Remise du prix de la
délégation
à Oxfam France
Annick Billon, présidente de la délégation aux droits des femmes . - J'invite notre ancienne collègue sénatrice Claudine Lepage à me rejoindre pour remettre le dernier prix. Je suis très heureuse qu'elle ait répondu à notre invitation. Elle a été une actrice essentielle au cours de la précédente session.
Nous invitons également Louis-Nicolas Jandeaux et Sandra Lhote-Fernandes, représentant l'association Oxfam France , à nous rejoindre.
Chère lauréate, cher lauréat, chaque année, nous choisissons de distinguer, au-delà de personnalités marquantes, une association ou une ONG dont nous souhaitons saluer l'action en faveur de l'égalité. Cette année, nous avons choisi de récompenser Oxfam France pour son action contre la pauvreté et les inégalités au niveau mondial.
Nos travaux à l'occasion de l'examen du projet de loi de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales nous ont permis de constater le chemin qu'il reste à parcourir en la matière. Ainsi, au niveau mondial, les femmes gagnent encore 20 % de moins que les hommes. Elles représentent 70 % des 1,2 milliard de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour.
La pandémie de Covid-19 a exacerbé, à travers le monde, les inégalités et les violences de genre déjà à l'oeuvre avant le début de cette crise sanitaire, économique et sociale. Ainsi, ONU Femmes estime qu'elle pourrait avoir effacé, en une année seulement, les vingt-cinq ans de progrès réalisés en matière d'égalité femmes-hommes depuis la Conférence mondiale de Pékin.
À l'occasion de nos travaux sur le projet de loi relatif à l'aide publique au développement, nous avions pris connaissance avec beaucoup d'intérêt du rapport d' Oxfam intitulé Le virus des inégalités . Celui-ci indiquait notamment que 112 millions de femmes ne seraient plus exposées au risque de perdre leurs revenus ou leur emploi si le taux de représentation des hommes était le même que celui des femmes dans les secteurs affectés par la crise de Covid-19 (en premier lieu les secteurs du service). Il relevait aussi le fait que les femmes avaient contribué à faire « tourner le monde » pendant la crise sanitaire et qu'elles avaient été particulièrement exposées, puisqu'elles représentent 70 % des agents de santé et d'aide sociale et assurent les trois quarts du travail de soin non rémunéré. Enfin, il notait que les femmes et les filles faisaient les frais d'un accès restreint aux services de soins de santé sexuelle et reproductive, augmentant le risque de grossesses non désirées, de maladies sexuellement transmissibles et de complications survenant au cours de la grossesse.
Notre rapporteure à l'époque, Claudine Lepage, avait également entendu, dans le cadre de ses travaux sur le projet de loi, Louis-Nicolas Jandeaux et Sandra Lhote-Fernandes, respectivement chargé de plaidoyer « aide publique au développement » et chargée de plaidoyer « genre » de l'association Oxfam France .
Ils avaient notamment présenté les résultats d'une étude réalisée par Oxfam , scrutant la qualité de l'intégration du genre dans 72 projets des agences de développement de sept pays, dont la France. Nous avions noté avec désappointement que s'agissant de l'Agence française de développement, les dix projets sélectionnés réunissaient seulement 36 % des prérequis de l'OCDE pour être marqués « genre », avec une note globale de 22 % en termes de qualité de l'intégration de l'égalité femmes-hommes.
Nous avions été particulièrement sensibles aux recommandations formulées par Oxfam pour orienter davantage notre aide publique au développement vers des projets réellement favorables à l'égalité femmes-hommes.
Vos propos ont renforcé notre conviction que l'égalité des sexes et l'autonomisation économique et sociale des femmes constituent le socle essentiel d'un développement durable et qu'un changement de culture est nécessaire dans l'approche de l'aide publique au développement afin d'intégrer systématiquement un objectif d'égalité de genre à tous les projets.
Merci à vous pour votre engagement, vos travaux de recherche et vos actions. Je suis particulièrement heureuse de vous remettre, au nom de l'ensemble de mes collègues, cette médaille de la délégation, qui vous sera remise par Claudine Lepage, qui s'est beaucoup investie sur le sujet.
Claudine Lepage . - Je suis particulièrement heureuse de vous remettre cette médaille et ce diplôme. Merci beaucoup pour votre action.