Réponse de Françoise Brié
Monsieur le Président du Sénat, Madame la Présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat, Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs, Mesdames et Messieurs, Chères amies, quelle surprise et honneur de recevoir ce prix 2021 de la délégation aux droits des femmes du Sénat et de m'adresser à vous toutes et tous ce soir.
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs membres de la délégation aux droits des femmes du Sénat, je vous remercie sincèrement pour ce prix, reçu aussi comme directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF).
Je tiens donc à saluer le travail des équipes du siège de la FNSF, celles du 3919 , mais aussi celles des 73 associations de notre réseau Solidarité Femmes , présentes au quotidien aux côtés des femmes victimes de violences. Ce prix c'est à elles que je le dois et à toutes celles et ceux qui m'ont accompagnée dans mon engagement pour les femmes, en particulier mes amies féministes si présentes.
Depuis des années, la délégation aux droits des femmes du Sénat est mobilisée sur tous les fronts pour faire avancer l'égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les violences à l'encontre des femmes. Votre connaissance et votre analyse fine des problématiques rencontrées sur l'ensemble du territoire, ont toujours constitué un appui pour les associations, à la fois pour faire avancer la législation mais aussi pour réaliser des états des lieux et propositions pour toutes les femmes de notre pays.
Ernest Renan écrit : « Tout ce qui a été fait dans le monde a été fait au nom d'espérances exagérées ».
Ces espérances exagérées, adjectif que je mettrai entre guillemets en ce qui concerne la défense de nos droits inaliénables mais loin d'être reconnus dans leur entièreté, je les ai partagées avec vous durant des années. Lors d'auditions, de tables rondes, de courriers, toujours pour faire avancer la cause des femmes et en particulier celle des femmes victimes de violences.
Mettre la protection des femmes au coeur de toutes les réponses, éviter la victimisation secondaire, évaluer le danger et la sécurité des femmes et des enfants, les soutenir dans leur reconstruction, déconstruire les stéréotypes sexistes et les inégalités femmes-hommes sont des défis quotidiens que vous élues et élus et nous, représentantes et représentants d'associations tentons de relever au quotidien.
Depuis 2019, date de la création du prix que vous avez créé, à l'occasion de votre vingtième anniversaire, nous avons eu de multiples occasions d'échanger à travers une activité de plaidoyer très dense.
À chaque fois nous avons pu compter sur votre appui pour faire évoluer les lois, organiser des réponses et relever des défis, comme celui de la ligne d'écoute nationale, 3919 Violences Femmes Info , un des piliers nécessaires aux associations féministes dans la lutte contre les violences sexistes. Le 3919 est une mission d'intérêt général, il a pourtant été menacé par une mise en concurrence, et vous avez été là avec l'ensemble de nos partenaires pour que la FNSF puisse poursuivre les financements de l'État via une convention pluriannuelle d'objectifs et de moyens.
Dans mon parcours sur la situation des femmes, j'ai tout d'abord été marquée dans les années 1980 lors de missions humanitaires par les inégalités de santé, dans l'accès aux soins, aux ressources économiques, du fait des violences dont les mutilations sexuelles féminines, les mariages forcés et précoces, les violences conjugales, les violences sexuelles, les avortements forcés, l'absence de contrôle de leur propre fécondité, et la traite des êtres humains avec la prostitution, etc.
Évidemment, la défense des droits des femmes a trouvé une résonnance particulière avec la Fédération Nationale Solidarité Femmes , l'association l' Escale Solidarité Femmes et les mandats confiés au sein de la commission violences du HCE et la nomination en tant qu'experte au GREVIO (Groupe d'experts sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique).
La FNSF, que j'ai rejoint comme directrice en 2017, permet de synthétiser les constats et de les lier aux politiques publiques et aux législations en vigueur par un plaidoyer constant. C'est un foisonnement d'initiatives, de projets, d'expériences et d'échanges dans ce réseau de soixante-treize associations. Les écoutantes du 3919 , l'équipe du siège y sont étroitement liées et, comme les équipes des associations, confrontées au quotidien des femmes victimes de violences et aux réponses à leur apporter. D'où l'importance de conserver l'ensemble de ce système au sein des associations féministes.
La FNSF a, avec les autres réseaux associatifs comme Femmes Solidaires , la FNCIDFF (Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles), le CFCV (Collectif féministe contre le viol), l'AVFT (Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail), le MFPF (Mouvement français pour le planning familial, le Mouvement du Nid , l' Amicale du Nid , la fédération GAMS (Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles), soutenues par votre délégation et celle de l'Assemblée nationale, les ministères et secrétariats aux droits des femmes et à l'égalité et leurs administrations, en particulier le SDFE (Service des droits des femmes et de l'égalité), porté de multiples avancées pour le droit des femmes à vivre sans violences.
Avec les évaluations menées sur la convention du conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre les violences à l'encontre des femmes, il est bien confirmé que ce fléau est international et de grande ampleur. Certes les réponses et les moyens peuvent être différents d'un État à l'autre, mais il existe de nombreuses problématiques identiques : les moyens alloués, les enfants co-victimes et tout ce qui touche à l'autorité parentale, les violences économiques, la disparité entre territoires, la situation des femmes étrangères, etc.
Votre rôle dans les échanges avec vos collègues de ces États est essentiel pour croiser les constats et unir les parlementaires. Nous savons toutes et tous ici combien les droits fondamentaux, de l'accès à la contraception et à l'IVG, et ceux que promeuvent la convention dite d'Istanbul sur les violences sexistes contre les femmes, font l'objet d'attaques virulentes, organisées et très bien financées en Europe et à travers le monde.
Nous connaissons toutes et tous les paroles de Simone de Beauvoir : « N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant . » C'est toujours d'actualité et votre délégation a un rôle essentiel, à nos côtés, pour résister à ces mouvements ultraconservateurs et religieux extrémistes opposés aux avancées pour l'égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les violences sexistes à l'encontre des femmes.
Monsieur le Président du Sénat, Madame la présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat, Mesdames et Messieurs, Chères amies, encore une fois merci pour cette distinction et pour votre présence aujourd'hui au Sénat.