c) Les outils d'alerte épidémique en France

Le déclenchement d'une alerte épidémique est l'aboutissement d'un travail de veille sanitaire structuré en trois étapes a) la réception des signaux 25 ( * ) , b) la validation des signaux , c) l'évaluation de la menace et le déclenchement de l'alerte .

Source : INvS, La veille et l'alerte sanitaire en France, février 2011

Après la confirmation de la menace, l'alerte doit être déclenchée par l'Agence régionale de santé (ARS) auprès des autorités compétentes pour agir. La portée de l'alerte conditionne le niveau de diffusion de l'information. On distingue quatre types d'alerte en fonction de leur portée : régionale, régionale nécessitant une information nationale, régionale nécessitant un appui, nationale.

Source : INVS

Le schéma ci-dessus met en lumière les différents acteurs qui prennent part aux actions de veille sanitaire tant au niveau central (Direction générale de la Santé, Institut de Veille Sanitaire), régional (à travers les agences régionales de santé) et département (des préfets). Le présent rapport n'a pas pour but de décrire de façon exhaustive les interactions entre ces différents niveaux de veille sanitaire 26 ( * ) mais d'anticiper ses évolutions futures et sa capacité à faire face aux nouvelles menaces des maladies infectieuses émergentes.

Au moment de la survenance d'une crise et en amont, il est nécessaire que tous les acteurs agissent de concert. Il est nécessaire que ces derniers travaillent ensemble dans la phase de préparation à un risque épidémique durant la période intercrise. Christine Saura de l'Institut de veille sanitaire a insisté sur la nécessité d'anticiper les tendances « lourdes » telles que la rougeole ou la résistance aux antibiotiques mais aussi à détecter les signaux dits faibles et anticiper les émergences dans une démarche prospective (effets du changement climatique, dengue et chikungunya dans le sud de la France). Il apparaît ainsi qu'une collaboration très anticipée est la condition indispensable de la réussite des stratégies de surveillance des maladies infectieuses. Face à des évolutions pouvant être très rapides (exemple du SRAS), le perfectionnement continu des outils épidémiologiques est indispensable .

ETUDE DE CAS : LA RÉÉMERGENCE DE LA DENGUE À LA RÉUNION

L'ÉPIDÉMIOLOGIE EN ACTION

Depuis début 2012, 20 cas d'infections par le virus de la dengue ont été identifiés à la Réunion. Pour autant, les dispositifs de surveillance du virus ont été renforcés au cours de la ces dernières années à la suite du traumatisme causé par l'épidémie de chikungunya en 2005 qui a infecté 266  000 personnes, soit un tiers de la population du département La surveillance épidémiologique est prise en charge par l'Agence Régionale de Santé Océan Indien (notamment pour ses actions de Lutte anti-vectorielle LAV) et en collaboration avec l'Institut de veille sanitaire .

Parmi les 20 cas de dengue qui ont été notifiés aux autorités sanitaires depuis le mois de janvier, treize ont été confirmés et sept ont été considérés comme probables. 8 cas ont été détectés dans la partie occidentale de l'île, plus précisément dans la ville de Saint-Paul. Comme en atteste la carte élaborée par l'équipe de chercheurs, les liens épidémiologiques ou géographiques ont été identifiés entre les différents cas, suggérant qu'ils sont reliés à une seule chaîne de transmission.

Depuis janvier 2012, les équipes de la Lutte anti-vectorielle (LAV) ont engagé des actions visant à limiter la progression des moustiques vecteurs du virus de la dengue. Ces actions de prévention ont notamment consisté à informer les professionnels de santé sur l'évolution de la menace semaine après semaine. Désormais, les autorités sanitaires ont pour objectif de détecter le plus rapidement possible les nouveaux cas à l'appui de confirmations systématiques des laboratoires , tout en maintenant un lien étroit tant avec les hôpitaux et les médecins traitants qu'avec les laboratoires publics et/ou privés .

L'organisation actuelle s'appuie sur des structures de référence par maladie sans véritable coordination de l'ensemble des données. Il s'agit là d'une faille majeure dans la gouvernance du système de surveillance sanitaire français: l'absence d'une base épidémiologique unique . La France n'a pas pris ce virage épidémiologique alors que la Grande-Bretagne dispose quant à elle d'une base de données unique : le General Practice Research Database (GPRD) devenue Clinical Practice Research Datalink depuis le 29 mars 2012.

La nécessité de la création d'une base de données unique d'épidémiologie s'ancre dans des préoccupations plus générales. Car la complexité des mécanismes de surveillance sanitaire paraît peu compatible avec la rapidité qui caractérise l'émergence des nouvelles maladies infectieuses.


* 25 Signal sanitaire : événement de santé pouvant révéler une menace de santé publique

* 26 Pour une présentation générale de l'organisation du système de veille sanitaire française, se reporter au rapport « La veille et l'alerte sanitaires en France » paru en février 2011 et disponible sur Internet ( http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=7055 )

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