(1) Stabilité de la demande de lancements

S'interroger sur l'avenir d'Ariane 5 implique de s'interroger, en premier lieu, sur l'évolution du marché des satellites de télécommunication, qui constitue le coeur de son activité.

Mais l'évolution de la gamme d'Arianespace, actuellement constituée des trois lanceurs Ariane 5, Soyouz et Vega, n'est pas indifférente à l'évolution du marché non géostationnaire et, plus spécifiquement, du marché institutionnel.

(a) L'évolution du marché des satellites de télécommunications

D'après les informations fournies par Eutelsat, le marché des satellites de télécommunications devrait continuer à être porté tant par les perspectives de croissance de la demande mondiale que par les atouts intrinsèques du satellite pour y répondre.

Bien que situés dans une niche de marché, les satellites de télécommunications jouent un rôle important dans l'économie et la société numériques. Selon l'IDATE 43 ( * ) , près de 300 millions de foyers recevaient en 2010 la télévision directement par satellite, ce qui représente plus de 20% des foyers recevant la télévision dans le monde. Ce pourcentage pourrait atteindre les 25% en 2015.

Les perspectives de développement des télécommunications par satellite sont importantes sur le court comme le long terme, grâce à la croissance du nombre de chaînes de télévision, en particulier dans les pays émergents : selon le cabinet Euroconsult, il passera de près de 9700 en 2009 à plus de 15000 d'ici 10 ans en Europe étendue ; et grâce au développement de la Télévision Haute Définition et de la TNT, d'abord dans les pays développés.

Les services de données représentent aussi un secteur en expansion, sous l'effet :

- du développement rapide des applications satellitaires à haut débit : selon le cabinet Euroconsult, la demande de capacité satellitaire pour les réseaux d'entreprises et services haut débit a augmenté à un taux annuel moyen de 19% entre 2006 et 2010 ;

- de l'explosion du trafic de données en général, et de celui transporté par satellite en particulier, en provenance des marchés émergents : selon l'UIT 44 ( * ) , le nombre d'utilisateurs d'Internet a cru de 25% par an en moyenne dans les pays en développement entre 2006 et 2011 ;

- du développement de nouveaux services et applications liés à la mobilité (transports terrestre, maritime, aérien).

Du point de vue de l'offre, le satellite présente des forces intrinsèques :

- en termes de qualité et d'homogénéité, puisque plusieurs centaines de chaînes haute-définition peuvent être diffusées de manière homogène depuis une même position orbitale ;

- en termes d'universalité de couverture, puisque le satellite couvre tous les territoires, à un coût indépendant de la localisation géographique de celui qui en bénéficie.

Il est probable que le satellite jouera un rôle important dans le contexte de l'explosion du trafic internet (télévision connectée à internet, accroissement du trafic vidéo). Des solutions hybrides pourraient être généralisées pour permettre le transport partiel par satellite des flux vidéo linéaires, associé à la montée en débit par le réseau cuivre.

Afin de répondre à la question de l'accès à internet pour tous à tarif abordable, des solutions innovantes en bande Ka sont disponibles depuis peu via les satellites multifaisceaux de nouvelle génération comme KA-SAT, lancé en décembre 2010. Ces solutions permettent déjà de réduire d'un facteur 10 le coût par bit et de proposer un accès à internet avec une qualité et un prix comparables à l'ADSL (10Mbps). L'offre satellitaire constitue donc un instrument de lutte contre la fracture numérique. KA-SAT, construit par EADS Astrium, est le seul satellite capable de fournir ce niveau de débits à 300 000 foyers en France et 1 million de foyers en Europe.

Ces problématiques ne sont pas limitées aux pays développés mais s'étendent rapidement aux pays émergents.

S'agissant de la taille des satellites, si la propulsion électrique, introduit la possibilité d'une rupture, il existe un consensus sur le fait que subsisteront par ailleurs aussi de très gros satellites, pour les gros opérateurs. La relative rareté des bonnes positions orbitales géostationnaires, qui ira en s'accroissant, est un argument dans le sens de la persistance de très gros satellites permettant de rentabiliser au mieux la position acquise. Les satellites de télécommunications sont, du reste, les seuls dont la masse a continué de croître au cours des dix dernières années, si l'on exclut la catégorie particulière des vols habités. La masse moyenne des satellites de télécommunication a doublé en 20 ans.

Dans ce contexte, le marché des satellites de télécommunications, quoique cyclique, devrait demeurer stable à long terme, avec 20 à 25 satellites commandés chaque année. L'augmentation des besoins est couverte par l'augmentation de la masse des satellites et de la puissance des charges utiles.


* 43 Organisme spécialisé dans le suivi des marchés des secteurs télécoms, internet et médias.

* 44 Union internationale des télécommunications

Page mise à jour le

Partager cette page