B. AMÉLIORER LA LISIBILITÉ DES PARCOURS DE PROXIMITÉ
1. Renforcer l'approche intégrée de la santé mentale et la coordination territoriale des acteurs
Un autre levier d'amélioration des prises en charge de premier niveau en santé mentale réside dans l'organisation de parcours de proximité lisibles et accessibles.
D'après l'IGAS, si 15 à 40 % de la file active des médecins généralistes présenterait un trouble mental ou une souffrance psychique, les outils cliniques permettant de repérer précocement ces troubles, tels que des questionnaires simples, restent globalement peu connus. Leur diffusion pourrait être étendue aux pédiatres, mais aussi auprès des acteurs de la médecine du travail ou scolaire.
Le délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie a également suggéré lors de son audition d' intégrer ces professionnels de la prévention primaire dans les projets territoriaux de santé mentale (PTSM) en cours de structuration , actuellement au nombre de 104, ce qui pourrait contribuer à une approche plus globale ou intégrée de la santé mentale. Néanmoins, pour l'heure, ces projets de coordination sont encore perçus comme hétérogènes dans leur mise en oeuvre même si la démarche ascendante et collaborative sur laquelle ils reposent est perçue comme intéressante. Surtout, les moyens permettant une montée en puissance de ces outils chronophages pour les professionnels de terrain font encore souvent défaut et devraient être renforcés.Ce besoin de coordination montre également l'intérêt de promouvoir de nouveaux métiers en santé facilitant l'orientation des patients dans le système de soins et oeuvrant en faveur de la prévention. À cet égard, les rapporteurs insistent sur le rôle des infirmiers de pratique avancée, dont il existe depuis 2019 une mention en santé mentale et psychiatrie. Toutefois, leur nombre est encore modeste et la reconnaissance d'un investissement de deux ans de formation reste trop limitée.
2. Renforcer le rôle des psychologues dans le dispositif de soins
Les psychologues sont des acteurs clés de la prise en charge de premier niveau en santé mentale. Pour autant, la profession s'estime, à raison, mal reconnue et insuffisamment valorisée dans le système de soins.
En effet, en France, contrairement à d'autres pays, prédomine une approche médicale des prises en charge psychiques. De fait, les psychologues sont peu « visibles » et relativement isolés : ils ne participent pas aux PTSM. La profession est peu structurée : il n'existe pas d'ordre ou de code de déontologie qui s'impose à ses membres. Les formations universitaires sont perçues comme hétérogènes et leur volet clinique insuffisant. Les représentants des psychologues eux-mêmes plaident pour un allongement de leurs études, sous la forme d'un doctorat professionnalisant, et une plus grande organisation de leur profession, dans le respect de l'autonomie de chacun.
Pour revaloriser le positionnement des psychologues dans les parcours de prise en charge, en articulation avec les autres acteurs, une concertation sur ces différents sujets apparaît nécessaire.
La généralisation, par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2022, de la prise en charge par l'assurance maladie des séances réalisées avec un psychologue dès l'âge de trois ans constitue une première avancée en ce sens ; cependant, cette mesure, qui fait suite à des expérimentations engagées depuis 2018, n'a pas levé toutes les inquiétudes de la profession, avec des conditions financières jugées peu attractives et une condition de prescription médicale obligatoire qui pourrait constituer un frein.
Ces deux aspects seront des points de vigilance à suivre dans le bilan de l'application de cette mesure, de même que les freins autres que financiers qui pourraient perdurer dans l'accès à un accompagnement par des psychologues.
Réunie le mercredi 15 décembre 2021 sous la présidence de Mme Catherine Deroche, présidente, la commission des affaires sociales a adopté le rapport d'information de Mme Victoire Jasmin et M. Jean Sol sur la santé mentale face à la crise sanitaire liée à l'épidémie de covid-19.