Conclusion

Intervention de Max Brisson, sénateur des Pyrénées-Atlantiques, groupe Les Républicains

Notre mission à Victoire et à moi-même est difficile, car nous devons conclure une très belle matinée, initiée par le président Larcher, puis poursuivie par Michelle Perrot et de nombreuses autres interventions.

En ce qui me concerne, je vais vous tenir un discours de « mâle », car, contrairement à Marie-Thérèse Bruguière, on n'est jamais venu me chercher ! Je sais donc que la politique est un combat, et c'est en « mâle » que je vais vous en parler. C'est en effet ce mot que je retiens de notre matinée.

J'apprécie particulièrement d'appartenir à la délégation aux droits des femmes, car elle prône un combat global pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Comme l'a très bien dit Michelle Perrot, le combat pour le droit des femmes est un combat pour la démocratie.

Voulons-nous une société plus inégalitaire ou plus égalitaire ? Si nous la voulons plus égalitaire, cela passe par le combat pour les droits des femmes. Voulons-nous une société plus tolérante ou plus intolérante ? Cela passe aussi par ce combat. Voulons-nous une société plus émancipatrice ou plus repliée ? Nous souhaitons tous une société plus émancipatrice. Voilà pourquoi l'égalité entre les femmes et les hommes doit être naturelle. Il s'agit tout simplement d'un combat pour la démocratie, dont Michelle Perrot a parfaitement resitué les étapes.

Nous avons observé des avancées, notamment dans les conseils départementaux. Je suis conseiller général depuis 1998 et j'ai constaté que la situation y a beaucoup changé. Cependant, la plupart des présidents de conseils départementaux restent des hommes. Nous pouvons donc estimer qu'un autre combat doit être mené, pour faire en sorte que les femmes occupent aussi des postes exécutifs.

La loi NOTRe a eu pour conséquence de faire reculer le nombre des femmes dans les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et dans leurs conseils exécutifs, ce qui est proprement scandaleux. Le combat continue donc.

Ce combat concerne trois champs principaux. Il s'agit d'abord d'un combat pour les codes, qui sont essentiellement masculins. Faut-il les féminiser ? Je l'ignore. Il faut toutefois les faire évoluer. Depuis 2015, au sein du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, je ressens que les codes ont beaucoup changé et que nos conseils départementaux se tiennent mieux. Est-ce dû à la présence en masse des femmes ? Je le crois. Cette ambiance est en effet due à un meilleur équilibre. La parité, c'est rechercher un équilibre, pour faire en sorte que l'assemblée élue ressemble à la société.

S'agissant du combat pour la formation, les besoins en la matière sont toujours remontés par les élues. Un travail doit donc être fourni dans ce domaine également. Plus généralement, il faut aussi rappeler que les classes préparatoires scientifiques sont encore essentiellement masculines en 2018, ce qui constitue un véritable problème, d'autant plus que les jeunes filles sont plus nombreuses que les garçons à obtenir un bac scientifique. Il importe de remédier à cette situation.

Le troisième combat est celui de l'engagement. Une femme à laquelle on demande de rejoindre une liste évoque spontanément ses doutes sur ses capacités ou son manque de temps. Les hommes, quant à eux, n'expriment pas de tels doutes. Ce sujet a été largement évoqué ce matin et il est nécessaire de s'y atteler si l'on souhaite davantage féminiser les charges électives. C'est pourquoi la révision du statut de l'élu semble importante.

Au début de notre matinée d'échanges, Gérard Larcher a posé deux questions, au premier chef celle de la singularité de l'apport et de l'engagement des femmes. Je crois profondément en cette singularité, d'autant que le déséquilibre antérieur n'était pas satisfaisant. Ce retour à l'équilibre permettra donc de changer les codes. Le président Larcher a également souligné que l'arrivée des femmes aux charges électives allait de pair avec la décentralisation et l'affirmation de leur rôle dans les territoires. Les sénatrices apportent leur singularité dans la défense des territoires et dans leur engagement pour y améliorer la vie quotidienne. Le Sénat est la caisse de résonnance des territoires et les sénatrices apportent leur part de singularité lorsqu'elles s'expriment au sein de la Haute Assemblée. Celle-ci doit mettre en valeur ce travail des sénatrices. Nous constatons un lien entre le rôle des territoires et celui des sénatrices et des élues pour davantage de démocratie.

Comme cela a été expliqué ce matin, la citoyenneté sociale a, pour les femmes, précédé la citoyenneté politique. Nous progressons, mais des combats demeurent, que nous mènerons ensemble. Il faut vous engager ensemble et vous trouverez des hommes à vos côtés dans ce combat.

(Applaudissements.)

Annick Billon, présidente de la délégation aux droits des femmes . - Merci, cher collègue. Pour donner la réplique à Max Brisson, j'appelle Victoire Jasmin, élue sénatrice de la Guadeloupe en 2017. C'est la première fois que la délégation aux droits des femmes compte trois élues issues des territoires ultramarins. Nous en sommes très heureux. Il nous a donc paru naturel de donner à notre collègue ultramarine le mot de la fin.

