Conclusion

Si l'on reprend les trois facteurs de progrès social cités plus haut, on s'aperçoit que la mondialisation affecte ces trois types de mécanisme :

- elle affecte la croissance, car la libéralisation des échanges commerciaux encourage des stratégies de croissance entièrement axées sur l'exportation, et la libéralisation financière rend ces stratégies nécessaires, tout en incitant les Etats à comprimer leur demande interne - d'où un effet de composition auto-destructeur.

- elle affecte les droits du travail, car en l'absence de normes mondiales, les entreprises respectant ces droits finissent perdantes dans la concurrence mondiale.

- elle affecte les transferts du secteur public, en drainant les ressources budgétaires des Etats en faveur des entreprises, et en affaiblissant la capacité des Etats à mobiliser les ressources fiscales nécessaires.

Si l'on veut conserver les gains économiques qu'offre potentiellement la mondialisation, et les convertir en gains sociaux, alors il faut essayer de résoudre tous les dilemmes du prisonnier que je viens de décrire.

En particulier, il faut :

- des engagements mutuels sur des objectifs de croissance de la demande interne ;

- un plus grand pragmatisme en matière de libéralisation des flux financiers ;

- des normes internationales de respect des droits du travail ;

- des actions tendant à réduire la course aux subventions et l'érosion fiscale (de semblables actions sont en cours dans le cadre européen, et aussi, pour le domaine fiscal, dans le cadre transatlantique).

La dimension de protection de l'environnement pourra très bien s'intégrer dans ce programme, notamment par des mesures incitatives coordonnées au plan international et par un réajustement des incitations fiscales.

Il est temps de comprendre que la politique sociale ne relève plus des affaires intérieures, mais est devenue une affaire de politique extérieure à part entière.

Pour terminer, je voudrais souligner que ces quelques observations ne constituent pas une position officielle du PNUD, qui est une grande maison avec beaucoup d'opinions différentes, mais j'espère qu'elles pourront contribuer au débat actuel sur les conséquences de la mondialisation.

Je vous remercie.

M. Bernard BARBIER, Président.- C'est moi qui vous dois des remerciements, Madame, d'être venue nous apporter la bonne parole et en même temps une autre vision, comme vous venez de le dire.

Je voudrais, à la fin de ce Colloque, faire deux brèves remarques :

- la première pour rappeler que les débats de cette matinée ne constituent que la première phase des travaux de projection qui sont conduits par la Délégation pour la Planification, et que celle-ci présentera à l'automne, comme d'habitude d'ailleurs, des perspectives davantage centrées sur l'économie française et décrivant de façon plus précise qu'aujourd'hui, si cela est possible, le profil des prochaines années ;

- la deuxième remarque pour indiquer que la version finale des scénarios à l'horizon 2005, élaborée par l'équipe MIMOSA, sera jointe au rapport d'information que la Délégation pour la Planification publiera à la suite du Colloque.

Pour terminer, je vous invite à une rencontre autour d'un verre à la santé de tous les intervenants, de toutes celles et de tous ceux qui nous ont fait le plaisir de venir ce matin, sans oublier ceux qui ont permis d'organiser ce Colloque.

Je vous remercie et vous donne rendez-vous pour le XIIIème Colloque, l'année prochaine.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page