.000 lignes.
France Télécom
est présente en
Indonésie depuis 1981. Cette représentation s'est surtout
attachée, pendant un certain nombre d'années, à soutenir
l'industrie française tout en assistant Telkom dans ses
développements. Cela s'est traduit par des accords de coopération
dont les principaux thèmes étaient la formation et le transfert
de savoir-faire.
Puis l'opérateur français, à travers sa filiale Sofrecom,
a remporté en juin 1994 avec System Kable, sur un financement de la
Banque Mondiale, face à une forte concurrence, un contrat d'envergure
visant à l'informatisation de la gestion d'abonnés, la gestion du
réseau téléphonique et la facturation de Telkom. Dans
cette affaire, la part de France Télécom atteint 28 millions
de dollars. S'agissant d'une opération structurante pour l'entreprise
indonésienne, l'opérateur français pourrait être
désormais bien placé pour de nouveaux développements.
D'ores et déjà une extension sur d'autres zones de Jakarta
portant le montant de l'affaire à 40 millions de dollars est
envisagée, et à plus long terme, France Télécom se
trouverait dans une position favorable pour intervenir sur l'ensemble du
réseau dépendant de Telkom.
Dans le cadre des conventions KSO précitées, France
Télécom s'est engagée à hauteur de 35 % dans le
consortium Pramindo Ikat, pour un montant de 84 millions de dollars, la part de
son partenaire principal, Astra s'élevant à 60 %.
L'investissement total programmé sur les 4 prochaines années
par Pramindo Ikat est de l'ordre de
600 millions
de dollars.
France Télécom s'intéresse également au
marché de la téléphonie mobile où les
autorités indonésiennes doivent accorder prochainement de
nouvelles licences
dans le domaine des matériels de
télécommunication.
Par ailleurs, le groupe Alcatel est présent depuis 25 ans en
Indonésie où il intervient dans la pose de câbles
terrestres (Alcatel Contracting) et sous-marins (Surbmarcom) et
l'équipement en faisceaux hertzien (Alcatel Telspace). Il a notamment
participé au développement du système de
téléphonie mobile numérique (GSM) de Satelindo et vient de
se voir attribuer, en mars 1997, une commande d'un montant total de l'ordre de
1,3 million de francs pour l'extension de ce réseau GSM.
Enfin, TRT est le principal fournisseur du pays en réseaux de
téléphonie rurale (faisceaux hertziens à faible rayon de
diffusion).
C. LE RENFORCEMENT DE LA PLACE DE LA FRANCE SUPPOSE UNE ACCENTUATION DES EFFORTS ENTREPRIS
Les développements qui précèdent permettent de s'en convaincre : les positions de la France en Indonésie ne sont pas négligeables. Elles pourraient néanmoins, selon votre rapporteur, être encore améliorées. En effet, à son sens, les actions menées en direction de ce pays gagneraient en impact si elles aboutissaient à conforter trois priorités : la présence sur place de nos entreprises, la qualité des conditions de vie de la communauté française, une politique culturelle davantage conçue en termes d'image de marque et de marché local.
1. Favoriser l'implantation de nos entreprises
Les marchés ouverts par l'Indonésie ne se conquèreront pas à distance dans le confort des bureaux parisiens mais, sur place, dans la touffeur de Jakarta ou des autres grandes villes du pays. De même, l'exploitation de ces marchés ne saurait être l'apanage des seules multinationales françaises ; elle doit aussi s'appuyer sur le dynamisme et la formidable capacité d'adaptation de nos PME. C'est fort de ces deux convictions que votre rapporteur incline à penser qu'un redéploiement du protocole financier et un développement du partenariat avec des entreprises indonésiennes ne pourraient être que fructueux.
a) En redéployant le protocole financier
Dans un contexte de diminution de leurs montants, les aides
découlant de l'application du protocole financier apparaissent trop
concentrées sur les grandes opérations et les grandes
entreprises. Les PME n'ont guère bénéficié du
protocole et il faut donc veiller à ce que ces entreprises puissent
bénéficier de cette aide efficace.
Il ne s'agit nullement de contester le bien-fondé des projets retenus
qui sont particulièrement utiles. Il s'agit seulement de remarquer que
nos entreprises de taille mondiale pourraient, en raison du caractère
indispensable de ces projets, soumissionner aux appels d'offre financés
par les bailleurs de fonds multilatéraux (Banque mondiale, Banque
asiatique de développement) où leur savoir-faire
internationalement reconnu leur assurerait des chances raisonnables de
l'emporter. En cas de succès, les crédits réservés
dans le cadre du protocole seraient alors disponibles pour financer des actions
de moindre envergure qui pourraient être portées par nos PME.
Ces deux formes de soutien à la pénétration du
marché doivent être complémentaires et non pas exclusives
l'une de l'autre. Une stratégie plus favorable aux PME permettrait de
renforcer la présence économique française.
b) En développant les partenariats avec des entreprises indonésiennes
Pour une entreprise, il existe deux façons de
s'implanter sur le marché indonésien : soit le recours à
un agent, soit la création d'une "joint venture" avec une entreprise
locale.
Le recours à un agent constitue la forme la moins onéreuse
d'implantation. L'agent importe les produits de son mandataire, les
commercialise, répond aux appels d'offre, signe les contrats de vente et
peut, le cas échéant, se charger du service après-vente.
En bref, avec un soutien technique en moyens promotionnels, il assure les
fonctions d'intermédiaire qu'une société
étrangère ne saurait assurer elle-même en raison de son
éloignement.
Ce choix peut être justifié pour une première approche du
marché mais il n'est pas de nature à assurer un enracinement
durable : les produits ou services rendus de cette manière se
trouvent facilement concurrencés par ceux, de même nature,
commercialisés par une entreprise implantée sur place.
C'est pourquoi, la recherche d'une association avec une société
indonésienne en vue de réaliser sur place une partie des
productions qu'il s'agit d'exporter apparaît la plus porteuse d'avenir.
La réforme des règles relatives à l'investissement
étranger, opérée il y a deux ans, tend à faciliter
des opérations de ce type.
Leur intérêt n'est nullement limité aux seules grandes
entreprises. L'exemple de la société Trophy, PME française
qui fabrique des appareils de radiographie et dont votre rapporteur a eu
l'occasion de visiter l'usine installée dans l'une des zones
industrielles du grand Jakarta, est de ce point de vue probant. Ses
exportations vers l'ensemble de l'Asie et son chiffre d'affaires global se sont
accrus dans des proportions très significatives depuis qu'elle a
créé une chaîne de fabrication en Indonésie en
partenariat avec un grand groupe local.
2. Veiller à la qualité des conditions de vie de la communauté française
a) Maîtriser les frais "d'écolage"
Les frais "d'écolage" ne pourront guère dépasser les niveaux actuels. Il convient donc que l'Etat assume les responsabilités qui sont les siennes afin de ne pas entraver le développement de la communauté française.
b) Donner au lycée les moyens de se développer
Le lycée français de Jakarta dispose de locaux
qui permettent difficilement d'accueillir un plus grand nombre
d'élèves. La communauté française recherche
très activement des solutions sur le site actuel. Les investissements
nécessaires devraient être partiellement pris en charge par l'Etat.
Plus généralement, l'image de la France doit être mise en
valeur par des bâtiments dignes de notre pays et c'est dans cet esprit
que doit être réglé le problème d'une nouvelle
ambassade.