Intervention de Victoire Jasmin, sénatrice de la Guadeloupe, groupe Socialiste et républicain

Madame la présidente, mesdames et messieurs, je vous remercie tous de votre présence et tiens à saluer Laurence Rossignol, qui a été ministre et qui, au sein de la délégation, joue un rôle important, tout comme notre collègue Laurence Cohen.

À la délégation, nous sommes une grande famille, dans laquelle nous tentons de valoriser aussi bien les femmes que les hommes. Le travail de notre présidente Annick Billon est exemplaire. Je siège au Sénat depuis les dernières élections grâce à Victorien Lurel, ici présent, ancien ministre, qui a fait en sorte que de nombreuses femmes soient élues à des postes importants en Guadeloupe. J'étais deuxième sur sa liste et suis sénatrice grâce à lui.

En Guadeloupe, en décembre dernier, le quotidien France Antilles a fait paraître un sondage, afin d'élire la personnalité politique guadeloupéenne de l'année. J'ai été élue avec 51,5 % des voix. 26 000 personnes se sont ainsi prononcées pour que je sois la personnalité politique de l'année en Guadeloupe. [Applaudissements] C'est la preuve qu'il y a des personnes qui savent valoriser les femmes. Cela prouve également que, lorsque nous nous investissons dans la vie professionnelle, dans la vie associative et au quotidien, nous pouvons nous faire remarquer. Il faut toujours connaître sa valeur, mettre en avant ses savoir-faire et valoriser ses compétences.

Être en politique implique de s'oublier soi-même, ainsi que ses proches, ses enfants et son conjoint. Aujourd'hui, il s'agit donc de penser à nous. Nous devons vivre chaque instant pour nous et pour les autres.

Bien avant la loi sur la parité, de nombreuses femmes s'étaient déjà engagées en politique. Je regrette cependant le fort taux d'abstention actuel. Mesdames, nous devons donc stimuler les électeurs, pour faire baisser ce taux d'abstention.

De plus, si les listes électorales respectent la parité de façon formelle, les femmes sont souvent exclues des postes à responsabilité lors des élections locales. Nous devons donc poursuivre notre engagement et ne jamais baisser les bras, en légiférant si besoin. Beaucoup se sont battues avant nous pour que nous occupions les places qui sont les nôtres aujourd'hui. Nous devons poursuivre cet engagement et ne jamais baisser les bras.

Nous devons aussi dénoncer les violences faites aux femmes et aux enfants, pour éradiquer la reproduction de tels comportements au sein de la société.

Cette journée est importante pour chacun de nous, hommes et femmes. Nous devons garder en mémoire toutes les interventions qui se sont succédé. Toutes les personnes qui ont pris la parole ont su parler de ce qui leur tenait à coeur et dire des choses très importantes pour nous permettre d'avancer. Nous sommes dans le pays des droits de l'Homme, un pays qui a pour devise Liberté, Égalité, Fraternité . Nous devons tout mettre en oeuvre pour que les femmes soient davantage valorisées, tant au niveau de leur travail que dans leur vie quotidienne. Nous devons également dénoncer la discrimination lors de la formation. Lorsqu'une femme suit une formation, passe un concours, il n'est pas acceptable qu'elle soit refusée parce qu'elle est une femme. Nous devons nous élever contre ces situations. Or comme le disait Max Brisson à propos des classes préparatoires scientifiques, les femmes sont très souvent exclues, non pas parce qu'elles ne seraient pas compétentes, mais parce qu'elles sont nées femmes.

Les femmes sont plurielles, elles ont une vie familiale, une vie professionnelle, une vie politique, une vie citoyenne. Il faut garder cela en mémoire. Ne faisons pas marche arrière lorsqu'il s'agit de voter et de faire des choix. Nous devons travailler, valoriser ce que nous savons faire et avoir pour ambition de progresser encore et toujours. Merci beaucoup.

(Applaudissements.)

Annick Billon, présidente de la délégation aux droits des femmes . - Merci, chère Victoire, pour ces mots forts. Les Guadeloupéens ont eu raison de vous élire personnalité politique de l'année. Bravo pour votre engagement ! Il est partagé par toutes les femmes présentes aujourd'hui.

Il était important pour la délégation qu'un homme conclue également cette journée. Max, vos propos ont dû faire écho dans la salle, car la société démocratique que vous avez évoquée est aussi une société de respect.

Vous êtes toutes des femmes engagées, souvent soutenues par des hommes. Certaines ont évoqué à raison le rôle de l'entourage et de la famille. Max Brisson a aussi parlé des jeunes filles qui passent le bac et qui s'engagent dans les études supérieures. Je souhaite à toutes les jeunes filles de pouvoir s'orienter dans la voie professionnelle qu'elles désirent, même si leur mère est une élue qui n'est pas disponible à chaque instant pour s'occuper d'elles... Le temps et la charge mentale représentent effectivement des combats pour les femmes, même si nous sommes souvent très bien accompagnées par des conjoints qui nous facilitent la vie.

Merci à toutes et tous pour votre présence.

(Applaudissements.)

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