B. LE CAS PARTICULIER DU MILIEU SCOLAIRE : LES MESURES À PRIVILÉGIER POUR DES PUBLICS ÉCARTÉS DE LA VACCINATION
Aux côtés des enjeux relatifs à la couverture vaccinale, il était essentiel aux yeux de la mission d'information que le milieu scolaire fasse l'objet d'une attention particulière, pour deux raisons principales. D'une part, la non-éligibilité des enfants de moins de 12 ans à la solution vaccinale rend ce public, ainsi que le cadre dans lequel leur infection est susceptible d'advenir, particulièrement sensibles. D'autre part, l'attention que la mission porte aux mesures sanitaires ciblant le groupe d'âge des personnes âgées de 12 à 17 ans, également concernés par l'obligation scolaire ou la fréquentation d'un milieu scolaire, se double naturellement d'une préoccupation quant aux dynamiques de contamination de leur environnement.
Au sein de l'Union européenne, la France - de même que la Croatie - s'est très nettement distinguée par sa volonté de maintenir l'assiduité scolaire des élèves à l'issue de la première vague , ce dont la mission se félicite évidemment. Ainsi, malgré ses modalités souvent bouleversées (notamment par le recours à l'enseignement à distance), l'année scolaire 2020-2021 ne déplore globalement que très peu de perte de jours de classe.
Source : Inserm
Le retour généralisé de l'enseignement en présentiel à partir du 26 avril 2021 s'est en revanche payé d'un protocole sanitaire strict susceptible dans certains cas de menacer la continuité pédagogique recherchée : en effet, depuis le 26 avril et sur l'ensemble du territoire métropolitain, la survenue d'un cas confirmé entraîne systématiquement la fermeture de la classe à laquelle appartient l'élève pour une durée de sept jours .
Ainsi, un second volet de l'étude, réalisé par l'Inserm, a permis à la mission de comparer, en termes d'efficacité dans la réduction du nombre de cas contaminés et dans la réduction du nombre de jours de présence perdus par chaque élève à cause des fermetures de classe, plusieurs protocoles alternatifs au protocole actuellement pratiqué.
Source : Inserm
Note de lecture : ST désigne le dépistage d'après l'observation de symptômes, RT désigne le dépistage par tests avec, en pourcentage, le taux d'adhésion des publics concernés à la mesure, Qc désigne la quarantaine réactive de la classe après la détection d'un cas. La lecture des deux premiers graphiques indique, selon toute logique, que la quarantaine réactive reste la mesure la plus efficace pour lutter contre la diffusion du virus en milieu scolaire, mais que ses bénéfices ne sont pas significativement supérieurs - surtout à l'école primaire - lorsque l'adhésion au dépistage symptomatique et par tests fait l'objet d'une adhésion large. Par ailleurs, les bénéfices du dépistage par rapport à la quarantaine en termes de perte de jours de classe sont, pour leur part, très supérieurs.
Considérant le double objectif d'une circulation virale contrôlée en milieu scolaire et d'un maintien de l'assiduité scolaire, l'étude conclut à la supériorité du dépistage itératif hebdomadaire en milieu scolaire sur toute mesure de quarantaine totale ou partielle . Selon ses termes, « le dépistage itératif, du fait de sa définition et son objectif, devrait permettre de détecter beaucoup plus de cas que les tests réalisés uniquement lorsque les symptômes sont présents ». Par ailleurs, ses bénéfices ne sont nullement exclusifs de ceux de la vaccination, qui peut désormais concerner les élèves les plus âgés, puisque sous l'hypothèse de 50 % d'élèves vaccinés, un dépistage hebdomadaire permettrait une réduction additionnelle de 15 % des cas.
Ainsi, dans la mesure où les écoles constituent, à l'horizon de la rentrée scolaire 2021, la principale menace en termes de foyers de contamination , une politique de dépistage volontariste , selon une méthode non invasive, constituerait un complément efficace à la vaccination comme mesure d'endiguement de la quatrième vague à venir , sans pour autant compromettre l'assiduité scolaire dont la France a fait un élément distinctif. Une telle politique a déjà été mise en oeuvre dans d'autres pays européens, comme l'Autriche.