3. Les limites de l'approche pragmatique
79. Les partisans de l'Europe de la défense se qualifient souvent de « pragmatiques ». Or, ce mot dérive du grec ancien « pragma » qui signifie la « preuve » apportée par un événement. Être pragmatique c'est considérer que la vérité vient de l'action - qui prouve - alors que la parole peut tromper.
80. Depuis 1998-1999, « l'Europe de la défense » s'est toujours voulue « pragmatique » et n'a du reste jamais cessé de l'être. Loin de tout concept, ses promoteurs ont empilé brique sur brique, mais pour quel résultat ? Aujourd'hui, plus personne ne sait quel est le plan d'ensemble de l'édifice ni ce que voulaient les architectes. L'empilement prend des allures de fatras. Au demeurant, plus aucune brique de belle dimension n'est sortie de la fabrique européenne depuis le lancement du programme A400M en 2003.
81. Afin que le pragmatisme ne devienne pas synonyme d' absence de vision et de fuite en avant, il nous faut retrouver le plan de ce que nous voulions faire ensemble : le projet politique européen. C'est du reste la conclusion du rapport d'Hubert Védrine :
« La France doit continuer à plaider, malgré tout, en faveur d'une Europe de la défense dans le cadre de l'Union, et cela pour plusieurs raisons. Cela fait partie d'un projet plus général d'Europe politique au sens le plus fort du terme. »
82. Mais alors pourquoi plaider « malgré tout » en faveur de l'Europe de la défense dont le bilan est si « décevant » ? A moins que cette idée n'en cache une autre et que derrière les mots « Europe de la défense » il faille lire « défense européenne ».