3. Penser davantage la politique culturelle en termes de marché
Toutes nos productions culturelles ne sont pas exportables ni toujours flatteuses pour notre image de marque dans des pays où elles peuvent heurter des traditions religieuses, culturelles ou familiales.
a) Eviter que la diffusion de certains programmes télévisés ternissent une image de marque précieuse
Ainsi qu'il a déjà eu l'occasion de l'exprimer
dans son rapport budgétaire, votre rapporteur estime que, dans le
domaine télévisuel, une attention toute particulière doit
être accordée aux moyens d'améliorer la
complémentarité des deux chaînes internationales
françaises diffusées en Asie (TV5 et CFI) et d'adapter leur offre
de programme à la demande locale. Des informations qu'il est
indispensable de donner à Paris peuvent n'avoir pour seul effet,
lorsqu'elles sont diffusées à Jakarta, que d'y ternir la
perception de la France.
Or, certaines émissions diffusées sur celles de nos chaînes
internationales captées en Asie se révèlent
indifférentes aux sensibilités locales.
Dans ces conditions, il est urgent de mener une réflexion approfondie
sur notre présence audiovisuelle dans cette partie du monde et sur les
moyens d'y adapter notre offre actuelle. Sur ce point, votre rapporteur serait,
quant à lui, favorable au modelage de journaux régionaux
façonnés à partir de séquences existantes mais
sélectionnées pour prendre en compte les sensibilités et
les attentes des auditoires desservis.
b) Savoir adopter une approche commerciale des enjeux
En Indonésie, où vivent près de
200 millions de personnes, les "best sellers" littéraires
"tirent"
à quelques milliers d'exemplaires. La littérature n'entre pas
dans les traditions culturelles indonésiennes en revanche très
ouvertes aux arts picturaux. C'est d'ailleurs également la raison pour
laquelle la diffusion télévisée d'émissions
littéraires dont les Français sont friands n'y suscite
guère d'intérêt.
Partant du principe qu'une politique de sensibilisation culturelle doit prendre
en compte la spécificité de la demande et pas seulement
l'originalité de l'offre, votre rapporteur est partisan de
stratégies visant à adapter notre communication aux goûts
de ses destinataires étrangers. Le choix, fait en 1995, d'offrir le feu
d'artifice commémorant le cinquantenaire de l'indépendance
indonésienne constitue en la matière un exemple à suivre.
Les images de ce spectacle pyrotechnique prestigieux auquel la France reste
associée dans la mémoire collective n'ont-elles pas, depuis,
constitué le générique du journal
télévisé le plus regardé ?
Or, n'est-il pas meilleure publicité pour les productions industrielles
de notre pays que la qualité de son image de marque auprès des
décideurs et des citoyens indonésiens ?
·
De telles observations amènent votre rapporteur
à se demander s'il ne serait pas opportun d'étudier la
possibilité de fabriquer des
produits culturels "à
géométrie variable"
permettant leur déclinaison en
fonction des exigences des marchés extérieurs. Ainsi, dans le
domaine cinématographique, les moeurs indonésiennes étant
nettement plus tolérantes envers la violence qu'envers
l'érotisme, on constate que cela tend à favoriser les productions
américaines et à défavoriser les productions
françaises.
Les producteurs français ne pourraient-ils pas au vu de cette
donnée -très fréquente dans le monde musulman-
prévoir, dès l'établissement du plan de tournage, la
réalisation sur un mode moins expressif des quelques séquences
dont la censure aboutirait à priver le film de sens ? Ainsi, ils
pourraient élaborer, à un coût raisonnable, des versions
projetables sur des écrans plus pudibonds que ceux d'Occident.
·
Cette approche par le marché pourrait
également s'appliquer à l'enseignement supérieur. Comment
ne pas être frappé par le manque de cérémonie avec
lequel les diplômes français sont remis à des
étudiants étrangers. Quelle différence avec les pratiques
anglo-saxonnes dont les souvenirs photographiques parsèment les bureaux
et les domiciles des heureux lauréats !
Ne pourrait-on mettre en oeuvre pour les seuls étudiants
étrangers -puisque cela n'entre pas dans nos habitudes universitaires-
une délivrance solennelle du diplôme par le Président de
l'université concernée en présence des amis invités
et, bien entendu, d'un photographe ?
CONCLUSION
Après quelques années d'euphorie, les
investisseurs internationaux s'interrogent sur la poursuite de la croissance de
l'Indonésie au rythme actuel. Des articles incisifs paraissent dans la
presse américaine sur la question des droits de l'Homme dans la partie
Est de Timor, sur le financement de la campagne du Président Clinton par
des banquiers et hommes d'affaires indonésiens, ou sur les risques
d'effritement de l'économie indonésienne.
La question fondamentale pour les investisseurs étrangers est cependant
la succession du Président Suharto. Les prochaines élections
législatives et la réélection quasi certaine du
Président Suharto apporteront des indications intéressantes, mais
non définitives.
Un consensus semble cependant exister autour de l'idée que personne en
Indonésie n'a d'intérêt véritable à des
bouleversements économiques qui compromettraient la croissance.
L'armée semble être le meilleur garant de la poursuite d'une
évolution pacifique et d'une croissance soutenue.
Dans ce contexte, les investisseurs étrangers continuent de
considérer qu'investir en Indonésie est un risque acceptable.
L'analyse des hommes d'affaires français n'est pas globalement
différente de celle de leurs collègues des autres pays.
Dans ces conditions et, avec toutes les précautions d'usage, il semble
raisonnable de conseiller aux entreprises françaises d'investir en
Indonésie. Ces investissements doivent être soigneusement
préparés et la condition fondamentale du succès est le
choix d'un partenaire indonésien de qualité.
Le travail de base des Postes d'expansion et de la Chambre de commerce
franco-indonésienne est de conseiller les investisseurs français
sur ce choix. C'est à ce partenaire, en effet, qu'il appartiendra
d'apporter des financements locaux, mais également de régler les
questions fondamentales de relation avec les administrations locales,
nationales et les autres groupes industriels.
Un investissement avec un partenaire qui ne serait pas approprié est
certainement voué à l'échec.
Du côté français, on peut formuler le voeu que les bonnes
relations qui existent entre le Poste et la Chambre de commerce se
perpétuent, évitant ainsi les guerres pichrocolines qui existent
dans certains pays.
Il est également indispensable d'ouvrir plus largement les financements
sur protocole aux PME.
Enfin, l'Etat français doit assurer à la communauté
française des conditions de vie normale, ce qui implique un enseignement
de qualité à des prix acceptables, une action culturelle conforme
aux attentes locales, et une présence audiovisuelle plus vivante et plus
dynamique qui pourrait utilement s'inspirer de certains programmes anglo-saxons.
Au total, la France a un rôle important à jouer dans un pays qui
est le quatrième du monde par sa population et dont tout laisse à
penser qu'il sera au XXIème siècle le premier dragon de l'Islam.
C'est certainement cette analyse qui a conduit le Président de la
République et le Gouvernement à donner une attention
particulière aux relations avec l'Indonésie et à recevoir
avec des égards marqués, en novembre dernier, le docteur
Bacharuddin Jussuf Habibie.
ANNEXES
ANNEXE 1
: Programme de la mission d'information
ANNEXE 2
: L'Indonésie : présentation géographique
ANNEXE 3
: Données statistiques
ANNEXE 4
: L'Indonésie et son insertion internationale : du
régionalisme au mondialisme ?
