B. POURSUIVRE L'EFFORT D'ORGANISATION DE FILIÈRES DE PRODUCTION À HAUTE VALEUR AJOUTÉE
Des entretiens qu'il a eux avec l'ensemble des responsables
du
territoire, votre rapporteur retire quelques convictions concernant
l'organisation de filières de production à haute valeur
ajoutée :
- L'effort déjà consenti en faveur de
l'aquaculture
des
crevettes peut et doit être accru. Les handicaps décrits dans la
deuxième partie de cet ouvrage, en particulier le poids des aléas
climatiques, le "Syndrome 93" et l'insuffisante structuration de la
filière, ne sont pas tels, en effet, qu'ils ne puissent être
surmontés.
- Les promesses de
la pêche hauturière
et de la
transformation sur place de ses ressources n'en sont qu'à leurs premiers
balbutiements.
Or,
le rééquilibrage économique au profit des provinces
Nord et des Iles Loyauté peut s'alimenter à ce type
d'activités dans des proportions similaires à celles de
l'industrie du nickel.
Selon certaines estimations, en effet, 1.000 emplois directs pourraient
être créés dans le secteur de l'exploitation des ressources
halieutiques, induisant de 3.000 à 5.000 emplois indirects.
Les zones les plus prometteuses semblent devoir être les Chesterfield,
à l'extrême nord-est du territoire, ainsi que les îles
Loyauté.
D'ores et déjà, la production et la commercialisation de la
coquille Saint-Jacques dans le secteur de l'archipel des Bélép,
entamées à la fin de 1995, suscite de réels espoirs.
Le directeur de l'Agence de développement de la
Nouvelle-Calédonie (ADECAL) a en outre présenté à
votre rapporteur un projet de convention d'étude qui devait être
signé avec la société "Pêche et froid". Cette
dernière s'engageait à étudier, dans un délai d'un
an, les possibilités offertes en matière de pêche
hauturière et les besoins en infrastructures qu'exigerait l'installation
d'un groupe métropolitain spécialisé dans ce domaine sur
le territoire
Cette démarche, certes pour l'instant prudente puisque "Pêche et
froid" n'a pris aucun engagement, paraît excellente.
Ainsi que le note l'IEOM dans sa monographie sur la Nouvelle-Calédonie,
le territoire a en effet intérêt à s'appuyer sur la
nouvelle orientation du commerce international de la métropole vers
l'Asie et donc à mettre en avant sa proximité géographique
des marchés asiatiques et australiens pour susciter l'implantation d'un
groupe agro-alimentaire métropolitain présent dans la pêche
ou la conserverie. Dans cette optique, la Nouvelle-Calédonie peut
devenir un centre de production en même temps qu'un centre de
réexportation.
L'exportation de poissons vivants vers Hong-Kong et la Chine est une veine
à forte valeur ajoutée qui ne doit pas non plus être
négligée.
- Enfin, dans le domaine des productions agricoles, les difficultés
rencontrées depuis 150 ans pour établir des filières
appellent sans aucun doute à la prudence.
La Nouvelle-Calédonie possède en outre un
patrimoine
forestier
encore assez riche dont l'exploitation est rendue difficile par
des problèmes fonciers et d'accessibilité. Cependant de
réels espoirs peuvent être fondés sur le
développement de
produits dérivés
, notamment la
production d'essence de niaouli sur la Grande Terre et celle d'huile de
santal
aux îles Loyauté.
D'après les renseignements fournis localement par M. le commissaire
délégué pour la province des îles Loyauté, la
valeur ajoutée à attendre d'une meilleure exploitation du santal
à Lifou est, en effet, énorme puisque le coût de revient de
la tonne raffinée ne s'élève pour le producteur
qu'à 1,8 million de francs CFP alors que le prix de vente atteint
25 millions de francs CFP (respectivement 100.000 francs français
et 1,37 million de francs français).
Dans le même ordre d'idée, le
coprah
de l'île
d'Ouvéa présente également d'importants perspectives de
localisation de la plus-value aux îles Loyauté.
Depuis l'ouverture en juin 1993 d'une unité d'extraction
gérée par la Coopérative agricole et aquacole des
producteurs d'Ouvéa (CAAPO), le coprah brut est directement
transformé sur place en huile à Wadrilla. 96 tonnes d'huile
ont ainsi été produite en 1995 pour être
écoulées en presque totalité vers la Société
de culture et de transformation des oléagineux (SCTO) de Nouméa.
La SCTO, dont le capital est détenu par le Territoire, redéploie
son activité vers des produits plus élaborés et donc plus
rémunérateurs : après avoir arrêté sa
section huilerie au profit de la CAAPO, elle développe ses
activités de transformation en particulier dans la savonnerie. En 1995,
cette société a ainsi fabriqué 356 tonnes de savon
(principalement du savon ménager) à partir de l'huile de coprah
d'Ouvéa, soit une hausse de 30 % en un an et de 125 % en deux ans.
Elle couvre actuellement environ 80 % de la consommation
calédonienne de savons de ménage.
Alors que le cours mondial du coprah continue de baisser, les producteurs
néo-calédoniens pourraient voir s'ouvrir de nouveaux
débouchés intérieurs avec le développement de la
nouvelle technologie des bio-carburants. D'ores et déjà, le
Centre de coopération internationale en recherche agroéconomique
pour le développement (CIRAD) a mis au point un bio-carburant à
base d'huile de coprah qui est utilisé par le groupe
électrogène de l'usine de la CAAPO.