3. Entretien avec M. Dan Meridor, ministre des Finances
M. Dan Meridor a d'abord précisé que la visite
des sénateurs français intervenait à un moment dramatique
dans le processus de paix.
Il a relevé que plusieurs problèmes se posaient avec une
particulière acuité, notamment la question de Jérusalem et
des réfugiés.
Il a ajouté que, dans l'immédiat, l'un des problèmes
importants auxquels il se trouvait confronté était la
réduction du déficit budgétaire. Il avait l'espoir,
cependant, que le projet de budget puisse être adopté avant la fin
de l'année et permette de réduire de façon drastique le
déficit malgré les difficultés que pouvait soulever cet
effort de rigueur au sein même d'une majorité de coalition
composite.
Le ministre des finances a insisté ensuite sur l'importance du volet
économique du processus de paix. Il a admis les conséquences
très difficiles des bouclages des territoires sur l'économie
palestinienne, tout en soulignant que ce dispositif était inspiré
par des raisons de sécurité. Il a souhaité que ces mesures
puissent faire l'objet d'allégements et s'est déclaré
prêt à aller à Ramallah pour rencontrer ses interlocuteurs
palestiniens.
M. Dan Meridor a insisté sur la nécessité de mettre en
oeuvre des zones industrielles communes entre Gaza et Israël, avec
l'assistance de la Banque mondiale. Il a également noté
qu'Israël envisageait une augmentation du nombre de permis de travail pour
les Palestiniens, sous réserve d'une amélioration des relations
entre les deux parties.
Le ministre des finances a déploré que les Palestiniens aient
interrompu le dialogue en septembre et a craint que la situation actuelle ne
conduise au désespoir les masses palestiniennes.
M. Bertrand Delanoë a alors souhaité connaître la position du
gouvernement israélien sur le développement économique des
territoires, en particulier la mise en oeuvre du chantier du port de Gaza, la
délivrance des autorisations nécessaires concernant
l'aéroport de Gaza et l'ensemble des décisions permettant la
libre circulation des productions palestiniennes.
M. Dan Meridor a précisé qu'il n'avait pas d'opposition de
principe sur ces différents points. Il a relevé que les dossiers
du port, comme de l'aéroport de Gaza, étaient
réglés mais que les conditions de sécurité,
s'agissant notamment de l'aéroport, ainsi que les problèmes
douaniers, devaient être réglés dans l'esprit des accords
signés. Il a souligné que le dialogue devait être
relancé de façon impérative.
M. Maurice Lombard a proposé que la délégation
sénatoriale se fasse l'écho de cette offre de dialogue
auprès de ses interlocuteurs palestiniens.
Evoquant les relations entre Israël et l'Europe, M. Dan Meridor a d'abord
noté que l'Etat hébreu avait entretenu des relations
privilégiées avec la France jusqu'en 1967 et qu'il s'était
tourné ensuite vers les Etats-Unis mais que de nouveaux changements
s'étaient produits dans les dernières années.
Il a souligné la proximité non seulement géographique,
mais culturelle de l'Europe et signalé sa préoccupation à
l'égard de l'américanisation de la culture israélienne.
Il a considéré que l'Europe avait des intérêts au
Proche-Orient, même si Israël n'avait pas toujours été
satisfaite des positions prises par l'Union européenne. Il a
relevé qu'il appartenait aux Israéliens et aux Palestiniens de
trouver, par un dialogue direct, une solution à leurs problèmes,
et noté à cet égard que les avancées du processus
de paix avaient reposé sur une relation à laquelle ne pouvait se
substituer aucune médiation.
Toutefois il a ajouté que les pays arabes hostiles à la paix
pouvaient, et devaient être sensibilisés aux intérêts
d'Israël par l'Union européenne.
M. Dan Meridor a souligné qu'il importait de développer les
relations économiques avec la France en regrettant que les hommes
d'affaires entre les deux pays ne se connaissent pas assez encore.
Il a indiqué que l'immigration russe avait constitué le plus
important défi auquel la société israélienne avait
été confrontée depuis dix ans, mais que cet apport humain
avait également illustré la raison d'être de l'Etat juif.
M. Dan Meridor a conclu en insistant sur la bonne volonté d'Israël
et sur l'importance de la prise de risques consentie afin d'obtenir la paix et
la stabilité.
La réalité n'avait pas toujours été à la
mesure des espoirs, a-t-il reconnu en citant la montée de
l'intégrisme islamiste et du nationalisme arabe.
Il a regretté à cet égard que le Président Hafez
el-Assad n'ait donné aucun signe d'ouverture malgré les offres de
négociation israéliennes.