CLÔTURE
Saïd OMAR OILI,
sénateur de Mayotte
Le foncier touche à l'âme même de nos territoires. Il ne s'agit pas simplement de terres ou de titres juridiques, mais de l'héritage de nos ancêtres et de notre promesse aux générations futures. Le foncier constitue le socle sur lequel reposent nos ambitions économiques, sociales et environnementales.
La dimension culturelle, souvent occultée dans les politiques publiques du foncier, se trouve écrasée par des approches purement techniques et bureaucratiques. Dans nos territoires ultramarins, le foncier est trop souvent source de tensions, d'inégalités et d'incertitudes. Nos terres, riches de symboles, sont parfois abandonnées ou déchirées par des litiges interminables. Les coutumes, successions et pratiques locales se heurtent à des cadres juridiques importés, rigides et parfois inadaptés. La pression démographique inédite sur certains territoires y exacerbe les conflits d'usage, participe à l'érosion des terres agricoles et compromet certains projets d'aménagement durable.
Nous devons faire preuve d'ambition dans notre action pour renforcer la sécurisation foncière. Il convient d'accorder la priorité à la lutte contre l'indivision et à la clarification des titres de propriété. À Mayotte, le cadastre doit devenir un outil efficace et non se réduire à une promesse sans cesse réitérée. Il importe de mieux protéger les terres agricoles et les espaces naturels, gages de notre identité et de notre résilience face aux défis climatiques.
Nos politiques d'aménagement doivent être repensées en intégrant les spécificités de nos territoires. Les solutions valables dans l'Hexagone n'apparaissent pas toujours adaptées aux outre-mer. Nous devons agir avec justice, en reconnaissant les droits des petits exploitants et des communautés, et en réconciliant les enjeux économiques avec les aspirations des habitants.
En conclusion, je remercie chacun d'entre vous pour votre engagement. La mission d'un élu local s'avère bien plus ardue en outre-mer que dans l'Hexagone. Ce débat a montré notre ambition commune de rendre justice à nos terres et à notre patrimoine. Je vous invite à considérer cette discussion comme un point de départ vers une action déterminée, concrète et porteuse d'espoir, afin de rendre à nos terres leur juste place et, à nos territoires, leur pleine dignité.