2. Entretien avec M. Shimon Pérès, ancien premier ministre, président du parti travailliste
M. Shimon Pérès a tout d'abord indiqué
qu'il ne pouvait y avoir de paix sans concessions.
Il a regretté que M. Netanyahou ait pris plusieurs décisions
(ouverture du tunnel sous l'esplanade des mosquées, renégociation
du redéploiement à Hébron...) qui, sans permettre aucun
gain en termes politiques, ont au contraire placé Israël dans une
position difficile, tant à l'égard des Palestiniens qu'à
l'égard de la communauté internationale.
Après avoir exprimé l'espoir que puisse être trouvée
une solution au problème d'Hébron, M. Shimon Pérès
a insisté sur la difficulté que présenteraient les futurs
thèmes de la discussion, qu'il s'agisse du statut permanent ou de la
négociation avec la Syrie.
Il s'est déclaré convaincu que M. Benyamin Netanyahou souhaitait
obtenir un accord sur Hébron bien que l'absence de confiance mutuelle
constituait, aujourd'hui, un handicap majeur.
M. Shimon Pérès a répondu à M. Maurice Lombard qui
l'interrogeait sur le rôle de l'économie dans le processus de paix
que l'on observait le passage d'un monde ennemi vers un monde de menaces
où l'intégrisme et les armes nucléaires constituaient
aujourd'hui les vrais dangers. Il a souligné qu'on ne pouvait
arrêter l'intégrisme par les armes mais plutôt par
l'amélioration de la situation économique et l'éducation.
A M. Delanoë qui l'interrogeait sur la situation dans les territoires
palestiniens, M. Simon Pérès a précisé que les
aspects politiques et économiques étaient étroitement
liés. Il a souligné la gravité du chômage et
insisté sur la nécessité de développer les
industries à Gaza et en Cisjordanie. Il a précisé en outre
que le gouvernement d'Israël devait favoriser l'ouverture du port de Gaza.
Après que M. Delanoë se soit interrogé sur un
éventuel durcissement de la position de Yasser Arafat, M. Shimon
Pérès a répondu que les deux parties devaient satisfaire
les attentes de leurs opinions respectives. Il a noté que si l'existence
d'un ennemi commun unifiait, la paix changeait la donne et introduisait de
nouvelles contraintes politiques.
S'il était vrai, a observé M. Shimon Pérès, que les
relations d'Israël avec les pays arabes se dégradaient, la
clé du problème au Proche-Orient restait la relation entre
Israël et les Palestiniens. Si le monde arabe aidait les Palestiniens
comme la Diaspora juive soutenait Israël, a-t-il ajouté, une partie
des problèmes économiques des territoires pourrait se trouver
résolue.
M. Shimon Pérès a souligné enfin que l'Union
européenne et les Etats-Unis devaient s'associer pour conduire une
politique concertée.
Il a précisé en effet que si l'OTAN n'avait plus de
véritable objet dans sa sphère géographique actuelle, le
Proche-Orient posait un défi demeuré sans réponse qui
pouvait appeler une réponse atlantique à la fois sur les plans
politique et économique. Il s'est dit persuadé à cet
égard que les Américains commençaient à comprendre
la nécessité d'une présence européenne.