ANNEXE 5
: Observations sur le marché audiovisuel de l'Asie
orientale
ANNEXE 6
: Le secteur des transports en Indonésie
ANNEXE 7
: L'électricité en Indonésie
PROGRAMME DE LA MISSION D'INFORMATION
(23-30 mars 1996)
Samedi 23 mars 1996 |
|
- 10 h 30 |
- Arrivée à l'aéroport de Bandar Seri Begawan, capitale du Bruneï. |
- 14 h 30 |
- Entretien avec M. Henri Bergasse, directeur d'Elf Aquitaine au Bruneï. |
- 15 h 30 |
- Entretien avec M. Maveyraud, directeur de Baiduri Bank. |
- 18 h 00 |
- Visite du parc de loisirs "Jerudong Park". |
- 20 h 00 |
- Dîner à la Résidence avec des représentants de la communauté française. |
Dimanche 24 mars 1996 |
|
- 9 h 00 |
- Visite du village sur pilotis de Kampong Ayer. |
- 10 h 00 |
- Visite du musée Regalia du sacre du Sultan. |
- 11 h 00 |
- Entretiens à l'Alliance Française de Bandar Seri Begawan avec MM. Emmanuel Beaufils, CSN, directeur, et Yannick Appriou, enseignant à l'Alliance Française. |
- 14 h 00 |
- Visite du port de commerce de Muara. |
- 16 h 00 |
- Visite de la clinique de Jerudong, sous la conduite du Docteur Jean-Pierre Laporte, médecin radiologue. |
- 19 h 00 |
- Départ de Bandar Seri Begawan. |
- 20 h 30 |
- Arrivée à Jakarta, capitale de l'Indonésie. |
Lundi 25 mars 1996 |
|
- 9 h 00 |
- Entretien à l'Ambassade avec M. Maurice Le Coq, Consul-adjoint. |
- 10 h 00 |
- Entretien au Parlement DPR/MPR avec M. Soerjadi, vice-président des Affaires économiques et financières et groupe de travail (Jalan Catot Subroto, Senayan). |
- 11 h 00 |
- Entretien à l'Ambassade avec M. Pierre-Alain Mignon, président U.F.I. |
- 11 h 30 |
- Entretien à l'Ambassade avec Mme Goiraud et M. Mignon. |
- 12 h 00 |
- Entretien à l'Ambassade avec M. Francis Lacroux, président de l'ADFE. |
- 13 h 00 |
- Déjeuner à la Résidence avec des représentants d'entreprises françaises. |
- 15 h 30 |
- Réunion de travail au PEE. |
- 17 h 30 |
- Visite de la chambre de commerce franco-indonésienne (IFCCI) accueil par M. Dambron, vice-président. |
- 20 h 00 |
- Dîner à la Résidence, avec M. Garnier, conseiller culturel, scientifique et de la coopération. |
Mardi 26 mars 1996 |
|
- 8 h 00 |
- Départ de la Résidence pour la zone industrielle de Pulo Gadung. |
- 9 h 00 |
- Visite du site de Trophy Rajawali (Esat Jakarta Industrial Park,) |
- 10 h 30 |
- Visite du site d'Indokomas/Cegelec (Kawasan industri Pulo Gadung - Jakarta Timur). |
- 13 h 00 |
- Déjeuner à l'hôtel Mandarin avec M. Maurice Le Coq, consul-adjoint. |
- 14 h 30 |
- Entretien au ministère de la recherche avec le Dr Bacharuddin Jussuf Habibie, ministre de la recherche et de la technologie |
- 16 h 30 |
- Réunion au PEE avec des représentants d'entreprises françaises (BTP, banques, tourisme, eaux, chimie, électricité, telecom, pharmacie, produits de consommation). |
- 20 h 00 |
- Dîner à la Résidence du colonel Jean Rocher, attaché de défense (Jalan H. Saidi V/22 - Cipete - Jakarta Selatan) |
Mercredi 27 mars 1996 |
|
- 9 h 30 |
- Réunion de travail avec le service culturel (à l'Ambassade) |
- 10 h 00 |
- Départ pour la visite du lycée. |
- 10 h 45 à
|
- Rencontre avec le
comité de direction et visite
du lycée
|
- 12 h 30 |
- Déjeuner chez Mme Dorance, premier conseiller. |
- 14 h 30 |
- Visite du centre culturel français (CCF) de Salemba. |
- 15 h 00 |
- Départ pour la visite du second CCF. |
- 15 h 30 à
|
- Visite du centre culturel français (annexe Wijaya). |
- 16 h 30 |
- Visite du CEDUST et BCLE. |
- 17 h 30 |
- Fin du programme. |
- 20 h 00 |
- Dîner à la Résidence (Visite de M. Martin Bouygues, président) |
Jeudi 28 mars 1996 |
|
- 7 h 30 |
- Départ de la Résidence pour l'aéroport. |
- 8 h 45 |
- Départ de Jakarta (vol SG 500). |
- 11 h 00 |
- Arrivée à Medan. Accueil par le protocole : M. Wilkie, représentant de France Télécom et Mme Nuriana, présidente de Parmindo Ikat, M. Nicolas Fargues, CSN Medan et Mme Riana, présidente de l'Alliance française. |
- 13 h 00 |
- Entretien aveec M. Pieter Sibarani, vice-gouverneur (30 Jalan Diponegoro, Medan). |
- 13 h 30 |
- Déjeuner restreint organisé par France Télécom. |
- 15 h 30 |
- Visite du projet France Télécom sur le site de Pramindo. |
- 17 h 30 |
- Visite de l'Allliance française. |
- 19 h 30 |
- Dîner-buffet au Novotel (Soechi-Medan-Sumatra nord). |
Vendredi 29 mars 1996 |
|
- 8 h 30 |
- Départ pour la visite du Lac Toba. |
Samedi 30 mars 1996 |
|
- 6 h 30 |
- Retour sur Medan. |
- 14 h 20 |
- Départ par vol SG 503. |
- 16 h 30 |
- Arrivée à Jakarta. |
- 18 h 50 |
- Départ par vol AF 157 à destination de Paris. |
Dimanche 31 mars 1996 |
|
- 6 h 35 |
- Arrivée à Paris-Roissy. |
ANNEXE 2
L'INDONESIE : PRESENTATION GEOGRAPHIQUE
ANNEXE N° 3
DONNÉES STATISTIQUES
PRODUIT INTERIEUR BRUT : 198,900 Milliards de $ (95/96)
PIB/Hab : 1020 $ (95/96)
178,483 Milliards de $ (94/95)
930 $ (94/96)
Répartition du PIB : Primaire : 18 % / Secondaire : 42 % /
Tertiaire : 40 % (95/96)
Population : 192,4 Millions (1994) Taux croissance démographique :
1,6 % (95/96)
Taux d'alphabétisation : 77 % (1990) Part population < seuil de
pauvreté : 14 % (93/94)
ANNEXE 4
L'INDONÉSIE ET SON INSERTION INTERNATIONALE : DU
RÉGIONALISME AU MONDIALISME ?
L'Indonésie est l'un des cinq membres fondateurs de
l'ASEAN. Cette insertion dans une association régionale informelle mais
vivante a, jusqu'à présent, exercé sur le pays une
influence moins économique que politique.
La transformation de l'ASEAN en une zone de libre échange est
aujourd'hui programmée mais reste à mener à bien. Elle
pourrait être de nature à corriger la diminution des relations de
l'Indonésie avec ses partenaires de la zone.
Mais, il ne faut pas négliger la participation de l'Indonésie
à d'autres ensembles régionaux. L'Indonésie s'est
employée a établir des liens privilégiés avec les
grandes puissances du Pacifique, le Japon, bien sûr, mais aussi, à
travers l'APEC
24
, les Etats-Unis et le Canada.
Dans ce contexte, il fallait que l'Europe ne soit pas absente de la
définition en cours des nouveaux équilibres. Le sommet
Europe-Asie de mars 1996 a donné une première réponse
à l'absence anachronique de relations de haut niveau entre l'Europe et
l'Asie.
