III. ANTICIPER LES BESOINS ET MAXIMISER LES OPPORTUNITÉS DU THD

C'est dans les termes de la mise en oeuvre d'une véritable politique technologique que doit être resituée l'ambition du THD.

Il faut une planification du programme, lui adjoindre une politique résolue de développement des usages et conforter l'écosystème des opérateurs de réseaux pour qu'une propension à investir plus élevée s'instaure.

A. POUR UNE PLANIFICATION AU SERVICE D'UNE AMBITION INDUSTRIELLE

Les responsables de la FIEEC auditionnés par vos rapporteurs ont bien mis en valeur la composante industrielle du THD.

Son déploiement suppose de poursuivre l'entreprise de normalisation qui leur paraît avancer sur un rythme soutenu.

Mais, il convient aussi d'adapter une démarche de planification des investissements dans le temps.

Ce séquençage semble nécessaire pour prévenir les goulets d'étranglement et pour réunir les ressources humaines indispensables.

Il doit également être mis à profit pour favoriser l'emploi des technologies d'origine nationale.

La base industrielle nationale sera largement sollicitée par l'équipement en THD.

A cet égard, la présentation de l'impact de l'investissement numérique sur la croissance omet trop souvent de souligner les effets multiplicateurs à court terme des dépenses qu'il occasionne. Pourtant, le multiplicateur de la dépense, autrement dit l'effet d'entraînement sur la production d'une augmentation de l'investissement numérique semble devoir être élevé au vu des conditions qui déterminent la valeur du multiplicateur. L'existence de capacités de production localisées sur le territoire national figure au premier rang de ces conditions en ce qu'elle détermine la possibilité de solliciter l'outil de production sans tension sur les prix ainsi que l'intensité des fuites dues au recours aux importations pour satisfaire la demande qui viennent affecter la valeur du multiplicateur. La part relativement importante de la composante non-délocalisable des travaux nécessités par l'investissement dans le très haut débit garantit un fort effet d'entraînement sur le reste de l'économie.

Par ailleurs, c'est aussi cet objectif d'atteindre un effet multiplicateur élevé, qui invite à recommander une montée en charge régulière des investissements afin d'éviter l'apparition de tensions sur les capacités de production souvent observées dans des domaines analogues où des investissements trop pro cycliques nuisent à l'équilibre économique des programmes d'équipement.

Mais, si la majorité des coûts du programme est constituée de coûts de génie civil soit d'une activité peu délocalisable, une partie des coûts totaux implique des équipements de télécommunications dont la production est mondialisée.

On sait que sur ces produits, la concurrence, notamment celle des pays émergents, est vive.

Cette situation pose une série de problèmes, économiques mais aussi stratégiques.

Le secteur des télécommunications est éminemment sensible et il est justifié d'en tenir compte afin de sauvegarder l'indépendance nationale, quand celle-ci est en jeu.

Au demeurant, plusieurs évènements intervenus dans le monde de l'Internet montrent que cette préoccupation n'est pas vaine et il serait intéressant d'examiner les protections dont bénéficie la base industrielle des équipements numériques dans des pays comparables au nôtre.

A l'évidence, l'unification des projets de modernisation des infrastructures numériques en Europe contribuerait puissamment à restaurer l'indispensable dynamisme des équipementiers européens.

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