(b) Le marché institutionnel

Le marché institutionnel et le marché commercial évoluent de façon divergente, dans la mesure où les satellites gouvernementaux ont tendance en moyenne à être de plus en plus légers. Ils sont souvent en orbite basse ou moyenne (observation, navigation, météorologie polaire...) et n'ont pas nécessairement vocation à être lancés par Ariane 5.

Ariane 5 n'est évidemment pas absente du marché institutionnel. A l'heure actuelle, elle est notamment utilisée pour envoyer l'ATV vers la Station spatiale internationale. Le cinquième et dernier exemplaire prévu de ce véhicule automatique de transport de fret doit être lancé en 2014. Par ailleurs, Ariane 5 a été utilisé pour le lancement de missions lointaines, telles que, par le passé, Rosetta - toujours en route vers la comète Churyumov-Gerasimenko - ou Herschel et Planck - observatoires de l'espace lointain placés près d'un point de Lagrange. Ariane 5 a aussi été employée pour le lancement de satellites militaires tels que les satellites d'observation Helios 2 ou les satellites de télécommunications (en orbite géostationnaire) Syracuse 3A et 3B. Le lancement de Sicral 2 est programmé sur Ariane 5 en 2013.

Mais les États européens n'ont pas toujours, loin s'en faut, recours aux lanceurs qu'ils ont eux-mêmes développés (Ariane 5 et, depuis 2012, Vega) pour le lancement de leurs satellites institutionnels. Pour de nombreuses missions scientifiques ou d'observation, Ariane 5 est surdimensionnée. Vega est pour le moment freinée par son arrivée très récente sur le marché.

L'Europe a donc recours à Soyouz, depuis le CSG (pour Galileo, Pléiades, les démonstrateurs d'écoute électronique ELISA) ou depuis Baïkonour (récemment pour le lancement des satellites de météorologie polaire MetOp). Pour des missions de petite taille, elle fait aussi appel à des sociétés de lancement autres qu'Arianespace, comme cela sera le cas pour les satellites Sentinel 2A et 3A du programme GMES, qui seront lancés depuis la base de Plesetsk en Russie par Eurockot (Astrium-Khrunichev). L'ESA a eu recours à Eurockot pour le lancement de plusieurs « petites » missions d'observation (GOCE 45 ( * ) , SMOS 46 ( * ) et bientôt, Swarm 47 ( * ) ). Elle a aussi fait usage de la fusée Dnepr d'ISC Kosmotras (CryoSat 48 ( * ) ).

Si la qualification récente du lanceur Vega devrait résoudre une partie du problème pour les petites missions (moins d'1,5 tonne en orbite basse), il n'en demeure pas moins que le lanceur Ariane, conçu dans l'objectif d'une Europe indépendante pour son accès à l'espace, est en réalité peu utilisé pour le lancement des satellites gouvernementaux dont la taille a tendance à diminuer.

Entre 1991 et 2011, 175 lanceurs Ariane ont été lancés de Kourou dont 107 Ariane 4 et 68 Ariane 5. Le lanceur Ariane a été principalement utilisé pour envoyer des satellites en orbite géostationnaire, bien qu'en certaines occasions il ait aussi été utilisé à destination d'autres orbites. Le système Ariane a été principalement utilisé par des clients commerciaux. Les clients institutionnels européens (ESA, Eumetsat et agences nationales en Europe) ne sont pas les principaux clients d'Ariane. Seuls les clients institutionnels européens ont utilisé Ariane pour desservir une orbite autre que géostationnaire, par exemple pour l'ATV. Les clients institutionnels ont aussi utilisé Ariane pour des lancements vers l'orbite géostationnaire (par exemple Syracuse 3A en 2005).

Source : Eurospace facts & figures, édition 2012 - tous droits résérvés


* 45 Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer

* 46 Soil Moisture and Ocean Salinity

* 47 Etude du champ magnétique terrestre

* 48 Etude de la glace océanique.

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