1. L'association des nations du sud-est asiatique -ASEAN- : une
réalité politique plus qu'économique
La région Asie-Pacifique n'est pas un ensemble homogène. Elle
est, avant tout, une mosaïque de pays aux cultures, religions, niveaux de
développement et régimes politiques différents.
L'intégration régionale y est encore peu
développée. Les premières tentatives de regroupement
étaient, dans les années soixante, liées à des
considérations géostratégiques. C'est dans ce contexte
qu'a été créé l'ASEAN, en 1967, à
l'initiative de Washington.
Son traité fondateur a été signé à
l'occasion du
sommet de Bangkok du 8 août 1967
, par les chefs
d'Etats de l'Indonésie, de la Malaisie, des Philippines, de Singapour et
de la Thaïlande. Bruneï a rejoint l'association en 1984, le Vietnam
en 1995.
Les pays concernés forment un ensemble hétérogène
qui regroupe autant d'habitants -330 millions- que l'Europe.
1. L'ASEAN Pacific Economic Cooperation.
La vocation première de l'ASEAN et son premier succès est
politique mais, dès sa création, la dimension économique
n'était pas absente puisque la déclaration initiale des chefs
d'Etat évoquait la coopération
Celle-ci n'a reçu cependant de réel élan qu'après
le sommet de Bali tenu en 1976 un an après la chute de Saïgon.
a) Les projets communs
Un programme de projets industriels communs
, "l'ASEAN Industrial
Programme
"
(AIP)
, fut d'abord mis en place en 1980. Il
s'agissait de
lancer cinq projets financés par les Etats à raison de 60 %
par le pays hôte et de 10 % par chacun des autres pays membres. Il
est remarquable que le Japon ait décidé de soutenir
financièrement ces programmes qui ne devaient connaître qu'une
réussite partielle. Seuls deux projets ont été
menés à bien : la construction de deux usines d'engrais en
Malaisie et en Indonésie. Les autres projets ont été
abandonnés, les projets d'investissements privés à
Singapour sous forme de "joint-venture" avec des industriels japonais
essuyant
une fin de non-recevoir de la part de l'Indonésie.
En 1981, était lancé le plan de
complémentarité industrielle "
ASEAN Industrial
Complementation
"
(AIC)
, destiné à la mise au point
d'une voiture "ASEAN" réalisée à partir d'une
spécialisation industrielle des pays. Son instrument essentiel
était une réduction des droits de douane sur les composants
nécessaires échangés au sein de la zone. Mais, la
décision de l'Etat malais de construire une voiture nationale, la Proton
Saga, a limité les chances de succès d'un projet qui, depuis
l'initiative prise par l'Indonésie de produire une voiture
indonésienne -la Timor-, semble avoir vécu.
Deux ans plus tard, l' "
ASEAN Industrial Joint Venture
"
(AIJV
) se traduisait par la mise en place d'un système de
concessions tarifaires complexe. Ce traitement préférentiel,
après avoir été réservé aux pays de la zone
concernés par chaque entreprise jointe, devait être étendu
par les autres Etats de l'organisation au terme d'une durée initialement
fixée à quatre ans puis portée à huit ans.
La complexité du système a fortement affecté son
efficacité. Un peu moins d'une vingtaine d'entreprises jointes avaient
été constituées dix ans après le lancement du
programme.
b) Le difficile chemin vers une zone de libre-échange
L'essentiel de la dimension économique de l'ASEAN a résidé
longtemps dans la coexistence de tarifs douaniers élevés,
pratiqués par ses Etats membres, et d'essais d'assouplissement de cette
protection douanière au bénéfice exclusif des partenaires.
Le tableau ci-dessous décrit l'évolution des tarifs douaniers
pratiqués par les pays de l'association.
En dehors de Singapour, dont l'option libre-échangiste
est bien connue et malgré une baisse de la protection tarifaire,
les
droits de douane sont d'un niveau moyen encore élevé
. Ils
sont disparates et l'Indonésie se singularise par un niveau de
protection douanière apparent relativement bas. Cependant, ce pays
pratique des pics tarifaires très élevés : les
travaux du GATT ont montré que le taux effectif de protection variait
entre 10 et 140 % selon les branches d'activité.
Le renforcement souhaité des liens économiques entre les pays
de l'association se heurtait à l'évidence à ces obstacles
tarifaires. Les échanges entre les partenaires ne se sont d'ailleurs
guère développés depuis la création de l'ASEAN et
tournent depuis vingt ans autour de 20 % du commerce extérieur de
la zone
. Les exportations intra-ASEAN se sont certes accrues à un
rythme élevé, 10,1 % par an entre 1981 et 1991, mais pas
plus rapide que celui des échanges avec l'extérieur de la zone.
En toute hypothèse, la part du commerce réalisé entre les
partenaires est de beaucoup inférieure à celle
réalisée par les pays de l'Union européenne les uns avec
les autres.
Pour corriger ce défaut d'intégration économique
régionale, la mise en place d'une zone de libre-échange est vite
apparue comme une nécessité
. Mais elle s'est heurtée
aux
intérêts contradictoires de chacun
.
Les pays à droits de douane élevés ont redouté les
pertes de recettes publiques qui auraient pu résulter d'un
désarmement douanier, susceptible de remettre en cause leur
stratégie de développement basée sur la substitution de
productions nationales aux importations.
De surcroît, la situation particulière de Singapour très
ouverte au commerce international a fait craindre à ses partenaires que
la ville-Etat ne devienne la base avancée d'une
pénétration des productions étrangères.
Les deux tableaux ci-après qui récapitulent les flux
bilatéraux d'exportation en 1980 et 1991 respectivement illustrent le
bien-fondé de ces inquiétudes.
Ils montrent que les exportations en provenance de Singapour,
qui représentaient déjà 35 % des exportations
bilatérales en 1980, se sont élevées en 1991 à
39 % de l'ensemble.
Ces tableaux font apprécier l'augmentation très rapide de la
part de la Malaisie dans les importations des autres pays de l'association et
concomitamment le déclin de celle de l'Indonésie passée en
une décennie de 30 à 13 % du total.
Malgré ces obstacles, les accords commerciaux se sont
développés.
En 1977, la proposition indonésienne de préférence
tarifaire commerciale devait déboucher sur un accord
dénommé "
Preferential Trade Agreement
"
(PTA)
, qui
accordait une marge de préférence aux importations en provenance
d'un autre Etat membre figurant sur une liste de produits que chacun avait la
responsabilité de présenter.
Malgré une augmentation du taux de la préférence
instituée qui est passée de 10 à 50 %, l'effet de cet
accord sur le commerce régional est très modeste, les listes
présentées comportent en général des biens
déjà échangés librement.
C'est pourquoi, dans un contexte d'intensification des accords
commerciaux régionaux (ALENA, grand marché européen) fut
élaborée lors du sommet de Singapour de janvier 1992, l'"
Asean
Free Trade Area
"
(AFTA)
mis en oeuvre à partir du
1er janvier 1993.
Il s'agit - nous l'avons vu - de ramener les droits de douane sur les
biens produits à l'intérieur de l'association dans une fourchette
de 0 à 5 % à l'horizon 2008. Le calendrier fixé
est complexe, certains produits étant justiciables d'un
désarmement douanier accéléré : plastiques,
textiles, joaillerie, ciment, engrais, cathodes en cuivre, produits en cuir,
huile végétale, produits en caoutchouc, pâte à
papier, produits chimiques, céramique/verre, électronique,
meubles en bois, produits pharmaceutiques.
En outre, chaque Etat s'est vu reconnaître la faculté d'exclure
certains produits. C'est ainsi que l'Indonésie a exclu près de
1.800 produits de ses lignes tarifaires.
