B. DES CONCENTRATIONS ACCÉLÉRÉES PAR LES BOULEVERSEMENTS TECHNOLOGIQUES
Les mouvements actuels semblent suivre une logique essentiellement économique, accélérée par deux mouvements convergents qui touchent à la nature même de la production et de la diffusion des produits culturels.
1. Vers un monopole de l'accès à l'information par les grandes plateformes numériques
Les réseaux sociaux et les moteurs de recherche connaissent une progression fulgurante et s'imposent, notamment parmi les plus jeunes, comme la source d'accès privilégiée à l'information.
Cet état de fait emporte deux conséquences majeures :
Ø Une perte d'influence relative des médias traditionnels au profit des plateformes
Les réseaux sociaux et les moteurs de recherche remplissent aujourd'hui des fonctions qui les rapprochent d'un éditeur, sans en supporter les contraintes et les obligations. Or le classement personnalisé par algorithme qu'ils proposent contribuent à façonner la vision du monde de leurs usagers et influencent directement, de manière opaque, le débat démocratique.
Ø Une captation des ressources qui met en jeu la survie des médias traditionnels
Les plateformes captent une part sans cesse croissante des recettes publicitaires, qui constituent une ressource essentielle pour les médias.
En fragilisant ainsi les sources traditionnelles d'information, dont plus particulièrement, mais pas uniquement, la presse écrite, les plateformes assèchent la faculté des médias à assurer leur rôle essentiel, et rendent plus difficile le lancement de nouveaux formats.
Évolution des recettes publicitaires plurimédias
2. La révolution du streaming
Les modes de consommation des productions culturelles ont été bouleversés depuis 2010 par l'émergence de nouveaux modèles, symbolisés par les grandes plateformes américaines de vidéo à la demande (VOD).
Netflix, Amazon et quelques autres, depuis peu intégrés au système français de contribution à la production audiovisuelle, proposent des services appréciés des consommateurs, basés sur une offre de qualité très abondante et une facilité d'accès rendue possible par leur maitrise technologique. Leur modèle repose sur des investissements massifs (près de 20 milliards de dollars par an pour le seul Netflix), rentabilisés dans le monde entier.
Face à cette révolution, les acteurs français et plus largement européens semblent dépassés et contraints d'adopter des stratégies défensives, sans réelle stratégie de reconquête.
On assiste donc à une véritable
révolution, qui interroge les règles actuelles de
concentration
et pose de façon accrue la question de
l'équilibre entre :
ü la nécessité d'investissements pour permettre le développement d'entreprises capables d'assurer nos capacités de concurrence face aux grandes plateformes étrangères
ü et la nécessité d'assurer la diversité, le pluralisme et l'indépendance des médias en France.