B. LA CRISE ACTUELLE NE DOIT PAS REMETTRE EN CAUSE LE CHANTIER DE LA FIDÉLISATION
En tant qu'employeur, l'ONERA intervient sur un milieu particulièrement concurrentiel. Il a été confronté, ces dernières années, à une hausse du nombre de démissions, qui concernent essentiellement les ingénieurs. Elles ont ainsi augmenté de plus de 40 % entre 2016 et 2019 et ont triplé depuis 2015.
Évolution du nombre de démissions
Source : commission des finances, d'après l'ONERA
Un quart de ces départs non souhaités relève de préoccupations financières.
Motif des démissions en 2019
Source : ONERA
Le rapporteur spécial estime que si le phénomène reste contenu (moins de 2 % de l'ensemble des effectifs) et que le « brassage » d'effectifs constitue un atout important pour l'Office, l'évolution très dynamique des démissions constitue un point de vigilance majeur .
La comparaison des rémunérations entre l'ONERA et les employeurs du même domaine, rassemblés dans le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), permet de mettre en évidence un écart réel en défaveur de l'ONERA , concernant l'ensemble des catégories d'emploi.
Comparaison des rémunérations entre
l'ONERA
et les membres du GIFAS
(en euros)
Source : ONERA
Certes, les profils de carrière entre l'ONERA et l'industrie présentent des différences notables et les établissements publics de recherche n'ont d'une façon générale pas accès aux mêmes fourchettes de rémunération que dans l'industrie. Cette comparaison a néanmoins le mérite d'objectiver l'attractivité du secteur privé pour un ingénieur de l'ONERA, qui explique l'évolution à la hausse des départs vers le privé constatée récemment par l'Office.
Les rémunérations à l'ONERA apparaissent toutefois également moins favorables que celles offertes dans des structures publiques comparables . Une comparaison des salaires moyens en fonction des tranches d'âge, pour le CNES, le CNRS, et les ingénieurs contractuels (ICT) de la DGA a fait apparaître que la différence en moyenne est de l'ordre de 300 euros par mois.
Afin de permettre à l'ONERA de lancer la négociation salariale nécessaire (qui passe par un rachat de RTT et une nécessaire revalorisation), et à la suite des observations de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat 13 ( * ) , une hausse de la SCSP par rapport au COP a été décidée par sa tutelle pour la porter à 110 millions d'euros dès 2020 . Cette hausse entraine une augmentation significative des dépenses de personnel (+5 millions d'euros) par rapport à 2019, qui constitue le montant minimum permettant d'amorcer un rattrapage des niveaux de salaire des structures publiques comparables.
Évolution des effectifs et des salaires de l'ONERA
(en ETPT et en milliers d'euros)
Source : commission des finances, d'après l'ONERA
Le rapporteur spécial estime nécessaire la consolidation de ces efforts sur les prochaines années. Ces efforts sont en effet de nature à limiter les difficultés de fidélisation de l'Office . Ils viennent en outre s'ajouter à une indéniable amélioration de son image, en tant qu'employeur, au cours des cinq dernières années.
Les effets de la crise économique actuelle sur le vivier d'emploi de l'ONERA et l'évolution de la concurrence avec les autres employeurs du secteur apparaissent aujourd'hui difficiles à anticiper. Il convient toutefois de maintenir les efforts de fidélisation prévus, afin de parvenir à un équilibre durable .
De même, l'amélioration de l'attractivité et de la fidélisation constitue une condition préalable permettant de faire face aux nouveaux contrats attendus dans le cadre du COP, l'ONERA ayant besoin d'augmenter rapidement son potentiel productif.
Recommandation n°4 : afin de garantir le maintien des compétences au sein de l'ONERA et pour lui permettre de faire face à une augmentation des commandes, poursuivre, malgré le contexte actuel de crise économique touchant le secteur, la politique de fidélisation des effectifs. |
* 13 Avis n° 142 (2019-2020) de MM. Pascal ALLIZARD et Michel BOUTANT, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, déposé le 21 novembre 2019, sur le projet de loi de finances pour 2020 (Programme « Environnement et prospective de la politique de défense » de la mission « Défense »).