Les autorités indonésiennes semblent militer en faveur d'un
approfondissement de l'AFTA. Mais, elles n'ont pas soutenu, lors de la
conférence ministérielle de l'ASEAN des 7 et 8 septembre 1995
à Bandar Seri Begawan (Brunei), la proposition de la présidence
brunéïenne à laquelle s'était associé
Singapour, visant à avancer au 1er janvier 2000 l'achèvement
du désarmement tarifaire. L'Indonésie est, en revanche, favorable
à une extension significative du champ d'application de l'AFTA, sous la
forme de plusieurs projets : élimination progressive des
barrières non tarifaires, inclusion des services, élaboration
d'un accord sur la propriété intellectuelle et sur
l'investissement, instauration d'un mécanisme de règlement des
différends.
En tout état de cause, les difficultés d'application de
l'accord restent nombreuses.
Cette situation est paradoxale compte tenu du développement des
relations avec les pays extérieurs à l'ASEAN.
2. L'ouverture vers l'extérieur
a) L'Asean Pacific Economic Cooperation (APEC)
Forum de concertation créé en 1989, l'APEC rassemble
l'Amérique du nord, le Chili, la plupart des pays asiatiques à
l'exception de ceux du sous-continent indien, ainsi que l'Australie et la
Nouvelle-Zélande. A l'origine instance informelle de dialogue, l'APEC a
changé de nature lors du
sommet de Bogor, en Indonésie, le
15 novembre 1994
. Sous l'impulsion des Etats-Unis, la
présidence indonésienne a fait adopter par les chefs d'Etat et de
gouvernement une déclaration ambitieuse, qui fixe un objectif
daté de "libre échange ouvert" : 2010 pour les pays
industrialisés, 2020 pour les autres. L'ensemble des questions relatives
à la mise en oeuvre de cet objectif sont restées ouvertes : champ
d'application du processus (agriculture, services), date de départ,
critères permettant de répartir les pays entre les deux
catégories annoncées, conditions de l'extension des avantages aux
pays non membres. La déclaration de Bogor comporte également deux
autres volets : un ensemble de "principes non contraignants" pour
l'ouverture
aux investissements étrangers à l'intérieur de l'APEC, les
grandes lignes d'actions de coopération dans les domaines prioritaires
que sont le développement des infrastructures et la valorisation des
ressources humaines.
Le Japon, qui a assumé la présidence tournante de l'APEC en 1995,
a défini une méthodologie pour la mise en oeuvre des engagements
de Bogor, à partir du concept de
"libéralisation
unilatérale concertée"
, qui consiste à
reconnaître à chaque pays le droit de progresser dans l'ouverture
commerciale à son rythme propre, sur la base de concessions volontaires
unilatérales, tout en acceptant la mise en place de mécanismes de
consultation et de suivi permettant aux autres Etats membres d'évaluer
ces efforts.
Sur cette base, la présidence a préparé un programme
d'action en trois étapes, qui fait l'objet d'un consensus : adoption des
principes généraux régissant le processus de
libéralisation, présentation des plans d'action nationaux (listes
de concessions commerciales) en 1996 sous présidence philippine, et
consultations sur ces plans dans la même période ; enfin, mise en
oeuvre de ces plans nationaux au 1er janvier 1997 au début de la
présidence canadienne.
Des divergences demeurent
sur trois sujets difficiles :
-
la globalité de l'accord
, et notamment l'inclusion de
l'agriculture dans les plans d'action nationaux. Plusieurs pays d'Asie
demandent le droit à un traitement différencié, qui est
vigoureusement contesté par les Etats-Unis et l'Australie ;
-
le rythme du désarmement tarifaire
: la présidence
propose une accélération de la mise en oeuvre des accords du
GATT, à titre d'acompte pour démontrer une volonté commune
de progresser sur la voie de la libéralisation. Les Etats-Unis
invoquent, pour leur part, les réticences du Congrès
américain qui n'est pas prêt à accepter un engagement de ce
type. Ils considèrent qu'une telle décision devrait être
prise par les pays asiatiques dont les offres dans le cadre du cycle de
l'Uruguay sont inférieures à celles des Etats-Unis. Quant
à la possibilité d'annoncer de nouvelles réductions
tarifaires, l'administration américaine a fait savoir qu'elle
préférait attendre les résultats de la réunion
ministérielle de l'OMC de Singapour, pour choisir entre un schéma
de libéralisation propre à l'APEC et un schéma
adopté dans le cadre multilatéral ;
-
la non-discrimination
, l'examen des conditions d'une extension
éventuelle des préférences commerciales aux pays non
membres étant éventuellement reporté.
Les autorités indonésiennes
soutiennent les positions
américaines sur la libéralisation des échanges, en partie
parce qu'elles bénéficient d'une échéance lointaine
(2020). Elles ne partagent pas les réticences américaines sur
l'application des préférences commerciales APEC : elles
estiment avoir donné l'exemple, en publiant en mai dernier un plan
ambitieux de libéralisation des importations d'application
erga
omnes.
En revanche, elles ne montrent aucun enthousiasme pour une
accélération de la mise en oeuvre des accords du cycle d'Uruguay.
Cependant, au cours des négociations multilatérales auxquelles
celui-ci a donné lieu, l'Indonésie a fait des efforts
substantiels en matière tarifaire en réduisant de 37 %
à 15 % les droits sur un certain nombre de produits industriels.
A cette occasion, l'Indonésie a revendiqué un allégement
des disciplines pesant sur les pays asiatiques en matière d'antidumping
et a freiné sérieusement les capacités d'exercice des
prestataires financiers étrangers.
Il est à noter que l'Indonésie est opposée à
l'examen par l'OMC du lien entre commerce et normes sociales.
b) La rencontre euro-asiatique : l'Asia Europe Meeting (ASEM)
L'ASEAN est liée à l'Union européenne par un accord de
coopération signé le 7 mars 1980 pour cinq ans renouvelable
par périodes de deux ans depuis 1985.
Par ailleurs, l'aide de l'Union aux pays de l'ASEAN est importante. De 1976
à 1991, la Communauté et ses Etats membres ont apporté aux
pays de l'ASEAN près de 7 milliards de dollars d'aide publique au
développement, un chiffre certes très inférieur à
l'aide du Japon (17 milliards de dollars), mais néanmoins deux fois
plus élevé que l'aide américaine (3,7 milliards de
dollars à l'ASEAN sur la même période).
S'agissant de l'aide récente de la Communauté (hors aides
bilatérales des Etats membres), le montant des nouveaux engagements en
matière d'aide aux pays de l'ASEAN (Vietnam compris) a été
de 107 millions d'écus en 1994 et 115 millions d'écus
en 1995, soit le tiers de l'aide technique communautaire à l'Asie. Il
s'agit pour l'essentiel de projets d'appui au développement rural, mais
aussi de coopération économique ou de formation. Les principaux
bénéficiaires en sont l'Indonésie, les Philippines et,
désormais, le Vietnam.
Pour tenir compte des évolutions intervenues dans les pays de l'ASEAN,
les ministres ont décidé lors de la conférence de
Karlsruhe, en septembre 1994, de promouvoir, en matière
économique et commerciale, un dialogue ouvert sur les questions
d'intérêt mutuel (accès au marché,
propriété intellectuelle, barrières non tarifaires), et de
mettre l'accent, en matière de coopération au
développement, sur la lutte contre la pauvreté,
l'éducation, l'environnement, la lutte contre le SIDA, ainsi que de
développer les échanges culturels.
L'Union est le troisième marché de l'ASEAN
(15,5 % de ses
exportations), derrière les Etats-Unis (20,2 %) et le Japon (17 %) et
son troisième fournisseur (13,7 % des importations de l'ASEAN),
derrière le Japon (23 %) et les Etats-Unis (13,9 %).
