CONTRIBUTION DU GROUPE ÉCOLOGISTE - SOLIDARITÉ
ET TERRITOIRES

Le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires salue le travail réalisé par la mission d'information sur l'avenir de la santé périnatale et son organisation territoriale, de sa présidente Annick Jacquemet et de sa rapporteure Véronique Guillotin. Le groupe note la prise en compte des vulnérabilités psychosociales comme facteur déterminant de santé mentale et physique de la mère et de l'enfant. Il salue l'analyse détaillée des enjeux de santé mentale. Le rapport met également en lumière l'importance de l'information et de la prévention, en particulier à travers la démarche “d'aller vers” et le focus sur les 1000 premiers jours de l'enfant.

Les 1000 premiers jours : un enjeu crucial de santé environnementale

Cependant, nous demeurons insatisfaits de l'analyse, incomplète, qui est faite des facteurs de risque et des solutions proposées, et notamment le défaut de prise en compte des facteurs environnementaux dans la santé périnatale. L'approche des 1000 premiers jours consiste à se focaliser sur la période cruciale du développement de l'enfant entre la naissance et les deux premières années de vie, et particulièrement sur l'impact de l'environnement physique, affectif et nutritionnel de l'enfant sur sa santé et son bien-être. Ainsi, l'information et la prévention auprès des parents restent un levier d'action clé pour agir sur la santé périnatale, et tout particulièrement en ce qui concerne les risques environnementaux.

En effet, le rapport souligne que l'augmentation de la prématurité peut s'expliquer par une augmentation des facteurs de risque maternels et environnementaux de manière succincte et sans réelles propositions. La stratégie des 1000 premiers jours insiste sur la sensibilisation des parents afin de les pousser à agir sur l'environnement de l'enfant pour lui assurer un lieu de vie plus sain et plus sûr.

Repérer les risques environnementaux pour la santé périnatale

La qualité de l'air intérieur, la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits d'hygiène et le mobilier, ou encore les pesticides et les substances chimiques des contenants représentent des risques environnementaux parmi d'autres qui ont un impact sur la santé de la mère et de l'enfant. Ainsi, au niveau national, un plan de réduction des perturbateurs endocriniens et de suppression des plastiques dans les établissements d'accueil de la petite enfance devrait être mis en place, comme c'est le cas à la Ville de Paris. Des maternités sans perturbateurs endocriniens - qui existent déjà dans certaines régions - pourraient également être généralisées. De plus, le repérage systématique du risque d'exposition au plomb pendant la grossesse doit être une priorité. Plus généralement, chaque personne enceinte devrait se voir proposer un questionnaire sur l'environnement intérieur dans lequel elle vit qui permettrait au praticien·ne d'évaluer la nécessité d'une enquête environnementale ou d'analyses biologiques.

Si l'obésité a été citée à de nombreuses reprises dans le rapport comme étant un facteur de risque, le rapport s'est limité à des données chiffrées, occultant les solutions possibles et futures à généraliser. Le rapport révèle d'une part que la prévalence du diabète gestationnel a plus que doublé entre 2010 et 2021, et d'autre part que la part des mères en situation d'obésité avant la grossesse a doublé entre 2003 et 2021. Il identifie à juste titre un lien entre précarité et obésité sans aller plus loin, notamment en matière de sport santé, d'éducation nutritionnelle, et d'inégalités sociales d'accès à une alimentation saine.

L'ordonnance verte pour lutter contre les perturbateurs endocriniens et promouvoir une alimentation saine

L'ordonnance verte - mise en place par Jeanne Barseghian, maire écologiste de Strasbourg et portée par son adjoint chargé de la santé publique et environnementale, le Dr Alexandre Feltz - constitue une solution majeure à destination des personnes enceintes, pour les aider à adopter une alimentation saine, variée et riche en nutriments et à éviter les perturbateurs endocriniens pendant cette période cruciale de développement de l'enfant dans les 1000 premiers jours et en soutenant dans le même temps la production agricole biologique et locale.

L'ordonnance verte avait été expérimentée au préalable entre juillet 2019 et décembre 2020 auprès d'une centaine de femmes dans les centres médico-sociaux de la protection maternelle et infantile, avec un retour très positif. L'ordonnance est prescrite à une femme enceinte ou en parcours de PMA par un médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme et donne droit à une livraison d'un panier de fruits et légumes bio chaque semaine, financé par l'Eurométropole de Strasbourg, pendant deux à sept mois, ainsi qu'à des ateliers de sensibilisation sur les perturbateurs endocriniens. L'ordonnance verte constitue une stratégie de lutte contre l'obésité, le diabète gestationnel présentant des risques sur la santé de la mère et de l'enfant, mais aussi de lutte contre les pesticides et les perturbateurs endocriniens. Autre exemple, le dispositif sport santé, créé par la Ville de Paris, permet la prise en charge sur prescription par ordonnance de séances d'activité physique adaptées aux femmes enceintes et en post-partum. Ces deux dispositifs, ordonnance verte et activité physique adaptée, pourraient être généralisés à l'échelle nationale.

?

De plus, les services de protection maternelle et infantile (PMI), pourtant des services publics essentiels et extrêmement efficaces, sont abordés de manière trop brève, occultant leur rôle clé pour favoriser la santé communautaire, la prévention primaire, l'information des parents et le suivi de la mère et de l'enfant, proche du modèle des tiers-lieux. De par leur organisation, les PMI pourraient constituer des “maisons des 1000 premiers jours” - soit un lieu actif d'information et de prévention en santé environnementale à destination de tous et toutes de manière universelle et non pas seulement en situation de précarité.

Alors que le rapport fait reposer la charge mentale de la santé périnatale quasi exclusivement sur la mère, les mesures de santé environnementale doivent être adressées à égalité aux deux parents, pour ne pas faire reposer une double charge mentale - écologique et parentale. La place du père dans le couple hétérosexuel est absente du rapport, il n'est acteur, ni dans la santé de l'enfant, ni dans la prévention et l'information périnatales, laissant la mère seule responsable et actrice de sa propre santé et de celle de l'enfant. Enfin, aucune place et réflexion n'est faite aux modèles parentaux qui ne rentrent pas dans le schéma hétérosexuel classique.

Partager cette page