B. LE SOUS-FINANCEMENT DU VOLET RECHERCHE, « PARENT PAUVRE » DE L'INITIATIVE

Pour la plupart des établissements et des acteurs rencontrés, la recherche est actuellement le « parent pauvre » de l'initiative des universités européennes. Alors que cette initiative se veut structurante et englobante, les rapporteurs regrettent qu'elle n'ait pas été pensée originellement pour toutes les missions de l'université et notamment la recherche.

1. Des financements initiaux non renouvelés sur le volet recherche

Comme indiqué précédemment, l'instrument principal visant à financer les alliances est le programme Erasmus +, dont cette initiative relève. Au lancement de l'initiative, quelques appels à projets dédiés aux alliances ont en outre été lancés dans le cadre du programme Horizon Europe, mais ces financements ont été limités et n'ont pas été prolongés.

En effet, comme elle a pu l'indiquer aux rapporteurs, la DGRT ne souhaite pas développer des financements fléchés et pérennes vers les universités européennes et préfère des appels à projets compétitifs avec des financements sur des projets concrets. Le but est que ces universités européennes développent à terme un modèle d'auto-financement.

Les établissements peuvent ainsi se retrouver confrontés à des difficultés pour financer ces projets de recherche, alors que la recherche constitue une mission intégrante de l'université, et donc des alliances. Certains établissements ont également indiqué aux rapporteurs que le non-prolongement du financement de la recherche au sein des alliances a pu éloigner les chercheurs actifs de ce projet. Le financement des activités de recherche semble, en effet, être un point essentiel pour emporter l'adhésion des enseignants-chercheurs, déjà engagés dans de multiples activités.

2. L'inadaptation du programme Horizon Europe à la spécificité des alliances d'universités européennes

Selon les établissements français interrogés, le programme Horizon Europe est encore peu compatible avec les spécificités des alliances européennes, puisqu'il repose sur des appels à projets privilégiant le financement d'initiatives individuelles qui sont évaluées sur l'excellence scientifique et portent des sujets très ciblés. Un établissement regrette ainsi que « le European Research Council attribue des financements en fonction de la valeur des projets et des candidats, ce qui est légitime pour la recherche, mais ne permet pas facilement aux universités de l'alliance de mener une politique commune à long terme dans le domaine de la recherche ».

Or, les alliances ne sont parfois pas encore en mesure d'avoir développé une coopération scientifique assez poussée et ciblée pour concurrencer sérieusement d'autres candidatures, alors que certains outils du programme Horizon Europe seraient extrêmement pertinents pour développer certains axes prévus dans les alliances, par exemple en matière de financements de réseau (Actions Marie Skodowska Curie, réseaux doctoraux, Cofund etc.).

Pour contourner ces difficultés, des alliances, comme Unite !, organisent, par exemple, des rencontres entre enseignants-chercheurs pour les amener à déposer ensuite des projets européens ensemble, qui sont évalués pour leur qualité propre, sans référence à l'alliance. Fait dommageable, la même alliance s'est interdite de soutenir elle-même les projets « Seed funds » orientés vers la recherche, car le projet Unite ! relève du programme Erasmus + et non de Horizon Europe.

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