Mais, malgré ces liens étroits, l'Europe et le sud-est
asiatique avaient jusqu'à présent peu dialogué.
. La genèse du sommet :
Le projet de sommet entre l'Europe et l'Asie au niveau des chefs d'Etat et de
gouvernement (dénommé "rencontre euro-asiatique") résulte
d'une initiative du Premier ministre de Singapour, M. Goh Chok Tong,
lancée lors de sa visite en France en octobre 1994.
Les autorités singapouriennes, estimaient à juste titre que face
aux relations institutionnelles entre l'Asie et l'Amérique du nord dans
le cadre de l'APEC et aux rapports traditionnellement étroits entre
l'Europe et les Etats-Unis, il existait un vide entre l'Europe et l'Asie,
aucune des procédures de dialogue existantes ne conduisant à des
résultats de grande ampleur. La France et l'Union européenne ont
apporté un soutien sans réserve à cette initiative,
qualifiée par le Conseil de "signal politique de première
importance".
L'Union européenne souhaitait que la rencontre parvienne à des
conclusions opérationnelles, manifestant la volonté commune de
travailler ensemble, sur des sujets en nombre limité, en particulier
l'accès au marché, l'investissement, la coopération et les
ressources humaines.
Les autorités indonésiennes, de leur côté,
souhaitait que la rencontre représente une première étape
dans un processus de rapprochement durable entre l'Europe et l'Asie. Elles
étaient réservées quant à une participation future
de l'Inde aux rencontres euro-asiatiques. Son inclusion devrait
entraîner, selon elles, celle des autres Etats du sous-continent indien,
et changer la nature de l'ASEM, en particulier son identité "Asie de
l'Est". Les autorités indonésiennes souhaitaient mettre l'accent
sur les questions économiques.
. Les résultats du sommet :
Le sommet s'est tenu à Bangkok les 1er et 2 mars 1996
réunissant face aux partenaires européens, les sept membres de
l'ASEAN, la Corée du Sud, la Chine et le Japon. Il a permis de rompre
avec l'absence de relations au plus haut niveau entre les deux continents en
instaurant un dialogue dont l'approfondissement a fait l'objet d'un calendrier
formalisé.
Tous les points de contentieux n'ont pas été aplanis, qu'il
s'agisse de la question des droits de l'Homme ou des conflits commerciaux, mais
le sommet a constitué une "première" utile suivie d'une rencontre
à Paris les 14 et 15 octobre dernier entre hommes d'affaires des
deux régions.
Symboliquement important, ce rapprochement euro-asiatique demande encore
à déboucher sur des résultats concrets qui traduiraient
l'amélioration de l'équilibre des relations internationales des
deux continents.
ANNEXE N° 5
OBSERVATIONS SUR LE MARCHÉ
AUDIOVISUEL DE L'ASIE ORIENTALE
Extrait des observations effectuées par M. Jean Cluzel, rapporteur
spécial des crédits de la communication, à l'issue d'une
mission audiovisuelle en Asie Orientale
Un constat
Le marché audiovisuel de l'Asie orientale constitue -pour notre pays-
l'un des enjeux les plus importants des prochaines années. Or,
l'audiovisuel français est, dans cette région, dramatiquement
absent
.
Les obstacles
1)
Le premier tient à la concurrence très efficace des
opérateurs anglo-saxons qui sont de rang international. Ils sont partout
présents, même dans des pays qui dénoncent
l'impérialisme culturel américain.
2) D'autres obstacles sont liés à la demande
. Il s'agit,
d'abord, de la
langue
. Celle de la communication et des affaires est,
dans ces pays, incontestablement, l'anglais. Contrairement à une
idée répandue, elle n'est cependant parlée ou comprise que
par une minorité de personnes, qui l'utilisent avant tout pour le
commerce. Le français est très peu utilisé. De plus, les
programmes des chaînes nationales en Asie orientale sont avant tout
nationaux.
La plupart de ces pays ont même adopté une
législation imposant aux diffuseurs - dans les licences autorisant
l'émission - un quota d'oeuvres nationales, mais cette contrainte
est, la plupart du temps, superflue.
3)
Ensuite, il n'est pas facile d'être présent sur ce
marché audiovisuel, pour des raisons soit économiques, soit
politiques. Quand ils existent, les accords bilatéraux entre diffuseurs
français et diffuseurs nationaux demeurent difficiles à
appliquer.
Cela rend
rend nécessaire la présence
physique et continue de représentants
(persévérants)
des opérateurs audiovisuels sur les
marchés convoités.
4)
Il faut enfin tenir compte du contexte politique qui n'est pas toujours
favorable à la diffusion directe de programmes, à la coproduction
ou au développement des échanges.
Il est donc illusoire,
même à moyen terme, de tenter une diffusion directe de TV5, ou
d'un bouquet de programmes européens, sur certains marchés.
Les suggestions
1) Les télévisions d'Asie orientale et d'Asie du sud-est sont en
croissance très rapide et sont à la recherche d'un
troisième fournisseur qui ne soit ni les États-Unis, ni le Japon.
La France devrait savoir profiter de cette opportunité.
2)
Nous pourrions faire prendre conscience aux télévisions
publiques asiatiques - en perte de vitesse - de l'atout que
représente la diversité culturelle (secteur public en
compétition avec le secteur privé) et de la
nécessité de défendre (comme la France) leur
identité culturelle et nationale par l'audiovisuel.
3)
Même si la France est peu présente dans cette zone, les
professionnels français de l'audiovisuel, peu nombreux, sont
néanmoins
très actifs
. Le soutien de leurs initiatives est
assuré par un
dispositif institutionnel
important, dense et de
qualité, grâce notamment aux attachés audiovisuels des
services culturels de nos ambassades. Des initiatives pourraient donc
être prises afin de renforcer notre présence en Asie : une
adaptation de notre offre audiovisuelle (I), une meilleure
"visibilité"
de l'audiovisuel français (II), une réorientation des aides
publiques à l'audiovisuel au bénéfice de l'exportation
(III), une réorganisation de notre stratégie audiovisuelle en
Asie (IV).
(I) Il faut, tout d'abord
, porter notre effort sur l'amélioration des
contenus
autant que se préoccuper des "tuyaux" qui les
diffuseront.
Il nous faudrait par conséquent
adapter notre offre
aux
spécificités des marchés asiatiques.
a) Il faudrait tout d'abord dépasser l'obstacle de la langue. Les
diffuseurs présents dans cette région devraient utiliser
trois
vecteurs linguistiques selon la nature de l'émission
: le
français, l'anglais, et la langue locale.
b) Il serait indispensable que nos opérateurs (TV5 et CFI) connaissent
mieux leur audience afin d'affiner leur stratégie de programmation en
fonction du public visé et des résultats à obtenir.
c)
Notre offre audiovisuelle devrait être regroupée et plus
cohérente
. Le distinguo entre CFI et TV5, entre la chaîne
française et la chaîne francophone, entre la banque d'images et la
diffusion directe, est souvent difficile à comprendre pour les
opérateurs étrangers. En outre, sur le terrain, la logique
TV5-diffusion directe / CFI-diffusion numérique n'est pas toujours
respectée.
d) L'offre audiovisuelle devrait être
adaptée au
marché international
.
Notre action audiovisuelle extérieure devrait donc être au moins
régionalisée
, sans pour autant se limiter à une
stratégie panasiatique. Or,
la France est encore très en
retard par rapport à un objectif qui devrait constituer une
priorité absolue, comme le Conseil audiovisuel extérieur de la
France de 1994 l'avait décidé.
