B. AU SEIN DE L'OCDE
Il est à noter que l'OCDE 41 ( * ) définit la pauvreté de revenu par référence à un seuil fixé à 50 % du revenu médian de chaque pays.
1. Un niveau record d'inégalités
Dans un rapport sur les inégalités de revenus intitulé Toujours plus d'inégalité et publié en 2011, l'OCDE fait le constat que, dans ses pays membres, le fossé entre les riches et les pauvres n'a cessé de se creuser au cours des trois décennies précédant 2008, jusqu'à atteindre un niveau record.
Les pays nordiques et ceux d'Europe centrale affichent la plus faible inégalité de revenu disponible, tandis que les inégalités sont élevées au Chili, au Mexique, en Turquie, aux États-Unis et en Israël.
D'autres indicateurs de l'inégalité de revenu aboutissent à des classements analogues. L'écart entre les revenus moyens des 10 % les plus riches et des 10 % les plus pauvres de la population était proche de 10/1 en 2010, variant d'environ 5/1 au Danemark à près de six fois plus (29/1) au Mexique.
2. Les publics fragilisés
L'OCDE souligne que les tendances de la pauvreté varient d'un groupe de population à un autre.
Depuis 2007, la pauvreté des jeunes a ainsi considérablement augmenté dans dix-neuf pays. Entre 2007 et 2010, la pauvreté de revenu relative est passée de 12,8 % à 13,4 % chez les enfants et de 12,2 % à 13,8 % chez les jeunes.
Dans le même temps, la pauvreté a reculé chez les personnes âgées, passant de 15,1 % à 12,5 %. Un tel schéma confirme, selon l'OCDE, les tendances décrites dans ses précédentes études, à savoir que les jeunes adultes et les enfants remplacent les personnes âgées en tant que groupe courant un plus grand risque de pauvreté de revenus au sein de l'OCDE.
3. Les risques à venir
En 2013, l'OCDE publie de nouveaux résultats issus de sa base de données sur la distribution des revenus. Ceux-ci révèlent que la crise économique mondiale a amoindri les revenus du travail dans la plupart des pays. En excluant l'effet modérateur que l'État-providence, par le biais de la fiscalité et des transferts sociaux, a pu exercer sur ce phénomène, on constate que pendant la période de trois ans qui s'est achevée à la fin de 2010, les inégalités se sont creusées davantage qu'au cours des douze années précédentes.
L'OCDE en conclut : « Grâce aux systèmes d'impôts et de transferts, renforcés par des politiques de relance budgétaire, il a été possible d'absorber la majeure partie de cet impact et d'en atténuer une partie des chocs. Mais alors que la crise économique, notamment la crise de l'emploi, persiste, et que l'assainissement budgétaire s'affirme, le risque augmente que les personnes les plus vulnérables de la société soient frappés plus durement à mesure que le coût de la crise augmentera. »
Les données fournies par l'OCDE ne concernant que le début de la crise, elles décrivent, de fait, l'évolution des inégalités de revenus ainsi que de la pauvreté relative jusqu'en 2010 seulement. La reprise économique a été très faible dans un certain nombre de pays de l'OCDE, et quelques-uns sont retombés dans la récession. En même temps, beaucoup d'individus ont épuisé leurs droits à des allocations de chômage, et les gouvernements ont réorienté leur politique budgétaire au profit de l'assainissement. L'Organisation met en garde : « Si la lenteur de la croissance persiste et si les mesures d'assainissement budgétaire sont mises en oeuvre, la capacité des systèmes d'impôts et de transferts à alléger les niveaux élevés (et potentiellement croissants) de l'inégalité et de la pauvreté des revenus du travail et du capital pourrait être remise en question. »
* 41 L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est née en 1960, de la volonté de dix-huit pays européens, des États-Unis et du Canada, dont l'objectif affiché était d'unir leurs forces pour fonder une organisation vouée au développement mondial. Aujourd'hui, l'OCDE compte trente-quatre pays membres à travers le monde, de l'Amérique du Nord et du Sud à l'Europe, en passant par la région Asie-Pacifique.