(II) Pour développer la présence audiovisuelle française,
il manque à l'évidence une pièce dans le dispositif de
notre action audiovisuelle extérieure. Au sein de la chaîne
francophone TV5 et de la banque de programmes CFI,
il existe une place pour
un module de journaux télévisés internationaux
en
multidiffusion qui ponctueraient la diffusion de ces chaînes.
L'Asie orientale pourrait constituer le banc d'essai de cette nouvelle
formule.
Compte tenu de la situation de nos finances publiques, celle-ci ne devrait pas
être financée par le budget de l'Etat, ni par la redevance.
Ce journal télévisé international pourrait être
réalisé pour moitié à partir des images
provenant de toutes les chaînes publiques et privées
françaises, et le cas échéant d'Euronews
. Cette partie
aurait pour mission de faire le point de l'actualité en France et en
Europe. Ce journal pourrait également être
réalisé pour moitié par les correspondants locaux des
chaînes publiques et privées françaises
afin de faire
part du point de vue français sur l'actualité nationale et
régionale en Asie.
Le rapprochement entre les opérateurs de l'action audiovisuelle
extérieure et France Télévision, grâce à la
création du
holding "TéléFI"
(Télévision France Internationale) pourrait fortement
contribuer à accroître les synergies entre audiovisuel public
national et audiovisuel public international.
(III) Les sociétés dont les programmes audiovisuels s'exportent
devraient bénéficier en priorité des aides à la
production. Même si
le marché audiovisuel asiatique n'est pas
encore rentable
(une fiction ou un documentaire se négocie en effet
parfois à 10.000, 5.000, voire 2.500 francs...), nous ne pouvons
nous permettre d'être absents. En refusant de vendre des productions
amorties financièrement, les sociétés françaises de
production manquent l'occasion de s'implanter sur un marché pourtant
prometteur et, en tous cas, indispensable à la présence de la
France, maintenant, certes, mais, encore plus, au siècle prochain.
La présentation de programmes audiovisuels français devrait
être conçue dans une optique globale et l'audiovisuel devrait
constituer un élément de stratégie économique
nationale
.
(IV)
Il faut, enfin et surtout, choisir des priorités.
La France ne peut, sur le plan audiovisuel, être partout
présente dans le monde. Notre pays doit donc faire des choix entre les
différentes parties du monde.
L'Asie a, jusqu'à présent, été moins bien
traitée, par notre action audiovisuelle extérieure, que
l'Afrique. Or, le poids économique et politique de l'Asie est bien
supérieur à celui de l'Afrique... Pouvons-nous encore nous
permettre une politique de l'offre généreuse sans souci de
l'audience ? A l'évidence, la situation de la France en cette fin
de siècle impose d'assurer le meilleur usage de l'action audiovisuelle
extérieure.
Mais la France ne peut, sur le plan audiovisuel, être présente
partout en Asie
: il nous faut définir des priorités et une
stratégie.
Ces choix font encore défaut. Il semble
nécessaire
d'affirmer des priorités et de concentrer l'action
audiovisuelle extérieure sur les pays qui compteront le plus au
siècle prochain.
a) Le fait d'accorder des crédits importants de l'action
audiovisuelle extérieure en faveur du Vietnam au détriment du
reste de l'Asie semble une première erreur.
b) Le fait de ne pas affirmer de priorité entre les pays d'Asie
constitue une seconde erreur.
Il faudrait, au contraire,
hiérarchiser nos priorités
et
que ce choix soit proposé à un prochain Conseil audiovisuel
extérieur de la France afin de faire respecter cette stratégie
par les opérateurs audiovisuels publics.
On pourrait distinguer
:
Les pays qui représentent un
intérêt
prioritaire
pour l'action audiovisuelle extérieure. Ces pays
seraient, dans l'ordre décroissant, le Japon, Taïwan, la
Corée du Sud, Hong Kong et Singapour. Ils devraient
bénéficier de toute l'attention des opérateurs publics et
les postes d'attachés audiovisuels pourraient recevoir des moyens
accrus, par un redéploiement interne.
Les pays émergents, sur le plan audiovisuel, pour lesquels une
action de
veille active
devrait être menée : cette action
ne rend pas nécessaire la présence d'attachés audiovisuels
et/ou de représentants des opérateurs publics, mais elle justifie
des crédits pour des actions ponctuelles de promotion de l'audiovisuel
français. Il s'agit de la Chine, des Philippines, de la Thaïlande,
de la Malaisie et de l'Indonésie.
Les autres pays, qui présentent un moindre intérêt
pour le moyen terme, au titre de l'action audiovisuelle extérieure, ne
devraient plus faire l'objet de crédits ouverts à ce chapitre.
Une conclusion
Il n'y a pas d'action diplomatique - surtout lorsqu'il s'agit du secteur
de l'audiovisuel - sans acceptation de l'autre et des produits des pays
avec qui l'on veut contracter. La carte de la réciprocité doit
donc être jouée ; par exemple, en invitant nos partenaires d'Asie
orientale à créer des chaînes thématiques,
diffusées à partir de la France, et proposées au reste de
l'Europe.
C'est pour cela également que le rapprochement entre le pôle
international de l'audiovisuel public et son pôle national doit
constituer une priorité.
ANNEXE N° 6
LE SECTEUR DES TRANSPORTS EN
INDONÉSIE
Les infrastructures de transports existantes sont, d'une
façon générale, sous-dimensionnées par rapport aux
besoins du pays et constituent souvent une entrave au développement de
l'activité économique. Les besoins en infrastructures nouvelles
considérés prioritaires dans le cadre du plan quinquennal 1994/99
sont estimés à plus de 12 milliards USD. A titre d'exemple,
le seul programme de construction de 770 km d'autoroutes à
péage est estimé à 2,2 milliards USD.
On estime que les fonds publics ne peuvent assurer que 30 % du financement
de ces projets. Cette faible disponibilité des ressources publiques
contraint les autorités à proposer certains projets
d'infrastructures en concession au secteur privé. Cette politique est
déjà une réalité pour les sections d'autoroutes, et
est amenée à se développer pour les projets de transport
en commun urbains et ferroviaires. En outre, les crédits d'aide publique
au développement ont largement contribué à la construction
de nouveaux aéroports modernes et adaptés aux
développement rapide du transport aérien. La France a
financé la construction de l'aéroport international de Jakarta
dans les années 80 et le Japon celle de l'aéroport de Bali. Les
projets de construction à venir sont l'aéroport d'Ujung Pandang
(Sud Sulawesi) sur protocole français, et les aéroports de Manado
(Nord Sulawesi) et Ambon (Moluques) sur financement Banque asiatique de
développement.
Les principaux projets par secteur actuellement recensés sont les
suivants :
- aéroports : outre les projets mentionnés ci-dessus, neuf
projets de construction de nouveaux aéroports ou de modernisation
d'infrastructures existantes sont prioritaires (dont ceux de Surabaya et de
Medan) pour un total de plus de un milliard de dollars ;
- transport ferroviaire : la société nationale de chemins de
fer Perumka privilégie la rénovation des deux axes nord-sud
à Java avec le doublement des sections à voie unique et le
remplacement d'appareils de voie et de systèmes de signalisation. Une
étude pour un TGV reliant Jakarta et Surabaya est actuellement en cours
par des consultants français ;
- transports publics urbains : outre le projet de métro de Jakarta
dont les études de conception ont été attribuées
à un consortium germano-japonais, des équipements en
matière de transport en commun semblent indispensables dans les grandes
villes du pays (Sarabaya, Medan, Bandung, Yogyakarta). Ces projets sont
envisagés par les autorités sous forme de concessions partielles
au secteur privé ;
- ports et navires : plusieurs projets de "terminaux containers"
existent
(port de Jakarta, île de Batam...), mais les priorités sont
à moyen terme concentrées sur les navires porte-containers et les
infrastructures de transport de charbon.
ANNEXE N° 7
L'ÉLECTRICITÉ EN
INDONÉSIE
L'opérateur national d'électricité PLN
assure la production, le transport et la distribution de
l'électricité. En 1995, la production totale
d'électricité a été de 51.000 Gwh, pour une
capacité installée de 13.600 MW, dont 10.100 MW sur Java-Bali et
2.000 sur l'île de Sumatra. A cette production PLN. Il faut ajouter une
production indépendante (IPP) destinée essentiellement à
l'alimentation de complexes industriels, de capacité totale
5.900 MW (dont 4.800 sur Java-Bali). La capacité installée
PLN se répartit comme suit : thermique charbon 35 %, cycle
combiné 25 %, hydraulique 16 %, gaz 7 % et
géothermique 1 %.
En 1994, la clientèle de PLN ne s'élevait qu'à un peu plus
de quinze millions d'abonnés pour une consommation totale de
40.000 Gwh, se répartissant de la façon suivante :
|
Ménages |
Industries |
Commerce |
Public, collectif |
Nombre d'abonnés |
94 |
0,5 |
3 |
2,5 |
Consommation |
34 |
50 |
10 |
6 |
Statistiques PLN - Chiffres en % |
|
|
|
|
Le plan quinquennal 1994/1999 prévoit une croissance de
la demande d'électricité de plus de 15 %/an, qui sera
assurée par une augmentation de la capacité installée de
10.000 MW. Le réseau de transport haute tension (500 Kv,
275 Kv et 150 Kv) serait doublé au cours de la même
période, passant de 12.500 km à près de
23.000 km et le réseau de distribution (70 et 20 Kv)
augmenté de quelque 330.000 km (105.000 km aujourd'hui). Ces
objectifs particulièrement ambitieux et considérés par
certains professionnels comme excessifs, représentent plus de
3 milliards de dollars d'investissements par an pendant cinq ans.
Les ressources financières propres de l'opérateur national et les
allocations budgétaires de l'Etat étant insuffisantes pour
financer ces infrastructures indispensables au développement de
l'économie du pays, PLN a lancé depuis trois ans une politique
d'émission d'obligations sur le marché national. L'ouverture de
son capital à des intérêts privés pourrait
également se réaliser dès 1997, ouvrant la voie à
de nouvelles sources de financement. La participation du secteur privé
aux projets de génération électrique devrait
également s'accélérer. Les autorités estiment que
près de 20 % de l'augmentation de la capacité de production
pourrait se réaliser sous cette forme. Par ailleurs, il n'est pas exclu
que dans un avenir proche, le secteur privé soit également
invité à investir dans le réseau de transport et de
distribution.
Il y a à l'évidence de considérables opportunités
pour la France.
Les sociétés exportatrices doivent impérativement
s'adapter à ce nouvel environnement, soit en investissant directement
dans un projet comme l'ont fait General Electric, Siemens et PowerGen dans deux
projets de centrales à Paiton à Java-Est, soit en soumissionnant
à la fourniture d'équipements auprès des consortiums
d'investisseurs privés. Les exportateurs doivent cependant
intégrer le fait que PLN continuera de jouer un rôle
déterminant en matière de normes et de spécifications
techniques.
1
Bien que 80 % des terres de
l'archipel soient constituées par 5 îles : Kalimantan
(28 %), Sumatra (25 %), Irian Jaya (Nouvelle-Guinée
occidentale : 22 %), Célèbes (10 %) et Java
(6 %).
2
Le pays situé de part et d'autre de l'Equateur
connaît un climat chaud et humide toute l'année.
3
Source : Indonésie, Bertrand Dorléans, les
éditions du CFCE, 1996.
4
Le Golkar (parti officiel), 67 % des suffrages
exprimés aux élections de juin 1992 (contre 73 % en
1987) ; le PPP (longtemps porte-parole des musulmans), 17 % des voix
en 1992 ; le PDI (surtout composé de chrétiens et de
nationalistes, il était dirigé jusqu'en juin 1996 par la fille
aînée de l'ancien président Soekarno) a été
avec 15 % des voix, le parti qui a le plus progressé aux
dernières élections (+ 9 sièges).
5
Selon certaines estimations, l'invasion de 1975, les
opérations de pacification menées par les forces armées
indonésiennes, les exécutions et la famine qui en est
résultée à la fin des années 70 auraient
coûté la vie de près d'un tiers des Timorais de l'Est (sur
660.000 habitants environ, à l'époque).
6
Qui a effectué son premier pélerinage à la
Mecque en 1991.
7
Pour plus de précisions sur ce point, voir annexe 4 :
"L'Indonésie et son insertion internationale : du
régionalisme au mondialisme"
8
Asian Pacific Economic Cooperation créé en 1989
à l'initiative de l'Australie et des Etats-Unis, il rassemble 18 pays,
à savoir ceux d'Amérique du Nord, le Chili, la plupart des pays
asiatiques à l'exception de ceux du sous-continent indien, ainsi que
l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
9
Sept pays d'Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie,
Singapour, Thaïlande, Philippines, Bruneï et Viet Nam) couvrant 3,8
millions de km² regroupant 407 millions d'habitants et dont le taux de
croissance moyen est de 7 %.
10
Les Philippines sont membres de l'ASEAN.
11
Qui a occupé l'archipel durant la dernière guerre
mondiale.
12
Dont la faible capitalisation des entreprises du secteur ne
permet pas encore la pleine exploitation.
13
Si elle ne découvre pas de nouveaux gisements
commercialement rentables, ce qui n'est pas impossible puisque seuls 36 des 60
bassins sédimentaires du pays ont été à ce jour
explorés, et si elle ne parvient pas à diversifier sa propre
consommation d'énergie très vorace en produits pétroliers.
14
96,2 millions d'habitants en 1960, 192,5 millions en 1995, 254
millions prévus en 2020.
15
20 % de la population se partageant 56,7 % du PNB, 40 % en
obtenant 32 % et 40 % le solde, soit 11,7 %.
16
La consommation des ménages a progressé de
près de 9 % en 1995 après avoir crû de 7,5 % en 1994 et de
5,8 % en 1993.
17
Elles ont entraîné une spectaculaire progression
des demandes d'investissement en provenance de l'étranger :
40 milliards de dollars en 1995, 23,7 en 1994 contre
8,1 milliards en 1993 et 10,3 en 1992.
18
AFTA : Asean Pacific Trade Area créée par le sommet
de Singapour et mise en place depuis le 1er janvier 1993. Elle est le cadre
dans lequel doit s'organiser la suppression d'ici 2003 des barrières
douanières entre les membres de l'ASEAN.
19
Plus de 50 % d'entre elles concernent 5 secteurs (bois, textile,
produits alimentaires, appareils électroniques assemblés,
produits de la mer), où les valeurs ajoutées par la main d'oeuvre
locale sont faibles et reposent sur des avantages comparatifs (matières
premières locales et travail bon marché) à la porté
des autres pays de la région.
20
Il est vrai que si cette dette, principalement libellée
en yens, continue de croître sous l'effet de l'appréciation de la
monnaie japonaise, elle poursuit sa baisse en proportion du PIB ( 52 % en 1995,
contre 55 % en 1994 et 57 % en 1993) et son service est stable à 30 %
des exportations de biens et services.
21
Dont dépend 50 % du financement de l'économie.
22
Qui n'est à chaque délivrance accordé que
pour une durée limitée.
23
Ce même ratio est de 6,5 en Thaïlande et de 13 en
Malaisie.